Vacances de juin

Accéder à l'album Ça faisait longtemps que je n’avais publié un album photo ! En juin, j’ai passé des vacances dans le Sud, puis à Chamonix. L’occasion de voir les frangines, et de faire du sport (vtt, randonnées). Voilà donc les photos, certaines prises avec mon smartphone, et donc la qualité n’est pas forcément toujours présente !

Mais il y a de beaux paysages, ça c’est certain ! Au programme (entre autres) : escalade de la Sainte Victoire, randonnée à la mer de glace, VTT dans la vallée de Chamonix…

Soleil Hopi – Don C. Talayesva

Soleil Hopi - Don C. Talayesva En rangeant mes vieux bouquins, je suis tombé sur celui-ci, et j’ai eu envie de le relire. Je croyais en avoir de bons souvenirs, et avec une préface de Claude Lévi-Strauss, je me suis laissé tenter. En fait, mes souvenirs n’étaient pas très précis : je me souvenais de bonnes lectures avec des textes de chefs indiens, comme « Pieds nus sur la terre sacrée »…

Mais ce n’est pas le cas ici, il s’agit plutôt d’un ouvrage d’anthropologie, sous la forme de l’autobiographie d’un vieux chef indien Hopi ; il était d’ailleurs payé pour cela, sans doute à la page, ce qui laisse imaginer qu’il ait pu « broder » un peu…

Alors si vous voulez savoir à quelle occasion on jette de la farine de maïs au sol et dans quelle direction, cet ouvrage est parfait ! Les cérémonies sont racontées avec force détail, et à moins de vouloir étudier à fond la culture Hopi, la lecture de ces moments n’est pas vraiment passionnante, et représente une grande partie de l’ouvrage. J’ai failli abandonner…

Le début est cependant très intéressant, quand, tout jeune encore, Don Carlos Talayesva est envoyé à l’école des blancs, car c’est comme ça que cela se passe (colonisation) : il y apprend la langue, à lire et écrire, et bien sûr la religion chrétienne… Il y restera quelques années, puis choisira de revenir vivre selon sa culture propre (et à suivre la Voie du Soleil).

L’homme est apparemment d’une grande sincérité (et ne manque pas d’humour), il nous raconte beaucoup de choses sur la vie traditionnelle des indiens Hopi, l’éducation des enfants, etc… Leur monde est rempli de croyances, de rites à respecter, et est en fait très religieux. Il faut dire que la vie dans ces régions arides n’a rien d’évident, on invoque souvent la pluie et s’il y a sécheresse, c’est que l’on a fait quelque chose de mal. La description des rites d’initiation est donc assez ennuyeuse pour un simple lecteur, à l’exception de son voyage au pays des morts lors de son passage à l’âge adulte ! À vous faire dresser les cheveux sur la tête…

Si les rites ou cérémonies pour un oui pour un non réglementent beaucoup d’aspects de la vie, côté sexe, c’est par contre assez libre. Les jeunes hommes draguent et couchent à tout va, assez facilement… jusqu’au jour du mariage, où finalement ils ne seront qu’à peine plus fidèles ! Don C. Talayesva semble considérer qu’un homme a besoin de plusieurs femmes, mais il souhaite conserver la sienne…  Et quand sa femme lui demande des explications sur une rumeur d’infidélité, il inverse le problème en disant: « Dans ce cas, ça ne paye pas d’être honnête, car même si une femme trompe son mari, elle ne peut supporter que son mari en fasse autant« . CQFD, rien de nouveau sous le soleil (Hopi) ! 😉

Captain Fantastic – Matt Ross

Captain Fantastic - Matt RossC’est sur les conseils de Paul Jorion que je suis allé voir ce film (il en parlait sur son blog) ! J’en avais vaguement entendu parler, l’histoire d’un père qui élève ses enfants loin du monde développé, en pleine forêt. Ça m’avait fait penser à « Mosquito Coast », dont j’avais d’abord lu le roman de Paul Theroux (il y a bien longtemps !), puis vu le film de Peter Weir, avec Harrison Ford (1987).

Mais « Captain Fantastic » n’a rien à voir avec « Mosquito Coast » : ici, c’est plutôt le retour à notre société qui est traité, et de quelle manière ! Il y a des moments de franche rigolade, d’autres chargés d’émotion, et surtout beaucoup de questionnements qui nous viennent à l’esprit : on est parfois pris à nos propres contradictions, et amenés à changer d’avis au fur et à mesure des événements. C’est la grande force de ce film !

Peut-on vraiment totalement vivre à l’écart de la société ? Si la réponse apportée est probablement non (à tout le moins dans une forêt, surtout pour une famille avec des enfants), il peut être utile d’élever ces derniers avec d’autres valeurs que celles de la société consumériste contemporaine.

Le film démarre donc dans une forêt reculée du nord-ouest des États-Unis, où un père a élevé ses enfants, leur apprenant à vivre dans cet environnement à priori hostile. Mais il s’est aussi occupé de leur éducation, leur apprenant à développer leurs propres personnalités, à défendre leur point de vue par l’argumentation, et sans les brimer par des règles trop strictes.

Amenés à revenir dans le monde que nous connaissons tous, le contraste sera saisissant. La scène où ils se retrouvent tous autour de la table chez la sœur du père permet de mettre en évidence les différences d’éducation entre les enfants de chacun. Les deux enfants de la sœur font pâle figure à côté, plus intéressés par le dernier modèle de Nike, ou par leur console de jeu, que de la signification des amendements de la Constitution américaine…

Mais tout ne sera pas aussi simple, et d’autres problématiques vont apparaître. Et c’est là que nous, spectateurs, allons commencer à nous poser aussi des questions… Il n’y a rien de manichéen ici, et de chaque côté, il y a de l’amour, du bon sens… C’est tout l’intérêt de ce film.

Un film drôle, émouvant, qui vous fait réfléchir : un grand film donc, et qui a déjà obtenu deux prix : le Prix de la Mise en Scène à Un Certain Regard à Cannes et le Prix du Public au Festival Américain de Deauville.

Les faux-monnayeurs – André Gide

Les faux-monnayeurs - André Gide Encore un livre d’André Gide, mais un roman cette fois-ci. Je voulais voir ce que pouvait donner un roman de cet auteur, n’ayant lu que des récits de voyage : Voyage au Congo et Retour d’U.R.S.S.

D’abord, quel plaisir de lire un grand auteur ! On a beau dire, le style de grands écrivains (et sans doute plus de cette époque), c’est quelque chose ! Et assurément, André Gide en fait partie.

L’histoire est assez difficile à raconter, avec quatre personnages principaux : Olivier et Bernard, tous deux lycéens mais qui s’apprêtent à entrer dans la vie active, et deux écrivains homosexuels, l’oncle Édouard et Robert de Passavant… Ces derniers vont chercher à s’attirer les bonnes grâces deux autres…

Rien de graveleux pour autant, tout est exprimé sur le ton des sentiments ressentis, comme une amitié profonde entre deux êtres : on y parle de sentiments nobles en fait. Pas plus qu’une histoire de fausse monnaie ! Le titre fait référence à un élément mineur de l’histoire, où le petit frère d’Olivier, qui n’a pas froid aux yeux, trafique un peu.

Et bien d’autres intrigues viennent s’y mêler : les membres des familles d’Olivier et Bernard ont aussi leurs histoires et leurs problèmes, et il y a finalement pas mal de personnages qui participent à l’histoire. Cerise sur le gâteau, l’oncle Édouard écrit un roman s’intitulant « Les faux-monnayeurs » dans lequel il note les événement de sa vie, créant ainsi une mise en abîme dans la construction de l’histoire, parfaitement maîtrisée par André Gide.

On se laisse facilement porter par le style, la richesse de l’histoire, les sentiments des personnages. Ce que l’on peut appeler un bon roman.

André Gide (1869-1951) est un écrivain français, récipiendaire du prix Nobel de littérature en 1947. Issu d’une famille de la haute bourgeoisie protestante, il assume son homosexualité dès 1893, ce qui ne devait pas être évident. Plusieurs de ses œuvres sont sur ce thème ou au moins l’abordent ; avec Corydon qu’il choisit de publier sans crainte du scandale que cela allait inévitablement provoquer (on est en 1924, et l’homosexualité est encore considérée comme une perversion), il exprimera sa vision (le  sous-titre est « Quatre dialogues socratiques »). Les faux-monnayeurs, publié en 1925, a été reconnu comme précurseur de nouveaux styles littéraires, comme le nouveau roman.

Mercenaire – Sacha Wolff

Mercenaire - Sacha WolffBonne surprise que ce film, tourné avec des acteurs amateurs. Le rôle principal, celui de Soame, est excellent, avec sa masse athlétique impressionnante, et dont pourtant une douceur énorme se dégage.

Soame, à 19 ans, quitte donc l’île de Wallis (Polynésie française) pour aller tenter sa chance dans la France du rugby, suite aux belles promesses d’un agent peu scrupuleux, et contre l’avis de son père. Ce dernier, après l’avoir battu jusqu’au sang pour le faire changer d’avis, finit par le renier.

Arrivé en France, à peine sorti de l’aéroport, le club qui devait l’accueillir le rejette car l’agent a nettement menti sur ses mensurations (il ne pèse que 110 kgs !). Commence alors un parcours difficile pour le jeune homme, qui va retrouver une place dans un petit club, mais se trouver confronté à pas mal de problèmes…

Restant fidèle à ses valeurs, il va à travers eux devenir un homme. Il retournera même à Wallis pour tenter de se réconcilier avec son père…

Mais ce qui m’a le plus surpris dans ce film, c’est la description du monde du rugby, hélas très réaliste. Le portrait dressé est assez désespérant : il y a une énorme violence sociale dans la façon dont un petit club (niveau Fédérale 3) recrute ainsi un jeune polynésien, le paie une misère, lui demande de se doper, et où sa pseudo intégration ne tient finalement qu’à ses résultats sportifs. Voilà ce que dit Sacha Wolff à propos du dopage :

Quand on voit les coups et traumatismes qu’encaisse un joueur de rugby par match, comment peut-on imaginer qu’il puisse tenir sur une saison sans être un peu aidé médicalement ? Le moralisme autour du dopage est absurde et j’avais envie d’en faire quelque chose de presque comique. Le dopage n’est pas pour autant mon sujet, je n’ai pas voulu enquêter ou révéler quoi que ce soit sur cette question, mon rôle n’est pas de faire du journalisme d’investigation. Le dopage fait juste partie de l’univers dans lequel Soane vit.

Retour de l’U.R.S.S. – André Gide

Retour de l'U.R.S.S. - André Gide

Voilà un petit moment que j’avais dans l’idée de lire ce livre. D’abord parce que, publié en 1936, il alerte déjà sur les dérives du système communiste. Violemment critiqué lors de sa publication par toute une partie des intellectuels toujours séduits par le communisme, André Gide publiera un an plus tard « Les retouches… » afin de leur répondre. Ce sont ces deux textes (relativement brefs) qui sont réunis dans ce livre.

La deuxième raison, c’est la qualité des écrits d’André Gide. Je l’ai découvert en lisant Voyage au Congo : récit de voyage magnifiquement écrit, et brûlot politique dans sa dénonciation du colonialisme. D’ailleurs, là aussi, il se fera tailler des croupières par la droite française, qui voit là une attaque contre les intérêts de la nation.

Un personnage très cultivé, voyageur, qui écrit bien, et qui n’hésite pas à dénoncer les abus du pouvoir quand il s’y trouve confronté… je me dis qu’un tel auteur mérite forcément d’être lu, et que l’on a peu de risque d’être déçu.

Dans le premier texte, on sent chez André Gide une certaine admiration pour ce qu’il découvre, et notamment les parcs de la culture, endroits où la jeunesse se retrouve après la journée pour y exercer toutes sortes d’activités (sportives, culturelles)  dans une sorte de ferveur joyeuse. Mais très vite, il se rend compte de l’impossibilité de critiquer le régime ; en particulier de l’effet désastreux sur les artistes, qui doivent se conformer à la rhétorique, leur art devant coller aux préceptes du gouvernement.

Les remarques concernent essentiellement les conséquences sur les artistes, mais André Gide étant passionné par l’art, c’est logique qu’il s’intéresse de près à ce sujet, dans ce nouveau contexte.

Dans la deuxième partie, Gide développe les effets du régime : pauvreté, sous-alimentation, analphabétisme, désindividualisation, dénonciations (par les enfants), déportations… S’il y a bien une dictature, ce n’est déjà plus celle du prolétariat, mais bien celle d’un despote et de son parti communiste tout puissant. Malheur à celui qui ose s’en écarter.

En URSS, il est admis d’avance et une fois pour toutes que, sur tout et n’importe quoi, il ne faut et ne saurait y avoir plus d’une opinion.

C’est très bien écrit, ses remarques sont pleines de bon sens, et le tout empreint d’une grande franchise. Difficile, par la suite, de dire « on ne savait pas ! ». Ils seront pourtant nombreux à le vilipender, et parmi eux, Simone de Beauvoir, qui nous dit dans La force de l’âge (que j’ai lu peu de temps avant) :

Le seul pays capable et sincèrement désireux de barrer la route au fascisme, c’était l’U.R.S.S. Et voilà que nous ne comprenions plus rien à ce qui se passait là-bas. Gide avait été trop prompt à s’engouer, trop prompt à se dédire, pour que nous prenions au sérieux le Retour d’U.R.S.S. qu’il s’était hâté de publier en revenant de Russie et qui avait fait grand bruit.

C’est un peu facile d’écrire ça, cela ressemble plus à de l’auto-justification pour éviter de dire qu’ils s’étaient tout simplement trompés (elle et Sartre).

André Gide (1869-1951) est un écrivain français, récipiendaire du prix Nobel de littérature en 1947. Issu d’une famille de la haute bourgeoisie protestante, il assume son homosexualité dès 1893, ce qui ne devait pas être évident.

Soy Nero – Rafi Pitts

Soy Nero - Rafi Pitts Film que je suis allé voir un peu au hasard, sachant que cela parlait d’immigration mexicaine aux États-Unis, et du problème de la fameuse « Green card », celle qui donne le droit de travailler, et donc de sortir de la clandestinité et obtenir à terme la nationalité américaine.

Nero a dix-neuf ans, est né aux États-Unis mais s’est fait déporté par les services d’immigration au Mexique. Il décide de retourner clandestinement dans le pays de ses rêves pour y retrouver son frère à Los Angeles. Mais ce dernier ne peut guère l’aider, ayant lui-même de faux papiers, même s’il a un travail. Nero va alors s’engager dans l’armée américaine, ultime moyen pour pouvoir espérer la nationalité américaine (les « green card soldiers »).

Il se retrouve très vite quelque part dans le désert (Afghanistan ? Irak ?), à contrôler un checkpoint avec quelques autres soldats. Suite à une attaque à la voiture piégée, Nero va se retrouver seul à errer dans le désert, et finir par retrouver une patrouille américaine… qui va lui demander de prouver son identité, bouclant ainsi la fable absurde de sa quête.

Malgré quelques longueurs, le film nous fait partager l’impossible quête d’une identité pour Nero, en décrivant au passage une Amérique qui ne se comprend plus elle-même. C’est très bien réalisé, le récit est superbement construit, et l’acteur Johnny Ortiz excellent.

À propos des « green card soldiers » : Ils existent depuis la guerre du Vietnam. Il s’agit pour ces derniers d’un moyen d’obtenir la citoyenneté américaine après deux ans de service. Depuis le 11 septembre et le « Patriot Act » de George Bush, beaucoup de migrants illégaux ont ainsi rejoint l’armée américaine pour devenir « green card soldier » et éviter l’expulsion. Rafi Pitts développe :

Ils ne devenaient américains qu’à leur retour du front ou à leur mort. Ils se sentaient comme des soldats apatrides et en voulaient beaucoup à Bush qui ne les reconnaissait pas comme pleinement américains, tandis que les Mexicains ne les considéraient déjà plus comme étant des leurs. Lorsqu’ils obtiennent enfin leur naturalisation, ces citoyens ne sont pas tout à fait à l’abri pour autant. Il suffit d’un minuscule prétexte pour bannir les soldats qui ont été naturalisés de cette manière. Ils ont servi l’armée pendant trois ans et pour une altercation ou une histoire de cannabis, ils sont expulsés.

Le dernier qui s’en va éteint la lumière – Paul Jorion

Le dernier qui s'en va éteint la lumière - Paul Jorion

C’est le premier livre de Paul Jorion que je lis, même si cela fait longtemps que je suis son blog. J’avais un peu peur que cela ne soit trop compliqué à lire, mais finalement c’est accessible, même s’il faut parfois relire le paragraphe pour bien comprendre de quoi il s’agit.

Comme indiqué sur la couverture, il s’agit d’un essai sur l’extinction de l’humanité. Le livre se compose de deux parties : la première sur l’économie, la seconde sur l’humain.

Première remarque : Paul Jorion pose d’entrée le postulat que la fin de l’humanité est proche, alors que je m’attendais plutôt à une démonstration amenant une conclusion. Certes, il argumente tout au long de l’ouvrage pour démontrer son postulat, mais cette façon de présenter les choses m’a un peu surpris en démarrant la lecture.

Ainsi, dès la préface, on est fixé :

Il y a cinquante ans à peine, l’espère humaine s’imaginait triomphante ; elle se découvre aujourd’hui au bord de l’extinction. À cette menace, elle ne répond que mollement, à la limite de l’indifférence ou — ce qui revient au même d’un point de vue pratique — en tentant d’en dégager un bénéfice commercial de toute tentative de réponse. C’est-à-dire en ignorant de facto l’urgence et l’ampleur du péril.

Voilà ce que j’ai pu en retenir, ou plutôt ce qui a retenu mon attention : il y a bien sûr plein d’autres aspects abordés par Paul Jorion, notamment dans la seconde partie, avec beaucoup de références aux penseurs, auteurs, philosophes, de différentes époques. La ligne de raisonnement est parfois difficile à suivre, et la vision complète (l’inéluctabilité de la fin de notre espèce) peu évidente à saisir (mais c’est normal, puisque nous ne somme pas outillés pour cela !). Cet article n’est donc en aucun cas exhaustif de tous les sujets abordés par Paul Jorion.

Continuer la lecture… Le dernier qui s’en va éteint la lumière – Paul Jorion

Les particules élémentaires – Michel Houellebecq

Les particules élémentaires - Michel Houellebecq C’est le troisième livre de Michel Houellebecq que je lis, et c’est sans doute celui que j’ai préféré.

J’avais d’abord lu La carte et le territoire, et si j’avais bien aimé, le fait que l’auteur se mette lui-même en scène (ainsi que Beigbeder) m’avait beaucoup moins plu, soit en gros toute la deuxième partie. Puis, reprenant les choses au début, j’ai lu Extension du domaine de la lutte, son premier roman : pas mal non plus, mais tellement sombre, avec ses personnages suicidaires et fortement perturbés, débouchant sur une vision de la société moderne sans espoir.

Ici, c’est l’histoire de deux frères (enfin demi-frères puisque d’une mère différente), nés tous les deux dans les années 50. Ils ne se sont connus qu’au Lycée, et vont évoluer très différemment : Michel deviendra un scientifique de haut niveau, nettement introverti et ayant fait le choix de vivre seul ; quant à Bruno, fonctionnaire, une forte tendance à la masturbation va lui rendre sa vie sexuelle un peu compliquée…

Ce livre, c’est presque de la sociologie ! Il y a une description fulgurante du vingtième siècle, à travers la généalogie des deux frères : en quelques pages, Houellebecq vous dresse un résumé de l’évolution de notre société occidentale assez sidérant (et toujours aussi peu optimiste).

C’est très bien écrit, comme d’habitude, et l’histoire est assez fouillée, la vie des deux frères passionnante à suivre, sous des dehors frivoles. L’ensemble est une longue dissertation sur la vie, sur le sens que l’on essaie désespérément d’y trouver, et bien sûr de sa fin inéluctable.

L’épilogue est sans appel : les travaux de Michel permettent quelques années plus tard à la science de créer « une nouvelle espèce intelligente créée par l’homme à son image et à sa ressemblance », mais sans la sexualité comme moyen de reproduction, puisque immortelle… L’humanité devenant ainsi « la première espèce animale de l’univers connu à organiser elle-même les conditions de son remplacement ».

Autres articles sur le blog à propos de Michel Houellebecq :

Michel Houellebecq (né Michel Thomas à La Réunion en 1956), est l’un des auteurs contemporains de la langue française les plus connus et traduits dans le monde. Révélé par « Extension du domaine de la lutte » (1994) et surtout « Les particules élémentaires » (1998). Élevé d’abord par ses grands-parents maternels en Algérie, il est confié à six ans à sa grand-mère paternelle Henriette, communiste, dont il adoptera le nom de jeune fille comme patronyme.

Lectures, Ubuntu, Smartphone, Cinéma, entre autres…