Pendant notre séjour dans le Finistère en fin d’année, Hubert nous a passé son film sur le pays Gallo. C’était passionnant, d’autant que cela nous touchaient tous, puisque nous sommes originaires de ce pays Gallo !
Alors c’est quoi ? Depuis le Haut Moyen-Age, la Bretagne a deux « langues » spécifiques :
le BRETON, d’origine celtique, parlé en Bretagne occidentale, la Basse-Bretagne,
le GALLO, d’origine latine, parlé en Bretagne orientale, la Haute-Bretagne.
Combien de fois m’a-t-on demandé si je parlais Breton ? et je répondais non, un peu contrit. En fait à Vitré, situé en Ille-et-Vilaine, on n’a jamais parlé le Breton. C’était le Gallo.
Dans son film, Hubert interroge Henriette Walter, une linguiste réputée, professeur de linguistique à l’université de Haute Bretagne. Elle a par ailleurs écrit un livre: Le français dans tous les sens. On y apprend entre autres que le Français n’est finalement qu’un patois qui a réussi:
L’idée reçue selon laquelle le patois serait du français déformé doit être vivement combattue et démentie. En réalité, le français, en tant que forme particulière prise par le latin parlé en Ile-de-France, était lui-même à l’origine un patois du latin. Et si l’on constate que cette variété s’est par la suite répandue dans les autres régions pour finalement s’imposer comme la langue du royaume de France, c’est uniquement pour des raisons liées aux institutions et à l’importance prise par la capitale sur les plans politique, économique et administratif.
Les autres patois ont simplement eu moins de chance, en restant la langue d’une seule région, voire d’un seul village. Il faut donc bien comprendre que non seulement les patois ne sont pas du français déformé, mais que le français n’est qu’un patois qui a réussi.
On parle bien sûr du latin populaire, celui parlé par les envahisseurs. Regardez la carte ci-contre:
On voit les différentes langues romanes (issues du latin) parlées à l’époque, dont le francien qui est celui qui « a réussi ».
En haché ce sont les langues non romanes: le breton, le basque, le flamand et l’alsacien.
Gall vient du celte, qui désigne en Bretagne celui qui parle la langue romane (ou encore l’étranger). Le Gallo était donc considéré comme du mauvais français. et dans les campagnes on avait honte de le parler; on interdisait même de parler le Gallo aux enfants lors de leur scolarité. Depuis les choses ont heureusement changées, on peut désormais apprendre le Gallo dans de rares écoles, permettant de rectifier l’image faussée de cette langue, et de mieux comprendre ses origines et son histoire.
Sources