Comme prévu, j’ai lu ce roman après que l’auteur ait expliqué l’origine de son inspiration dans l’excellent Vaurien (voir article précédent).
Je dois dire que c’est bien mené, avec Lou Ford, ce shérif adjoint qui nous raconte à la première personne son délire de meurtres, particulièrement de femmes, suite à un traumatisme qu’il a subi dans son enfance. Et il va aller loin avant d’être empêché de nuire, car même s’il est vite soupçonné, l’absence de preuves et sa flagornerie toute sudiste lui permettent de poursuivre son projet en toute impunité.
Le style est prenant, avec toutes ces proverbes à la noix que Lou balance sans arrêt à ses interlocuteurs, ce qui le fait passer pour un abruti bavard, et qui l’arrange pour mener à bien ses projets (un peu comme dans un autre des romans de Jim Thompson, 1275 âmes, dont s’est inspiré Bertrand Tavernier pour « Coup de torchon »). Il y a aussi toutes ces phrases non achevées (presque trop), avec des points de suspension, car dans le Sud, il y a des choses qui ne disent pas… La société décrite est finalement assez inquiétante : on peut faire beaucoup de choses tant que les apparences sont sauves.
Un grand roman noir, où Jim Thompson montre tout son talent, adapté à l’écran sous le titre éponyme du roman : « The killer inside me ».
Jim Thompson (1906-1977), est un écrivain américain de roman noir, un nouvelliste et un scénariste de cinéma. Il écrira au total vingt-neuf romans, en partie autobiographiques, dont la plupart servant avant tout à rembourser des dettes. Il meurt dévoré par l’alcool et la maladie, dans la misère et l’anonymat.
Il a peu été reconnu de son vivant, ce n’est qu’après sa mort que sa réputation grandit. Côté cinéma français, le film « Coup de torchon » de Bertrand Tavernier a donc été adapté de « 1265 âmes » (excellent !); « Série noire » d’Alain Corneau avec Patrick Deweare est adapté de « A hell of a woman » (« Une femme d’enfer » ). Outre-atlantique, on peut aussi citer « Les Arnaqueurs » comme autres adaptations connues.