SpamBlocker pour le téléphone

Bloquer les appels indésirables sur son portable est devenu quelque chose de nécessaire. On peut prendre toutes les précautions que l’on veut pour éviter des appels indésirables, ça finit par arriver, soit parce que vous avez laissé une case cochée autorisant la démarchage (version officielle), soit parce que votre numéro a été récupéré d’une façon ou d’une autre et pas forcément très légale (un de vos contacts s’est fait hacker sa liste de contacts).

Heureusement, en France, les numéros des démarcheurs sont réglementés, et identifiables par les premiers chiffres de leur numéro. L’Arcep a donc publié cette liste, reste alors à l’ajouter au téléphone afin de les bloquer. Pour ce faire, encore faut-il que le « dialer » du smartphone sache filtrer les numéros commençant par une séquence donnée, ce qui n’est pas le cas sur mon tel. Il me faudra donc utiliser une application dédiée.

Voyons tout cela…

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Les derniers jours de Stefan Zweig – Laurent Seksik

Après avoir lu Le monde d’hier, dont Zweig envoya le manuscrit à son éditeur deux jours avant de se donner la mort, j’ai vu ce livre et voulu en savoir plus sur ces fameux derniers jours.

C’est une évocation, en partie imaginaire, puisqu’il est impossible de savoir vraiment ce qui s’est passé dans la tête de Zweig. L’auteur a choisi d’employer la troisième personne pour parler de Stefan Zweig (il fait ceci, il pense cela, Lotte lui dit ceci, etc…), toujours au temps passé, et sans aucun dialogue reconstitué. Tout ceci ne rend pas la lecture très facile, on hésite parfois : est-ce une pensée du personnage ou la retranscription d’un dialogue ? L’impression globale est que l’on est tenu à distance, impossible de s’identifier à l’histoire.

Nous sommes en septembre 1941, Stefan Zweig , expatrié, arrive à Pétropolis au Brésil, avec sa femme Lotte (plus jeune que lui de 40 ans, elle était sa secrétaire avant que Zweig ne divorce pour l’épouser en 1938). Passé les premiers moments où ils croient pouvoir échapper au désespoir dans ce monde neuf, Zweig sombre vite dans une dépression qu’il traîne avec lui, et dont il n’arrivera pas à sortir.

L’auteur s’appuie les écrits de l’auteur (son journal) et sur les faits avérés, les gens qu’il a rencontré là-bas, comme Bernanos qui était lui aussi réfugié au Brésil à l’époque. Leur rencontre, dont Zweig espérait beaucoup, sera un échec :

Il avait longtemps hésité avant d’aller rendre visite à Bernanos, qui vivait à Barbacena, à quelques heures de train de Pétropolis. Il redoutait d’imposer au Français son inconsolable tristesse, ses lourds silences, en un mot sa présence. Mais il voulait voir un écrivain, parler avec un écrivain, retrouver le sentiment d’exister avec une âme sœur – un autre auteur ayant choisi l’exil absolu. Il rêvait de parler à nouveau français, retrouver Paris, au milieu du Brésil. Et qui sait ? Puiser dans la ferveur de son hôte la force de se remettre au travail.

Bernanos l’encourage à écrire, à se battre avec ses armes :

Ce serait bien que vous y écriviez aussi… Un simple article de votre main, cela aura de la valeur. Un texte de Zweig dans cette Amérique du Sud qui vous admire et vous célèbre, cette bouteille à la mer lancée vers la France, où l’on vous aime aussi, ça n’aurait pas de prix. […] Je sais, reprit Bernanos, que vous êtes un être plein d’humilité, vous voulez ignorer l’influence que l’on vous prête. Et puis, on se sent loin de tout, ici, le malheur déteint sur nous et nous ravit notre force. Mais il faut trouver le courage d’agir. Il faut croire, je ne dis pas forcément en un Dieu, il me semble plus raisonnable de ne pas croire en Dieu que de croire en un Dieu géomètre. Non, il faut croire en notre force et en notre raison. Nous disposons, nous, les vagabonds, nous, les écrivains, entre nos mains, au bout de nos doigts, d’une arme puissante. Il faut se montrer digne de ce don d’écrire, digne de cette bénédiction divine. Votre plume, votre nom est un redoutable glaive que craignent les Goebbels, les Laval, tous les imbéciles et les lâches. Écrivez, agissez. Les colonnes du Jornal, du Correira da Manha vous sont ouvertes comme l’est le cœur des Brésiliens. Rejoignez-moi.

Mais c’est peine perdue, Zweig voit l’Europe occupée par les Nazis, la culture européenne disparaître, ses frères juifs persécutés partout. Le coup de grâce semble avoir été la chute de Singapour :

Singapour est tombé. Singapour, dernier rempart de la civilisation, s’est rendu aux Japonais. Jamais on n’aurait pu imaginer. La forteresse anglaise et ses cent mille soldats ! « Les Anglais ont perdu la guerre », sous-titre le journal. Le dernier bastion est tombé. Maintenant, les barbares ont le monde à leurs pieds. L’horizon s’ouvre à eux. Maintenant, les vaillants soldats de la Couronne avancent, tête basse, en haillons, dans la jungle malaise. Singapour est tombé. La route du pétrole s’ouvre aux Japonais. La guerre est terminée. Les Allemands foncent vers Suez. Demain, les puissances de l’Axe feront leur jonction. Dans un an, les barbares seront à Rio. La fête est terminée.

En février 1942, le couple se suicide en absorbant du Véronal. La seule question que l’on peut se poser finalement, c’est qu’il ait entraîné dans son geste ultime sa femme Lotte. Elle était certainement très éprise de lui, mais aussi beaucoup plus jeune, et certainement pas aussi désespérée. Quelle a été son influence dans le choix de Lotte ?

Laurent Seksik, né en 1962, est un médecin et écrivain français. Il adaptera son roman au théâtre sous la pièce au titre éponyme, jouée en 2012 et interprétée par Patrick Timsit et Elsa Zylberstein.

La Plage – Alex Garland

J’avais gardé un bon souvenir du film, sans doute parce que ça se passe en Thaïlande, que les personnages sont de jeunes routards, et qu’il y a Virginie Ledoyen ! 😉 Mes souvenirs étaient pour autant assez flous, je me souvenais du saut à la cascade… Et je n’avais pas lu le livre, et c’était donc l’occasion de le faire, quitte à revoir le film ensuite, car c’est toujours mieux dans ce sens là.

Bon, alors, c’est assez glauque, et la belle aventure d’une plage secrète isolée du monde et habitée par des babas-cool se révèle vite assez sombre. Une fois sur l’île, Richard, le personnage principal (un anglais) part assez vite en vrille et ses dialogues imaginaires avec Daffy Duck (le personnage qui meurt dès les premières pages et transmet la fameuse carte à Richard) sont un bon baromètre de sa santé mentale.

Le paradis idyllique va vite se transformer en une longue descente aux enfers, et la scène finale est littéralement cauchemardesque.

La lecture est agréable, on est pris par le récit, les différents personnages ont chacun leur personnalité, et la vie de groupe avec ses affinités et ses tensions plutôt bien décrite. Les dialogues entre Richard et Daffy viennent entrecouper le récit, mais on comprendra à la fin leur côté un peu prophétique avec ces références au Vietnam…

J’ai donc revu le film dans la foulée, et ça a été une énorme déception. Beaucoup de chose ont disparues (personnages, scènes), tout est simplifié à l’extrême, Richard (Léonardo Di Caprio) devient un américain, et séduit bien entendu Françoise (Virginie Ledoyen), alors que dans le livre cela n’arrive pas, même si Richard est sous le charme. Ce qui est plus intéressant d’ailleurs, notamment pour ses relations avec Étienne (Guillaume Cannet) dont le rôle devient du coup insipide. Même la fin est modifiée : tout le monde se sauve sur un bateau, et hop, Happy End ! À oublier très vite.

Alex Garland, né en 1970, est un romancier, scénariste et réalisateur britannique. La Plage est son premier roman, inspiré de son expérience de routard. Ce n’est pas lui qui a fait le scénario du film, on se demande bien pourquoi…

Nirliit – Juliana Léveillé-Trudel

Livre conseillé par une amie de ma sœur, croisée lors d’une journée de rando, et où nous avions échangé quelques titres de romans qui nous avaient marqués.

Pour celui-ci, on est immédiatement plongé dans une ambiance un peu particulière par le style d’auteur, qui nous emmène dans un monde inconnu, tant par la géographie que par les hommes et les femmes qui y vivent.

Au printemps, la narratrice, revient comme chaque année dans cette petite ville isolée où vivent des Inuits sédentarisés. Elle s’occupe des enfants pendant l’été, et repart avant l’hiver. Son ton est triste car elle pense à Eva, une amie portée disparue dans des conditions pas vraiment éclaircies, mais victime de la violence d’un homme. Elle oscille entre tristesse et colère.

La narratrice va peu à peu dresser le portrait de ces jeunes adolescents et de ce qu’ils deviennent comme jeunes adultes, dans cette ville où des ouvriers blancs viennent travailler sous contrat, attirés par l’argent, et toujours prêts à une aventure sans lendemain avec une jeune fille. La différence de mentalité et de mode de vie entre ces deux mondes se révèle catastrophique. L’alcool fait des dégâts terribles, l’argent que les compagnies versent pour exploiter les richesses du sol rend le travail inutile, les magasins d’état vendent leur malbouffe… Il reste bien peu d’espoir pour construire quelque chose de viable ici, et partir pour le Sud est presque impossible, tant l’écart culturel est immense. La description de ce monde est très sombre, et les premières victimes en sont les femmes autochtones.

J’ai beaucoup aimé ce récit, l’écriture et le ton de l’auteur, qui a su par petites touches dresser un portrait assez précis de ce que peut être la vie dans ce genre de ville aux confins du monde, avec une nature à la fois pleine de beauté, mais aussi très dangereuse. Mais les hommes aussi sont dangereux…

Juliana Léveillé-Trudel, née en 1985, est une écrivaine québecoise. Nirliit est son premier roman (2015), inspiré de son propre vécu, ayant travaillé dans l’éducation au Nunavik, région du Nord-Québec principalement habitée par les Inuits.

Retrouver ses fenêtres Gnome au login

C’est quelque chose que j’aurais du faire depuis longtemps, mais comme j’utilise la mise en veille le plus souvent sur mon PC, ce n’était pas un besoin pressant.

Toujours est-il qu’en cas de redémarrage, je devais systématiquement replacer les fenêtres au bon endroit, et même ouvrir une seconde fenêtre de terminal, puisque si l’on peut définir les applications qui démarreront automatiquement, on ne peut pas définir le nombre de leurs fenêtres (par défaut).

Gnome fournit gnome-tweaks pour ajuster divers paramètres : essentiellement les thèmes, l’apparence des fenêtres, et les applications au démarrage. Par contre, pour la position des fenêtres, rien n’est prévu. La philosophie de Gnome, c’est de fournir l’essentiel et de s’y limiter (et c’est très bien comme ça, cela évite de surcharger les menus). Il faut donc passer par une extension pour ce genre de besoin, et Smart Auto Move (SAM) y répond parfaitement.

Dernier souci : lancer deux fenêtres de la nouvelle Console de Gnome, que j’utilise à la place du gnome-terminal classique, qui m’a posé un petit problème.

On reprend tout ça depuis le début.

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L’enragé – Sorj Chalandon

J’avais bien aimé Le quatrième mur du même auteur, et l’histoire de cette colonie pénitentiaire pour mineurs à Belle-Île-en-mer m’a intéressé.

Tout est basé sur des faits réels, cette ancienne prison (2000 communards y seront enfermés) est transformée en 1880 pour faire partie des 35 « colonies pénitentiaires agricoles et maritimes » créées par le gouvernement de la Troisième République pour lutter contre la délinquance juvénile.

La discipline y est extrêmement sévère, et la violence physique et psychologique exercée sur les enfants omniprésente (même si elle est interdite par les règlements). Un soir, au réfectoire, un enfant croque dans son fromage avant de manger sa soupe, un gardien en profite pour le frapper, et c’est le début d’une révolte violente d’une centaine d’enfants, dont une bonne moitié en profitera pour s’évader.

La recherche des fuyards est lancée, et la population locale y participe (20 francs de récompense par enfant retrouvé). Jacques Prévert se trouve à ce moment en vacances sur l’île, et écrira un poème intitulé « La chasse aux enfants ». Tous seront repris, on ne s’échappe pas si facilement d’une île.

Sorj Chalandon s’est donc inspiré de cette histoire en imaginant qu’un enfant n’est pas retrouvé. Il s’appelle Jules Bonneau, dit La Teigne, et ce n’est pas usurpé. La violence est devenue son unique moyen d’expression, il le revendique et reste dangereux à tout moment, même quand il reçoit de l’aide. À tel point qu’il est difficile de s’attacher au personnage au fil de la lecture, par ailleurs assez prenante.

C’est donc l’histoire d’une rédemption difficilement acquise, et description d’un bagne pour enfant à Belle-Île (comme certains l’ont appelé), à l’entre deux-guerres, pas si lointain que ça et terriblement indigne ! L’auteur y intègre habilement des personnages avec chacun leur propre cause : Ronan le pêcheur breton, Sophie l’infirmière « faiseuse d’anges », Alain le communiste, et Panxto le basque.

Sorj Chalandon (né en 1952) est un journaliste et écrivain français. Reporter de guerre, il a obtenu le prix Albert-Londres en 1988 pour ses reportages dans 
Libération. Depuis 2009, il est journaliste au Canard enchaîné. Ce livre a reçu (entre autres) le prix Goncourt des lycéens 2013.

L’histoire de cet établissement pénitentiaire a sa page wikipedia.

Le monde d’hier – Stefan Zweig

Cela faisait un moment que j’avais ce livre dans ma liste, j’en avais entendu parler à la radio, quelqu’un disait qu’il était bon de lire ce livre à notre époque, car on pouvait y retrouver certaines similitudes avec celle décrite par l’auteur, c’est-à-dire depuis sa naissance en 1881 jusqu’à la seconde guerre mondiale, où il choisit délibérément d’arrêter son récit, car c’est le point final d’une époque.

L’auteur nous raconte donc cette période, ce qui est arrivé au monde et comment il l’a traversé. Il est autrichien et juif, écrivain, profondément humaniste, attaché aux arts et à la culture, pacifiste bien sûr, européen convaincu, et très méfiant vis-à-vis des nationalismes de toutes sortes.

Obligé de choisir l’exil, il est d’une franchise absolue tout au long de ce récit passionnant et l’explique ainsi :

L’apatride, justement, se trouve en un nouveau sens libéré, et seul celui qui n’a plus d’attache à rien n’a plus rien à ménager. J’espère ainsi remplir au moins une des conditions essentielles à toute peinture loyale de notre époque : la sincérité et l’impartialité.
Et ce qu’il décrit est très instructif, d’abord la description du monde au début du XXème siècle, après quarante ans de paix, et comment on de déplaçait librement à cette époque. Puis cette première guerre mondiale qui arrive sans véritable raison, résultat d’un jeu secret de nations et de diplomates imbus de leur puissance nouvelle. Ensuite ce sera la montée des nationalismes, qu’il verra venir et le forcera à l’exil, qu’il vivra difficilement.

Voilà quelques extraits :

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Le cerf-volant – Laetitia Colombani

J’avais beaucoup aimé le film « La tresse » (sans avoir lu le bouquin) : cette histoire de trois femmes au caractère affirmé et aux destins si différents (une indienne « intouchable »qui se bat pour sa fille, une italienne qui se bat pour sauver l’entreprise de son père, et une américaine avocate très ambitieuse) dont le récit va peu à peu créer un lien entre ces trois femmes.

Je me suis donc dit que je pouvais lire un autre roman du même auteur. Je dois dire que j’ai été extrêmement déçu par celui-ci.

J’ai eu beaucoup de mal à rentrer dans ce récit à la troisième personne, avec cette histoire cousue de fil blanc listant tous les malheurs de l’Inde, sans oublier d’y inclure par-ci par-là un mot du vocabulaire local (beedies, chapatis, dhaba, etc…) histoire de bien montrer que l’on sait de quoi l’on parle.

Léna, le personnage principal, n’est guère crédible avec son lourd secret (mais qu’est-il donc arrivé à son ami François ?), créé de toutes pièces pour apporter un peu de suspense, et donc régulièrement évoqué ; mais il faudra passer la moitié de l’ouvrage pour en avoir la révélation, et il sera à la hauteur du roman. Sinon, Léna repart en France, revient en Inde, s’engage, se désengage, et manque singulièrement de constance. Le reste est assez caricatural, même si la différence culturelle est réelle et immense ; mais ça on le savait depuis le début.

Autant l’histoire de « La Tresse » est géniale, autant celle-ci est bidon.

Même l’écriture est décevante, ce n’est qu’une suite de petits paragraphes, dans un style un peu journalistique et bien peu littéraire, on pense plutôt à un scénario pour le cinéma qu’à un véritable roman. En le lisant, je pensais à cette surproduction de romans qui embête bien les libraires et rend leur travail compliqué (sans parler du papier).

Laetitia Colombani, née en 1975 à Bordeaux, est une réalisatrice, actrice, scénariste et écrivaine française. Ceci explique cela.

Migration de mon site vers Infomaniak

J’avais pris la décision l’année dernière de changer d’hébergeur, car l’actuel (One.com) commençait à me décevoir depuis quelque temps.

En dehors du prix qui augmentait régulièrement chaque année, je recevais chaque année deux mois avant l’échéance un mail me menaçant d’effacer toutes mes données car la carte de paiement de mon compte n’était plus valide. Et pour cause, j’utilise toujours une carte virtuelle à chaque échéance.

C’est le genre de truc qui m’énerve, je paie chaque année sans aucun problème, mais « ce mail est automatique, ils ne peuvent rien y faire, je ne dois pas en tenir compte ». Très bien : je me suis dit que finalement j’allais en tenir compte en allant voir ailleurs si l’herbe était plus verte.

Et j’ai choisi Infomaniak, « The Ethical Cloud », un hébergeur situé en Suisse (je rapatrie mes données en Europe ! :smile:). Ce n’est pas forcément l’offre la moins chère (je vais tout de même faire baisser la facture pour une meilleure offre), mais ils sont réputés pour leur sérieux, je les connaissais déjà par leur offre KDrive (15 Gb gratuits que j’avais envisagé d’utiliser à un moment), et ils ont une bonne réputation sur le Web. Enfin ils incluent dans l’offre plus de 100 CMS, dont WordPress bien sûr, mais aussi Zenphoto (ma galerie photo, ce qui était une belle surprise) et cerise sur le gâteau Nextcloud, que j’utilise déjà en auto-hébergement, et dont les possibilités sont très larges.

Reprenons tout ça et voyons comment la migration s’est passée. En résumé, ça a été vraiment facile, plus que je ne le pensais, et en quelques jours tout a été réglé (malgré une mauvaise approche avec Baïkal, mon serveur CalDav/CardDav).

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L’Amérique – Joan Didion

Je ne sais plus où j’ai entendu parler de Joan Didion et de ce livre, sans doute lors d’une émission de FC. Ces chroniques de l’Amérique des année 60 et 70 m’ont tout de suite intéressé.

Il s’agit d’un recueil de textes prélevés dans différents livres de l’auteur, et qui commence avec la fin des années 60 et d’abord à San Francisco, où l’assassinat de Sharon Tate sonne la fin du rêve communautaire américain.

Chaque chapitre traite d’un sujet, à la façon de Joan Didion, à savoir un mélange de (nouveau) journalisme et de littérature. C’est très bien écrit, et le fait-divers s’éclaire, sous les observations de l’auteur pleine de lucidité et d’un brin de pessimisme, pour donner bientôt le portrait assez critique et sans filtre d’une Amérique emplie de contradictions. Et c’est passionnant !

Le recueil est divisé en trois parties : la fin des années 60 donc, puis de la Californie, le paradis perdu (elle y est née), et enfin de New-York la pomme pourrie (elle y a vécu plusieurs années), pour terminer avec un dernier chapitre à Honolulu.

Il y a par exemple ce chapitre sur John Wayne, très touchant et drôle à la fois, où elle raconte comment à 8 ans elle le découvre au cinéma :

C’est là, en cet été 1943 tandis que le vent chaud soufflait dehors, que j’ai vu John Wayne pour la première fois. Vu la démarche, entendu la voix. Que je l’ai entendu dire à la fille dans un film qui s’appelait « La Ruée sanglante » qu’il lui construirait une maison, « au tournant du fleuve, là où poussent les peupliers ». Il se trouve que je ne suis pas devenue, en grandissant, une héroïne de western, et même si les hommes que j’ai connus avaient de nombreuses qualités et m’ont emmenée vivre dans de nombreux endroits que j’ai appris à aimer, ils n’étaient jamais John Wayne, et ils ne m’ont jamais emmenée à ce tournant du fleuve, là où poussent les peupliers. Dans ce recoin profond de mon cœur où pour l’éternité tombe la pluie artificielle, c’est toujours la réplique que j’espère entendre. […]
Dans le monde de John Wayne, John Wayne était censé donner les ordres. « On y va », disait-il, et « En selle ». « En avant, hue », et « Un homme doit faire ce qu’il a à faire ». « Hello, there », disait-il quand il rencontrait une fille, sur un chantier ou dans un train ou debout sur le perron, attendant quelqu’un avec qui chevaucher dans les hautes herbes. Quand John Wayne parlait, impossible de se méprendre sur ses intentions ; il avait une autorité sexuelle si forte que même un enfant pouvait la percevoir. Et dans un monde dont nous avions très tôt compris qu’il était caractérisé par la vénalité, le doute et les ambiguïtés paralysantes, il évoquait un autre monde, un monde qui avait jadis ou n’avait peut-être jamais existé, mais qui en tout cas n’existait plus.

Elle nous parle aussi de l’affaire Patty Hearst, cette fille de milliardaire enlevée par une organisation d’extrême gauche et qui va ensuite participer aux actions de ce groupe (attaque de banques entre autres), et dont Joan Didion essaie de démêler les fils lors de son procès en toute lucidité : c’est là aussi très intéressant.

Viens l’histoire du viol d’une joggeuse à NY qui va défrayer la chronique et symboliser « le viol d’une femme blanche par des noirs » et devenir l’agression d’une ville.

Mais il y avait dans cette affaire une tension affective particulière, issue en partie des associations et des tabous profonds et allusifs attachés, dans l’histoire noire américaine, à l’idée du viol des femmes blanches. Le viol demeurait, dans la mémoire collective de nombreux Noirs, le cœur même de leur victimisation. Les hommes noirs étaient accusés de violer les femmes blanches, alors même que les femmes noires, comme l’écrivait Malcolm X dans son Autobiographie, avaient été « violées par le maître blanc jusqu’à ce que commence à émerger une race créée de toutes pièces, fabriquée à la main et passée au lavage de cerveau, qui n’était même plus de sa véritable couleur, qui ne connaissait même plus ses vrais noms de famille ».

Jusqu’au jour où Joan ne supporte plus du tout cette ville et va la quitter pour retourner en Californie :

Je ne pourrais pas vous dire quand j’ai commencé à comprendre. Tout ce que je sais, c’est qu’à vingt-huit ans, ça allait très mal. Tout ce qu’on me disait, j’avais l’impression de l’avoir déjà entendu, et je ne pouvais plus écouter. Je ne pouvais plus rester assise dans des petits bars près de Grand Central à écouter quelqu’un se plaindre de l’incapacité de sa femme à accepter de l’aide tandis qu’il ratait à nouveau son train pour le Connecticut. Cela ne m’intéressait plus d’apprendre quelle avance d’autres personnes avaient touchée de leur éditeur, d’entendre parler de pièces à Philadelphie dont le deuxième acte se passait mal, ou de gens qui me plairaient beaucoup si je voulais bien faire l’effort de sortir et les rencontrer. Je les avais déjà rencontrés, toujours.[…]
Je blessais les gens que j’aimais, et j’offusquais ceux que je n’aimais pas. Je pris mes distances avec la personne qui m’était plus proche qu’aucune autre. Je pleurais jusqu’à ne plus faire la différence entre les moments où je pleurais ou pas, je pleurais dans les ascenseurs et dans les taxis et dans les pressings chinois, et quand j’allai consulter le médecin il me dit seulement que j’avais l’air déprimée et que je devrais voir un « spécialiste ». Il m’écrivit le nom et l’adresse d’un psychiatre, mais je n’y allai pas.
À la place, je me mariai, ce qui se révéla une très bonne chose, mais au mauvais moment, puisque je ne pouvais toujours pas […] parler aux gens et que je pleurais toujours dans les pressings chinois. Jamais jusqu’alors je n’avais compris ce que signifiait « désespoir », et je ne suis pas sûre de le comprendre aujourd’hui, mais cette année-là, je compris.

Voilà, ce fut vraiment un bon moment de lecture : de bonnes chroniques sur de vrais sujets, bien écrits et analysés en toute lucidité, et à travers lesquels perce la franchise et l’honnêteté de l’auteur.

Joan Didion (1934-2021) est une journaliste et romancière américaine. Elle a travaillé pour la magazine Vogue à ses débuts. Élue femme de l’année en 1968 par le L.A. Times (aux côtés de Nancy Reagan), elle a aussi coécrit le scénario de Panique à Needle Park. Son dernier essai, « L’année de la pensée magique » — qui relate la mort soudaine de son mari d’une crise cardiaque — a reçu le National Book Award.

Lectures, Ubuntu, Smartphone, Cinéma, entre autres…