Avec un titre et un auteur pareil, le bouquin a de quoi faire peur… C’est Michel Onfray qui en parlait lors d’un de ses cours sur la contre-histoire de la philosophie, disant que l’on n’appréhendait plus les lapsus de la même manière une fois ce livre lu. Et comme on fait tous.. y compris Freud d’ailleurs !
Et finalement, ce livre se lit très facilement : Freud s’y exprime très clairement, avec même beaucoup de retenue. Loin d’énoncer des certitudes, il se borne à analyser (forcément !) des exemples de la vie courante, soit tirés de sa propre expérience, soit qu’ils lui ont été rapportés. Mais il le fait très simplement, sans aucune suffisance dans ses propos; il se borne à tenter des explications au cas par cas… oublis de noms, lapsus, erreurs d’écriture, actes manqués… tout y passe, et à chaque fois qu’une analyse est possible, on retrouve la trace de l’inconscient derrière tout ça. Car ce dernier travaille sans cesse, infatigablement.
Il dit une chose très simple sur les oublis :
Je puis indiquer d’avance le résultat uniforme que j’ai obtenu de toute une série d’observations : j’ai trouvé notamment que dans tous les cas l’oubli était motivé par un sentiment désagréable.
Un début de piste pour analyser votre dernier oubli ? 😉 Si cela peut paraître évident dans certains cas, dans d’autres, cela vous interrogera ! Le principe peut être même être étendu :
Tout le monde admet qu’en ce qui concerne les traditions et l’histoire légendaire d’un peuple, il faut tenir compte, si l’on veut bien les comprendre, d’un motif semblable, c’est-à-dire le désir de faire disparaître du souvenir du peuple tout ce qui blesse ou choque son sentiment national. Une étude plus approfondie permettra peut-être un jour d’établir une analogie complète entre la manière dont se forment les traditions populaires et celle dont se forment les souvenirs d’enfance de l’individu.
En cette période de débat sur l’identité nationale… voilà un angle intéressant à creuser ! Et de citer Darwin qui à chaque fois qu’il se trouvait en présence d’une idée nouvelle qui contredisait ses propres résultats, le notait systématiquement, sachant par expérience que les faits et les idées de ce genre disparaissent plus facilement de la mémoire que ceux qui vous sont favorables. Autre citation, de Nietzsche cette fois (Au-delà du bien et du mal, II) :
«C’est moi qui ait fait cela» dit ma mémoire. «Il est impossible que je l’aie fait» dit mon orgueil et il reste impitoyable. Finalement – c’est la mémoire qui cède.
Ce livre est donc une suite d’anecdotes, suivies de l’explication probable de l’erreur… Ces énumérations peuvent être un peu lassantes à la longue (sans doute nécessaires à la démonstation), mais les réflexions et les analyses de Freud sont passionnantes, comme vous pourrez en juger dans les extraits ci-dessous.
Le truc, c’est évidemment d’analyser : dans quelles conditions étions-nous mentalement ? quelque chose nous tracassait-il ? que nous évoque le mot ? se concentrer sur ce qui nous passait par la tête à ce moment là, etc… De toutes ces informations peut venir l’explication…
Extraits
Continuer la lecture… Psychopathologie de la vie quotidienne – Sigmund Freud