Statistiques du blog – année 2015

bonne année 2016 Tout d’abord, meilleurs vœux pour cette nouvelle année 2016 à toutes et à tous passant sur ce blog, par hasard ou pas…
Santé & bonheur pour vous et vos proches, c’est le plus important dans ce monde qui bascule doucement.

Comme chaque année (ou presque), il est temps de faire les statistiques du blog. Et cette fois, on repart de zéro puisque fin 2014 j’ai migré vers un nouvel hébergeur, suite à des déconvenues avec Free (voir ici).

Repartir de zéro (ou changer d’hébergeur) a des avantages et des inconvénients, vous allez voir pourquoi !

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L’étreinte du serpent – Ciro Guerra

L'étreinte du serpent - Ciro Guerra« Un rêve amazonien » est-il indiqué en haut de l’affiche… Il y est bien question de rêve, mais d’une sorte bien particulière, le rêve initiatique qui t’apprend qui tu es… Dès les premières images de ce film en noir et blanc, on est transporté dans un autre monde, au fin fond de l’Amazonie colombienne, et plus l’histoire va se dérouler, plus ce monde va nous paraître étrange…

Je crois qu’à la fin du film, le réalisateur indique que ce film est dédié à tous les peuples méconnus dont les modes de vies sont menacés. Et ce sont bien les indiens, leur culture qui sont au centre du film, sans oublier la forêt amazonienne et le fleuve qui sont omniprésents.

L’histoire est celle de Karamakate, un chaman amazonien qui vit seul dans la jungle, dernier survivant de son peuple. Des dizaines d’années de solitude ont fait de lui un chullachaqui, un humain dépourvu de souvenirs et d’émotions. Survient un explorateur américain à la recherche d’une plante sacrée, la Yakruna, qui a la propriété d’apprendre à rêver. Or quarante ans plus tôt,  un autre explorateur, allemand cette fois-ci, avait sollicité l’aide du jeune Karamakate pour la même demande.

Présent et passé vont alors s’entrecroiser pendant qu’ils s’enfoncent dans la forêt amazonienne, nous racontant les deux expéditions. Peu  à peu, Karamakate va retrouver ses souvenirs… La scène où Karamakate et l’explorateur américain reviennent dans la mission chrétienne est proprement hallucinante : le prêtre est mort, et les indiens sont devenus une sorte de secte proche de la folie. Mais il n’y a pas que les missionnaires qui ont semé la pagaille et la mort : le caoutchouc a aussi attiré beaucoup d’aventuriers prêts à tout pour s’enrichir, et détruisant par la même occasion la culture indienne.

Mais revenons à la trame du film, voilà ce qu’explique Ciro Guerra :

On retrouve l’idée, dans de nombreux textes sur le monde indien, d’une notion différente du temps. Le temps n’est pas une continuité linéaire, tel que nous l’entendons en Occident, mais une série d’événements qui ont lieu simultanément dans plusieurs univers parallèles. C’est ce qu’un écrivain a décrit comme « le temps sans temps » ou « l’espace sans espace ». J’ai fait le lien avec cette idée des aventuriers qui mentionnaient le fait que, bien souvent, lorsque l’un d’eux revenait 50 ans après le passage d’un autre, l’histoire du premier avait déjà pris la forme d’un mythe. Pour beaucoup de communautés, c’était toujours la même personne qui revenait parce que l’idée d’un seul homme, d’une seule vie, d’une unique expérience vécue à travers de nombreuses personnes était profondément ancrée. Cette idée m’a semblé être un point de départ très intéressant pour le scénario parce que, bien que ce soit un film raconté du point de vue des Indiens et dont le personnage principal est un Indien, il offrait au spectateur des points d’accroche par le biais de ces personnages qui viennent de notre monde et dont on comprend les motivations. Puis, lentement, à travers eux, on cède le pas à la vision du monde indien que nous offre Karamakate.

Un très bon film, avec une histoire aussi étrange que passionnante. Les acteurs indiens (en particulier Karamakate jeune et vieux) sont remarquables.

Ciro Guerra, né en 1981,  est un réalisateur colombien. Ce film est son troisième long métrage.

Millénium 4 – Ce qui ne me tue pas – David Lagercrantz

Millénium 4 - Ce qui ne me tue pas - David LagercrantzVoici la fameuse suite à la trilogie de Stieg Larsson, tant attendue puisque son auteur fut victime d’une crise cardiaque avant la parution de son œuvre…

Après la polémique sur les droits d’auteur (la famille refusa d’inclure la compagne de 30 ans de Stieg Larsson car ils n’étaient pas mariés), je n’avais pas trop envie d’acheter ce livre, même si la part de recettes revenant à la famille sera intégralement reversée au magazine antiraciste Expo, fondé par Stieg Larsson. Finalement, je l’ai emprunté à des amis, et je l’ai lu en trois jours.

Alors que vaut ce quatrième opus ? on retrouve bien l’ambiance de Millénium, avec les deux héros que sont Mikael Blomkvist et Lisbeth Salander. L’intrigue tourne autour de l’intelligence artificielle, de l’espionnage industriel et de la NSA. Lisbeth en ayant terminé avec son père, c’est avec sa sœur qu’elle va en découdre… et comme celle-ci disparaît à la fin du roman, il y aura certainement une suite à ce quatrième tome (on ne tue pas la poule aux œufs d’or !).

J’ai bien aimé dans l’ensemble, ça se lit très facilement, comme tout bon polar. Pour le style, j’ai trouvé qu’il  y avait beaucoup de personnages secondaires que l’auteur prend le temps de décrire, pour disparaître aussitôt, alourdissant inutilement l’histoire, qui manque tout de même un peu d’action. Une autre chose un peu énervante est sa manie de couper abruptement la narration à un moment crucial, pour y revenir plus tard et ainsi ménager le suspens. Un peu trop systématique à mon goût.

Quant à la crédibilité… Lisbeth qui hacke le réseau intranet de la NSA, l’enfant autiste qui craque une clef RSA… tout semble permis ! D’ailleurs, je n’ai pas vraiment retrouvé le personnage de Lisbeth, plus humaine dans ce roman, et également moins présente, à ma grande déception.

David Lagercrantz, né en 1962, est un journaliste et auteur de best-sellers suédois, également connu pour avoir écrit une biographie de Zlatan Ibrahimović.

Le dernier jour d’Yitzhak Rabin – Amos Gitaï

Le dernier jour d'Yitzhak Rabin - Amos Gitaï Ce film retrace l’enquête qui suivit l’assassinat de Yitzhak Rabin par Yigal Amir, un étudiant juif religieux d’extrême droite, en 1995, mettant ainsi fin à l’espoir d’une paix possible entre Israël et la Palestine (les accords d’Oslo).

Mêlant les images d’archives et une reconstitution des interrogatoires réalisés par la commission d’enquête, le film est proche du documentaire. Il ne tire pour autant pas de conclusions sur les potentiels instigateurs de l’attentat, la commission d’enquête se limitant (sur ordre) à savoir s’il y a eu des négligences du service de sécurité. Au spectateur de se faire sa propre idée pour le reste…

Il semble bien que des rabins extrémistes aient prononcé un « Din Rodef » (un équivalent de la Fatwa des musulmans) contre Yitzhak Rabin au nom du « Grand Israël » que les accords d’Oslo remettaient en cause en accordant aux Palestiniens le contrôle de certaines parties du territoire. Dans une scène, on voit que ces extrémistes religieux ne reconnaissent pas vraiment l’autorité du gouvernement de la démocratie israélienne. Ils se placent au-dessus, et seuls les textes sacrés comptent.

La scène avec la psychiatre qui livre aux religieux son analyse « professionnelle » en qualifiant Rabin de schizoïde, et comme tel incapable de percevoir la réalité et donc de prendre les bonnes décisions est assez révélatrice du mélange des genres permettant toutes les justifications.

Le rôle du Likoud (parti politique sioniste israélien de tendance nationaliste), et de son leader Benyamin Netanyahou (actuel premier ministre) n’est pas non plus à négliger, car il appelait à la division avec un discours de haine et de violence. On voit bien à l’heure actuelle la politique qu’il applique, et l’absence de progrès d’un quelconque processus de paix.

S’il y a bien eu des lacunes du service de sécurité, rien ne permet de dire qu’ils aient été volontaires. La zone où Yitzhak Rabin a été abattu n’avait pas été « stérilisée » comme cela aurait du être le cas, et le chauffeur n’avait pas été informé du parcours d’urgence à utiliser pour sortir, perdant ainsi un temps précieux pour emmener Yitzhak Rabin à l’hôpital (8 minutes pour faire 500 mètres à cause des rues bloquées par la police).

J’ai trouvé ce film passionnant, et s’il dure 2h30, je ne les ai pas vraiment vu passer. La clef de toute cette histoire, ce sont les extrémistes religieux, minoritaires mais voulant décider pour tout le peuple. Mais qui sera vraiment surpris ? La question sous-jacente, c’est de savoir si Israël est vraiment une démocratie (la seule de la région).

Amos Gitaï est un cinéaste israélien né en 1950 à Haïfa. Il entame en 1968 des études d’architecture qu’il doit interrompre en 1973 pour aller servir sous les drapeaux lors de la guerre du Kippour, où il sera blessé. Cinéaste prolifique, il devra s’exiler en France entre 1983 et 1993 suite à son film « Journal de campagne » retraçant l’invasion du Liban en 1982.

La folie Almayer – Joseph Conrad

La folie Almayer - Joseph Conrad Retour à Joseph Conrad, avec son premier roman, celui qui le consacra comme écrivain… auprès des connaisseurs et des critiques essentiellement ! Car lors de sa sortie, le livre se vendît peu auprès du public, et encore aujourd’hui, ne fait pas partie de ses œuvres majeures.

Pourtant Conrad a pris le temps de peaufiner son premier récit : commencé en 1889, et à cette époque encore officier de marine, il va trimballer le manuscrit par delà les mers, et risquer de le perdre plusieurs fois. Le roman est finalement publié en 1895, et si Conrad n’en reçoit que très peu d’argent, il sait désormais qu’il deviendra un écrivain, et consacrera les trente années qu’il lui reste à vivre à écrire.

Le thème choisi par Conrad est celui de la déchéance d’un Européen en Indonésie. Quand le roman commence (mais la narration n’est pas chronologique, Conrad fait de fréquents aller-retour dans le passé, un style qu’il emploiera souvent dans ses romans), Kaspar Almayer fait le point sur sa vie en attendant désespérément le retour du capitaine Tom Lingard, assis sur sa véranda auprès d’entrepôts pourrissants au bord d’un fleuve, dans la jungle de Bornéo.

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Ixcanul – Jayro Bustamante

Ixcanul - Jayro Bustamante Encore un très bon film, V.O. en langue Maya (ce qui doit être assez rare), ce qui se révélera être la clef du film lors de l’épilogue que je n’ai pas vu venir et qui m’a laissé coi !…

Maria, une jeune fille de 17 ans, vit avec ses parents au pied d’un volcan au Guatemala. Ils sont pauvres, et vivent de la récolte du café, travaillant pour le compte de propriétaires terriens. Maria est promise au fils du propriétaire, qui vient de perdre sa femme, mais elle rêve d’échapper à son destin en s’enfuyant avec Pepe, un jeune travailleur qui compte partir aux États-Unis, pays de toutes les promesses d’une vie meilleure (« c’est là, derrière le volcan, il y a juste le Mexique à traverser »).

Mais Pepe veut que Maria « soit gentille » avant de lui promettre quoi que ce soit. Un soir, Maria vient le retrouver avec une bouteille d’alcool (ce même alcool blanc que, dans la scène assez drôle d’ouverture, on voit la mère faire boire à un verrat trop peu enclin à faire son office !). Maria va s’offrir à Pepe, et se retrouver enceinte…

La suite, je vous laisse la découvrir… La mère de Maria, une femme forte et courageuse, va la défendre et lutter pour sa fille (l’actrice et le rôle sont magnifiques). Ces familles vivent encore sous  le poids des superstitions, mâtiné de religion chrétienne, et totalement dépendants des propriétaires, car ne parlant pas l’espagnol, la langue officielle (et encore moins l’anglais). C’est donc le fils du propriétaire qui fera office d’interprète auprès des autorités, et bien sûr, il en usera à son profit.

Un film fort, avec des paysages somptueux, et qui traite du problème social de ces populations, sans aucune éducation, qui sont littéralement pieds et poings liés aux propriétaires terriens, sans réel espoir d’une vie meilleure. Que faire quand on est un étranger dans son propre pays ?

Jaryo Bustamante, né en 1977, est un réalisateur, scénariste et producteur guatémaltèque. Il a étudié le cinéma à Paris et à Rome.

Vladimir Vladimirovitch – Bernard Chambaz

Vladimir Vladimirovitch  - Bernard ChambazBouquin offert par mon libraire (« sans aucune garantie, je ne l’ai pas lu… ») avant que je ne déménage ; sur la marge, il est écrit « Exemplaire offert »…

C’est donc l’histoire d’un type qui a la particularité d’avoir un célèbre homonyme, plus connu sous le nom de Vladimir Poutine. Voilà le point de départ du roman, et ce « double » va nous raconter sa vie et celle de l’autre, qu’il consigne dans ses carnets (rouge, gris, noir) : difficile d’échapper à l’omniprésence d’un tel homonyme.

Alors bon, je n’ai pas appris grand chose sur Poutine, la plupart des informations sont connues (son enfance de petite frappe, son ascension au KGB puis dans la hiérarchie du Parti, son opportunisme, sa nostalgie de la grande Russie), même si ces cahiers sont la partie la plus intéressante du livre, malheureusement minoritaire.

J’ai trouvé le portrait est relativement complaisant, pas un mot par exemple sur l’enrichissement supposé qui ferait de Poutine l’un des hommes les plus riches du monde aujourd’hui. Mais comme se plaît à le répéter Hubert Védrine, on aurait pu avoir pire à la tête de la Russie…

La plus grande partie du roman concerne l’autre Vladimir, le simple homonyme donc, et offre peu d’intérêt à mon goût, si ce n’est la description en pointillé de la vie quotidienne d’un Russe contemporain, avec ses petits problèmes (comme tout le monde).

Bernard Chambaz, né en 1949,  est un romancier, historien et poète français. Il reçoit le prix Goncourt du premier roman en 1993 pour L’Arbre des vies. Son père, Jacques Chambaz, fit partie du bureau politique du PCF de 1974 à 1979, ceci explique peut-être ce roman.

Une histoire de fou – Robert Guédiguian

Une histoire de fou - Robert Guédiguian Encore un film qui m’a bien plu, merci à la bonne programmation du TNB de Rennes.

Cette fois c’est un film sur le génocide arménien, ou plutôt comment sa mémoire est traitée et vécue par la génération suivante, pouvant amener à la lutte armée, et celle-ci offrir une rencontre inattendue.

Le film commence en 1921 (filmé en noir et blanc), lors du procès en Allemagne d’un arménien qui a assassiné d’une balle dans la nuque Talaat Pacha, le principal responsable du génocide arménien organisé par la Turquie. Soghomon Thelirian, l’auteur de cet acte, et dont la famille a été entièrement exterminée, sera acquitté par le jury populaire ! Une vérité historique qu’il est bon de rappeler.

Puis on bascule à Marseille en 1975 (et en couleur) : une famille arménienne, les parents tiennent une épicerie orientale, alors que leur fils Aram se radicalise car la lutte pacifique pour l’indépendance de l’Arménie n’a abouti à rien de concret depuis cinquante ans. Il commet un attentat à la bombe contre l’ambassadeur de Turquie à Paris, et blesse grièvement Gilles, un innocent cycliste qui passait par là au mauvais moment ; il va perdre l’usage de ses deux jambes.

Alors qu’Aram part au Liban rejoindre l’armée de libération de l’Arménie à Beyrouth, sa mère rend visite à Gilles sur son lit d’hôpital. Va alors naître une étrange relation, pleine d’humanité, entre Gilles et les parents d’Aram. Gilles qui n’avait jamais entendu parlé du génocide arménien va peu à peu se rapprocher de la famille, des liens vont se tisser, et il finira par se rendre à Beyrouth avec la mère d’Aram pour rencontrer ce dernier, pour une ultime explication avec celui qui a fait basculer sa vie…

Robert Guédiguian, né en 1953 à Marseille, est un cinéaste français d’origine arménienne.

Badawi – Mohed Altrad

Badawi - Mohed AltradJe crois que c’était lors d’un reportage de Stade2 qui présentait le portrait pour le moins atypique de ce chef d’entreprise, également premier actionnaire et président du Montpellier Hérault Rugby. L’homme avait un parcours incroyable (fils de bédouin syrien), un discours très humble et reconnaissant à la France dont il a pris la nationalité.

Il est également écrivain, et j’ai eu envie de lire ce livre pour mieux connaître son histoire, qu’il est censé raconter dans ce roman. Mais finalement, l’homme se livre peu, et beaucoup de choses ne sont pas dites. Je suis resté un peu sur ma faim à ce sujet.

La première partie est celle de son enfance, la plus intéressante : il perd sa mère très jeune, celle-ci ayant été auparavant répudiée par son mari. Il est alors élevé (durement) par sa grand-mère, et pour elle son avenir est tout tracé : il sera berger ! Mais l’enfant éprouve une fascination pour l’école, et fait tout pour pouvoir y aller. Non seulement il y arrive, mais son travail et ses résultats lui permettront de poursuivre ses études à la grande ville de Raqqah.

La deuxième partie est celle du retour au pays, et le récit perd en force : l’homme a poursuivi ses études en France, et est maintenant ingénieur, travaillant pour une compagnie pétrolière. Il se rend très vite compte qu’il n’a plus grand chose de commun avec ce pays, n’ayant pas vraiment de famille à retrouver… Reste néanmoins son amour de jeunesse, Fadia, qui l’attend toujours, fidèle à leur promesse d’amour.

C’est là que l’auteur peine manifestement à se livrer totalement. Au moment où il éprouve à nouveau des sentiments pour elle (ce qui n’avait rien d’évident après ces longues années), il va « fuir » sous le prétexte d’une obligation professionnelle, et finalement lui enverra une lettre pour lui signifier que leur histoire est terminée, même s’il l’aime toujours… J’ai eu le sentiment que tout n’était pas dit ici : son ambition, son égoïsme ne sont certainement pas étrangères à son renoncement.

Mohed Altrad est né en 1948 ou bien en 1951, est un homme d’affaire français d’origine syrienne. Il est aussi auteur de romans et d’ouvrages de management.

Simon Bolivar : le rêve américain – Pierre Vayssière

Simon Bolivar : le rêve américain - Pierre VayssièreQuand j’avais lu Le général dans son labyrinthe de Gabriel Garcia Marquez, je m’étais dit qu’une biographie de Simon Bolivar devait être passionnante. J’ai donc regardé ce qui existait : rien de disponible en format poche, je me suis donc rabattu sur ce livre, écrit par un historien.

Et c’est un peu là le problème, Pierre Vayssière a choisi une approche thématique (l’homme politique, le chef de guerre, le mythe, etc..), là où j’aurai préféré une simple chronologie de sa vie, particulièrement l’histoire de ses conquêtes, qui n’occupe finalement que soixante dix pages de ce gros volume.

Le reste n’est pour autant ni inutile, ni inintéressant, loin de là : on cerne mieux le personnage complexe grâce à lui : ses origines, ses motivations, la part du mythe dans ce personnage au destin incroyable, surnommé « el Libertador », encore aujourd’hui célébré (et récupéré) dans toute l’Amérique latine ; il a même donné son nom à tout un pays, la Bolivie. Mais pour la partie conquête, je suis resté largement sur ma faim…

Alors comment résumer cette histoire ? Il reste avant tout l’homme qui libéra plusieurs pays de trois siècles de colonisation espagnole : Venezuela, Colombie, Équateur, et même le Pérou (pour ce dernier, il lui faudra franchir la cordillère des Andes dans des conditions proprement incroyables). Hélas, son rêve d’unification fera long feu, et les caudillos locaux, les luttes politiques y mettront fin rapidement.

Héritier du siècle des Lumières par son éducation et ses lectures, témoin des « révolutions atlantiques » aux États-Unis et en Europe, son rêve est d’unifier les pays d’Amérique latine, profitant du déclin de l’Empire espagnol mis à mal par Napoléon. Comme ce dernier (dont il est un fervent admirateur), Simon Bolivar est un républicain convaincu, mais partisan d’un pouvoir fort. Il est issu d’une riche famille créole (élite blanche, dont les origines remontent au pays basque), et se dit libéré de tout préjugé racial (il serait blanc métissé d’indien par son grand-père et en partie mulâtre par sa grand-mère). Il est de nature chétive, mais aussi un grand séducteur aimé des femmes.

Il faut dire que la société sud-américaine fonctionne comme un système de castes, fruit de trois siècles de colonisation ; entre les blancs, les créoles, les esclaves noirs et les indiens, il n’est pas simple de s’y retrouver, et de comprendre qui veut quoi… Comme à Cuba, on retrouve la réticence des grands propriétaires à libérer les esclaves, et Bolivar est issue d’une telle famille. Pourtant, Simon Bolivar réforme, mais plus par opportunisme, comme par exemple en libérant les esclaves noirs à condition qu’ils se battent avec lui, un marché qui ne les tente guère.

Pour conclure, le personnage reste tout de même sympathique, au regard de ce qu’il a accompli, même si le bilan est contrasté. Il est également surnommé « Le Don Quichotte de l’Amérique », ce qui résume assez bien le personnage. Il avait soif de gloire, mais pas de pouvoir.

Pierre Vayssière n’a pas de page wikipedia ! Il est un historien spécialiste de l’Amérique latine, professeur émérite de l’Université de Toulouse II, et selon bibliomonde, franchement marqué à droite :

Pierre Vayssière offre une vision conservatrice de l’Amérique latine. Ses ouvrages proposent une image systématiquement défavorable des mouvements de gauche du sous-continent et au contraire ont tendance à minimiser les méfaits des dictatures et de l’interventionnisme nord-américain.

Dans le cadre de cette biographie, cela a peu d’importance : George Washington avait signé un pacte de neutralité avec Madrid… mais Simon Bolivar se méfiait (déjà) de leur expansionnisme.

Lectures, Ubuntu, Smartphone, Cinéma, entre autres…