Cycle Les quatre saisons – Leonardo Padura

Passé parfait Après l’excellent L’homme qui aimait les chiens, j’ai eu envie de lire d’autres romans de cet auteur cubain. Et je suis tombé sur cette série de quatre romans policiers, qui font partie du cycle « Les quatre saisons », chaque histoire se déroulant à une saison de l’année 1989.

Leonardo Padura était journaliste, critique littéraire, scénariste pour le cinéma… puis il décida de se lancer dans l’écriture, et ce seront ses quatre premiers romans. Des romans policiers, où le lieutenant Mario Conde, la quarantaine désabusée, tendance alcoolique, va enquêter dans La Havane.

Vents de carême Mais attention, la censure existe à Cuba, et l’auteur utilise le roman policier, au gré des affaires qui sont confiées à Mario Conde, pour décrire cette société cubaine, amenée à gérer au quotidien une pénurie chronique (les camarades soviétiques ne les aident plus depuis longtemps). Les idéaux de la Révolution ont largement eu le temps de se ternir face à une réalité économique désastreuse. Pour certains, le seul espoir est de pouvoir un jour quitter l’île vers la Floride… quand d’autres se sont laissés corrompre. Tout cela donne un intérêt supplémentaire à ces enquêtes policières (qui ne sont finalement qu’un prétexte).

Electre à la Havane Il faut dire que la vision désabusée de Mario Conde n’y est pas étrangère. Célibataire, sa famille se résume à quelques amis d’enfance, avec qui le mot amitié prend tout son sens. Eux aussi ont eu leurs galères, ont vu leurs espoirs se réduire à peu de choses, leur jeunesse enfuie. Alors on boit du rhum de contrebande le soir, jusqu’à tomber par terre… Auparavant, Joséphine, la mère du Flaco (le meilleur ami de Mario), est un véritable cordon-bleu, capable de tirer le meilleur de bien peu de choses, et ils peuvent se remplir l’estomac avant d’attaquer les choses sérieuses.

L'automne à Cuba Un autre thème récurrent des histoires est la corruption des élites. Au moment de la révolution, beaucoup de riches cubains ont fuit le pays en y laissant leur richesse. L’État s’en est emparé, mais certains se sont enrichis facilement à ce moment-là, profitant de leur situation. Rien de nouveau sous le soleil, pourrait-on dire. Et s’il y a une chose qui énerve Mario Conde, c’est l’injustice et la malhonnêteté ; il ne leur fera pas de cadeau.

Dans « Électre à La Havane » (le troisième), c’est le thème de l’homosexualité qui est abordé : hypocrisie des élites, préjugés moraux, répression politique, les homosexuels cubains eurent la vie difficile dans les années 60 et 70. Le meilleur des quatre romans à mon goût.

Et dans « L’automne à Cuba », après une dernière enquête, Mario Conde démissionne de la police, qui apparaît elle aussi largement corrompue. On a pu voir le personnage évoluer au cours de ces quatre romans : dégoûté, il décide finalement de devenir écrivain, ce qu’il voulait être plus jeune, et advienne que pourra :

Il lui fallut courir pour s’enfermer dans les toilettes. Il ouvrit le robinet du lavabo et regarda l’eau qui coulait transparente et pure, avant de mettre les mains sous le jet et de se mouiller le visage, encore et encore, tentant d’enlever la saleté oppressante du désenchantement : la certitude d’avoir assisté à l’écroulement de plusieurs vies avait mis sous ses yeux la plus éclatante évidence quant à savoir pourquoi il avait été incapable d’écrire cette histoire dépouillée et émouvante à laquelle il rêvait depuis des années : ses vraies expériences étaient d’habitude ailleurs, très loin de la beauté, et il comprit qu’il devait d’abord vomir ses frustrations et ses haines pour être ensuite capable – s’il l’était, si un jour il l’avait été – d’engendrer quelque chose de beau. Il venait juste de reconnaître la dimension de la peur qui l’avait empêché de laisser couler sur le papier, de rendre réel, vivant, indépendant, et peut-être impérissable, ce fleuve de lave obscure qui avait emporté sa vie et celle de ses amis, et les avaient transformés en ce qu’ils étaient : moins que rien, rien de rien, rien que le néant.

Leonardo Padura est un journaliste et écrivain cubain, né à La Havane en 1955. Ces quatre romans sont donc ses premières œuvres : cela se sent dans le premier (Passé parfait), quand on le lit après L’homme qui aimait les chiens… mais le style évolue très vite, et le personnage de Mario Conde également. On a hâte de le retrouver dans d’autres romans !

Endgame Tome 1 – L’appel – James Frey

Endgame Tome 1 - L'appel - James Frey Je n’aurais jamais du lire ce livre, c’est une erreur ! Et je vous conseille d’en faire autant, à moins d’être un ado (pas forcément attardé) ! 🙂

Comment ce livre m’est-il arrivé entre les mains ? Eh bien, je dois remercier les amis, qui cette fois se sont bien plantés : tous les ans au réveillon, nous sommes deux ou trois à avoir droit à un cadeau, parce notre anniversaire est très proche (le 02 janvier dans mon cas)… très belle attention de leur part, n’est-ce pas ?

Sauf que… dans  la réalité, l’organisation pêche un peu : « on » va faire les courses au supermarché, et « on » choisit vite fait un bouquin au hasard parce qu’«on » est pressé : c’est ça ou « on » n’aura pas le temps d’aller boire un coup ! 😉 Et puis quoi on est au supermarché hein ? alors on en prend un gros, plus c’est gros plus c’est beau… Là, en l’occurrence, ça pourra servir à caler un meuble éventuellement… 😉

Et donc voilà : un scénario à deux balles, des clichés à la pelle, et surtout une écriture affligeante de pauvreté, tout ça sur 500 pages. Un calvaire à lire, attendant désespérément quelque chose d’intéressant, en vain.

Et comme le livre est couplé à une opération sur le web, où les passionnés (pas de littérature en tout cas !) pourront aller essayer de résoudre les énigmes (500 000 $ à gagner tout de même !), l’auteur nous inflige page après page des chiffres jusqu’à l’écœurement, car tout est important pour résoudre les énigmes.

Il en résulte donc des phrases du genre : « ce matin, untel s’est réveillé à 10h 24mn et 8,412 secondes». Le livre en est truffé ! Une horreur…

Comment conclure ? se rappeler qu’il existe des librairies pour acheter des livres, et accessoirement des libraires pour vous conseiller !

James Frey, né en 1969, est un écrivain américain, principalement connu pour ses mémoires (A Million Little Pieces), qui se révélèrent en partie bidon quelques années plus tard (voir ici). On voit qu’avec ce livre il a définitivement choisi la voie du bidonnage, littéraire cette fois !

Rooter le Mororola Moto G 4G LTE

root android Comme expliqué dans un précédent article, je veux « rooter » mon nouveau smartphone Motorola Moto G 4G.

D’abord, nous verrons ce que cela veut dire, et pourquoi je veux le faire. Ensuite, il faudra parler du mode « recovery » et pourquoi je ne souhaite pas le modifier sur le smartphone pour l’instant. Enfin nous passerons aux choses sérieuses, quelles étapes j’ai suivi pour y arriver.

Il a fallu lire de nombreuses pages sur les forums, avec des informations pas toujours précises pour ce modèle. Finalement tout a fonctionné, mais vous verrez que la dernière partie (flasher SuperSU.zip) s’est révélé plutôt limite.

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Éloge des voyages insensés – Vassili Golovanov

Éloge des voyages insensés - Vassili Golovanov C’est à la radio que j’ai entendu parler de ce livre : Elisabeth Barillé était l’invitée de l’émission « Les racines du ciel » sur France Culture, pour y parler de Lou Andréas Salomé, et de son livre « Lou Andreas Salomé : L’école de la vie ».

À la fin de l’émission, on lui demande si elle a un livre à recommander, et c’est ce livre qu’elle mentionne : « pour moi un des plus beaux livres jamais écrit depuis ces vingt dernières années… récit de voyage sur la quête du nord… en  l’occurrence, quand on est russe, c’est le fin fond de la Sibérie… récit qui croise les mythes, ses mythes intérieurs, les mythes de l’humanité».

Il n’en fallait pas plus pour me convaincre. Hélas, le livre n’existe pas en poche, et coûte tout de même 29 €…

Le titre pourrait se limiter à « Éloge des voyages », même si celui-ci est effectivement assez insensé, puisque l’auteur se rend sur une île appelée Kolgouev, située dans la Mer de Barents (océan Arctique), et pratiquement déserte. Toujours est-il qu’à lire ce récit, on a une furieuse envie de prendre son sac à dos, même si une destination moins rude ferait aussi bien l’affaire…

La prose de Vassili Golovanov, superbe, nous emporte avec lui dans cette expédition un peu folle ; il nous fait partager ses doutes, ses réflexions, l’histoire de l’île, interroge les anciens, raconte des légendes, montre comment le peu de notre civilisation qui a réussi à venir jusqu’ici a réussi à détruire le mode de vie des locaux ; mais aussi l’expédition pour découvrir l’intérieur de l’île, les longues marches dans la toundra, les difficultés à trouver son chemin dans ce territoire vierge, le froid et l’humidité, la fatigue… tout en décrivant magnifiquement cette nature pourtant si rude.

Un très beau livre sans aucun doute, je l’ai lu tranquillement, et c’était un plaisir de s’y replonger à chaque fois. La presse surnomme l’auteur « le Nicolas Bouvier russe », et avec raison : même capacité à nous emmener dans un récit de voyage. Lui se classe dans les « géographes métaphysiques »…

Voilà quelques extraits pour vous faire une idée :

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Nouveau smartphone : Motorola Moto G 4G LTE

MOTO G 4G LTE J’ai fini par craquer et acheter un nouveau smartphone. J’avais un « vieux » HTC Desire (acheté d’occasion), qui plantait aléatoirement depuis le premier jour, et les « ROMs » alternatives n’amélioraient rien. Il fallait rester en Android 2.3 pour avoir quelque chose d’à peu près stable, et cela devenait bloquant, comme pour la synchronisation des calendriers avec le PC.

J’avais pensé attendre la sortie prochaine d’un smartphone sous Ubuntu (sortie la semaine prochaine sous la marque espagnole BQ du premier modèle), mais le manque d’applications m’a fait changer d’avis : il faudra du temps pour disposer d’un choix d’applications conséquentes. Je ne me vois pas me passer d’OsmAnd par exemple…

J’ai donc fait des recherches pour trouver ce qui pouvait me convenir le mieux, avec un budget fixé à moins de 200 €. Le choix s’est donc porté sur le Motorola Moto G 4G LTE, sorti durant l’été 2014, et disponible à 175 € sur materiel.net par exemple, ou 189 € à la FNAC.

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La France d’hier et d’aujourd’hui – Alain Finkelkraut

France Culture - Répliques - Alain Finkelkraut Il y a 10 jours, Alain Finkelkraut invitait Alain Duhamel et Eric Zemmour à son émission Répliques du samedi matin.

J’avais récemment discuté avec un copain d’Eric Zemmour, où j’exprimais mon désaccord avec ses thèses, ce à quoi le copain me répondait que je ne les connaissais pas. J’avais simplement vu son interview à « On n’est pas couché », ce qui, je veux bien l’admettre, n’est sans doute pas suffisant.

J’ai donc écouté attentivement l’émission de A. Finkelkraut. Je ne partage pas forcément les idées de ce dernier, mais au moins son émission ‘Répliques’ est (selon le sujet) très intéressante, car il mène bien le débat : c’est construit, réfléchi, bien préparé, et chacun peut s’exprimer. Pour le reste, c’est un philosophe nostalgique des Lumières… qui partage certaines craintes de Zemmour.

Mais revenons à l’émission, disponible ici (3 ans en écoute, 1 an en podcast, comme toutes les émissions de FC). Je l’ai podcastée et écoutée en prenant des notes, histoire de bien comprendre de quoi il s’agit. On y parle aussi de Charlie Hebdo en fin d’émission. Vous trouverez en fin d’article un synopsis rapide des idées échangées durant le débat.

On pourrait presque résumer tout ça à une affaire entre optimistes et pessimistes :

  • Zemmour regrette la grande époque de la France, où celle-ci dominait l’Europe, et crie à la trahison des élites (concept fumeux à mon goût). Il y a d’autre part trop d’immigrés en France, de plus leur intégration est impossible puisqu’ils sont musulmans et ne respectent qu’une seule loi, celle du Coran. Il faut donc qu’ils partent.
  • Duhamel se demande pourquoi on devrait dominer l’Europe ? si notre influence a baissé, c’est de notre faute, à nous de nous impliquer. Les élites ? il y en a partout, et de chaque côté. Quant à l’immigration, il y a un problème, mais il n’est pas insoluble (éducation), et il ne faut pas oublier le contexte : la crise économique. Enfin, l’islam est compatible avec la République, car chacun compose entre sa religion et les lois du pays, c’est le principe de la République laïque.

Comme je comprends la chose, Zemmour est ce que l’on appelle un réactionnaire : quelqu’un qui, face à un présent qui l’inquiète, voudrait revenir à un passé révolu. Duhamel étant de son côté un progressiste, prêt à améliorer le présent. On peut comprendre les deux points de vue. Mais affirmer que l’islam n’est pas compatible avec la République me semble objectivement faux, et sans doute l’expression d’une peur.

Nous sommes sans doute nombreux à nous inquiéter de l’évolution de la société, et avec raison : mondialisation, financiarisation de l’économie, pas de répartition des richesses, épuisement des ressources de la planète… Pour ma part, la situation économique est grandement responsable de ces tensions : à l’époque (elle aussi révolue) du plein emploi, l’intégration fonctionnait très bien, musulmans compris.

Les notes prises durant l’émission :

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Hunter S. Thompson, journaliste & hors-la-loi – William McKeen

Hunter S. Thompson, journaliste & hors-la-loi - William McKeen Ce n’est pas le premier bouquin de Thompson que je lis, et pourtant c’est par celui-là qu’il vaut mieux commencer (en tout cas pour lire les « Gonzo papers ») : quoi de mieux qu’une biographie pour découvrir une personnalité ? surtout aussi complexe que celle-ci.

Car ce n’est pas facile de faire la part de vérité entre la légende, le personnage réel, et ses provocations. Lui-même s’y fera prendre d’ailleurs… à son corps défendant.

Il voulait devenir un grand écrivain américain (il tapait à la machine à écrire des œuvres comme ‘Gatsby le magnifique’ pour « apprendre »), mais il échoua, et le savait. Sa consommation de cocaïne n’y est pas étrangère, et marque nettement la baisse de ses capacités littéraires.

C’est l’éditeur Tristram qui nous propose cette traduction, préfacée par Philippe Manœuvre : couverture souple, papier recyclé, très agréable à lire. Tristram a également entamé la publication de l’intégrale des « Gonzo papers » (3 volumes déjà parus).

Voilà donc quelqu’un qui a passé sa vie sous le régime coke/alcool, alcool/coke, et bien décidé à mener l’affaire jusqu’au bout, et qui a le dialogue suivant avec une étudiante lors d’une de ses conférences :

Une étudiante : Monsieur Thompson…
Hunter Thompson : Appelez-moi Hunter !
Une étudiante : Hunter… êtes-vous pour ou contre la légalisation ?
Hunter Thompson : Pour ! Absolument pour ! Là, maintenant, tout de suite (applaudissements nourris) ! On va y laisser la moitié d’une génération, mais au regard de l’histoire, c’est quoi une demi-génération (tohu-bohu dans la salle) ?!

Ceci pour vous donner une idée du personnage… Il ne lâche rien, et ne lâchera jamais rien… journaliste/écrivain, inventeur du journalisme gonzo (lire « Las Vegas Parano », ou encore mieux « Hell’s Angels »), mais pas que ça. Obsédé par « la mort du Rêve Américain », la perte des idéaux des années 60 (moment qu’il associe à l’assassinat de JFK), il s’implique aussi en politique, soutenant les démocrates, et faisant de Nixon sa bête noire.

La répression policière à Chicago lors de la convention démocrate de 1968 (660 arrestations, 1 000 blessés, un mort) le marqua également profondément :

Je suis allé à la Convention démocrate en journaliste, j’en suis revenu en bête féroce.

Il revint à Wood Creek presque muet et, pendant des semaines, ne put parler de Chicago sans fondre en larmes. Son cynisme envers la politique prit des proportions monstrueuses.

Tout ça pour dire que le personnage, certes tout en excès et provocation, est remarquablement lucide sur le monde, en particulier sur l’Amérique. Ses jugements sont souvent fulgurants, et ses écrits valent le détour.

Voilà quelques extraits choisis.

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Synchroniser les agendas de Thunderbird et Android avec Baïkal

le site de baikal Je ne suis pas un grand utilisateur du smartphone, pas plus que du simple téléphone d’ailleurs… néanmoins, un smartphone est un véritable ordinateur de poche, et l’on peut utiliser ses possibilités pour des choses bien pratiques.

L’une de ces choses, qui me trottait dans la tête depuis un petit bout de temps, c’était la synchronisation de mes deux agendas : le principal étant sur le PC, dans Thunderbird (Lightning, un add-on), et bien sûr le calendrier du smartphone, sur lequel j’ai pris l’habitude de noter des rendez-vous, etc… lorsque je suis hors de chez moi… Quitte à le recopier manuellement sur le PC une fois à la maison, ce qui était vraiment fastidieux et source d’erreur.

Je précise que si j’utilise Android, ce n’est pas la ROM d’origine, et que je ne déclare pas de compte Google lors de l’installation. L’idée générale est de se « dégoogliser » (voir cet article),  et d’apprendre à se passer de tous les beaux services « offerts » par Google.

Comme je bénéficie désormais d’un hébergeur qui offre lui aussi des possibilités, je me suis mis à chercher comment faire. Les deux agendas ne pouvant se synchroniser tous les deux directement, il va falloir utiliser le protocole CalDAV et un serveur, Baïkal en l’occurrence…

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Lectures, Ubuntu, Smartphone, Cinéma, entre autres…