Archives de catégorie : Littérature

Lord Jim – Joseph Conrad

Lord Jim - Joseph Conrad Après avoir lu la biographie de Joseph Conrad, il me fallait lire le roman qui fût son plus grand succès, j’ai nommé Lord Jim !

L’auteur nous apprend dans la préface qu’il avait d’abord écrit une simple nouvelle sur l’épisode du transport de pèlerins, rien de plus. Après avoir écrit quelques pages, insatisfait, il les mit de côté pour un temps. Plus tard, l’épisode des pèlerins devint le point de départ d’une longue histoire, le récit d’un homme qui a perdu son honneur, et de la conscience aiguë qu’il en a.

Et comme dans Le cœur des ténèbres , c’est un certain capitaine Marlow qui raconte ses souvenirs sur le fameux Jim. Marlow, c’est le genre de type qui en a vu beaucoup au long de sa vie (en bon marin, il a roulé sa bosse de part le monde, et l’on ne peut s’empêcher de penser qu’il représente l’auteur), capable de juger les hommes ou les situations d’un regard, d’en expliquer les ressorts psychologiques, voire d’en tirer la morale qui s’impose.

Quand on lit sur la page wikipedia que l’auteur est classé parfois à tord comme « auteur de romans de mer »,  c’est particulièrement vrai pour celui-ci : l’essentiel du roman tient de l’étude psychologique de Lord Jim avec tout le recul dont le capitaine Marlow est capable…

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La Fayette – Gonzague Saint Bris

La Fayette - Gonzague Saint Bris C’est un ami à qui je disais que j’aimais de plus en plus les bouquins historiques, typiquement la biographie d’un homme ayant marqué l’Histoire, car ils avaient cette saveur incomparable qu’est la réalité  comparée à une fiction parfois difficilement crédible ou peu intéresante… cet ami donc me conseilla de lire la biographie de La Fayette.

Après quelques recherches, la seule biographie existant en poche est celle-ci, écrite en 2006 par Gonzague Saint Bris… j’avais quelques doutes sur l’auteur, qui se sont confirmés à la lecture : il montre un grand intérêt pour les titres et les lignées royales, et en le lisant, je ne pouvais m’empêcher de penser à Stéphane Bern ! 😉

Le style laisse d’ailleurs à désirer : pas mal de phrases avec des descriptions un peu convenues ou alambiquées, de généalogies énoncées longues comme un jour sans fin, ou encore cette manie de présenter un personnage sans le nommer, puis terminer par « en qui on aura reconnu », ou « le lecteur aura reconnu »… Un peu énervant tout ça !

Mais revenons à l’essentiel, la vie de La Fayette ; selon l’auteur, La Fayette sera obsédé toute sa vie par deux choses : la liberté et la gloire. Pour la seconde, je ne suis pas vraiment convaincu, mais pour la première, il sera fidèle a son idéal de liberté jusqu’au bout, et plus généralement aux idéaux des Lumières.

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Le sermon sur la chute de Rome – Jérôme Ferrari

Le sermon sur la chute de Rome - Jérôme Ferrari Livre chaudement recommandé par ma sœur aînée : « je l’ai lu deux fois, c’est plutôt rare, et à la fin, il y a le texte du sermon de St-Augustin »…

Je n’aurai pas le même enthousiasme pour ce livre, dont j’ai trouvé l’histoire et les personnages principaux peu intéressants. Et je ne parle pas des autres : la sœur Aurélie par exemple, qui semble n’être là que pour faire le lien avec St-Augustin, puisqu’elle participe à des fouilles à la recherche de la cathédrale où Augustin est mort.

C’est plutôt bien  écrit, avec souvent de longues phrases (trop longues ? trop alambiquées ?) ; les chapitres ne comportent aucun paragraphe, hormis les dialogues qui viennent parfois aérer un peu le texte. L’auteur est professeur de philosophie, il sait donc de quoi il parle, mais le lien qu’il fait entre la chute de Rome et l’échec de deux jeunes voulant relancer un bar corse me parait peu pertinent.

L’histoire est celle de deux jeunes étudiants corses à Paris qui, licence de philo en poche, lâchent tout pour revenir « au pays » et maintenir en vie le bar de leur village natal. L’aventure sera un succès quelque temps, mais se terminera mal, et pour des raisons assez terre à terre (en gros des histoires de cul).

Difficile pour moi de voir un lien avec la chute de Rome, le sermon de St Augustin arguant de plus que seul compte le salut éternel de nos âmes… bon, je veux bien, mais ça ressemble tout de même à une belle arnaque ! Et le lien avec cette histoire largement tiré par les cheveux.

Jérôme Ferrari, né en 1968, est un écrivain et traducteur français. Ce livre a reçu le prix Goncourt 2012.

Je suis vivant et vous êtes tous morts – Emmanuel Carrère

Je suis vivant et vous êtes tous morts - Emmanuel CarrèreSous ce titre bizarre se cache une phrase du roman Ubik, de Philip K. Dick. C’est d’ailleurs le thème de ce roman, dans lequel les personnages croyant avoir échapper à une explosion sont en fait en état de mort clinique (ou presque, maintenus en vie grâce à la technologie) ; et cette  phrase leur est envoyé par le seul réel survivant afin de leur faire prendre conscience de leur état.

Fan de Philip K. Dick depuis longtemps, j’ai tout de suite pris cette biographie par Emmanuel Carrère, auteur que j’apprécie également (j’ai aimé son Limonov).

J’ai également aimé celui-ci, l’auteur s’est manifestement beaucoup documenté, rencontré les proches, pour en arriver à nous raconter cette vie pour le moins perturbée de K. Dick. Il n’hésite pas à la romancer, faisant adroitement correspondre la chronologie des œuvres de Dick avec l’évolution du délire du personnage ; ou à donner son sentiment parfois, et l’ensemble est très agréable à lire. Il s’agit d’une réédition en poche, le livre étant paru en 1993 (Éd. Seuil).

Au final, j’étais peiné pour Philip K. Dick, car je ne savais pas qu’il était réellement très perturbé dans la deuxième partie de sa vie, pour ne pas dire plus. Il semble bien qu’il se soit fait prendre à son propre jeu, et à croire en une autre réalité, à devenir mystique…

Voici d’ailleurs l’extrait du discours que Dick fit à Metz en 1977 (il meurt en 1982), mis en exergue du livre :

Je suis certain que vous ne me croyez pas, et ne croyez même pas que je crois ce que je dis. Pourtant, c’est vrai. Vous êtes libres de me croire ou de ne pas me croire, mais croyez au moins ceci : je ne plaisante pas. C’est très sérieux, très important. Vous devez comprendre que, pour moi, le fait de déclarer une chose pareille est sidérant aussi. Un tas de gens prétendent se rappeler des vies antérieures ; je prétends, moi, me rappeler une autre vie présente. Je n’ai pas connaissance de déclarations semblables, mais je soupçonne que mon expérience n’est pas unique. Ce qui l’est peut-être, c’est le désir d’en parler.

Mais reprenons depuis le début…

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Le nazi et le barbier – Edgar Hilsenrath

Le nazi et le barbier - Edgar Hilsenrath Auteur recommandé de façon assez enthousiaste par le libraire et une cliente, celle-ci venant chercher « Orgasme à Moscou », son dernier roman. Je répondis que j’attendrai le format poche, et le libraire me proposa alors sur celui-ci.

Le sujet de ce roman est assez délicat : c’est l’histoire, racontée à la première personne, de Max Schulz, né en Allemagne au début du XXème siècle. Quand le régime nazi arrive au pouvoir, il s’engage dans les SS par opportunisme, et participe au génocide du peuple juif. Puis, quand le vent tourne, grâce à un physique proche des caricatures antisémites de l’époque (nez crochu, etc…), il prend l’identité de son ami d’enfance (juif) qu’il a lui-même assassiné durant la guerre. Il se trouve ensuite en Terre promise, et combat pour l’indépendance de l’État d’Israël.

Le ton général du roman est à la caricature, la farce, et volontairement outrancier. L’auteur, juif allemand, ayant connu les ghettos, peut sans doute se le permettre. Il n’en reste pas moins vrai que plaisanter sur un tel sujet est loin d’être évident, et l’on se demande quel est le message (s’il y en a un), si ce n’est de  braver la morale bien pensante qui interdit toute plaisanterie sur la Shoa. Maigre consolation…

Personnellement, je n’ai pas trop aimé : ni le ton, ni l’histoire abracadabrante, et encore moins la façon dont le narrateur d’adresse au lecteur. La blague devient vite très lourde, l’humour scatologique lasse, et la véritable Histoire passe complètement à la trappe.

Ce roman, écrit en 1969, fut d’abord publié aux États-Unis (1971) et longtemps refusé par les éditeurs allemands, puis finalement publié en 1977 par un petit éditeur. Il est publié en France en 2010. Vu le sujet abordé, et la manière de le traiter, on peut comprendre que les éditeurs allemands aient réfléchi à deux fois…

Edgar Hilsenrath est né en 1926 à Leipzig. Il est déporté dans le ghetto roumain de Mogilev-Podolsk en 1941. Libéré en 1944, il pat en Palestine, puis rejoint sa famille en France avant d’émigrer aux États-Unis. Son chef d’œuvre (et premier roman) est sans doute « Nuit », qui s’inspire de ses années de ghetto, mais sans doute très dérangeant, car décrivant l’homme réduit à l’état de bête.

La vérité sur l’affaire Harry Québert – Joël Dicker

La vérité sur l'affaire Harry Québert - Joël Dicker Recommandé par un client de la librairie comme un super bouquin, avec du suspense, du fond… Bon, si c’est pour le côté addictif de la lecture, vu que l’auteur nous ballade largement autant que faire se peut, et que l’on a hâte de connaître cette fameuse vérité, Ok. La construction du scénario est bien maîtrisée, encore qu’on finit tout de même par trouver le temps long, et le sentiment d’être le pigeon de l’histoire finit par l’emporter.

L’auteur n’est pourtant pas américain, mais là aussi combien de pages inutiles ! Encore un exemple de roman qui aurait pu être beaucoup plus efficace avec deux fois moins de pages… À croire que les auteurs sont payés à la ligne.

Le  plus surprenant, c’est que ce roman ait reçu le Grand Prix du roman de l’Académie française ! on se demande bien pourquoi… Car côté style, c’est assez basique (niveau polar).

Il a aussi reçu le Prix Goncourt des lycéens 2012 ; l’article précédent (Le quatrième mur de Sorj Chalandon) ayant également remporté ce même prix mais l’année suivante, on peut donc se réjouir de la très nette progression de nos chers lycéens ! 😉

Que dire ? la lecture n’a pas vraiment été désagréable, mais ça ne va pas beaucoup plus loin. Il y a pas mal de répétitions vu que l’auteur s’amuse à nous repasser les mêmes événements plusieurs fois, en nous en révélant un peu plus, mais jamais assez. La crédibilité des personnages, surtout celui de la jeune fille, est difficilement crédible : dommage, elle est au cœur de l’intrigue. Et ce n’est pas le seul personnage peu crédible, la plupart sont également caricaturaux.

Joël Dicker, né en 1985 à Genève. Ce livre est son second roman.

Le quatrième mur – Sorj Chalandon

Le quatrième mur - Sorj Chalandon C’est le libraire qui m’as mis ce bouquin dans les mains, alors que lui expliquais que je cherchais des histoires qui avaient du sens. Cette fois il ne s’est pas trompé !

L’histoire commence par une scène de guerre localisé à Tripoli, Nord Liban, en 1983 : un tank tire sur un taxi, le passager est blessé par un éclat à la jambe, mais réussit à se mettre à l’abri ; le chauffeur du taxi aura moins de chance.

Le chapitre suivant nous ramène à Paris en 1974, où Georges, le narrateur (qui est aussi le passager du taxi), va reprendre l’histoire depuis le début, quand il  était à Paris, étudiant à la Sorbonne, jeune metteur en scène d’une troupe de théâtre amateur, et membre d’un mouvement d’extrême gauche, activiste et pro-palestinien. Il fait la rencontre de Samuel, un grec qui a fuit la dictature des colonels, plus âgé, et qui est lui aussi metteur en scène. Les deux hommes sympathisent.

Samuel a un projet fou : monter l’Antigone de Jean Anouilh à Beyrouth, en faisant jouer chaque personnage de la pièce par une communauté différente : chrétiens, chiites, Druzes, etc . Mais Sam tombe malade, et demande à Georges de reprendre le projet. Il va alors partir pour Beyrouth, où la guerre va le rattraper.

C’est bien écrit, et on est vite pris par l’histoire, par la tragédie… La pièce Antigone sert de fil conducteur, on la découvre en détail grâce aux deux metteurs en scène, et c’est passionnant ; chaque communauté y trouvera sa propre vérité et donnera son accord pour la représentation. Mais la guerre ne laissera pas les choses se faire aussi facilement. Une autre tragédie, réelle celle-ci, prend place, et la tristesse nous envahit.

Sorj Chalandon (né en 1952) est un journaliste et écrivain français. Reporter de guerre, il a obtenu le prix Albert-Londres en 1988 pour ses reportages dans 
Libération. DEpuis 2009, il est journaliste au Canard enchaîné. Ce livre a reçu (entre autres) le prix Goncourt des lycéens 2013.

Liseuse Kobo Aura HD : retour d’expérience

Kobo Aura HD Ce sont les collègues qui m’ont offert l’année dernière cette liseuse Kobo Aura HD : à l’époque, c’était la liseuse avec la plus haute définition existante, la « Porsche des liseuses » selon Kobo (c’est aussi la plus chère, aux alentours de 180 €). Il est temps de faire un petit retour d’expérience… après 76 heures de lecture comme me l’indique l’écran d’accueil ! 😉

C’est ma première liseuse, je ne prétend donc pas comparer quoique ce soit, simplement partager mes premières impressions sur ce nouveau mode de lecture, ainsi que l’appareil.

De plus, je n’utilise pas le « Kobo Store » pour télécharger des livres, je me contente de voir ce que je peux trouver en format .epub sans DRM (ouvrages libres de droit, sur le web, etc..). À ce sujet, Framabookin, un nouveau service de Framasoft, vient de sortir, proposant plusieurs centaine de livres libres de droit.

Par contre mon libraire me propose bien des livres électroniques, via le site Libraires en Seine, mais bien entendu avec DRM, ce qui implique d’installer sur le PC un logiciel Adobe, qui n’est évidemment pas disponible sous Linux/Ubuntu. Tant pis pour eux…

Retour au Kobo :  je n’utilise pas plus l’option Pocket, un service en ligne qui  permet de lire des pages web que vous avez précédemment sauvegardées à partir de votre ordinateur. Et je ne parle pas des jeux d’échec et de Sudoku intégrés à l’appareil, classés sous la rubrique peu rassurante « Fonctionnalités Bêta »… Ça tient plus du  gadget, limite hors sujet.

Alors je l’avoue, je suis un peu partagé, il y a du pour et contre…. Globalement satisfaisant pour la partie lecture pure, beaucoup moins pour l’écran tactile et la réactivité, et au final un prix assez élevé comparé à la concurrence qui ne parait pas justifié… heureusement, on me l’a offerte ! 😉

Il y a d’ailleurs un excellent site qui permet en fonction de vos critères de trouver le modèle vous correspondant. Par exemple, la Pocketbook Touch Lux 2 à moins de 100 € a l’air tout aussi bien… pas d’écran tactile, mais des boutons, c’est peut-être aussi bien (voir plus loin).

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Un barbare en asie – Henri Michaux

Un barbare en asie - Henri Michaux C’est Simon Leys dans son studio de l’inutilité qui parlait de cet auteur et de ce livre avec suffisamment d’enthousiasme pour donner envie de le lire. J’hésitais un peu, Henri Michaux étant écrivain mais aussi poète, et je ne savais pas trop à quoi m’attendre…

Ce fût un vrai bonheur à lire, lecture ponctuée parfois d’éclats de rire tant les remarques d’Henri Michaux sont souvent drôles. Il s’agit donc de notes prises durant un voyage en asie qu’il fît en 1931 : la moitié de l’ouvrage est consacrée à l’Inde, un quart à la Chine, pour finir avec le Japon et la Malaisie.

Dans une première préface, rédigée en 1945, l’auteur nous dit :

Douze ans me séparent de ce voyage. Il est là. Je suis ici. On ne peut plus grand-chose l’un pour l’autre. Il n’était pas une étude et ne peut le devenir, ni s’approfondir. Pas davantage être corrigé.
Il a vécu sa vie.
Je me suis limité à changer quelques mots, et seulement selon sa ligne.

Puis dans une nouvelle préface, assez émouvante, rédigée en 1967, il confirme le décalage :

Le fossé s’est encore agrandi, un fossé de trente-cinq ans , à présent.
Et l’Asie continue son mouvement, sourd et secret en moi, large et violent parmi les peuples du monde. Elle se remanie,elle s’est remaniée, comme on ne l’aurait pas cru, comme je ne l’avais pas deviné.

Il date ce livre. De l’époque à la fois engourdie et sous tension de ce continent ; il date. De ma naïveté, de mon  ignorance, de mon illusion de démystifier, il date. Il date d’un Japon excité, surexcité, parlant guerre, chantant guerre, promettant guerre, défilant, hurlant, vociférant, menaçant, harcelant, tenant en réserve des bombardements, des débarquements, des destructions, des invasions, des assauts, de la terreur.
Il date d’une Chine traquée, entamée, menacée de dépècement, n’arrivant plus à se ressaisir, méfiante, fermée, ne sachant plus avec une civilisation désorganisée faire face efficacement ni par ruse, ni par le nombre,  ni par rien d’éprouvé jusque-là, au cataclysme imminent.
Il date d’une Inde qui, avec des moyens inattendus ayant l’apparence de la faiblesse, essayait avec malaise de faire lâcher prise au solide peuple dominateur qui la tenait en dépendance. […]
Ce livre qui ne me convient plus, qui me gêne et me heurte, me fait honte, ne me permet de corriger que des bagatelles le plus souvent.
Il a sa résistance. Comme s’il était un personnage.
Il a un ton.
À cause de ce ton, tout ce que je voudrais en contrepoids y introduire de plus grave, de plus réfléchi, de plus approfondi, de plus expérimenté, de plus instruit, me revient, m’est renvoyé… comme ne lui convenant pas. Ici barbare on fut, barbare on  doit rester.

Ce n’est pas faux, Michaux s’attache à nous décrire l’homme de la rue comme il perçoit, mais aussi avec son  imaginaire, et son humour. Mais à force de tenter de nous décrire « l’Indien est comme ci, le chinois est comme ça », il est difficile d’éviter la caricature, et encore plus de résister au temps qui passe. Mais cela ne l’empêche pas de toucher juste parfois : sur l’Inde, que je connais un peu, je me suis esclaffé plusieurs fois à lire ses observations ; il ne s’agit pas ici de tout prendre au pied de la lettre… Et puis, sa préface en forme d’auto-critique l’excuse largement, et nous met dans les bonnes conditions de lecture.

Personnellement, je l’ai lu avec grand plaisir, et sous l’angle de l’humour, dont Michaux ne manque pas. Par contre, ses remarques sur la musique (il apprécie beaucoup la musique chinoise), et surtout le théâtre (dont il semble être un passionné) sont très pertinentes.

Voilà quelques extraits pour vous faire une idée.
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Mémoires d’Hadrien – Marguerite Yourcenar

Mémoires d'Hadrien - Marguerite Yourcenar C’est en écoutant France Culture que j’ai entendu parler de ce roman (et de cet empereur romain). Réveillé un peu plus tôt que d’habitude (5h du mat’), j’allume la radio : c’était l’émission « Éloge du savoir » (c’est toujours fascinant d’écouter ces professeurs du collège de France discourir sur un sujet qu’ils maîtrisent complètement), en l’occurence une série de treize épisodes sur « L’empereur Hadrien et les cités grecques » (que j’ai podcasté mais pas encore écouté). Et on y mentionnait ce roman de Marguerite Yourcenar sur celui qui fût un empereur humaniste. Peut-être le fameux « philosophe roi » de Platon… ou alors un « despote éclairé » ? 😉

Il s’agit donc des mémoire fictives d’Hadrien, où il s’adresse à son petit-fils adoptif et éventuel successeur, Marc Aurèle. La lecture est passionnante, et c’est très bien écrit : Hadrien fait le point sur sa vie alors qu’il est âgé et malade, sorte de testament d’une vie pour le moins exceptionnelle. En le lisant, je me disais que si nos dirigeants avaient cette hauteur de vue, le monde serait certainement meilleur…

Marguerite Yourcenar a commencé ce roman alors qu’elle n’avait qu’une vingtaine d’années. Les éditeurs ayant refusé de le publier, elle l’abandonna pendant vingt cinq ans… puis se remit à l’ouvrage. Elle a voulu « refaire du dedans ce que les archéologues du XIXe siècle on fait du dehors », et ajoute « Si j’ai choisi d’écrire ces Mémoires d’Hadrien à la première personne, c’est pour me passer le plus possible de tout intermédiaire, fût-ce de moi-même. […] Quoi qu’on fasse, on reconstruit toujours le monument à sa manière. Mais c’est déjà beaucoup de n’employer que des pierres authentiques. »

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