Fondation Vasareli à Aix-en-Provence

Fondation Vasareli Début décembre, j’étais en famille du côté de Aix-en-Provence, et nous sommes allé à la Fondation Vasareli. Nous en sommes ressorti avec une impression bizarre, celle d’avoir vu un musée en phase terminale…

Le prix du ticket d’entrée étant fixé à 9 euros (pour 8 « alvéoles », soit 32 œuvres de l’artiste, faites le calcul, ce n’est pas donné), l’on était en droit de s’attendre à quelque chose de soigné. Hélas, on nous prévint tout de suite que l’ensemble du bâtiment ainsi que les œuvres sont en cours de rénovation.Ah, et qu’il y avait également des classes scolaires présentes ce jour-là, avec le bruit qui va avec. Nous avons vite compris que c’était mal parti ! -:(

Ce fût confirmé en parcourant les « alvéoles » exposant les œuvres : le bâtiment est encore en travaux, des structures apparentes (plafonds ôtés), un premier étage carrément vide, sans parler des abords du bâtiment, plus proche d’un terrain vague que d’autre chose… Mais le pire restait à venir, avec les œuvres elles-mêmes : beaucoup sont abîmées, de petits carrés de mosaïque étant manquant (décollés), ou même déformés (le tableau a mal vieilli), gâchant largement le plaisir.

Pour couronner le tout, l’exposition temporaire ne m’a absolument pas convaincu ; intitulée « Bande de Möbius. Perception et Déséquilibre dans l’espace acoustique » de Marlène Puccini, elle consistait en ceci : assis dans une chaise à bascule et plongé dans le noir, des sons plus ou moins bizarres et venant de partout autour de nous (il y a en fait 24 enceintes placées tout autour de la personne), et qui sont censés évoquer le fameux ruban de Möbius à une seule face…Bof bof bof… 🙄

L’artiste était présente, et tint à nous interroger après la séance : très sympathique certes (elle nous a même fait la bise en partant !), nous questionnant sur les sensations ressenties durant ces vingt minutes de solitude, et répétant souvent : « Ah voilà, c’est ça, c’est ça ! » ; elle avait surtout l’air de vouloir désespérément chasser l’ennui et la solitude : il faut dire qu’à part nous et deux autres visiteurs, nous ne vîmes personne d’autre de l’après-midi, à part les fameuses classes scolaires.

Quant à ces dernières, les recevoir en même temps que le public adulte est largement discutable ! Il y avait même des séances de yoga pour les enfants données par les instituteurs, en plein milieu de l’une des alvéoles, s’octroyant ainsi toute la pièce !! Et malheureusement, le yoga découvert par de jeunes enfants n’aide pas à atteindre le nirvana, ils restent bruyants quoiqu’il arrive. Bref, dans un musée, tout cela était vraiment gênant.

Voilà, une impression de musée qui tombe peu à peu en ruine, et qui part à vau-l’eau…

Bienvenue à Suburbicon – George Clooney

Bienvenue à Suburbicon - George Clooney C’est à la suite d’une critique positive du « Canard » que je suis allé voir ce film. Réalisé par George Clooney, mais avec un scénario des frères Coen, je me disais que cela être un bon moment : une histoire où le personnage principal tente une arnaque, mais enchaîne les mauvaises décisions jusqu’à la catastrophe finale de son projet. Typique des frères Coen (Sang pour sang, Fargo, etc…). J’adore !

Pour cette fois, j’ai plutôt été déçu, même si tous les ingrédients sont là. J’ai trouvé ça convenu, assez lourdingue, lent… Comme un mauvais Coen en quelque sorte.

Surtout je n’ai pas compris ce que venait faire dans l’histoire la famille noire qui vient s’installer comme voisins. Bien sûr, c’est l’occasion de montrer le racisme assumé par les blancs de cette petite banlieue américaine des années 50, mais c’est fait de façon très caricaturale, et surtout n’a par ailleurs aucun lien avec l’histoire principale, l’arnaque à l’assurance qui tourne au fiasco. Vraiment dommage !

La faute à qui ? au réalisateur, car n’est pas les frères Coen qui veut ? ou au scénario, finalement assez faiblard ? pour le premier je ne sais pas, mais pour le second ça ne fait guère de doute.

Ubuntu 16.04 et OpenVPN 2.4 pour BunkerVPN

OpenVPN logo Cela faisait quelque temps que je pensais à m’offrir un abonnement à un service VPN, histoire de garantir un peu plus mon anonymat sur internet. Défendre sa vie privée sur internet devient chaque jour plus important, ne serait-ce que par principe, pour contrecarrer ces sociétés (les GAFAM mais pas que) qui font tout pour récupérer nos données personnelles à notre insu. Accessoirement, cela permet aussi de télécharger des fichiers en toute tranquillité. 😉

BunkerVPN Mais l’offre VPN est extrêmement vaste, peu claire, et il est bien difficile de faire un choix. Et puis j’ai lu cet article de BunkerVPN qui m’a tout de suite intéressé. Ils sont basés en Suisse, la démarche est dans l’esprit du logiciel libre (et c’est ce qu’ils utilisent) ; il y est question d’éthique, d’indépendance, et d’un projet centré sur les valeurs humaines et non le profit. Pas de logs, pas de data-mining, etc… Extrait :

Alors posons tout de suite la question vitale : En quoi la démarche de BunkerVPN est-elle unique à l’égard des autres services ? Le but de BunkerVPN est avant tout de militer activement pour deux points précis : l’éthique dans les services informatiques, et la défense de la vie privée. Il est important de souligner que BunkerVPN milite politiquement dans ce sens, et que cette application se retrouve aussi bien dans l’aspect technique que dans la communication. BunkerVPN est un projet engagé qui va dans le sens opposé de la mode du data-mining et de la facilité du tout gratuit qui cache d’horribles choses…

Après trois mois de période beta où le service était gratuit, et où j’ai pu tester avec satisfaction la qualité de service (bande passante et fiabilité), j’étais curieux de voir quel serait le tarif d’un abonnement. Et le prix est tout à fait raisonnable : 3,50 € par mois. J’y ai donc souscrit pour une nouvelle durée de trois mois, que je renouvellerai certainement (paiement par CB sans problème).

Oui mais voilà : il faut avoir un client OpenVPN version 2.4, et mon Ubuntu 16.04 était en OpenVPN en v2.3.10 ! Comment faire alors, puisque je veux rester sur une version LTS ?

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Sous les yeux de l’Occident – Joseph Conrad

Sous les yeux de l'Occident - Joseph ConradRetour à Conrad… grâce à la collection GF (Garnier-Flammarion) pour ce roman-ci. Cette collection, entre le poche et les éditions universitaires, propose des grands classiques, précédés d’une introduction qui contextualise le texte.

Personnellement, j’aurai préféré que cette introduction soit une postface, puisqu’elle raconte toute la trame de l’histoire, qui va trahir qui, etc… Ou bien qu’elle se contente de nous livrer des informations sur l’auteur et le moment de sa vie où il écrivit l’œuvre en question.

Ce roman fait partie des romans de Conrad sans aucun lien avec la mer, et rappelle par son contexte L’Agent secret, écrit quelques années plus tôt. Cette fois, c’est aux révolutionnaires russes que nous avons à faire ; et le regard de Conrad sur la Russie et son peuple, son régime autocrate et ses révolutionnaires n’est pas tendre !

Ainsi, à propos de Nathalie, le personnage le plus innocent du roman, et de sa mère, Conrad écrit :

Pourtant je voyais s’épaissir autour de la jeune fille, comme l’obscurité de la nuit qui tombe, l’ombre immense de la vie russe, qui allait l’engloutir bientôt. Je m’enquis de Mme Haldin, cette autre victime de l’ombre mortelle.

Le personnage central s’appelle Razumov, un étudiant doué et solitaire. Il va se retrouver impliqué dans un attentat à son corps défendant, et sera confronté à un choix cornélien, qui l’amènera à Genève dans le milieu révolutionnaire. Comme dans Nostromo, Conrad fait preuve d’une maîtrise dans l’art de la narration, passant une fois à Genève à un narrateur extérieur à l’histoire, professeur anglais détenteur du journal de Razumov, et jouant avec le fil chronologique de l’histoire.

Razumov rassemble tous les traits du russe, et Conrad ne lui fait pas de cadeau : perturbé, travaillé constamment par ses pensées, traître, aux grands idéaux mais finalement très égoïste, intelligent mais renfermé, inadapté à la vie sociale, méprisant vis-à-vis de l’occident… J’oubliais : imbu de lui-même, persuadé de sa supériorité intellectuelle.

C’est encore à Nathalie que Conrad laisse une note d’optimisme poindre pour l’humanité, et ce ne sera pas par le biais d’une révolution :

Je dois vous avouer que je ne renoncerai jamais à attendre le jour où toute discorde s’apaisera. Songez seulement à l’aube d’un pareil jour ! C’en est fini de la tempête, des coups et des haines ; tout est paisible ; le soleil nouveau se lève, et unis enfin, les hommes las prennent conscience de la fin de leurs luttes et connaissent la tristesse de leur victoire ! Tant d’être sont péri pour le triomphe d’une idée, tant de croyances les ont laissés en route. Ils se sentent seuls sur la terre, et se serrent les uns contre les autres. Oui, il y aura bien des heures amères ! Mais l’angoisse finira par être submergée au fond des cœurs sous les flots d’amour.

Autres articles sur Joseph Conrad sur ce blog :

Joseph Conrad (1857-1924), d’origine polonaise, est considéré comme l’un des plus importants écrivains anglais du XXe siècle. Il sera marin pendant vingt ans, puis se consacrera totalement à son œuvre littéraire. Un nouveau volume vient de paraître à La Pléiade, intitulé Au cœur des ténèbres et autres écrits, avec une belle couverture colorée : un beau cadeau pour les fans en cette période de Noël !

Le dernier des Mohicans – James Fenimor Cooper

Le dernier des mohicans

Un magnifique bandeau rouge ajoutait : « Le premier romancier américain », puis « Nouvelle traduction »… Je me suis laissé tenté par ce livre que j’ai du lire quand j’étais très jeune…

Les deux préfaces de l’auteur nous donnent le contexte historique du roman, de manière tout à fait sérieuse et précise (les territoires, les tribus indiennes), et je m’attendais à partir dans un récit quasi historique. Passé les premières pages, j’ai vite été surpris par le ton général, l’auteur se permettant parfois de prendre un recul pour le moins inattendu dans la narration.

Ajoutons à cela une capacité des personnages à longuement discuter du pourquoi et du comment dans un style parfois très ampoulé, et tout cela en pleine scène d’action ; l’on se retrouve très vite dans une sorte de récit théâtral où l’on a vraiment du mal à trouver ses marques.

Et puis tout à coup, une scène d’une violence extrême vous frappe comme un uppercut : celle du guerrier indien avec le bébé ! Plus tard, ce sera le grand guignol, quand les indiens se font berner avec le déguisement en ours, ou encore avec la tête de castor…  Là, on tombe carrément dans le conte pour enfants tellement c’est peu crédible !

Seul le fond historique est vrai, et pas inintéressant pour autant : la guerre que se livre anglais et français, chacun allié avec des tribus d’indiens différentes ; les européens respectant un code d’honneur comme à l’époque, ce que les indiens bien sûr ne font pas ! Les personnages centraux sont très attachants, les deux Mohicans étant particulièrement calmes et intelligents , et l’éclaireur, alias Œil-de-Faucon, plutôt adroit au tir qui rappelle constamment que son « sang est blanc », pour bien se différencier des indiens : c’est un chasseur blanc, américain, qui a choisi de vivre loin de la civilisation, au milieu de la nature.

À l’opposé, les Hurons et leur chef « Renard Agile » sont dépeints comme cruels et belliqueux, aux croyances primitives, crédules et faciles à berner… Loin du niveau de la civilisation, ce ne sontque de vulgaires sauvages !

Globalement très déçu donc par ce roman, qui n’a sans doute pas très bien vieilli. Du coup, j’ai revu le film avec Daniel Day-Lewis, dont j’avais gardé un bon souvenir : l’histoire a été considérablement simplifiée (cette fois avec raison), mais il n’en reste finalement pas grand chose d’intéressant. Seule reste la musique ! 😉

James Fenimor Cooper (1789-1851) est un écrivain américain. Une partie de son œuvre est consacrée des amérindiens d’Amérique du Nord. On retrouve le personnage d’Œíl-de-Faucon dans cinq romans, dont Le Dernier des Mohicans, La Prairie et Le Tueur de daims.

Les mémoires de Maigret – Simenon

Les mémoires de Maigret - SimenonC’est à la radio que j’ai entendu parler de ce Maigret, « le meilleur » disait l’interlocuteur… Je l’ai donc commandé.

Et la lecture fut un plaisir, avec une mise en abîme où Maigret, le personnage créé par Simenon l’auteur, nous parle de ses débuts et de sa rencontre avec… Simenon, jeune auteur ambitieux qui, voulant mieux connaître le milieu policier, obtient par ses relations de passer quelque temps avec Maigret ; quelque temps plus tard, Maigret se retrouve à son corps défendant le personnage principal de ses romans ! Ces « mémoires » sont donc écrites pour rétablir la vérité !!

Nous allons donc en apprendre sur les origines de Maigret : l’importance de la figure de son père, qui explique pourquoi pourquoi il commence par deux années de médecine avant de bifurquer vers la police. Puis suivre les différents postes qu’il occupe avant de devenir commissaire, ainsi que les milieux interlopes croisés en ces occasions… Sans oublier sa rencontre avec celle qui deviendra sa femme, et qui le connaît mieux que quiconque.

Tout cela explique comment s’est construit l’homme et le commissaire, sa connaissance des milieux, sa compréhension des humains, son absence d’indignation ; ou encore son respect des « truands » (vous faîtes votre métier), tout cela amenant à une certaine vision de la société, où il peut presque prévoir ce qui va se passer (ou ce qui c’est passé) pour tel ou tel sorte d’individu.

Pas d’énigme criminelle à résoudre donc dans ce petit roman, mais la découverte du vrai Maigret, et pas le personnage imaginaire créé par Simenon ! 😉

Georges Simenon (1903-1989) est un écrivain belge francophone. Ses romans policiers éclipsent le reste de son œuvre très riche (193 romans et presque autant de nouvelles). Il est considéré par certins hommes de lettres (comme André Gide) comme « un romancier de génie ». Simon Leys, qui ne l’appréciait guère disait de lui (voir cet article) : « Simenon fournit un exemple extrême de contraste entre la grandeur de l’œuvre et la petitesse de l’auteur. Céline est un autre exemple. ».

Projet Framatube : soutenez Framasoft !

Framasoft lance un nouveau projet, appelé Framatube : vous l’aurez compris, il s’agit, toujours dans l’idée de Dégooglisons internet, de s’attaquer cette fois au service Youtube de Google. Un projet ambitieux !!

Le but est de se libérer de l’hégémonie de YouTube en innovant dans la manière dont on visionne et diffuse des vidéos : plutôt que de tout centraliser (ce qui coûte extrêmement cher à Google mais permet de garder le contrôle et d’influencer les contenus), et qui techniquement est probablement la méthode la moins pertinente aujourd’hui, l’idée est d’utiliser la techno peer-to-peer (P2P) pour décentraliser à travers un réseau d’hébergeurs, dont les vidéos vues sont partagées en direct entre internautes, de pairs à pairs.

Vous pouvez lire toutes les informations sur cette page, ou aller voir directement le projet PeerTube et sa page démo.

Framasoft explique que pour ce projet, il va avoir besoin de financement. J’ai donc fait un don à Framasoft en apprenant ce nouveau projet… Don défiscalisable à 66 % pour les contribuables français (ce qui fait qu’un don de 100 € revient, après impôts, à 34 €).

Pour ma part, j’utilise plusieurs de leurs services : Framadrive, qui m’offre 2Go de stockage accessible par Owncloud, et Framabag, qui me permet de sauvegarder et de classer des articles (pages web) pour les lire plus tard, grâce à Wallabag. J’ai également un compte sur Framasphere, le réseau social Diaspora, mais je ne l’utilise pratiquement jamais (pour l’instant).

Mais il en existe plein d’autres, et qui tous respectent vos données personnelles : pour travailler en collaboration, s’organiser à plusieurs, échanger, transmettre des fichiers…  Voir la liste complète.

LineageOS avec MicroG à la place des services Google

LineageOS avec MicroG L’autre jour, j’ai installé sur le smartphone l’application Xda Feed, histoire de recevoir les news à propos des forums XDA, qui fournissent tant d’informations et de ressources à propos d’Android. Sauf qu’en lançant l’application, un message m’avertissait que l’application ne fonctionnerait pas correctement car je ne disposais pas des services Google Play (GPS).

Et en effet, je n’ai pas de compte Google de déclaré sur le smartphone, puisqu’en le faisant, on installe en même temps les fameuses GApps (Google Apps) qui s’installent avec les droits système, et dont le code est privé. À partir de là, vous perdez le contrôle de votre smartphone d’une part (Google a la possibilité de vous identifier et de vous tracer), et d’autre part ces GPS ont un impact sur la consommation de ressources (mémoire, batterie).

Et puis, tant qu’à installer LineageOS, autant en profiter pour se passer de Google et se rapprocher le plus possible d’un idéal où vos données privées le restent, si tant est que cela soit possible avec Android.

Revenons à mon petit problème avec XDA Feed : malgré le message, l’application fonctionnait, mais forcément, il fallait creuser…

J’ai donc posé la question sur le forum XDA, et c’est là que j’ai entendu parler de MicroG… Plusieurs réponses me signifiaient qu’utiliser Android sans les services Google, c’était limiter grandement les possibilités d’Android, et une bonne âme me disait de tester avec microG, une alternative aux fameux GPS.

Alors qu’est-ce que c’est que microG ? Nous allons voir tout ça, comment l’installer sur LineageOS, puisque c’est la ROM que j’utilise (en fait une ROM toute prête existe), et comment le configurer.

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Au cœur des Himalayas – Alexandra David-Néel

Au cœur des Himalayas - Alexandra David-Néel Ce livre, publié en 1949, retrace la visite d’Alexandra David-Néel au Népal en 1912. C’est donc au tout début de sa vie d’aventureuse, bien avant qu’elle ne se rende au Tibet… À cette époque, elle vient d’arriver en Inde : mariée, elle est partie en promettant à son mari de revenir dans dix-huit mois… Elle ne reviendra que quatorze ans plus tard !

C’est donc le récit de son voyage au Népal qu’elle nous raconte : le pays est encore interdit aux étrangers, mais elle bénéficie d’une autorisation spéciale dont elle préfère ne pas dévoiler la source (sans doute un dignitaire anglais qui connaît un maharadja…). Elle va ensuite pouvoir visiter Katmandou et les anciennes capitales du royaume, Patan et Bhaktapur, puis la région du Téraï, la plaine qui jouxte l’Inde. Elle se rendra également sur le lieu de naissance du Bouddha.

Tout cela en chaise à porteurs, avec serviteurs, gardes, etc… Elle s’en défend et préférerai plus de liberté dans ses déplacements, mais son voyage est « sous contrôle ». La chaise à porteurs, les serviteurs, le cuisinier, ne semblent pas la déranger plus que ça par contre.

Elle est très érudite sur la mythologie, l’histoire du royaume, les rites hindouistes et leurs sacrifices, les sectes, etc… Et n’hésite pas à nous faire partager ses connaissances, au fil de son récit et de ses rencontres. On la sent tout de même un peu pédante parfois, condescendante envers les érudits locaux qu’elle rencontre ! Mieux vaut être un mystique ou un religieux que prétendre être un B.A. (bachelor ès Arts, l’équivalent de notre baccalauréat) à ses yeux !!

Mais l’ensemble est tout de même intéressant, cela reste un beau récit de voyage. Le point d’orgue étant sa rencontre avec un tigre alors qu’elle est en train de méditer, seule dans la jungle. Elle garde son contrôle et tâche désespérément de continuer sa méditation… et le tigre finit par s’en aller.

Chose amusante, j’ai retrouvé la même légende que celle racontée dans Le chapeau de Vermeer, ou comment les espagnols obtiennent un bout de territoire de Manille pour y ouvrir un comptoir. Timothy Brook disait que c’était un stratagème emprunté à l’Énéide… Ici, c’est la fille d’un Dieu, Kang Tchoungma qui utilise le même stratagème :

Elle était pieuse et décida de construire un stûpa en l’honneur de Bouddha. Pour ce faire, elle alla trouver le roi et le pria de lui donner un terrain sur lequel le stûpa pourrait être bâti. Mais bien que son intention fût d’ériger un grand stûpa elle ne demanda au roi que l’étendue d’un terrain qu’elle pourrait couvrir avec une peau de bœuf. Le roi ayant acquiescé à sa requête, la femme découpa une peau de bœuf en très fines lanières et en entoura l’espace qui est aujourd’hui occupé par le stûpa.

Décidément, les légendes ont la vie dure, mais manquent parfois de variété ! Pour info, il s’agissait du stûpa de Bodnath, l’un des plus grands du monde. Ceci dit, les espagnols avaient obtenu une longueur d’une douzaine de kilomètres… Beaucoup plus forts que Kang Tchoungma ! 😉

Pour finir, une autre anecdote qui m’a bien plu, à propos des Indiens et des Anglais (et des Blancs !) :

C’est sur les bords du Gange que j’ai entendu cette déclaration singulière : « Les Anglais nous méprisent et nous le savons. Mais nous nous méprisons les Anglais et ils ne le savent pas. C’est un avantage que nous avons sur eux.
L’Indien qui parlait ainsi nommait les Anglais parce qu’ils étaient les étrangers les plus proches de lui, mais tous les Blancs pouvaient être inclus dans sa déclaration.

Alexandra David-Néel (1868-1969) est une orientaliste, tibétologue, chanteuse d’opéra et féministe, journaliste et anarchiste, écrivaine et exploratrice, franc-maçonne et bouddhiste de nationalités française et belge ! Rien que ça, c’est ce que proclame Wikipedia en tout cas… De ce petit récit de voyage, difficile de la croire anarchiste, ne serait-ce que par son mode de voyage, mais aussi par ses remarques sur les personnes qu’elle croise. Il semble qu’elle s’y soit surtout intéressée dans jeunesse, toujours selon Wikipedia : à ce titre, cela fait certainement beaucoup d’anarchistes sur la planète.

Lectures, Ubuntu, Smartphone, Cinéma, entre autres…