Archives de catégorie : Littérature

Harry Bosch – Michael Connelly

Vers la fin de mon voyage en Asie, j’ai attaqué le cycle Harry Bosch (Hieronymus Bosch pour être précis, comme le peintre), dans l’ordre chronologique s’il vous plaît. J’en ai poursuivi la lecture une fois revenu, et je viens juste d’arrêter hier : treize romans lus, soit à peu près la moitié de la totalité des romans (25).

Bosch est un flic de L.A., ancien du Vietnam (il était un « rat de tunnels », membre d’une unité chargée de nettoyer les tunnels creusés par les Vietcongs, dire que je lisais ça en étant au Vietnam !). Il se sent investi d’une mission quand il pourchasse les criminels, et y consacre tout son temps, se révélant incapable d’établir une véritable relation sentimentale avec les quelques femmes avec qui il a une aventure. Ces dernières devinent vite son côté obsessionnel et individualiste. Il a une tendance certaine à n’en faire qu’à sa tête, se fier à son intuition et à ses capacités d’analyse, par ailleurs toutes deux excellentes, lui permettant de résoudre ses enquêtes. On de demande quand même quand est-ce qu’il dort… 😉

Ses relations avec la hiérarchie sont pour le moins tendues, et il est parfois l’objet d’une enquête des services internes. L’auteur dresse d’ailleurs un portrait assez critique de la police de L.A. : corruption, carriérisme, politique… quand ils ne sont pas carrément les meurtriers de l’enquête en cours. Bref, tous des empêcheurs de tourner en rond dans le meilleur des cas pour Harry Bosch, qui ne fait de toutes façons confiance à personne.

L’autre personnage des romans, c’est la ville de Los Angeles, la ville de tous les espoirs mais aussi de tous les périls. La violence policière et les émeutes suivant l’affaire Rodney King sont en référence constante et ont marqué la ville… Mais il y a aussi sa pollution, ses bons restos, sans oublier ses embouteillages qui n’auront plus de secrets pour vous, Bosch étant passé maître dans l’art de les contourner !

Au final, de bons romans policiers, avec de bonnes intrigues, et dont on tourne les pages sans avoir vraiment envie d’arrêter. En ayant lu treize à la suite, le personnage de Bosch a fini tout de même par me taper sur le système, son côté « je suis investi d’une mission, je n’en fait qu’à ma tête et je ne respecte rien ni personne » le rendant assez imbuvable.

Voilà les titres que j’ai lu à la suite :

  • Les Égouts de Los Angeles, 1993
  • La Glace noire, 1995
  • La Blonde en béton, 1996
  • Le Dernier Coyote, 1999
  • Le Cadavre dans la Rolls, 1998
  • L’Envol des anges, 2000
  • L’Oiseau des ténèbres, 2001
  • Wonderland Avenue, 2002
  • Lumière morte, 2003
  • Los Angeles River, 2004
  • Deuil interdit, 2005
  • Echo Park, 2007
  • A genoux, 2008

Bon, il était grand temps de faire une pause, et de revenir à des romans disons plus littéraires… 😉

Michael Connelly, né en 1956, est l’un des principaux auteurs américains de romans policiers. Il est assez prolifique. Les romans mettant en scène Harry Bosch ont été portés à l’écran dans une série TV éponyme (7 saisons). Une autre série existe depuis 2022 sur Amazon, « Bosch: Legacy » (2 saisons à ce jour).

Côté cinéma, il y a « Créance de sang » avec Clint Eastwood mettant en scène Terry Mc Caleb, un ancien agent du FBI. On peut voir un autre personnage du même auteur, Michael Haller, avocat et demi-frère de Bosch, dans « La défense Lincoln », avec Matthew McConaughey (excellent film !).

Le cycle de l’Ekumen – Ursula Le Guin

C’est en écoutant un podcast de France Culture dans la série Les romans qui ont changé le monde que je suis tombé sur cet épisode consacré à « La main gauche de la nuit » d’Ursula Le Guin, qui vient de bénéficier d’une réédition accompagnée d’une traduction révisée.

Je connaissais le nom d’Ursula Le Guin, j’ai même un vieux « Livre d’or de la SF » qui lui est consacré sur mes étagères, mais cela remonte à très loin, je n’en ai aucun souvenir…

L’émission était assez élogieuse pour cet auteur aujourd’hui décédée qui aurait pu (du) avoir le prix Nobel de littérature, et du coup je me suis penché sur ses œuvres quand je préparais mon voyage en Asie. Quitte à être dépaysé, la SF comme littérature de voyage, c’est pas mal… D’autant que Catherine Dufour, qui préface cette édition collector, et présente à l’émission sur FC, précise :

Un des rôles de la science fiction, c’est de décaler légèrement le réel et le point de vue, pour que la réalité de notre société nous saute à la face ; c’est précisément ce que fait Ursula Le Guin.

Et c’est un peu ce qui nous arrive en voyage ! 😎

À propos du podcast, on peut trouver la liste des « romans qui ont changé le monde » sur cette page (cela peut donner des envies ou des idées de lecture). J’en ai lu quelques uns : « Voyage au bout de la nuit » de Céline, « Au nom de la rose » d’Umberto Eco, « Un barrage contre le pacifique » de Marguerite Duras, « L’œuvre au noir » de Margerite Yourcenar, « Le seigneur des anneaux » de J.R. Tolkien, et ce sont tous de bons bouquins, sans oublier bien sûr « La main gauche de la nuit » d’Ursula Le Guin. Seule exception à cette liste : « Mrs Dalloway » de Virginia Woolf qui m’a profondément ennuyé.

J’ai aussi noté quelques titres à lire : « Bonjour tristesse » de Françoise Sagan, « La Storia » d’Elsa Morante, et peut-être « L’année de la mort de Fernando Reis » de José Saramago.

Mais revenons à Ursula Le Guin : j’ai donc emporté sur ma liseuse le cycle de l’Ekumen. Il se divise en deux parties : « La Ligue de tous les mondes » composés de trois romans, puis « L’Ekumen », composé de quatre romans. Il existe aussi des recueils de nouvelles qui viennent s’insérer et compléter l’œuvre, mais je m’en suis tenu uniquement aux romans.

Voyons voir un peu cela…

Continuer la lecture… Le cycle de l’Ekumen – Ursula Le Guin

Série Parker, signée Richard Stark

Première série de romans lus pendant mon voyage, j’ai choisi Richard Stark, alias Donald Westlake, et la série Parker, soit 24 romans !

Parker est un voleur professionnel, doté d’un sang-froid à toute épreuve, et d’un minimum d’empathie. Il est froid, méthodique et efficace… Il vole essentiellement de l’argent liquide, le reste ne l’intéresse pas (trop compliqué à écouler). C’est un organisateur hors pair, ses coups sont toujours très bien montés, mais l’impondérable n’est jamais loin : une trahison, un bavard, un flic très malin… Bref, il ne réussit pas à chaque fois !

Bonne série de polars, qui s’étale de 1962 à 2013, les scénarios s’ameliorent et se complexifient au fil du temps, certaines histoires s’étalent sur plusieurs romans. On s’attache au personnage, malgré sa froideur : elle le rend au moins objectif ! 😉 (et j’aime bien son côté mutique : s’il estime qu’aucune réponse n’est nécessaire, il ne répond pas. Ne comptez pas sur lui pour entretenir la conversation !). Certains romans ont été adaptés au cinéma.

Voilà un court article, écrit sur le smartphone !

Mise à jour une fois revenu de voyage : voilà la liste des romans dans l’ordre chronologique avec le nom de l’adaptation cinématographique s’il y en a eu. Parfois le titre de l’édition « Carré Noir » diffère de celui choisi par « Série Noire »… Notez aussi le jeu de marabout entre Comeback et Breakout, l’auteur s’amuse) :

Titre Année Adaptation à l’écran
1 1963 Comme une fleur « Le point de non-retour » (1967) puis « Payback » (1999)
2 1964 « Peau neuve » ou « Parker fait peau neuve »
3 1964 « La clique » ou « Parker par en croisade » Échec à l’organisation (1973)
4 1964 Pour l’amour de l’or
5 1965 « En coupe réglée » ou « Parker fait main basse » Mise à sac (1967)
6 1966 Rien dans le coffre
7 1966 « Le septième homme » ou « Le septième »
8 1966 « Sous pression » ou « Parker rafle la mise »
9 1968 Travail aux pièces
10 1968 « Le divan indiscret » ou « Parker reprend son vol »
11 1969 Blanc-bleu noir
12 1969 Un petit coup de vinaigre
13 1971 « Le défoncé » ou « Parker sonne l’hallali »
14 1972 Planque à Luna-Park Slayground (1983)
15 1973 Portraits gratis
16 1975 Signé Parker
17 1998 Comeback
18 2001 Backflash
19 2004 Flashfire Parker (2013)
20 2005 Firebreak
21 2008 Breakout
22 2009 A bout de course
23 2012 Demandez au perroquet
24 2013 Argent sale

Donald Westlake (1933-2008) est un écrivain et scénariste américain, également connu sous de nombreux pseudonymes (Richard Stark, Alan Marshall, Tucker Coe …). Ses personnages les plus connus sont John Dortmunder, voleur brillant mais terriblement malchanceux (signature : Donald Westlake), et Parker, un personnage beaucoup plus sombre, sans états d’âme, brutal et violent (signature : Richard Stark).

Le démon dans ma peau – Jim Thompson

Comme prévu, j’ai lu ce roman après que l’auteur ait expliqué l’origine de son inspiration dans l’excellent Vaurien (voir article précédent).

Je dois dire que c’est bien mené, avec Lou Ford, ce shérif adjoint qui nous raconte à la première personne son délire de meurtres, particulièrement de femmes, suite à un traumatisme qu’il a subi dans son enfance. Et il va aller loin avant d’être empêché de nuire, car même s’il est vite soupçonné, l’absence de preuves et sa flagornerie toute sudiste lui permettent de poursuivre son projet en toute impunité.

Le style est prenant, avec toutes ces proverbes à la noix que Lou balance sans arrêt à ses interlocuteurs, ce qui le fait passer pour un abruti bavard, et qui l’arrange pour mener à bien ses projets (un peu comme dans un autre des romans de Jim Thompson, 1275 âmes, dont s’est inspiré Bertrand Tavernier pour « Coup de torchon »). Il y a aussi toutes ces phrases non achevées (presque trop), avec des points de suspension, car dans le Sud, il y a des choses qui ne disent pas… La société décrite est finalement assez inquiétante : on peut faire beaucoup de choses tant que les apparences sont sauves.

Un grand roman noir, où Jim Thompson montre tout son talent, adapté à l’écran sous le titre éponyme du roman : « The killer inside me ».

Jim Thompson (1906-1977), est un écrivain américain de roman noir, un nouvelliste et un scénariste de cinéma. Il écrira au total vingt-neuf romans, en partie autobiographiques, dont la plupart servant avant tout à rembourser des dettes. Il meurt dévoré par l’alcool et la maladie, dans la misère et l’anonymat.
Il a peu été reconnu de son vivant, ce n’est qu’après sa mort que sa réputation grandit. Côté cinéma français, le film « Coup de torchon » de Bertrand Tavernier a donc été adapté de « 1265 âmes » (excellent !); « Série noire » d’Alain Corneau avec Patrick Deweare est adapté de « A hell of a woman » (« Une femme d’enfer »  ). Outre-atlantique, on peut aussi citer « Les Arnaqueurs » comme autres adaptations connues.

Vaurien – Jim Thompson

Toujours Jim Thompson, avec cette fois une sorte d’autobiographie où l’auteur nous raconte sa jeunesse pour le moins cahotique.

Son père est disons un original, autodidacte, ayant horreur de l’ignorance et forçant son fils, dès huit ans, à lire des ouvrages entiers comme l’Histoire de l’Amérique en douze volumes ou l’intégrale de la Correspondance des Présidents. Mais comme Jim refuse d’apprendre à l’école, il devient une calamité pour ses professeurs, sachant des choses qu’eux ignoraient, mais ignorant ce qu’il aurait du savoir…

Nous sommes au début du XXème siècle, et la famille passe de la fortune à la pauvreté suite à un revers de fortune quand le père se lance dans plusieurs forages de pétrole infructueux. De plus, il ne voit jamais le mal chez les autres, et se fait facilement arnaquer. La crise de 1929 ne va rien arranger à la situation, et il ne retrouvera jamais la réussite.

Très vite, Jim va devoir travailler en plus de l’école pour aider la famille, puis partir sur la route chercher le moindre travail. Il va faire plein de petits boulots : chasseur d’hôtel, poseur de pipelines, journaliste, j’en passe et des meilleurs, tout en essayant d’écrire et de proposer ses textes à des éditeurs. Doté d’une constitution robuste, il en abuse pourtant, en particulier l’alcool qui l’accompagnera toute sa vie. Mais aussi le tabac, auquel on peut ajouter un état dépressif car il ne s’en sort pas…

Ce sont ces anecdotes de sa jeunesse qu’il nous raconte en toute franchise, et on ne s’ennuie pas une seconde, c’est réellement passionnant. Par l’époque d’une part, et par le personnage d’autre part, qui a acquis une expérience de la vie incroyable. Un vrai plaisir de lecture. Il nous raconte une anecdote qui mérite d’être contée, et qui lui inspira un roman des années plus tard :

Mêlé à une bagarre, il écope d’une amende dix-huit dollars à payer dans les trois jours. Travaillant sur un derrick perdu dans la campagne à quarante miles de la ville, il décide de pas payer, persuadé que personne ne viendra le chercher. Mais le shérif-adjoint se pointe le quatrième jour, et Jim essaie de la jouer au plus malin en restant en haut de son derrick. Le policier l’attend alors tranquillement en somnolant sur le plancher, et quand Jim descend finalement, pris par la faim et la soif, la situation change brutalement :

– Tu sais, ce n’était pas très malin, dit-il, Et c’est…
– Et c’est comme ça, le coupais-je. D’accord, mettons-nous en route.
Son sourire se maintint et s’élargit même un peu. Mais c’était un sourire figé, sans humour, et un voile semblait être tombé sur ses yeux.
– Qu’est-ce qui te rend si sûr, dit-il doucement, que tu vas quelque part ?
– Eh bien, je… — je déglutis — je-je…
– Un endroit salement isolé, ici, pas vrai ? Pas âme qui vive des miles à la ronde à part toi et moi.
– A-attendez, je-je n’essayais pas de…
– Ai toujours vécu ici, continua-t-il du même ton, tout le monde me connaît. Personne ne te connaît. Et nous sommes seuls. Que penses-tu d’ça, toi qui es si futé ? Tu te balades dans l’coin, tu pètes le feu et tu rates pas une connerie. Comment tu crois qu’un pauv’ péquenot pas bien malin comme moi réagirait dans un cas pareil ?
Il me fixa longuement et son sourire lui découvrit toutes les dents. Je restais paralysé et muet, une grosse boule glacée se formant dans mon estomac. Le vent sifflait et gémissait à travers le derrick. Il reprit la parole, en réponse à une question que je n’avais pas posée.
– J’en ai pas besoin, dit-il, Y’a rien de c’qu’on peut faire avec un revolver qu’on puisse pas bien mieux faire autrement. J’vois pas à quoi m’servirait un revolver ici.
Il déplaça légèrement ses pieds. Les muscles de ses épaules se gonflèrent. Il prit dans sa poche une paire de gants noirs en chevreau et les enfila, lentement. Il se frappa du poing la paume de la main.
– J’vais te dire une chose ; te dire deux p’tites choses. Y’a pas moyen de savoir c’que vaut un type rien qu’en le regardant. Y’a pas moyen de d’viner ce qu’il risque de faire s’il en a l’occasion. Tu vas te souvenir de tout ça ?
J’étais incapable de parler, mais je réussis à hocher la tête. Son sourire et son regard reprirent leur expression naturelle.
– Tu m’as l’air faiblard, dit-il, tu devrais p’t’être manger et boire avant qu’on parte ?.

Et Jim Thompson de conclure :

Il était allé aussi loin dans l’amabilité que le lui permettait son éducation et son sens des bonnes manières. Cela n’avait rien donné avec moi, alors il avait changé de tactique. C’était clair, à partir du moment où j’essayais de voir les choses par ses yeux et non par les miens.
Je ne savais pas s’il m’aurait tué parce qu’il ne le savait pas lui-même.
En fin de compte, l’âge venant, je suis parvenu à le faire revivre sur le papier — le meurtrier sardonique, sympathique de mon quatrième roman, Le Démon dans ma peau. Mais cela m’a pris du temps, près de trente ans.
Et son souvenir ne m’a toujours pas quitté.

Ce sera donc ma prochaine lecture : Le démon dans ma peau (The killer inside me)… 😎

Il mentionne aussi un autre roman, Nuit de fureur, dont le cadre lui a été inspiré par un boulot dans une boulangerie industrielle, un travail dur et quasiment ininterrompu, 7 jours sur 7, pour 12 dollars la semaine.

Je termine par une blague qui montre son humour :

C’était une grosse femme, bouffie, plus tout à fait de première fraîcheur. Je ne me prononcerai pas sur les dates, mais je peux certifier sans guère de risque, quel que soit l’âge du plus vieux métier du monde, qu’elle avait dû faire partie des membres fondateurs.

Jim Thompson (1906-1977), est un écrivain américain de roman noir, un nouvelliste et un scénariste de cinéma. Il écrira au total vingt-neuf romans, en partie autobiographiques, dont la plupart servant avant tout à rembourser des dettes. Il meurt dévoré par l’alcool et la maladie, dans la misère et l’anonymat.
Il a peu été reconnu de son vivant, ce n’est qu’après sa mort que sa réputation grandit. Côté cinéma français, le film « Coup de torchon » de Bertrand Tavernier a été adapté d’un de ses romans, « 1265 âmes » (excellent !); « Série noire » d’Alain Corneau avec Patrick Deweare est adapté de « A hell of a woman » (« Une femme d’enfer »  ). Outre-atlantique, on peut aussi citer « Les Arnaqueurs » et « The killer inside me » (« Le démon dans ma peau » ) comme autres adaptations connues.

Écrits perdus 1968-1977 – Jim Thompson

Deuxième tome de ces écrits perdus de Jim Thompson, plus concis, et que j’ai moins apprécié que le premier.

Je ne suis pas un grand fan des nouvelles, c’est parfois difficile d’y accrocher de par leur brièveté et le manque d’approfondissement. Mais là, on commence par deux textes inachevés, dont le premier assez conséquent (90 pages) qui s’arrête brusquement sans que l’on ait le moindre dénouement, et vous laissant totalement sur votre faim !

Puis viennent deux petits textes de quelques pages, dont un synopsis sans grand intérêt. Et l’on termine par deux vraies nouvelles inédites, une première où le personnage masculin tient un rôle assez machiste à la limite du proxénète et la femme est hyper sexualisée… Dans la seconde, c’est une histoire assez sombre entre un frère et une sœur aux relations ambigües…

Bref, pas le meilleur de Jim Thompson à mon goût, et nettement moins intéressant que le premier tome de ces « écrits perdus ». Les textes de ce deuxième tome sont d’une époque où l’auteur était peu publié, après la disparition des « Pulps » dont il était assez dépendant. Il commençait et abandonnait des romans après en avoir proposé un échantillon substantiel à ses agents…

Jim Thompson (1906-1977), est un écrivain américain de roman noir, un nouvelliste et un scénariste de cinéma. Il écrira au total vingt-neuf romans, en partie autobiographiques, dont la plupart servant avant tout à rembourser des dettes. Il meurt dévoré par l’alcool et la maladie, dans la misère et l’anonymat.
Il a peu été reconnu de son vivant, ce n’est qu’après sa mort que sa réputation grandit. Côté cinéma français, le film « Coup de torchon » de Bertrand Tavernier a été adapté d’un de ses romans, « 1265 âmes » (excellent !); « Série noire » d’Alain Corneau avec Patrick Deweare est adapté de « A hell of a woman » (« Une femme d’enfer »  ). Outre-atlantique, on peut aussi citer « Les Arnaqueurs » et « The killer inside me » (« Le démon dans ma peau » ) comme autres adaptations connues.

Écrits perdus 1929-1967 – Jim Thompson

Je continue de piocher dans ma bibliothèque, et me tourne vers Jim Thompson, une référence de la grande époque des polars américains « série noire ».

La première nouvelle est aussi brève que glaçante, on est dans la tête d’un fou… Les suivantes, de la période 1929, sont révélatrices de la pauvreté ambiante et de conditions de vie de l’époque qui nous paraissent extrêmes aujourd’hui. La recherche quotidienne de quelques pièces pour survivre jusqu’au lendemain…

Viennent ensuite quelques chroniques policières, des reportages sur des crimes réels, chose que Thompson appréciait particulièrement. Des histoires qui sont en fait des récits de faits d’hiver, des meurtres à élucider, racontés à la première personne par l’un des enquêteurs, pas toujours identifié d’ailleurs.

Puis d’autres nouvelles racontant des arnaques à la petite semaine, des combines plus ou moins sophistiquées, qui réussissent ou échouent lamentablement. Les types sont parfois tout aussi minables que leurs combines, eux aussi vivent au jour le jour… J’ai bien aimé celle où l’arnaqueur ayant réussi son coup, s’apprête à prendre le train pour New-York, habillé comme un prince grâce à son butin, et qui repère sur le quai un couple de petits vieux qui lui semblent des proies parfaites même s’il a les poches pleines, « parce qu’il était un escroc de sa nature, et qu’un escroc doit toujours escroquer. ». Mais les petits vieux sont des escrocs de haut vol et le pigeon ne sera pas celui que l’on croit…

On termine avec des récits plus autobiographiques, avec un écrivain en galère, alcoolique, fauché… Ils sont écrits de manière très factuelle, sans sentiment ni apitoiement. C’est pourtant de lui-même qu’il parle, et il dit tout.

Jim Thompson (1906-1977), est un écrivain américain de roman noir, un nouvelliste et un scénariste de cinéma. Il a peu été reconnu de son vivant, ce n’est qu’après sa mort que sa réputation grandit. Côté cinéma français, le film « Coup de torchon » de Bertrand Tavernier a été adapté d’un de ses romans, « 1265 âmes » (excellent !); « Série noire » d’Alain Corneau avec Patrick Deweare est adapté de « A hell of a woman » (« Une femme d’enfer »  ). Outre-atlantique, on peut aussi citer « Les Arnaqueurs » et « The killer inside me » (« Le démon dans ma peau » ) comme autres adaptations connues.

Le cercle fermé – Wessel Ebersohn

Après La nuit divisée, je continue avec Wessel Ebersohn avec ce deuxième roman présent dans ma bibliothèque.

Cette fois Yudel accepte d’enquêter moyennant finance (il est fonctionnaire) sur une série de meurtres ou d’intimations commis sur des leaders radicaux au cours des dernières années. Les mandants sont persuadés qu’il s’agit de la police de la sécurité, organe tout puissant en Afrique du Sud. Reste à le prouver !

Yudel va donc chercher à comprendre ce qui relie toutes ces affaires, ce qui est loin d’être évident : les cibles comme les méthodes employées sont assez diverses, le temps a passé, et faire parler les témoins s’avère compliqué sinon dangereux.

Honnêtement, je m’y suis un peu perdu et autant ennuyé à essayer de suivre ses investigations, et l’intérêt de cette première partie (soit les 3/4 du roman) n’est pas passionnante. Toujours est-il qu’après avoir été averti une première fois, Yudel se retrouve à l’hôpital après avoir reçu une flèche d’arbalète dans la poitrine. Manifestement, son enquête commence à sérieusement déranger.

La deuxième partie raconte brièvement comment le pays commença alors à changer (fin 1986), comment les communautés noires se révoltèrent, refusant d’être traités de la sorte par les autorités, comment on frôla la révolution, et comment la communauté blanche (ou au moins une partie) comprit qu’il fallait changer les choses pour éviter le pire. Ces quelques pages valent à elles seules de lire le livre.

Dans la troisième partie, Yudel traque et pousse à bout l’un des responsables qu’il a finalement pu identifier grâce à ses talents de psychologue, un officier de la police de sécurité. Mais le système étant ce qu’il est, il n’obtiendra pas mieux que sa démission. Le roman se termine par un épilogue où l’on voit qu’aucun coupable n’est finalement poursuivi, et que la plupart des victimes ont du quitter le pays. Bienvenue en Afrique du Sud des années 80.

Wessel Ebersohn, né en 1940 au Cap, est un écrivain sud-africain. Ce roman est en fait le dernier volet d’une trilogie, commencée par La nuit divisée. Il me manque le deuxième intitulé Coin perdu pour mourir. Avec cette trilogie, l’auteur a eu de nombreuses « tracasseries policières » de la part de l’ex-gouvernement d’Afrique du Sud.

La nuit divisée – Wessel Ebersohn

Pris dans ma bibliothèque un peu au hasard, je me souvenais de cet auteur de polar sud-africain, et peu importe qu’ils aient brisé nos rêves de coupe du monde de rugby ! 😉

Je ne sais pas si l’on peut vraiment parler de polar, car Yudel, le personnage principal n’est pas un policier, mais un psychiatre qui travaille pour l’administration pénitentiaire. C’est la police qui lui envoie Mr Weizmann, un commerçant de 60 ans, « un brave pépé qui tue des gens ».

Il semble bien que le dénommé Weizmann laisse volontairement la porte de son épicerie entrouverte la nuit pour attirer les voleurs, toujours de race noire, et les abattre. Prétextant la légitime défense, il est systématiquement relâché.

Yudel est un fin psychologue, qui pratique éventuellement l’hypnose. Il observe son interlocuteur à l’affut du moindre signe révélateur : un mot, un mouvement des yeux, une réaction, et il décode l’information. C’est sa façon d’enquêter, et c’est assez intéressant à suivre.

En toile de fond, il y a bien sûr le racisme institutionnalisé des Afrikaners envers les noirs, mais c’est la société de l’Afrique du Sud qui est décrite, avec le fameux « apartheid » (aboli en 1991) qui ne laisse finalement aucun droit aux noirs. Et si le pépé Weizmann a eu une enfance traumatique, eh bien, on le laisse commettre ses meurtres déguisés… Yudel va tenter d’enrayer le mécanisme mortel.

A Soweto, comme dans la petite boutique de la rue Mybourgh, la nuit était divisée. Ici aussi, l’amour et le groupe se battaient contre la douleur et l’aliénation pour le pouvoir. Et ici non plus Yudel ne voyait pas de solution.

Wessel Ebersohn, né en 1940 au Cap, est un écrivain sud-africain. À l’époque de la rédaction de ce roman (1981), il a du se séparer de sa femme pour des raisons de sécurité. Menacé par le gouvernement sud-africain, il se retira dans un lieu secret au bord de la mer, mais ne put empêcher que sa femme soit l’objet de nombreuses tracasseries policières.

Pierre qui brûle – Donald E. Westlake

Après Kahawa, j’ai enchaîné avec un autre roman de Westlake, en fait le premier de la série Dortmunder, également mentionné dans l’émission de France Culture.

Le ton est vite donné quand Kelp, l’ami de Dortmunder, vient attendre ce dernier à sa sortie de prison : Kelp vient de voler une belle Cadillac pour épater son ami, mais ne maîtrise pas l’utilisation des nombreux boutons du tableau de bord. S’en suit une méprise, Dortmunder pensant qu’on l’attend pour l’exécuter…

Mais Kelp va proposer « un coup » à Dortmunder, le planificateur de génie, le roi du braquage : dérober une émeraude pour le compte d’un pays africain. Et le vol bien préparé sera exécuté sans coup férir… à un petit détail près, qui nécessitera une seconde opération pour récupérer un complice arrêté et qui seul sait où se trouve l’émeraude.

Et ainsi de suite, il faudra pas moins de cinq opérations, parfaitement planifiées et exécutées, pour enfin parvenir à mettre la main sur cette fichue pierre. Malchance, trahison, il faudra tout le génie et l’obstination de Dortmunder pour parvenir à sortir la tête haute de cette histoire.

Vous l’aurez compris, un polar léger, et moi qui ne suis pas trop fan des mélanges de genres, je dois dire que c’est bien écrit et assez drôle, certains dialogues font mouche, et cette histoire se lit avec plaisir.

Donald Westlake (1933-2008) est un écrivain et scénariste américain, également connu sous de nombreux pseudonymes (Richard Stark, Alan Marshall, Tucker Coe …). Ses personnages les plus connus sont John Dortmunder, voleur brillant mais terriblement malchanceux (signature : Donald Westlake), et Parker, un personnage beaucoup plus sombre, sans états d’âme, brutal et violent (signature : Richard Stark).