Archives de catégorie : Société

La réforme des retraites

Xavier Bertrand, ministre du travail - par Pancho - 12 octobre 2007 Sujet d’actualité, et je me posais la question suivante : qu’en est-il des députés et autres sénateurs ? Il y avait bien eu cette question à Xavier Bertrand au 20h de France2 : « Verront-ils leur système de retraite réformé également ?« , ce à quoi notre ministre avait répondu d’un ton offusqué « Mais bien sûr, comment pouvez-vous imaginer que ce ne soit pas le cas ! « . Pas grand chose à par ça, les médias parlant essentiellement du conflit avec les syndicats.

Pourtant il me semble crucial que si réforme il y a, elle doit concerner tout le monde pour pouvoir être légitime.

Nos députés qui bénéficient d’un régime spécial de retraite très avantageux ne sont pas concernés par la réforme actuelle. Toutefois une résolution visant à réformer leur régime a été déposée à l’assemblée. L’honneur est sauf, et la réponse toute prête.

Seulement voilà, les discussions commencent mal : le 16 octobre dernier, le tout jeune (38 ans) député de la Marne Benoist Apparu déclame : « Nous devons être exemplaires. On ne peut pas demander aux Français de renoncer aux régimes spéciaux sans toucher au notre« .
Brouhaha dans la salle, un député crie « Ferme ta gueule !« . Claude Goasguen, député de Paris, y va pour sa part d’un « Il ne s’agit pas du versement d’une retraite, mais d’une indemnité compensatrice de perte d’emploi« .
François Fillon parait alors défendre la position de Benoist Apparu, mais sa réponse un peu evasive laisse planer un doute : « Je n’ai pas de leçon à vous donner, mais…« . François Copé intervient alors et met en garde le jeune député contre ceux qui veulent se faire un coup de pub.

On en est resté là. Les sénateurs quant à eux n’ont pas abordé le débat, faisant la sourde oreille et restant muets sur le sujet. J’espère que ce n’est pas du à leur grand âge. Ce n’est en tout cas pas une preuve de leur grande sagesse.

(source Le Canard enchaîné – mercredi 24 octobre 2007)

L’affaire EADS pour les Nuls

eads.jpg

On nous a bien expliqué que le plan Power 8 était plus que nécessaire pour sauver EADS et Airbus, sa filiale. Concernant les délits d’initiés, la justice suit son cours, et Sarkozy a demandé toute la lumière. Nous voilà rassurés.

Mais il n’est pas inutile de reprendre l’histoire depuis le début pour mieux comprendre que ce qui se passe aujourd’hui ne sont que les miettes illégales d’un festin tout à fait légal.

C’est ce que nous propose François Ruffin, dans un article intitulé EADS : « L’affaire Lagardère pour les Nuls » .

Je résume (mais l’article est très complet et mérite le détour) :

Airbus nait en 1970 d’un accord entre la France et l’Allemagne, par le biais de 2 sociétés nationnales, Aérospatiale et MBB. Il lui faudra 20 ans pour devenir rentable et conquérir 35% du marché des avions de ligne.

Dans les années 90, les entreprises étatiques n’ont pas la côte, la mode est au privé. Les allemands vendent MBB à Daimler, un autre partenaire British Aerospace entre en bourse. Après avoir collectivisé les dépenses, il est temps de privatiser les recettes !

Lionel Jospin vend en 1999 Aérospatiale au groupe Lagardère, avec au passage une ristourne de 4 milliards de francs, mais surtout l’interdiction de gestion de l’Etat dans le groupe EADS : c’est Lagardère qui représentera la France. La voie est libre.

La recette est toujours la même : pas ou peu de développement industriel, et on se concentre sur la gestion : marge d’exploitation, compétitivité financière. En 5 ans, le résultat double et le cours de l’action augmente de 70%. On rachète même des actions. C’est le jackpot, tout le monde s’en met plein les poches.

On fait de la finance, plus des avions. De plus, au sommet d’EADS, la lutte pour le pouvoir fait rage, jusque dans les cabinets ministériels. Pas étonnant que l’A380 ait des problèmes… tout le monde le sait, et même la patronne du bistro de Blagnac !

On arrive en 2006 :

Début mars, EADS annonce un bénéfice net record de 1, 68 milliards d’euros. Aussitôt, plusieurs dirigants d’EADS vendent des actions, dont Noël Forgeard. Il empoche 2,5 millions d’euros pour lui, et 400 000 de plus pour chacun de ses fils. En avril, Lagardère et Daimler Chrysler vendent la moitié de leurs parts, soit 890 millions d’euros chacun. Finalement, le 13 juin, Airbus annonce un nouveau retard pour l’A380. Le titre perd 26% en une seule journée.

Nous voilà donc avec une société privée qui a des problèmes. Et tout le monde connait la solution à ce genre de problème : restructuration, licenciements, externalisation, etc… on connait la chanson.

Ce que l’on oublie de dire, c’est que dès 2005, EADS parlait déjà d’une stratégie d’internationalisation… alors que tout allait très bien à cette époque. En fait, même sans les retards de l’A380, le plan Power 8 aurait été appliqué : c’est la suite logique du processus de financiarisation. Ça me rappelle le film « Ma Mondialisation « , avec cette vallée en Savoie et les entreprises de décolletage : exactement les mêmes méthodes sont appliquées, celles du capitalisme purement financier.

Et les médias dans tout ça ? n’oublions pas que le groupe Lagardère détient des participations dans Le Parisien, i-télé, Le Monde, L’Humanité, Paris-Match, Canal Sat, et des dizaines de quotidiens régionaux… de plus c’est « le frère » de Sarko !

On peut toutefois noter le silence assourdissant pendant la campagne électorale, afin de ne pas entraver l’élection de l’ami du CAC40. Et si le Figaro en reparle aujourd’hui (à propos de la note de l’AMF), c’est tout simplement parce que Dassault (à qui appartient le Figaro) aimerait bien prendre la place de Lagardère.

-=*=-

François Ruffin est un journaliste indépendant qui a écrit Les petits soldats du journalisme , où il raconte sa formation au CNJ, qui se proclame la « meilleure école de journalisme en France, et même en Europe ». Ce n’est pas son avis, et il y dénonce sévèrement la collusion des journalistes avec le pouvoir.

Il a préféré quitter Paris pour Amiens, et y fonder Fakir : « Journal d’enquête sociale – Fakir n’est lié à aucun parti, aucun syndicat, aucune institution. Il est faché avec tout le monde ou presque ».

Là-bas si j’y suis y a consacré une émission en invitant François Ruffin. Vous pouvez l’écouter ou la  « podcaster » ici .

Arte à la carte

Arte à la carte Vous avez loupé une émission essentielle à la compréhension du monde dans lequel nous vivons ? pas de panique : voilà 2 services complémentaires qui devraient permettre d’éviter que cela ne se reproduise :

rappel.jpg Service de rappel personnalisé : Arte vous enverra un mail pour vous prévenir de la prochaine rediffusion de l’émission.

newsletter.jpg Service de Newsletter :sélectionnez vos thèmes de prédilection, et vous recevrez un mail chaque semaine vous informant des émissions à venir.

A utiliser sans modération !

Etats-Unis: la richesse à crédit

credit.jpg Excellent reportage hier soir sur Arte, à propos de l’endettement des Etats-Unis (8 000 milliards de dollars). Alternant les avis d’experts économiques et les témoignages de simples citoyens, la situation décrite est proprement incroyable, et réellement préoccupante.

Bush avait promis une baisse des impôts, mais celle-ci a surtout profité aux grosses fortunes. Il a aussi encouragé les américains à s’endetter, c’est d’ailleurs quasiment culturel là-bas de vivre à crédit. Et les systèmes bancaires de crédits sont très sophistiqués. Ainsi, une personne propriétaire de son logement peut, sur la simple plus-value potentielle que le logement acquiert avec le temps, emprunter et acheter les biens de consommations qu’il désire. En résumé, tout le monde vit au-dessus de ses moyens.

Les secteurs industriels comme l’automobile s’écroulent. General Motors, par exemple: la plus grande part de ses revenus ne proviennent plus de la fabrication de voitures, mais des intérêts sur les prêts à la consommation. GM perd ainsi son coeur de métier, et licencie à tour de bras.
Pas grave, puisque de toutes façons, on délocalise pour fabriquer à moindre coût. La Chine devient ainsi le principal fournisseur de biens pour le pays, ainsi que le principal bailleur de fonds pour l’Etat qui s’endette de plus en plus, puisque les impôts ne rentrent plus.

Mais l’absence d’industrie a une conséquence: plus de boulot permettant de vivre décemment. Ainsi, un expert note qu’en 30 ans (soit une génération de travail), le niveau de vie d’un ouvrier a baissé de 30% ! Il ne reste plus que des petits boulots, comme de bosser chez Wallmart, la plus grande chaîne de magasins du pays (genre Carrefour). Le boulot consiste en fait à mettre sur les présentoirs les produits fabriqués en Chine, et payé à ras les paquerettes bien sûr… Ce qui provoque la quasi disparition de la classe moyenne. Bien sûr, Bill Gates n’a pas de problème d’argent, mais aujourd’hui 50 millions d’américains n’ont pas accès aux services de santé (pas de boulot = pas de sécurité sociale).

Mais la croissance est là, et l’on remet toujours à demain la prise conscience pourtant nécessaire. La course folle de cette mécanique infernale continue. Comment tout cela va-t-il finir ? Les experts parlent soit d’un soft land: atterrissage en douceur en réduisant peu à peu la dette, mais adieu la croissance; ou bien d’un hard land, avec une grave crise mondiale à la clef, puisque le dollar est la monnaie de référence (ayant remplacé l’or après la seconde guerre mondiale). Si le dollar s’écroule…

Toujours est-il que l’Amérique est au bord du gouffre financier. La Chine peut d’ores et déjà lui imposer ses régles. L’analogie utilisée est celle d’un drogué (de la consommation) qui va acheter sa came chez son dealer (la Chine) et en même temps lui emprunte de l’argent pour pouvoir la payer.

L’émission sera rediffusée le 20 à 5h00 (cette nuit) ou encore le 11 ocotbre à 10h00.

Petite bouffe entre amis

vache.jpg Voilà une histoire contée par le Canard qui m’a bien fait sourire:

Nos chercheurs de l’INRA (après de longues recherches) ont recommandé pendant des années aux agiculteurs la chose suivante: achetez des boeufs de différents troupeaux pour avoir des bêtes de même poids. Ainsi on leur sert à tous la même quantité d’aliments, et ils arrivent au poids d’abattage en même temps ! C’est tellement évident…

Sauf que… l’INRA de Clermont-Ferrand s’est finalement aperçu que cela ne marchait pas: nos chers bovins, pendant l’enfance (jusqu’à neuf mois) se font des copains… La séparation, et la zizanie règnant dans le troupeau reconstitué génèrent du stress, résultat: 15 kgs de différence, en faveur des amis d’enfance, ainsi qu’une viande de meilleure qualité.

Moralité: faites des bouffes entre amis, c’est bon pour la santé !

(source Le Canard enchaîné – mercredi 8 août 2007)

la 4ème licence 3G

iliad.gif Voilà une candidature qui sera intéressante à suivre: Iliad, la maison mère de Free, se retrouve seul candidat à la 4ème offre de licence 3G (ou de téléphonie mobile) du gouvernement.

Iliad/Free, le « trublion de l’internet », qui fût le premier à casser les prix des abonnements internet adsl, serait très heureux de venir bousculer le trio Orange/SFR/Bouygues, récemment condammé, rappelons-le, à une amende record de 442 millions d’euros grâce à UFC-Que Choisir, pour entente illicite.

Voilà ce que déclare Maxime Lombardini, directeur général de Free:

« Les marges très élevées d’Orange, SFR et Bouygues Telecom, souvent supérieures à 40 %, prouvent qu’il y a une place prendre »…. »nous aimerions répliquer dans le mobile ce que Free a su faire dans l’Internet : des offres simples, accessibles, innovantes et sans engagement de longue durée ».

L’Union Européenne, les associations de consommateurs, l’ARCEP (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) applaudissent des deux mains, et soutiennent cette candidature.

Seul hic: Iliad demande un paiement échelonné pour les 619 millions d’euros, ce que le gouvernement ne semble pas prêt à lui accorder, sous prétexte d’équité. L’argument semble peu recevable, et les avocats spécialisés confirment que l’étalement d’un paiement ne touche en rien au principe d’égalité.

En conclusion, la décision sera purement politique ! Il ne nous reste plus qu’à attendre celle-ci, prévue pour début 2008.

C’est marrant, j’ai déjà une idée de la réponse…

Le Point… de non retour

lepointfr.gif Il y a quelques jours paraissait sur le site du Point un article qui a suscité de nombreuses réactions parmi la communauté du logiciel libre. L’article concerne la passage à Ubuntu des PCs de l’Assemblée Nationale.

Tout d’abord, voici l’article en question:

Ubuntu règne sur l’Assemblée

12/07/2007 – Hervé Gattegno, Fabien Roland-Lévy et les services du « Point » – © Le Point – N°1817

Ubuntu : c’est le nom du système d’exploitation qui équipe désormais les 1 154 ordinateurs de l’Assemblée nationale. A la fin de la précédente législature, ce logiciel « libre », déjà adopté par de nombreuses administrations, a été préféré au Windows de Microsoft, au terme d’une intense bataille de lobbying. Si ce changement a contraint les personnels du Palais-Bourbon à reconfigurer les postes informatiques, il a aussi suscité l’interrogation de nombreux députés. En effet, si l’utilisation des logiciels « libres » est gratuite, elle entraîne d’importants frais secondaires. Certains élus ont ainsi souligné qu’en 2006 Bercy avait conclu un marché de 39 millions d’euros pour la maintenance du nouvel équipement. Parallèlement, la société qui développe le programme Ubuntu, Canonical Ltd, a son siège sur l’île de Man, paradis fiscal britannique, et son président, le milliardaire sud-africain Mark Shuttleworth, a publiquement déclaré avoir recours à des informaticiens indiens, afin de réduire ses propres frais de personnel. Le Parlement allemand, qui avait lui aussi opté pour le logiciel libre en 2002, vient de faire machine arrière.

Que peut-on en dire ?

Le choix du verbe régner dans le titre laisse augurer du reste de l’article. De même, appliquer des guillemets au mot « libre » semble mettre en doute ce statut.

Mais bon, ne nous arrêtons pas là, car la suite vaut le détour: l’intense bataille de lobbying laisse réveur. On peut facilement imaginer le lobbying de Microsoft, mais quel est donc ce groupe mystérieux qui exercerait des pressions sur nos décideurs politiques pour qu’ils utilisent des logiciels gratuits ?

Passons aux personnels du Palais-Bourbon qui auraient eu à reconfigurer leur poste: cela a bien entendu été réailsé par une société de service. Quant au marché de 39 millions d’euros, ce contrat concerne la DGI (les impôts), la Comptabilité public, les Douanes et la Direction du Personnel et de la Modernisation de l’Administration (DPMA). Ce marché comprenait il les postes de l’Assemblée ? même pas sûr…

On arrive maintenant au miliardaire sud-africain dont le siège de la société est dans un paradis fiscal, et qui emploierait des informativiens indiens… On passe de la désinformation à la caricature. Ni Mark Shuttleworh, ni Canonical Ltd ne touchent d’argent sur ce contrat. Quant aux pauvres informaticiens indiens, le contrat a été passé avec Linagora et Unilog, 2 groupes implantés en France.

Pour finir, le parlement allemand a bien migré ses serveurs sous Ubuntu, mais les postes clients sont par contre passés de Windows NT à Windows XP. Gageons que lors de son enquête, notre brillant journaliste aura mal compris et fait un amalgame malheureux ! Il aurait pu par contre mentionner que l’Italie a fait le même choix que la France. Mais cela ne devait pas aller dans le sens qu’il voulait donner à son article.

Conclusion:

Hervé Gattegno est rédacteur en chef de la cellule investigation du Point. Ça fait déjà rigoler… a-t-il beaucoup investigué pour écrire cet article ? Ce dernier a reçu plus de 100 commentaires, rectifiant les infos erronées: aucune réponse du Point, ni la moindre correction de l’article.

Je savais que Le Point appartenait à François Pinault, grand ami de Chirac, et qu’il ne fallait pas en attendre grand chose politiquement (je parle d’une information objective et d’un vrai travail de journalisme). On voit que cela ne se limite pas à la politique, et que la mondialisation menée par les grands groupes mondiaux, cela crée des liens solides.

Audiard disait: « Les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnait »

La bande à Bonnaud

labandeabonnaud.jpg Pendant les vacances, j’ai pu entendre la dernière émission de La bande à Bonnaud sur France Inter. Elle n’aura pas vécu longtemps, rappelez-vous l’arrêt de Charivari l’année dernière. Cette fois non seulement l’émission est arrêtée, mais Frédéric Bonnot, le producteur est licencié. France Inter a d’ailleurs fait grève une journée pour demander sa réintégration.

La raison officielle donnée par la direction est: Pas assez d’audience et contenu trop élitiste. Rappel, cette même direction avait fixé il y a un an comme objectif de renforcer la contenu culturel de la chaîne. C’est vrai qu’il y a culture et culture: la direction parlait sans doute de celle du marché.
Se permettre de ne pas être politiquement correct semble également périlleux en ces temps d’alternance.

Voilà ce qui que précise Bonnot dans un article de Marianne :

Ils me demandaient que ça fasse moins élitiste, que ça fasse moins France Culture, que les interviews soient moins longues, qu’on passe plus vite d’un sujet à un autre, que ce soit moins en profondeur. Frédéric Schlesinger (directeur de France Inter) voulait une concurrence frontale à Ruquier, sur Europe 1, et à Bouvard, sur RTL, qui sont à la même heure. Il m’avait demandé de faire une sorte de mélange entre les « Grosses têtes » et « Le masque et la plume ». Il voulait des invités people, des gens en promotion, un peu plus de chanteurs, d’acteurs. Mais j’ai refusé de me travestir.

Il pose également la question du climat régnant à France Inter, et des influences politiques.

Pour ne pas oublier, voilà les 3 dernières minutes de la dernière émission, soit les adieux de Frédéric Bonnot, très ému et qui a du mal à parler.

[audio:https://pled.fr/wp-content/uploads/2007/07/last_bab.mp3]

Les temps changent, et la radio publique aussi. Il y a un article très complet sur le site Art et Culture (s) Blog .