A propos de la démocratie

howardzinn.jpg Howard Zinn est l’auteur de Une Histoire populaire des Etats-Unis de 1492 à nos jour, et était récemment l’invité de l’émission « Là-bas si j’y suis » de Daniel Mermet sur France Inter. Le titre original est : A People’s History of the United States. On peut déjà s’étonner de la traduction du titre, voulu par les éditeurs. Une histoire du peuple aurait été plus juste, le terme populaire ayant en français une connotation suspecte (démocratie populaire, populisme).

Howard Zinn raconte une anecdote très intéressante sur la création de la constitution américaine, à propos de la fameuse démocratie. Les pères fondateurs de la constitution américaine ne voulaient pas de la démocratie. Ils voulaient un gouvernement fort, centralisé, qui serve les intérêts de l’élite. Car ces 55 hommes qui écrivirent la constitution ne représentaient pas le peuple. Ils étaient propriétaires d’esclaves, marchands, spéculateurs terriens, actionnaires, et avaient peur des rébellions.

En fait l’année qui a précédé la constitution, il y a eu une rébellion dans le Massassushetts. Cette rébellion leur fit très peur; ils s’écrivirent, et l’une de ces lettres, adressée à Georges Washington, disait :

Vous savez, ces rebelles, ce sont des vétérans de la guerre révolutionnaire contre les anglais. Et ils pensent que parce qu’ils ont participé à cette guerre révolutionnaire, une partie de la richesse de la nation leur est due. Et on ne peut pas permettre cela. Et c’est pourquoi nous allons créer un gouvernement qui aura les moyens de réprimer les rébellions.

Voilà l’extrait audio de l’émission :

[audio:https://pled.fr/wp-content/uploads/2008/03/democratie.mp3]

Si vous souhaiter écouter toute l’émission, vous pouvez la télécharger ici. Vous y apprendrez d’autres choses intéressantes sur la démocratie américaine… L’interview de Howard Zinn commence à la 15e minutes de l’émission.

Démocratie : du Grec ancien dèmokratia, « souveraineté du peuple », de Dèmos, « peuple » et kratos, « puissance », « souveraineté »). Abraham Lincoln la définissait comme « un gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple ».

Les autres – Alice Ferney

lesautres.jpg Alice Ferney, de son vrai nom Cécile Gavriloff, est une écrivaine française née le 21 novembre 1961. Elle est mariée, mère de 2 enfants, et professeur à l’université d’Orléans.

Les autres part d’une idée simple : lors d’une soirée d’anniversaire, le frère offre un jeu de société : Personnages et Caractères est un jeu de psychologie – … – il est préférable que les joueurs se connaissent un peu, ou croient se connaître, ce qui revient sans doute au même. Le jeu leur fournira l’occasion de tester la profondeur et la justesse de leur familiarité. Sur la boite est écrit en gros : Personnes susceptibles s’abstenir. On est prévenu, et on se doute de ce qui peut se passer avec ce genre de jeu de la vérité.

Par ailleurs, l’auteur a choisi de découper le livre en trois parties : Choses pensées (ce que les personnages pensent), Choses dites (ce qu’ils disent), et Choses rapportées (la vision de l’auteur). Cette mise en forme apporte un éclairage différent aux évènements de cette soirée, mais bon… elle génère aussi des redites, et me parait plus un exercice formel d’auteur qu’autre chose. Sinon c’est plutôt bien écrit, et assez agréable à lire.

Alors bien sûr durant cette partie des choses sont dites, certaines blessent, des secrets sont révélés (ou non)… Fallait-il jouer à ce jeu ? et d’une manière plus générale faut-il (peut-on) toujours dire la vérité ? que l’on soit amis, frères ou encore parents, se connait-on vraiment ? ne cache-t-on pas tous une blessure, un secret que l’on garde jalousement au fond de soi ? Le passé est si prompt à ressurgir…

J’ai eu un peu de mal à accrocher à cette histoire d’une famille bourgeoise, avec ses problèmes, et à toutes ces évidences pensées, dites ou rapportées. Tout est frappé au coin du bon sens, et provoque quelques réflexions sur la vie et les relations humaines, mais rien de très nouveau finalement. J’étais plutôt rassuré de lire dans l’avant-dernier chapitre (p519) : « Voilà qu’ils découvraient que la vie n’est pas un long ruban rose ». Tout ça pour ça ?

Sur Wikipédia, on lit « Alice Ferney » : Alice, pour Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, et Ferney du nom de la résidence de Voltaire qu’elle admire beaucoup et qui est né le même jour qu’elle ». Elle devrait signer Cécile Gavriloff, ce serait plus simple.

Le monde selon Monsanto

monanto.jpg Mardi soir dernier sur Arte passait le documentaire Le monde selon Mosanto. Edifiant ! je ne l’ai pas enregistré, croyant qu’Arte allait le rediffuser, dommage. Mais il existe un livre et un DVD sur Arte-boutique .

Ce qu’on y apprend fait carrément peur. Le plus étonnant de cette enquête est que tous les documents ont été trouvé sur internet. On voit ainsi l’auteur, Marie-Monique Robin, surfer sur Google, trouver des documents, puis faire de nouvelles recherches à partir des nouvelles informations recueillies, et ainsi de suite. Là où le documentaire devient passionnant, c’est qu’elle se déplace pour aller interwiever tel homme politique américain, où tel chercheur, etc… Petit à petit, elle trace un portrait pour le moins inquiétant de cette multinationnale.

Créée au début du siècle, son secteur est l’industrie chimique : fabriquer des produits (ménagers, industriels) grâce à la chimie, science pleine de promesse. C’est Monsanto qui produit l’agent orange pendant la guerre du Vietnam. C’est encore Monsanto qui produit aussi le PCB (le pyralène en France) qui se révélera cancérigène pour l’homme. Ce n’est pas tout : les hormones de croissance bovine et laitière (interdits en Europe, également cancérigène), mais qui sont validées par l’administration US. Enfin les herbicides dévastateurs.
Maintenant connue de tous pour ses OGM. Eux se présentent en pionners, respectant la nature, la biodiversité et le consommateur. Limite écolo.

La technique utilisée ? corruption des comités gouvernementaux et scientifiques (ou lobbying si vous préférez), harcèlement méthodique et sans pitié de tout détracteur. Ainsi un chercheur qui conteste leurs résultats perd son boulot, est déconsidéré par ses collègues par des manipulations d’opinion très élaborées, voir poussé à la ruine.
Enfin le principe dit des portes tournantes : untel travaillant dans un cabinet d’avocats (défendant les intérêts de Mosanto) se retrouvera un jour dans un ministère, et plus tard à un autre poste dans l’industrie. Peu à peu se tresse un réseau où l’on peut placer ses pions au bon endroit au bon moment.

Car les montants investis sont énormes, et la réglementation ne doit pas être un frein au sacro-saint « Marché ». Les chiffres sont formels : on peut prétendre que ses produits sont sans danger, et si les procès pleuvent vingt ans après, peu importe, les coûts en seront dérisoires au regard des bénéfices engrangés. CQFD.

Les OGM

Mosanto réalise là un tour de maître, il réussit à faire adopter la position suivante : ces OGM sont finalement très proches de leur produit d’origine… et donc à priori ne présentent pas plus de danger. C’est aussi simple que cela (et scientifiquement archi-faux !). Mais le gouvernement américain a adopté ce principe de base, qui vaut pour tout élément génétiquement modifié aux USA. On imagine la liberté que cela procure à une telle multinationale. On pense également à ce principe de précaution bien embêtant pour la croissance…

Exemple avec le « roundup », un désherbant puissant. Vendu en France avec l’appellation « Biodégadable », « Respecte l’environnement » et encore « Laisse le sol propre ». Il y eut une grosse campagne de pub en 2000, vous vous souvenez peut-être de ce chien qui veut récupérer son os enterré sous une mauvaise herbe. Plus tard, une étude sur les rivières de Bretagne montrait une pollution au glyphosate, produit dangereux et réglementé (toxique pour l’environnement, cancérigène). Condamnation de Monsanto pour publicité mensongère quelques années plus tard, et entre temps énorme succès pour ce désherbant.

Mosanto met également au point un maïs appelé « roundup ready »: génétiquement modifié, il résiste à ce désherbant. Un monde parfait : rendement augmenté, moins de travail, moins d’épandage d’autres produits. Hélas, là encore, le produit s’est révélé toxique pour l’environnement comme pour l’homme.

Le Mexique, pays du maïs, a interdit le maïs Monsanto. Il possède ses propres variétés comme un trésor, héritage de leurs lointains ancêtres. Pas de chance, leur maïs commence à être contaminé, montrent de récentes analyses. D’où cela peut-il bien venir ? le vent ? ce qui est sûr, c’est que la biodiversité en prend un coup.

Pour couronner le tout, Monsanto achète en parrallèle des sociétés semencières. Le documentaire se termine en Inde. Il s’agit là de coton génétiquement modifié. Les petits agriculteurs indiens se laissent tenter, car il leur est parfaitement afdapté, dit la publicité. Catastrophe, le coton ne vaut pas un clou, des paysans se suicident, poussés à la ruine. « Mais pourquoi en achetez-vous ? » demande la journaliste. « En fait, Madame, c’est qu’on ne trouve pas d’autres semences ».
L’arme fatale dans cette logique infernale, est appelée Terminator : la plante est rendue stérile, obligeant les paysans à racheter les semences tous les ans. Pas d’échappatoire. Monsanto a dit avoir arrêté les recherches sur ce projet. Peut-on lui faire confiance ?

Il s’agit de s’approprier le vivant par des brevets. De plus, il ressort de l’émission que ces manipulations génétiques sont loin d’être anodines, et présentent un lien évident avec le cancer. Sans parler des paysans, qui perdent leur liberté et leur savoir faire.

Il conviendrait donc d’être prudent. Le rapport de Grenelle l’a bien dit, il faut protéger la biodiversité. Voyons ce qu’ils décideront à propos des OGM, cela ne devrait pas tarder. Oui, mais d’un autre côté, le rapport Attali a dit que le principe de précaution était un frein à la croissance. Alors, qui va l’emporter ?

Passer à Open Office

changer_pour_openofficeorg.jpg Il existe une alternative gratuite à la suite Microsoft Office (MSO). Souvent les gens ne le savent pas, et utilisent souvent une copie piratée de MSO, se mettant ainsi bêtement dans l’illégalité. Elle s’appelle OpenOffice.org (OOo).

OOo est disponible que vous soyez sous Windows, Mac ou Linux. Il comporte un traitement de texte, un tableur, un gestionnaire de présentation/diaporamas, une base de données, un logiciel de dessin vectoriel et un éditeur d’équation mathématiques. Plutôt mieux que les versions de base de MSO. Il est bien sûr gratuit, utilise des formats standards (tout en sachant lire les formats de MSO). Il existe d’excellentes documentations et de tutoriaux en français sur le site du projet francophone , ou sur Framasoft .

Une fois que l’on a expliqué cela, l’argument ultime reste comme pour Linux l’adaptation : « j’ai appris à me servir de Word ou Excel, je n’ai pas envie de recommencer tout à zéro ». Et c’est compréhensible. Mais il ne faut ni surrestimer la tâche, ni se sous-estimer ! Et voilà le livre qui va vous aider à retrouver vos marques avec OOo. Les différences de bases sont d’abord expliquées, afin de prendre ses répères, puis les différences pratiques entre chaque application, et enfin comment personnaliser son environnement. On peut ainsi migrer facilement vers Open Office.

Ce livre est écrit sous licence libre. Vous pouvez l’acheter sur le site de InLibroVeritas , ou bien le télécharger au format PDF sur le site de Framabook . Bravo au collectif d’auteurs pour cette belle initiative, un bel exemple de travail collaboratif mis gratuitement à disposition de tous.

Trémeur – la campagne

Accéder à l'album Dernier jour à Trémeur, le départ est prévu en début d’après-midi. Le matin, j’enfourche ma bicyclette et pars sur les traces de notre footing hasardeux du 31 décembre, histoire de comprendre où l’on s’était trompé, et repérer le circuit que l’on avait fait.

L’occasion de faire des photos, car la campagne est belle, naturelle. Pour ceux qui n’ont pas participé au footing, l’occasion de découvrir les alentours du gîte dont ils ont préféré le confort aux rigueurs de l’hiver !

Ainsi se termine la série de Trémeur, et donc du réveillon. Ces quelques jours en fin d’année passés ensemble sont vraiment très agréables. L’année dernière c’était dans la Finistère, cette année les Côtes d’Armor… Logiquement, on devrait aller dans le Morbihan l’année prochaine. Et pourquoi pas sur une île du Golfe ? quoique pour le footing…

Les virus et Linux

yolinux Pourquoi n’y-a-t-il pas de virus sous Linux ? C’est une question qui revient souvent, avec deux réponses classiques : « il y a si peu d’ordinateurs équipés de Linux qu’ils ne représentent pas une cible intéressante », ou bien « le système Linux est très sécurisé et donc inviolable ».

Si la première réponse n’est pas inexacte, la seconde l’est totalement : en février dernier, une faille permettant de s’attribuer les privilèges « root » (passer de simple mortel à « Dieu tout-puissant » en quelque sorte) a été découverte sur le noyau Linux. Elle fût corrigée en moins de deux jours. Ce n’était pas arrivé depuis longtemps, mais voilà… Alors ?

J’ai lu quelques articles intéressants sur le sujet, en voici l’essentiel :

Le nombre

Il y a moins d’utilisateurs Linux que Windows, c’est vrai. Ils n’intéressent pas les hackers ? tant mieux ! C’est un fait, alors profitons-en.

La diversité

Le deuxième aspect (plus vaste d’ailleurs) est l’uniformité d’un monde où Microsoft a le monopole : tout le monde utilise alors les mêmes logiciels : MS Windows, MS Internet Explorer, MS Outlook, MS Messenger, MS Office. C’est une excellente chose pour les virus, dont la première qualité doit être la capacité à se reproduire très vite. Il peut ainsi passer plus facilement d’un ordinateur à l’autre : les logiciels étant les mêmes sur chaque ordinateur, cela rend la tâche du créateur du virus beaucoup plus facile.

En choisissant un système libre, vous optez pour un monde ou existe un compétition saine et coopérative. Les déclinaisons de Linux sont multiples (Ubuntu, Fedora, Suse, etc…), la liste de programmes (navigateur internet, mail, etc.) est vaste et de qualité. Tous ces logiciels étant bien entendu compatibles entre eux (c’est la fameuse interopérabilité). Ceci rend la tâche énormément plus périlleuse pour le pauvre virus qui va avoir beaucoup plus de mal à se propager.

La reconnaissance

Et d’ailleurs qui est-il ce fameux hacker ? personne ne sait vraiment, il n’existe aucune étude sur le sujet, sans doute parce qu’il est très difficile d’identifier ces personnes. De jeunes informaticiens qui veut prouver leur valeur ? se lancer des défis ? probablement. Ce besoin de reconnaissance, il l’obtiendra dans le logiciel libre: en corrigeant une faille de sécurité, son nom apparaîtra dans le code du logiciel. S’il contribue souvent, il sera reconnu, voir connu dans la communauté de développeurs.

A l’opposé, le monde propriétaire réagit parfois très bêtement quand on veut lui démontrer que son logiciel n’est pas sécurisé. Il suffit de voir ce qui est arrivé à celui qui a démontré que la carte vitale n’était pas protégée (poursuivi en justice pour fabrication de fausses cartes et escroquerie organisée), ou de celui qui a cassé la protection des cartes bleues (condamné à 10 mois de prison avec sursis).

Sécurité

N’oublions pas non plus que la faille ultime reste l’humain : vous croyez recevoir un mail d’un ami, vous ouvez une pièce jointe, et c’est le drame. Kevin Mitnick , le célèbre hacker, basait une grande partie de ses attaques en utilisant cette technique (social-engeneering ).

Il n’en reste pas moins vrai que les systèmes Linux sont globalement plus sécurisés que les systèmes Windows. Disons qu’il y a plus de barrières à franchir : un progamme sous Windows peut s’exécuter sur la foi de sa simple extension (.exe, .bat, .vbs), alors que sous Linux, il doit répondre à une procédure d’exécution explicite. Mais, comme on l’a vu plus haut, aucun système informatique n’est parfait.

Réactivité

Un autre avantage du logiciel libre est sa communauté de développeurs, et sa vitesse de réaction. Toute faille serait immédiatement analysée par des milliers de programmeurs à travers le monde, et corrigée très rapidement. On peut même supposer que plus la faille est importante, plus elle mobilisera de gens et d’énergie.

Autre piste

Enfin, on ne peut s’empêcher de se poser la question « A qui profite le crime ? »… La réponse est bien sûr aux éditeurs de logiciels anti-virus. Alors pourquoi ne pas imaginer une guerre concurrentielle, où les bureaux d’études travaillent sur les futurs virus à venir, et où l’on se balance allègrement de nouveaux virus, en espérant prendre le concurrent à défaut et imposer son propre logiciel. Dans ce monde économique sans scrupules, ce ne serait pas très étonnant. Mais ce n’est que pure spéculation.

Conclusion

La réactivité des développeurs et la diversité des environnements sont probablement les meilleurs garants de la sécurité de Linux. On voit également se dessiner derrière tout cela une approche totalement différente (deux modèles économiques qui n’ont rien en commun), et les risques inhérents à une situation de monopole.

La réalité est tout simplement qu’aujourd’hui, vous pouvez utiliser un ordinateur sous Linux sans avoir à vous préoccuper de virus, alors qu’avec Windows, vous devrez utiliser un logiciel anti-virus (et veiller à ce qu’il soit à jour).

source principale : Pourquoi?.. il y a moins de virus sur les systèmes Libres?

Trémeur – mercredi

Accéder à l'album Dernière journée à Trémeur, en équipe réduite. Il fait un froid sec, le ciel est gris… Courageusement, nous allons nous promener à Moncontour, petite cité de caractère, avec son château fort qui hélas n’est plus qu’un souvenir.

Le soir, concours d’omelettes. Pas de vainqueur, mais une bonne idée de menu pour d’autres week-ends : c’est facile à faire, et on peut apporter beaucoup de variété facilement. C’est de plus à la portée de tout le monde (si l’on sait casser les oeufs toutefois).

Trémeur – mardi

Accéder à l'album Mardi premier janvier 2008 : ça y est, la nouvelle année commence pour de bon. En bons gestionnaires, Eric et Dominique font les comptes, histoire de calmer tout le monde.

Puis on part se ballader en baie de St-Brieuc (l’anse d’Yffiniac) : c’est la marée basse, et le paysage est magnifique. Les bouchots à moules de la pointe des Guettes valaient aussi le détour, dans une belle lumière bleue.

De retour au gîte, galette des rois pour les enfants, et c’est Luna qui sera la Reine. Le soir, partie de poker le soir, et dodo pour tout le monde.

Simon Leys – Le bonheur des petis poissons

Simon Leys La lecture de la rubrique Lettres ou pas Lettres du Canard de cette semaine parlait d’un livre de Simon Leys intitulé « Le bonheur des petis poissons ».

Vivant en Australie, Simon Leys, de son vrai nom Pierre Ryckmans (belge), est un écrivain, essayiste, et sinologue réputé. Il a précédemment écrit Les habits neufs du président Mao, chronique de la révolution culturelle Maoïste. Il y critique dès la première heure la dérive meurtrière de la révolution (raison de son pseudonyme d’ailleurs). Peu connu, il a rencontré un succès médiatique en 1983, lors de l’émission Apostrophes de Bernard Pivot.

Extrait de Wikipedia qui raconte l’anecdote :

Bernard Pivot avait également invité Maria-Antonietta Macciocchi, auteur du livre De la Chine.
Après avoir laissé cette dernière parler avec lyrisme de l’homme nouveau qui apparaissait en Chine, Simon Leys – qui avait vécu en Chine précisément pendant la période en question – répondit en fournissant plusieurs données factuelles suggérant qu’elle n’avait pas vérifié ses sources avant d’écrire son livre.« Il est normal que les imbéciles profèrent des imbécilités comme les pommiers produisent des pommes, mais moi qui ai vu chaque jour depuis ma fenêtre le fleuve Jaune charrier des cadavres, je ne peux accepter cette présentation idyllique par madame de la Révolution culturelle. » D’après une interview de Bernard Pivot, ce fut le seul cas où à la suite d’un passage à Apostrophes les prévisions de vente d’un livre furent révisées à la baisse.

On voit le genre du bonhomme… Revenons au Bonheur des petits poissons… Il s’agit donc de réflexions sur la vie, la culture, sur le monde qu’il décortique sans pareil.

Le titre du livre vient de l’histoire appelée Le savoir depuis le haut du pont :

Zhuang Zi et le logicien Hui Zi se promenaient sur le pont de la rivière Hao. Zhuang Zi observa :  » Voyez les petits poissons qui frétillent, agiles et libres ; comme ils sont heureux !  » Hui Zi objecta :  » Vous n’êtes pas un poisson ; d’où tenez-vous que les poissons sont heureux ? – Vous n’êtes pas moi, comment pouvez-vous savoir ce que je sais du bonheur des poissons ? – Je vous accorde que je ne suis pas vous et, dès lors, ne puis savoir ce que vous savez. Mais comme vous n’êtes pas un poisson, vous ne pouvez savoir si les poissons sont heureux. – Reprenons les choses par le commencement, rétorqua Zhuang Zi, quand vous m’avez demandé « d’où tenez-vous que les poissons sont heureux » la forme même de votre question impliquait que vous saviez que je le sais. Mais maintenant, si vous voulez savoir d’où je le sais – eh bien, je le sais du haut du pont.

Puis quelques réflexions notées dans l’article du Canard :

Simon Jeys adore parler littérature: « Nul écrivain ne dispose d’une puissance verbale qui pourrait rivaliser avec l’imagination de ses lecteurs ; aussi tout son art est-il de jouer sur ce clavier-là ». Pour lui, lire des romans est la seule manière de survivre : « En d’autres mots : les gens qui ne lisent pas de romans ni de poëmes risquent de se fracasser contre la muraille des faits ou d’être écrabouillés sous le poids des réalités ».

A propos du tabac : « Le tabac est pour l’homme un poison des plus dangereux ». Cette vertueuse mise en garde est devenue assez banale me direz-vous. Ce qui l’est moins – et qui devrait donner à réfléchir -, c’est l’identité de celui qui la formulait : Adolf Hitler. » Ça calme ! Il cite aussi Samuel Johnson qui écrivait « A mesure que l’usage du tabac diminue, l’insanité augmente », et se moque de la photo de Sartre à la cigarette censurée. Ainsi ce « fumer tue » sur les paquets, selon Leys, apporte un plus aux adeptes de la nicotine : « D’un certain point de vue, les fumeurs bénéficient d’une sorte de supériorité spirituelle sur les non-fumeurs : ils ont une conscience plus aigüe de notre commune mortalité ».

Enfin, à propos du travail, il cite La Bruyère « Il ne manque cependant à l’oisiveté du sage qu’un meilleur nom, et que méditer, parler, lire et être tranquille s’appelât travailler ». Et n’est-ce pas « la délétère influence américaine » qui prône ce fameux « travailler plus » ? Nietzche vient au secours de Lyes : « Leur furieux besoin de travailler -qui est un vice typique du Nouveau Monde- est en train de barbariser par contagion la vieille europe, et engendre ici une extraordianire stérilité spirituelle. Déjà nous devenons honteux de notre loisir, une longue méditation nous cause presque du remords… « Faites n’importe quoi, mais ne restez pas à ne rien faire » : ce principe est la corde avec laquelle toutes les formes supérieures de culture et de goût vont se faire étouffer ».

Une pensée non conformiste, c’est toujours plaisant de nos jours.

Mediapart

Un nouveau journal en ligne, mais cette fois-ci payant, pour l’indépendance et pouvoir faire du vrai journalisme, des enquêtes. C’est l’objectif annoncé de MediaPart. On y retrouve comme président Edwy Plenel, ancien rédac’ chef puis directeur du Monde, dont il démissionna en 2005 pour désaccord avec les dirigeants. Voilà ce qui est dit de l’équipe sur le site :

Les quelques 25 journalistes professionnels seront issus de plusieurs titres différents, avec une diversité de parcours, des spécialités et de générations. Leur caractéristique commune est de privilégier le terrain, la recherche d’informations et l’enquête sur les faits. Il y a, parmi les plus expérimentés, des signatures reconnues pour leur compétence et réputées pour leur indépendance. Leurs noms seront dévoilés sur le pré-site à mesure de leur arrivée.

La direction éditoriale sera assurée par François Bonnet (successivement journaliste à Libération, au Monde et à Marianne).

Le site est ouvert gratuitement pour l’instant, en attendant la sortie officielle, le 16 mars 2008. Sinon, les formules d’abonnement sont à 9€ mensuels (5€ pour les étudiants). Et l’on peut résilier d’un mois à l’autre..

On peut y voir un article vidéo de Marie-Monique Robin sur la firme Monsanto intitulé: « Ne pas prendre les informations scientifiques pour argent comptant ». Le lobbying est puissant… Sur le même sujet, elle est auteur d’un livre et d’un documentaire qui sera diffusé mardi 11 mars sur Arte : Le monde selon Monsanto.
Voilà déjà une bonne information !

Une presse sans publicité, indépendante, qui fait de vraies enquêtes, ça vaut le coup d’aller jeter un oeil d’ici le 16 mars, et peut-être s’abonner par la suite !

Lectures, Ubuntu, Smartphone, Cinéma, entre autres…