Le monde selon Monsanto

monanto.jpg Mardi soir dernier sur Arte passait le documentaire Le monde selon Mosanto. Edifiant ! je ne l’ai pas enregistré, croyant qu’Arte allait le rediffuser, dommage. Mais il existe un livre et un DVD sur Arte-boutique .

Ce qu’on y apprend fait carrément peur. Le plus étonnant de cette enquête est que tous les documents ont été trouvé sur internet. On voit ainsi l’auteur, Marie-Monique Robin, surfer sur Google, trouver des documents, puis faire de nouvelles recherches à partir des nouvelles informations recueillies, et ainsi de suite. Là où le documentaire devient passionnant, c’est qu’elle se déplace pour aller interwiever tel homme politique américain, où tel chercheur, etc… Petit à petit, elle trace un portrait pour le moins inquiétant de cette multinationnale.

Créée au début du siècle, son secteur est l’industrie chimique : fabriquer des produits (ménagers, industriels) grâce à la chimie, science pleine de promesse. C’est Monsanto qui produit l’agent orange pendant la guerre du Vietnam. C’est encore Monsanto qui produit aussi le PCB (le pyralène en France) qui se révélera cancérigène pour l’homme. Ce n’est pas tout : les hormones de croissance bovine et laitière (interdits en Europe, également cancérigène), mais qui sont validées par l’administration US. Enfin les herbicides dévastateurs.
Maintenant connue de tous pour ses OGM. Eux se présentent en pionners, respectant la nature, la biodiversité et le consommateur. Limite écolo.

La technique utilisée ? corruption des comités gouvernementaux et scientifiques (ou lobbying si vous préférez), harcèlement méthodique et sans pitié de tout détracteur. Ainsi un chercheur qui conteste leurs résultats perd son boulot, est déconsidéré par ses collègues par des manipulations d’opinion très élaborées, voir poussé à la ruine.
Enfin le principe dit des portes tournantes : untel travaillant dans un cabinet d’avocats (défendant les intérêts de Mosanto) se retrouvera un jour dans un ministère, et plus tard à un autre poste dans l’industrie. Peu à peu se tresse un réseau où l’on peut placer ses pions au bon endroit au bon moment.

Car les montants investis sont énormes, et la réglementation ne doit pas être un frein au sacro-saint « Marché ». Les chiffres sont formels : on peut prétendre que ses produits sont sans danger, et si les procès pleuvent vingt ans après, peu importe, les coûts en seront dérisoires au regard des bénéfices engrangés. CQFD.

Les OGM

Mosanto réalise là un tour de maître, il réussit à faire adopter la position suivante : ces OGM sont finalement très proches de leur produit d’origine… et donc à priori ne présentent pas plus de danger. C’est aussi simple que cela (et scientifiquement archi-faux !). Mais le gouvernement américain a adopté ce principe de base, qui vaut pour tout élément génétiquement modifié aux USA. On imagine la liberté que cela procure à une telle multinationale. On pense également à ce principe de précaution bien embêtant pour la croissance…

Exemple avec le « roundup », un désherbant puissant. Vendu en France avec l’appellation « Biodégadable », « Respecte l’environnement » et encore « Laisse le sol propre ». Il y eut une grosse campagne de pub en 2000, vous vous souvenez peut-être de ce chien qui veut récupérer son os enterré sous une mauvaise herbe. Plus tard, une étude sur les rivières de Bretagne montrait une pollution au glyphosate, produit dangereux et réglementé (toxique pour l’environnement, cancérigène). Condamnation de Monsanto pour publicité mensongère quelques années plus tard, et entre temps énorme succès pour ce désherbant.

Mosanto met également au point un maïs appelé « roundup ready »: génétiquement modifié, il résiste à ce désherbant. Un monde parfait : rendement augmenté, moins de travail, moins d’épandage d’autres produits. Hélas, là encore, le produit s’est révélé toxique pour l’environnement comme pour l’homme.

Le Mexique, pays du maïs, a interdit le maïs Monsanto. Il possède ses propres variétés comme un trésor, héritage de leurs lointains ancêtres. Pas de chance, leur maïs commence à être contaminé, montrent de récentes analyses. D’où cela peut-il bien venir ? le vent ? ce qui est sûr, c’est que la biodiversité en prend un coup.

Pour couronner le tout, Monsanto achète en parrallèle des sociétés semencières. Le documentaire se termine en Inde. Il s’agit là de coton génétiquement modifié. Les petits agriculteurs indiens se laissent tenter, car il leur est parfaitement afdapté, dit la publicité. Catastrophe, le coton ne vaut pas un clou, des paysans se suicident, poussés à la ruine. « Mais pourquoi en achetez-vous ? » demande la journaliste. « En fait, Madame, c’est qu’on ne trouve pas d’autres semences ».
L’arme fatale dans cette logique infernale, est appelée Terminator : la plante est rendue stérile, obligeant les paysans à racheter les semences tous les ans. Pas d’échappatoire. Monsanto a dit avoir arrêté les recherches sur ce projet. Peut-on lui faire confiance ?

Il s’agit de s’approprier le vivant par des brevets. De plus, il ressort de l’émission que ces manipulations génétiques sont loin d’être anodines, et présentent un lien évident avec le cancer. Sans parler des paysans, qui perdent leur liberté et leur savoir faire.

Il conviendrait donc d’être prudent. Le rapport de Grenelle l’a bien dit, il faut protéger la biodiversité. Voyons ce qu’ils décideront à propos des OGM, cela ne devrait pas tarder. Oui, mais d’un autre côté, le rapport Attali a dit que le principe de précaution était un frein à la croissance. Alors, qui va l’emporter ?

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