
Ce livre m’avait été recommandé il y a pas mal de temps par mon libraire de Puteaux ! J’avais noté le titre dans un coin, et suis retombé dessus par hasard, alors qu’il vient d’être publié en format poche. C’était le moment de l’acheter et de lire.
Il s’agit donc d’un essai, sur un sujet très intéressant qui bouscule pas mal d’idées reçues. Il y a toutefois beaucoup de redites, ce qui rend la lecture de l’ouvrage un peu fastidieuse (626 pages). Mais l’essentiel du message est passionnant, même s’il est assez vite compris.
En plus, la zone géographique concernée est l’Asie du Sud-Est, où j’étais encore il y a peu… Ma vision des ethnies locales (particulièrement en Birmanie) est désormais très différente de ce qu’elle était !
Alors de quoi s’agit-il ? Ces fameuses ethnies sont souvent perçues et présentées comme nos ancêtres, vivant dans les montagnes, n’ayant pas encore rejoint la société civilisatrice… L’auteur nous propose une toute autre explication, celle de peuples ayant fui les vallées vers des zones refuges, hors d’atteinte d’un État trop autoritaire et contraignant : travail forcé, impôts, conscription, religion, etc…
Il n’y a là aucune séquence évolutionniste, et les tribus ne sont pas « antérieures » aux États. Elles représentent plutôt une formation sociale qui se définit par sa relation à l’État : « Si les dirigeants du Moyen-Orient ont dû affronter un « problème tribal », […] on peut dire que les tribus ont fait face à un éternel « problème de l’État ». »
Cette contre-histoire est en elle-même passionnante, et on y apprend plein de choses, comme par exemple que la muraille de Chine (et une autre pour les Miao, au sud de la Chine) ont autant servi à se protéger des barbares venant de l’extérieur que pour empêcher la population de partir…
Voilà un peu plus d’explications sur la Zomia (qui vient de Zo « reculé » et Mi « peuple »), ainsi que quelques extraits…
Continuer la lecture… Zomia ou l’art de ne pas être gourverné – James C. Scott