Les naufragés du Batavia – Simon Leys

Les naufragés du Batavia- Simon Leys Premier bouquin tiré de l’excellente biographie Simon Leys : navigateur entre les mondes de Philippe Paquet que j’ai lue récemment.

Simon Leys s’intéressa à ce fait divers, l’un des plus sensationnels du XVIIè siècle : le naufrage du Batavia. Comme le Titanic, ce navire qui incarnait l’orgueil et la puissance de son époque, sombra lors de son tout premier voyage. Le navire coula au large de l’Australie, mais il y eut environ trois cents rescapés qui purent débarquer sur un archipel. Hélas, ils tombèrent sous la coupe d’un psychopathe qui, secondé par une poignée de « disciples », en massacra les deux-tiers.

On apprend d’ailleurs dès le début une chose étonnante : pendant trois siècles, du XVè à la fin du XVIIIè, les navigateurs occidentaux ne disposaient que de moyens dérisoires pour calculer leur position. Si la latitude était assez facile à calculer (pourvu que le soleil et l’horizon soient visibles), la longitude était vaguement estimée en fonction de la vitesse apparente du bateau ; la force du vent et les courants pouvaient largement fausser ces estimations.

C’est ce qui arriva au Batavia : remontant trop tard au nord pour rallier Java, il sombra sur un récif d’îlots de corail, à quelque 80 kilomètres des côtes de l’Australie !

Cette histoire fascinait Leys, et particulièrement les mécanismes par lesquels s’instaure une tyrannie (lui, le contempteur de la dictature maoïste). Rien ne manquait : la mise en place d’un totalitarisme basé sur la surveillance, la délation, l’arbitraire, l’injustice, l’isolement et l’autarcie, et la création d’une nomenklatura fière et jalouse de ses privilèges.

Il collecta des informations pendant des années (dix-huit ans) sans se décider à publier, quand un autre auteur, Mike Dash, publia toute l’histoire, et de manière très complète. Leys publia néanmoins ce petit essai, se limitant à y apporter ses réflexions personnelles.

Ce petit texte est suivi d’un autre, Prosper : quand Simon Leys était encore étudiant, avant de partir pour l’Extrême-Orient, il eu l’occasion de naviguer à bord d’un thonier breton (un des derniers encore à la voile). Un court récit, qui montre les conditions de vie très dures et précaires des marins à cette époque, quand ils partaient pour « une marée »… et aussi l’importante consommation d’alcool quand ils étaient à terre !

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