Le bonheur des petits poissons – Simon Leys

Le bonheur des petits poissons - Simon Leys J’ai déjà fait un article sur ce petit recueil suite à un article du Canard enchaîné, en février 2008 (voir ici). À cette époque, je ne l’avais pas lu… c’est maintenant chose faite.

Ce recueil contient les chroniques publiées par l’auteur dans le Magazine littéraire (2005-2006), ainsi que quelques chroniques plus anciennes parues dans d’autres revues.

Comme souvent avec Leys, c’est l’occasion pour lui de partager sa culture et son amour de la littérature. C’est toujours aussi agréable à lire, et de plus parsemé d’anecdotes et de citations.

Je ne résiste pas au plaisir de citer de nouveau l’apologue de Zhuang Zi qui sert de titre à l’ouvrage :

Zhuang Zi et le logicien Hui Zi se promenaient sur le pont de la rivière Hao. Zhuang Zi observa :  « Voyez les petits poissons qui frétillent, agiles et libres ; comme ils sont heureux !  » Hui Zi objecta :  « Vous n’êtes pas un poisson ; d’où tenez-vous que les poissons sont heureux ? – Vous n’êtes pas moi, comment pouvez-vous savoir ce que je sais du bonheur des poissons ? – Je vous accorde que je ne suis pas vous et, dès lors, ne puis savoir ce que vous savez. Mais comme vous n’êtes pas un poisson, vous ne pouvez savoir si les poissons sont heureux. – Reprenons les choses par le commencement, rétorqua Zhuang Zi, quand vous m’avez demandé « d’où tenez-vous que les poissons sont heureux » la forme même de votre question impliquait que vous saviez que je le sais. Mais maintenant, si vous voulez savoir d’où je le sais – eh bien, je le sais du haut du pont.

Et voilà ce que dit Simon Leys à propos de Céline, qui résume bien ‘le problème’ je trouve :

J’ai ici un disque de Céline que j’écoute de temps à autre : les premières pages du Voyage au bout de la nuit (lues par Michel Simon) vous donnent physiquement (chair de poule) le sentiment du génie à l’état pur.  C’est bouleversant. Puis vient une longue interview de l’auteur, qui radote et rabâche des platitudes. C’est consternant. Céline et le docteur Destouches auraient-ils donc été deux individus différents ?

Cela continue ainsi sur plein de sujets : la paresse (un éloge), le tabac, le succès, la vérité… toujours par le biais de la littérature, bien entendu. À ce sujet, une dernière citation, de Schopenhauer cette fois :

L’art de ne pas lire est très important. Il consiste à ne pas s’intéresser à tout ce qui attire l’attention du grand public à un moment donné. Quand tout le monde parle d’un certain ouvrage, rappelez-vous que quiconque écrit pour les imbéciles ne manquera jamais de lecteurs. Pour lire les bons livres, la condition préalable est de ne pas perdre son temps à en lire de mauvais, car la vie est trop courte.

Simon Leys, de son vrai nom Pierre Ryckmans, est né en 1935 à Bruxelles. Après avoir étudié le droit et l’histoire de l’art à Anvers, il poursuit des études de langue, de littérature et d’art chinois à Taïwan, Singapour et Hong Kong, devenant un sinologue réputé. En 1971, il publie Les habits neufs du président Mao (1971), première critique virulente de la révolution culturelle qui lui attirera à l’époque l’inimitié de certains intellectuels français maoïstes.

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Simon Leys, de son vrai nom Pierre Ryckmans, est né en 1935 à Bruxelles. Après avoir étudié le droit et l’histoire de l’art à Anvers, il poursuit des études de langue, de littérature et d’art chinois à Taïwan, Singapour et Hong Kong, devenant un sinologue réputé. En 1971, il publie Les habits neufs du président Mao (1971), première critique virulente de la révolution culturelle qui lui attirera à l’époque l’inimitié de certains intellectuels français maoïstes.

 

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