
Un dernier roman de Haycox pour conclure mon cycle !
Celui-ci, comme dans Les pionniers, décrit la vie des colons arrivant dans l’Oregon. Cette fois, c’est à Jacksonville, petite colonie minière loin des villes : prospecteurs, paysans, commerçants, tous cherchent à développer leurs activités, avec encore le risque de tribus indiennes aux alentours…
Logan Stuart, le personnage principal, est un entrepreneur averti, louant ses services et ses mules pour transporter les marchandises, et les affaires marchent bien. C’est un homme droit, loyal, ambitieux, que peu de choses effraient, y compris prendre des risques en affaire. Son meilleur ami, George Camrose, va se marier avec Lucy Overmire ; pourtant, les rapports entre Logan et Lucy montrent que ces deux là se comprennent intuitivement et que Logan ne peut rien lui refuser ; mais Lucy a choisi George, et Logan respecte son choix.
Comme toujours avec Haycox, ce sont les rapports entre personnages, et la personnalité de ceux-ci, qui font le sel de cette histoire. Et ce qui est très appréciable, c’est que l’auteur s’attache à retranscrire la vie comme elle était à l’époque, sans la romancer plus que nécessaire.
Comme dans Les pionniers, il y a un méchant, Honey Bragg qui est une véritable brute que tout le monde craint, et la population va œuvrer pour que Logan se batte avec Bragg afin de s’en débarrasser à peu de frais… Mais d’autres problèmes vont survenir dans ce petit monde : l’or, que ce soit celui des orpailleurs ou celui transporté vers les banques de la ville la plus proche, suscite des convoitises et les choses vont très vite se compliquer, et même dégénérer quand les Indiens vont être amenés à se défendre. Car comme le dit Logan, ce n’est pas la raison qui guide les actions des hommes :
Ce n’est pas la raison qui te donne faim. Ce n’est pas la raison qui t’incite à te battre, à intriguer ou qui t’envoie chez Corson pour boire un verre et passer un bon moment. Ce n’est pas la raison qui te pousse à soutenir un ami, à vénérer ton Dieu ou à appartenir à une loge. Ce n’est pas la raison qui te retient auprès de tes amis, qui te fait pleurer, rire et transpirer. Tu fais quelque chose, et ensuite tu trouves une excuse pour qualifier ton geste de raisonnable, mais ce n’est pas pour ça que tu le fais, Henry. Tu le fais parce que quelque chose de beaucoup plus profond t’a poussé à le faire. La raison est la lueur pâle et tremblotante d’une bougie que brandit un homme pour guider ses pas quand le feu qui brûlait en lui s’est éteint.
Ernest Haycox (1899-1950) est un écrivain américain, prolifique auteur de westerns. Parmi ses admirateurs, on comptait Gertrude Stein et Ernest Hemingway. En 2005, le prestigieux jury des Western Writers comptait Haycox parmi les vingt-quatre meilleurs auteurs de l’Ouest du XXe siècle.
Ce roman a été porté à l’écran par Jacques Tourneur en 1946, et l’adaptation est assez fidèle. Autres œuvres ont été portées à l’écran : La Chevauchée fantastique (Stagecoach, 1939), Les clairons sonnent la charge (Bugles in the Afternoon, 1952).