Les voix de l’asphalte – Philip K. Dick

Les voix de l'asphalte L’autre jour, en passant chez Virgin, je vois ce bouquin sur une table. « Tiens, je ne le connais pas celui-là… ». Et sur la page arrière (la quatrième de couverture), je lis : « Dans ce roman inédit jusqu’à ce jour, et miraculeusement retrouvé, Philip K. Dick, plus visionaire que jamais, nous livre la radioscopie d’une amérique urbaine suffocante à travers le portrait mental d’un jeune homme au bord de la crise« . Evidemment, je le prend.

Ce n’est pas un roman de science-fiction, comme en a beaucoup écrit Dick. Plutôt un roman noir, d’abord par les pensées du jeune homme en question, Stuart Hadley, mais aussi par la vision de la société américaine décrite.

Stuart Hadley se pose des questions, ne trouve pas de sens à sa vie. Il est marié, a un bon boulot, il va être papa… tout pourrait aller pour le mieux. Et pourtant il ressent un malaise profond. Nous sommes à la fin des années cinquante, le maccarthysme vient de passer, c’est le début de la guerre froide. Stuart ne se retrouve pas dans les valeurs que la société prône : argent, travail, consommation, famille.

Il va alors s’égarer une première fois auprès de la société des Gardiens de Jésus, et de son leader dont il entend une conférence. Les Gardiens de Jésus annoncent que la fin du monde est proche : Stuart se dit que cela explique pourquoi la situation actuelle est si catastrophique : les choses commencent à se dérégler !
Puis il y rencontrera un femme, cultivée, mystérieuse. Elle publie une luxueuse revue crypto-fasciste .

Je vous laisse lire et découvrir ce qui se passera ensuite… et ce qu’il adviendra de Stuart. En préface, il y a un mot de Philip K. Dick, écrit en 1982, qui éclaire l’histoire :

J’habite un petit appartement du barrio mexicain et j’utilise une machine à écrire mécanique Olympia que j’ai achetée en 1964, le canapé de mon séjour est cassé, les chats l’ont saccagé, comme ma chaise. Tout le monde me dit que je devrais habiter les beaux quartiers d’Orange (ici, c’est le comté d’Orange) et que je devrais posséder une Mercedes-Benz. Je n’ai qu’un seul costume à moi ; Dieu sait comment je vais me débrouiller pour la première de Blade Runner. En gros, tout ce que je fais de mon argent – hormis les dépenses de base, l’alimentation, le strict nécessaire – , c’est aider des organisations humanitaires comme le American Friends Service Comittee. Ce que je veux dire, c’est que tout le monde me fait culpabiliser et me met mal à l’aise parce que je ne veux pas d’une maison à étage, et que je ne veux pas d’un nouveau traitement de texte. J’avais une petite amie qui roulait en Porsche Turbo, mais ça m’a fichu la trouille, et elle m’a fichu la trouille. J’ai à côté de moi une boite en carton dont je me sers pour ranger le matériel de ma machine à écrire – j’en étais vraiment venu au point où je me disais qu’il y avait un truc qui clochait en moi, à force de ne pas vouloir acquérir les attributs prouvant au monde mon status social, mon succès. Pourtant, ça fait trente ans que je suis un authentique écrivain et… je me suis rendu compte que je n’avais pas besoin de ça, que je n’ai rien à prouver à personne, et surtout pas à moi-même. Ecrire des romans et des histoires, c’est dur, comme travail, mais ce qui compte, c’est le travail proprement dit – pas seulement le travail produit, mais aussi l’acte de travailler ; la besogne en elle-même. Le fait que je tape sur du papier bon marché acheté au Market Basket Supermarket ne joue ni en ma faveur ni en ma défaveur dans le grand tableau des résutlats, là-haut, au ciel, autrement dit, dans mon propre coeur.

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