Kampuchéa – Patrick Deville

Kampuchéa - Patrick Deville Après avoir lu et aimé Peste & Choléra, j’ai commencé à regarder un peu ce qu’avait écrit d’autre Patrick Deville. Il y a plusieurs bouquins au format poche, et apparemment le thème du voyage est récurrent dans son œuvre (ainsi que l’Histoire), ce qui n’est pas pour me déplaire.

Et celui-ci, qui raconte principalement l’histoire du Cambodge (mais pas seulement), depuis la découverte des temples d’Angkor à nos jours, m’a attiré en premier.

Chose amusante, je me rendis compte dès les premières pages que l’auteur était là-bas en 2009 pour préparer ce livre, c’est-à-dire la même année que moi lors de mon voyage en Asie.

En plus de lieux mentionnés par lesquels je suis passé (My Tho et Can Tho au Vietnam par exemple), les souvenirs remontent à cette occasion : le procès de Doutch commençait à Phnom Penh, on en parlait le soir autour d’une bière, et j’apprenais par la même occasion cette histoire dont je ne connaissais pas grand chose, si ce n’est que les Khmers Rouge étaient des révolutionnaires communistes, et que leur révolution avait échoué.

On apprend donc beaucoup sur l’Histoire de cette région du monde, ou sur des explorateurs oubliés comme Henri Mouhot qui fit redécouvrir Angkor aux Occidentaux, avant de partir vers le Laos en remontant le Mékong jusqu’à Luang Prabang, où il mourra de la fièvre jaune. J’ai loupé le Laos durant mon voyage, mais ce livre donne envie d’aller voir du côté de Luang Prabang…

L’auteur y mêle aussi ses propres souvenirs de voyage, et laisse libre cours à son imagination, comme lorsqu’il est à Saïgon, rue Catinat, la décrivant au fil des différents occupants du pays… Il nous emmène à son rythme et à sa façon, et l’on voyage avec lui…

Voici quelques extraits :

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Limonov – Emmanuel Carrère

Limonov - Emmanuel Carrère J’avais entendu parlé de ce livre à la radio. Ou plutôt de ce personnage improbable, Limonov, dont à lire ou entendre l’histoire on se demande si l’on est en pleine fiction ou pas…

Poète-écrivain dissident, obligé de quitter l’URSS, il devient clochard puis majordome d’un milliardaire à New-York. C’est ensuite à Paris qu’il commence à être reconnu comme écrivain, sans toutefois rencontrer le succès. On le retrouve ensuite dans les Balkans aux côtés des forces serbes, puis de retour en Russie où il dirige le parti National-Bolchevique… Ce dernier est interdit et Limonov emprisonné deux ans, où il continue à écrire.

Une fois sa peine purgée, il se rapproche de Kasparov (et donc des libéraux !), s’opposera à Poutine, mais on sait ce qu’il advint de l’élection de 2008 : Kasparov se retirera craignant pour sa vie, et Medvedev sera élu, Poutine ne pouvant postuler à un troisième  mandat.

Ajoutez à tout cela un côté sulfureux, le sexe, l’alcool, les femmes… un personnage hors du commun, pas vraiment recommandable (tant pour ses idées que pour ses actes), mais qui va au bout de ses idées et de ses passions, obsédé par la volonté d’être célèbre, aimé et reconnu pour son talent…

Enfin, Emmanuel Carrère ne se contente pas de raconter la vie de Limonov. D’abord, il le connaît et l’a rencontré. Mais il parle aussi beaucoup de l’URSS puis de la Russie, de littérature et d’histoire. Ses propos viennent s’insérer dans le récit, au fil des événements et de ses réflexions ; ainsi le prologue commence par un séjour de l’auteur à Moscou après l’assassinat d’Anna Politkovskaïa.

Il parle aussi de lui, de ses doutes (d’une manière assez honnête apparemment) et même de sa mère, ce qui m’a rappelé des souvenirs : Hélène Carrère d’Encausse, c’était la « spécialiste de la Russie » (historienne) que l’on interviewait systématiquement lorsqu’il se passait quelque chose en URSS…

Un bouquin qui m’a bien plu, surtout pour le côté contemporain de l’histoire. Sinon Limonov montre la complexité d’un être humain : sans doute écrivain talentueux, dévoré par l’ambition et le désir de devenir célèbre, mais aussi petite frappe à son adolescence, puis politiquement nationaliste, nostalgique de la grandeur de l’URSS…

Les titres de ses romans sont d’ailleurs assez parlants : « Le journal d’un raté », « Autoportrait d’un bandit dans son adolescence », ou encore « Le petit salaud ». On peut au moins lui reconnaître une certaine lucidité ! Il écrit d’ailleurs sur toutes les périodes de sa vie, ce qui est aussi révélateur.

Voilà ce que l’on peut lire sur le quatrième de couverture :

Limonov n’est pas un personnage de fiction. Il existe. Je le connais. Il  a été voyou en Ukraine ; idole de l’underground soviétique sous Brejnev ; clochard,  puis valet de chambre d’un milliardaire à Manhattan ; écrivain branché à Paris ; soldat perdu dans les guerres des Balkans ; et maintenant, dans l’immense bordel de l’après-communisme en Russie, vieux chef charismatique d’un parti de jeunes desperados. Lui-même se voit comme un héros, on peut le considérer comme un salaud : je suspends pour ma part mon jugement.
C’est une vie aventureuse et ambiguë : un vrai roman. Et c’est une vie qui, je crois, raconte quelque chose. Pas seulement sur lui, Limonov, pas seulement sur la Russie, mais sur notre histoire à tous depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Cerise sur le gâteau, Emmanuel Carrère nous donne une petite leçon de méditation :

On s’en fait toute une montagne quand on n’a jamais essayé, mais c’est extrêmement simple, en fait, et peut s’enseigner en cinq minutes. On s’assied en tailleur, on se tient le plus droit possible, on étire la colonne vertébrale du coccyx jusqu’à l’occiput, on ferme les yeux et on se concentre sur sa respiration. Inspiration, expiration. C’est tout. La difficulté est justement que ce soit tout. La difficulté est de s’en tenir à cela. Quand on débute, on fait du zèle, on essaie de chasser les pensées. On s’aperçoit vite qu’on ne les chasse pas comme ça mais on regarde leur manège tourner et, petit à petit, on est un peu moins emporté par le manège. Le souffle, petit à petit, ralentit. L’idée est de l’observer sans le modifier et c’est, là aussi, extrêmement difficile, presque impossible, mais en pratiquant on progresse un peu, et un peu, c’est énorme. On entrevoit une zone de calme. Si, pour une raison ou pour une autre, on n’est pas calme, si on a l’esprit agité, ce n’est pas grave : on observe son agitation, ou son ennui, ou son envie de bouger, et en les observant on les met à distance, on en est moins prisonnier.

Emmanuel Carrère est né en 1957 à Paris. Diplômé de l’institut d’études politiques, d’abord journaliste, puis écrivain, scénariste et réalisateur. Ce livre sera l’un des grands succès commerciaux de la rentrée 2011.

Shuttle SHR87R6, mon nouveau (mini) PC

Shuttle SH87R6 Ça faisait un petit bout de temps que je voulais changer mon PC, acheté il y a 5 ans. Je cherchais un mini-PC, que je puisse poser sur le bureau, assez joli et beaucoup moins encombrant que le gros boitier Antec Sonata III (que je décrivais comme beau, puissant et silencieux à l’époque. 😉

Une autre motivation était le passage sur un disque dur SSD, afin de bénéficier d’une vitesse de démarrage optimale (une fois que l’on y a goûté, difficile de revenir en arrière !).

Mais avec tout de même un lecteur CD/DVD pour pouvoir riper mes CDs audio, beaucoup d’offres de mini-PC en étant dépourvues… Et bien sûr, pas de système M$ pré-installé. Mon choix s’est donc porté sur un boitier Shutlle SH87R6, avec les éléments suivants :

  • CPU INTEL I7-4770 3.4ghz (Haswell-LGA-1150)
  • Mémoire KINSTON 1333-4Go-DDR-3
  • SSD Samsung Serie-840 -120Go-EVO-OEM
  • Disque Dur WD.1To-7200T Bleu
  • Graveur LG 24X-SATA

La conception est soignée et bien pensée : il y a par exemple un port USB en façade « with fast charger » pour le smartphone, un truc bien pratique ! Et grâce à une sortie HDMI, et avec la sortie DVI-I utilisée par défaut, on peut connecter et utiliser deux écrans simultanément.

J’ai commandé la config chez LCDI le vendredi (je vais dans ce magasin depuis plus de 20 ans !), et je suis allé le chercher le samedi matin. Coût total : 836 €.

Tant que j’y étais, j’ai également pris un nouveau clavier, un logitech K290 assez joli et agréable à la frappe, mais qui m’a posé un petit problème sous Ubuntu avec ses touches de fonctions multimédia, j’y reviendrai tout à l’heure, ça n’a pas été trivial.

logitech K290

J’en ai profité pour passer à la version x64 d’Ubuntu, j’étais toujours resté aux versions 32 bits jusqu’à présent. L’installation (Ubuntu 13.10) s’est passée sans aucun problème, et le temps de démarrage, une fois l’initialisation du PC faite, est de l’ordre de 10 secondes… 🙂

Voilà quelques notes prises durant la réinstallation, puisque cette fois je repartais d’une nouvelle installation sur une nouvelle machine. Ce que j’ai réinstallé comme logiciels, le problème du clavier K290, et un message d’erreur observé une fois ou deux au démarrage « Bloc d’environnement trop petit ».

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Mensonges d’été – Bernhard Schlink

Mensonges d'été - Bernhard Schlink J’aime bien cet auteur, alors quand j’ai vu ce poche sur la table du libraire, je l’ai pris tout de suite. Il s’agit en fait d’un recueil de sept nouvelles publiées en 2012.

Comme le titre le suggère, les nouvelles traitent du mensonge… mais pas seulement en été ! Petit ou gros, par omission ou par peur, la vie humaine en est remplie… Bernhard Schlink, avec délicatesse et talent, va nous raconter quelques situations de ce genre. Comme toujours, c’est très bien écrit, et ces petites histoires en disent long sur l’âme humaine.

J’ai particulièrement aimé « Le dernier été », l’histoire d’un homme qui se sait condamné et prévoit d’en finir après un dernier été passé en famille… Très émouvant.

Et puis la dernière nouvelle « Le voyage vers le sud » : cette fois, c’est une dame qui se ment à elle-même sur ses souvenirs d’adolescence et son premier amour, persuadée qu’elle a été abandonnée puis s’est mariée avec un homme dont elle n’était pas amoureuse… Elle va revoir ce premier amour, et devoir reconnaître que les choses ne s’étaient pas vraiment passées comme ça… Très intéressant sur ces petits arrangements avec la conscience que l’on fait parfois : on travestit le passé pour se donner le beau rôle, ici celui de la victime.

Bernhard Schlink est un écrivain allemand né en 1944. Il fait des études de droit, devient professeur de droit public et de philosophie. Il commence par écrire des romans policiers (voir le nœud gordien ci-dessous, que je n’avais pas beaucoup aimé). Puis en 1995 il publie « Le Liseur », partiellement autobiographique, qui lui apportera la consécration.

Autres articles sur Bernard Schlink :

Le jour des corneilles – Jean-François Beauchemin

Le jour des corneilles - Jean-François Beauchemin Un autre petit livre recommandé par le libraire… Pas certain que ce soit vraiment un livre culte, comme fièrement indiqué sur le bandeau, mais enfin la lecture s’est révélée assez plaisante.

C’est par le langage que ce petit roman se démarque : l’auteur est québécois, certes, mais certains mots employés semblent soit venir du vieux français, soit être inventés… Et tout cela donne un style et une ambiance assez homogène dans laquelle on finit par se plaire.

L’histoire en elle-même m’a un peu rappelé L’homme qui savait la langue des serpents : nous sommes dans la forêt, loin de la civilisation, un  père élève seul son fils (le narrateur) depuis la mort de la mère. Le père est peu expansif, sujet au délire, et prompt à cogner. Le fils essaie de comprendre la vie, mais la folie grandissante de son père ne l’aide guère. Ça se terminera assez mal…

Je dois dire que j’ai lu ce livre il y a deux mois, et que j’ai gardé très peu de souvenirs de l’histoire en elle-même. Seul reste le charme de la lecture.

Jean-François Beauchemin est un écrivain québécois, né en 1960. Travaillant d’abord à Radio-Canada, il commence à écrire, publie plusieurs romans dont celui-ci en 2004. La même année, il est atteint d’une grave maladie qui va le plonger dans le coma six jours. Il en sortira, et écrit « La fabrication de l’aube », qui relate ce retour à la vie. Il dit à ce propos :

Jamais, je crois, je n’aurai été aussi complètement athée que maintenant, à présent que le souvenir de ce fatidique été 2004 s’évanouit peu à peu. Et pourtant, j’aime comme jamais cette image du Christ, figure mythique de tous les hommes, portant une croix, tombant, puis se relevant et marchant vers une vie autre.

Le jour des corneilles a inspiré un film d’animation du même nom.

Brûlons tous ces punks pour l’amour des elfes – Julien Campredon

Brûlons tous ces punks pour l'amour des elfes - Julien Campredon Voilà un livre que la libraire m’a mis dans les mains, en me promettant du bon temps, un bon délire, etc… S’agissant d’un petit recueil de nouvelles au prix modéré (5€), je n’ai pas été très regardant, et suis reparti avec ce livre, en plus de ceux que je venais chercher (et que j’avais sélectionné moi-même).

Je n’aurais pas du l’écouter ou la croire… Comme quoi, les goûts littéraires, ça ne se partage pas forcément. Dès la préface de l’éditeur, faite essentiellement d’une pseudo-lettre de l’auteur (on s’interroge déjà…), je me suis dit : « Aïe, c’est pas trop mon truc ce genre de délire ». Après une ou deux pages de la première nouvelle, j’ai refermé le livre définitivement.

Je ne peux donc pas en parler plus que ça… c’est du délire, plutôt bien écrit mais bon, écrire des histoires sans queue ni tête d’une dizaine de pages, ce n’est pas forcément un grand exploit. Ce n’est en tout cas pas ce que je recherche dans la littérature : un minimum de sens, des auteurs qui ont quelque chose à dire, sont grandement appréciés.

Une nouvelle occasion de citer Schopenhauer 😉 :

L’art de ne pas lire est très important. Il consiste à ne pas s’intéresser à tout ce qui attire l’attention du grand public à un moment donné. Quand tout le monde parle d’un certain ouvrage, rappelez-vous que quiconque écrit pour les imbéciles ne manquera jamais de lecteurs. Pour lire les bons livres, la condition préalable est de ne pas perdre son temps à en lire de mauvais, car la vie est trop courte.

Julien Campredon n’a pas de page wikipedia. J’ai lu qu’il était né en 1978.

Les habits neufs du président Mao – Simon Leys

Les habits neufs du président Mao - Simon Leys Ayant pu apprécier avec Le studio de l’inutilité puis Le bonheur des petits poissons la façon dont Simon Leys distille avec bonheur sa culture et ses passions (la littérature, la mer), j’ai eu envie de lire le livre par lequel il s’est fait connaître (sous ce pseudonyme) : « Les habits neufs du président Mao ».

Le livre est publié en 1971, et retrace les événements entre 1967 et 1969, au plus fort de la Révolution culturelle. Pour ce faire, Simon Leys se contente de lire la presse locale, celle de Hong-Kong, les publications officielles du Parti, etc..  et de les analyser à la lumière de sa grande connaissance de la Chine, où il réside et étudie depuis 1959.

À cette époque, beaucoup d’intellectuels français (et d’ailleurs) croient encore à une véritable révolution prolétarienne, la vague maoïste a encore de belles années devant elle. Et Simon Leys balaie tout ça en démontrant que le seul but de Mao Zedong en lançant cette « révolution culturelle », était de (re)prendre le pouvoir qui lui échappait en éliminant le Parti communiste chinois. Un véritable pavé dans la mare !

Alors bon, si l’on est pas spécialiste de la Chine, ce n’est pas évident de suivre… entre la longue liste des intervenants, qu’ils soient du Parti, des gardes rouges ou de l’armée, qu’il s’agisse de leur éviction ou de leur montée au pouvoir, c’est parfois difficile de s’y retrouver. Heureusement, la chronique est précédée d’une mise en perspective historique très utile .

En voici les premiers mots, illustrant parfaitement le propos de l’ouvrage :

La « Révolution culturelle », qui n’eut de révolutionnaire que le nom, et de culturel que le prétexte tactique initial, fut une lutte pour le pouvoir, menée au sommet entre une poignée d’individus, derrière le rideau de fumée d’un fictif mouvement de masse (dans la suite de l’événement, à la faveur du désordre engendré par cette lutte, un courant de masse authentiquement révolutionnaire se développa spontanément à la base, se traduisant par des mutineries militaires et par de vastes grèves ouvrières ; celles-ci, qui n’avaient pas été prévues au programme, furent impitoyablement écrasées).

Dans le post-scriptum, on peut aussi lire :

Depuis 1959 (conférence de Lushan), les dirigeants chinois n’ont pas cessé de chercher un moyen d’aiguiller Mao sur une voie de garage : leur idée était de le consacrer comme une sorte de fétiche suprême, et, donc , de le réduire à un glorieux état de paralysie, neutralisant ainsi une fois pour toutes, par cette apothéose même, tout le potentiel destructeur présenté par son redoutable talent d’invention.
À plusieurs reprises, Mao réussit à tromper leur vigilance — dans ce domaine, le lancement de la « Révolution culturelle » constitua son dernier coup de maître — mais, en fin de compte, les efforts de la bureaucratie furent largement couronnés de succès, tant et si bien que l’on peut même dire que la maoïsme est mort avant Mao. Mao lui-même en était conscient, et cela a d’ailleurs fait de lui, dans ses dernières années, une authentique figure de tragédie. Peu avant de rendre le dernier souffle, il fit à son entourage cette observation sarcastique qu’un bon nombre d’entre eux devaient être bien impatients de le voir enfin en route pour rencontrer Marx…

Une chose assez drôle est la liste des noms dont Mao était affublé dans les diverses communications : « grandiose pilote », « grandiose chef », « grandiose général en chef », « grandiose maître à penser », « suprêmement bien-aimé président Mao »… hélas, en ce qui concerne le pilotage, la réalité est toute autre :

Il souhaitait traduire dans les institutions sa contradiction interne : il était à la fois un homme de vision et un homme d’action — cela l’amenait à permettre à ces administrateurs efficaces dont les talents correspondaient à la moitié pragmatique de son esprit (les dirigeants du type de Zhou Enlai) d’opérer librement pour un temps, de façon à assurer au pays un certain degré de prospérité et de développement matériel, et puis, sur la base du capital ainsi accumulé, il se payait une extravagante orgie de radicalisme, lâchant en liberté tous les idéologues favoris et ses derviches tourneurs, déchaînant ses fantaisies visionnaires, à grands frais pour le pays.
Mao estimait — et il l’a d’ailleurs écrit — que cela constituait la méthode la mieux appropriée pour gouverner le pays. « Une mesure de Yin, une mesure de Yang, voilà le Dao », un pas vers la droite, un pas vers la gauche, voilà la voie de Mao.
Certes, Mao a toujours accordé une importance particulière à la « ligne des masses » : il ne faudrait pas oublier, cependant, que cette « ligne des masses » ne fut jamais encouragée et autorisée à se développer que dans la mesure où elle était dirigée contre les ennemis de Mao. Depuis le moment où il a réussi à s’emparer du pouvoir suprême dans le Parti et dans l’Armée (1935), durant les quelques quarante années qui ont suivi, Mao n’a jamais, en aucune circonstance, laissé qui que ce soit exprimer impunément, sous quelque forme que ce soit, la moindre critique de sa personne ou de sa politique. Les rares individus qui, sur la base de leur passé révolutionnaire, ou mus par leur honnêteté intellectuelle, ont osé enfreindre ce tabou, ont tous subi un sort tragique.

Au delà de la la chronique des événements, voilà quelques extraits, d’ordre plus général sur cette période. Le retour des intellectuels à la campagne, on a vu mieux comme révolution culturelle… le dernier extrait, où l’on voit comment les paysans appliquaient en fin de compte ces réformes, est plutôt truculent.

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1Q84 – Haruki Murakami

Voilà… J’ai fini les trois tomes de ce « best-seller » mondial, et je me demande bien pourquoi c’est un best-seller. J’avais pourtant un à-priori positif sur Murakami, après avoir lu et apprécié Kafka sur le rivage.

Avec cette (très longue) trilogie, je révise largement mon jugement. Voilà donc une sorte de résumé, sur le ton de la plaisanterie… mais bon après tant de déception et d’ennui au fil de ces plus de 1600 pages, il est normal de se détendre un peu.

Un seul tome aurait largement suffit… à supposer que ce genre d’histoire ait un quelconque intérêt. En refermant le troisième tome, c’est l’impression d’avoir perdu du temps qui prédomine. Que de pages inutiles, de redites, de personnages caricaturaux, ou encore de thèmes abandonnés…

Une belle occasion de citer Schopenhauer :

L’art de ne pas lire est très important. Il consiste à ne pas s’intéresser à tout ce qui attire l’attention du grand public à un moment donné. Quand tout le monde parle d’un certain ouvrage, rappelez-vous que quiconque écrit pour les imbéciles ne manquera jamais de lecteurs. Pour lire les bons livres, la condition préalable est de ne pas perdre son temps à en lire de mauvais, car la vie est trop courte.

Continuer la lecture… 1Q84 – Haruki Murakami

Lectures, Ubuntu, Smartphone, Cinéma, entre autres…