L’Œuvre au noir – Marguerite Yourcenar

Ayant lu et apprécié les Mémoires d’Hadrien (1951), premier grand succès de l’autrice, je ne pouvais faire l’impasse sur cet autre roman historique, clé de voûte de son œuvre si l’on en croit Wikipedia.

Cette fois, nous sommes transportés au Moyen-Âge, en Flandres au XVIème siècle, dans une époque assez agitée entre les guerres de territoire et celles de religion. Tout cela est d’ailleurs un peu compliqué à suivre, entre les catholiques et les protestants (réformes calviniste et luthérienne), et la réforme radicale avec ses anabaptistes. Ces derniers, mêlant révolte religieuse et sociale, et s’écartant un peu trop du dogme officiel, seront d’ailleurs massacrés par l’armée coalisée des princes, défenseurs du Saint-Empire romain germanique.

Une préface donnant les bases du contexte historique n’aurait vraiment pas été superflue ! D’habitude, je râle quand les préfaces dévoilent l’histoire et regrette qu’elles n’aient pas été des postfaces : pour une fois c’est l’inverse ! Heureusement, les notes de l’auteur en fin d’ouvrage aident un peu ; on y trouve aussi les « Carnets de notes » que l’auteur a tenu à faire incorporer aux éditions de son roman, et ils valent le détour !

Mais c’est le personnage de Zenon que nous allons suivre : libre penseur, philosophe, chirurgien, alchimiste… Il a eu une vie riche et traversé son époque en prenant toujours ses précautions, parfois amené à fuir du jour au lendemain pour sauver sa peau. Nous allons l’accompagner jusqu’à ses derniers jours, lorsqu’il sera finalement arrêté et jugé.

Le fait le plus marquant de l’époque est l’omniprésence de la religion et du christianisme en particulier, ainsi que l’obligation pour chacun d’y croire : dans le cas contraire, la vie ne vaut pas cher !

C’est magnifiquement écrit, avec un vocabulaire riche, comme Marguerite Yourcenar sait faire. Voilà ce que nous précise les notes de l’auteur sur le contexte historique :

La formule L’Œuvre au noir, donnée comme titre au présent livre, désigne dans les traités alchimiques la phase de séparation et de dissolution de la substance qui était, dit-on, la part la plus difficile du Grand Œuvre. On discute encore si cette expression s’appliquait à d’audacieuses expériences sur la matière elle-même ou s’entendait symboliquement des épreuves de l’esprit se libérant des routines et des préjugés. Sans doute a-t-elle signifié tout à tour ou à la fois l’un et l’autre.
Les quelques soixante années à l’intérieur desquelles s’enferme l’histoire de Zénon ont vu s’accomplir un certain nombres d’événements qui nous concernent encore : la scission de ce qui restait vers 1510 de l’ancienne Chrétienté du Moyen Âge en deux partis théologiquement et politiquement hostiles ; la faillite de la Réforme devenue protestantisme et l’écrasement de ce que l’on pourrait appeler son aile gauche ; l’échec parallèle du catholicisme enfermé pour quatre siècles dans le corselet de fer de la Contre-Réforme ; les grandes explorations tournées de plus en plus en simple mise en coupe du monde ; le bond en avant de l’économie capitaliste, associé aux débuts de l’ère des monarchies.

Cela donne envie de lire cette histoire, non ?

Mais le plus étonnant sont ces fameux « Carnets de notes » : ils nous révèle la face cachée qu’un auteur peut avoir avec son œuvre, et comment le temps qui passe continue de le faire réfléchir à son contenu. Voilà quelques exemples :

Où, quand, comment ? Où que ce soit, à quelle date et peu importe quels moyens, je suis sûre d’avoir à mon chevet un médecin et un prêtre – Zénon et le prieur des Cordeliers.

Comparant les personnages d’Hadrien et Sénon :

Deux êtres profondément différents l’un de l’autre : l’un reconstruit sur des fragments du réel, l’autre imaginaire, mais nourri d’une bouillie de réalité. Les deux lignes de force, l’une partie du réel et remontant vers l’imaginaire, l’autre partie de l’imaginaire et s’enfonçant dans le réel, s’entrecroisant. Le point central est précisément le sentiment de l’ÊTRE.

À propos de la longue période de la vie de Zénon qui n’est pas détaillée :

J’ai pourtant passé bien des heures à rêver ces épisodes, et il était tentant de les écrire, quitte à donner au livre cent pages de plus… Mais la hiérarchie des faits et des souvenirs eût été irréparablement compromise. On aurait eu une de ces pâles biographies où rien n’est dit parce que tout l’est.

Marguerite Yourcenar (1903-1987) est une femme de lettres française naturalisée américaine en 1947 (elle quitte la France en 1939), auteur de romans et de nouvelles « humanistes », ainsi que de récits autobiographiques. Elle fut aussi poète, traductrice, essayiste et critique littéraire. Son roman L’Œuvre au noir, paru en 1968, connaît un grand succès et remporte le prix Femina par un vote à l’unanimité du jury. Elle fut la première femme élue à l’Académie française (1980).

Âme brisée –  Akira Mizubayashi

C’est sur reddit (sujet « weekend culture » du vendredi) que j’ai entendu parlé en bien de ce roman. La personne disait qu’elle avait même eu la larme à l’œil au cours du récit.

Je dois dire que moi aussi, j’ai ressenti de l’émotion en lisant cette histoire touchante, très bien racontée, de ce violon dont l’âme a été brisée, et qui à travers le temps et l’espace va retrouver vie…

On est transporté dans un monde d’amour de la musique et de personnages aux sentiments nobles… Et franchement, ça fait du bien !

Akira_Mizubayashi, né en 1951, est un écrivain japonais, d’expression japonaise et française. Ce roman a reçu le prix des libraires 2020.

Statistiques du blog – année 2022

Comme chaque année, voilà les statistiques du blog pour l’année 2022. Comme j’aime à le rappeler, c’est sans doute l’article le plus inutile de l’année, il est donc important de commencer celle-ci par celui-là. 😉

Et j’en profite pour souhaiter au potentiel lecteur ou lectrice qui passerait sur cette page une très bonne année 2023, une bonne santé avant tout, et plein de bonnes choses, malgré cette époque troublée, l’année écoulée nous l’a confirmé.

En résumé, les visites sont plutôt en baisse, tout comme le nombre d’articles ou les commentaires ! 😥 La bonne surprise, c’est que les deux articles sur ma fracture du coude qui trustaient les deux premières places depuis des années ont enfin été détrônés, et remplacés par deux articles sur Openmediavault qui sont venus troubler cette hégémonie.

Cette baisse peut s’expliquer par un moins grand nombre d’articles publiés, en particulier sur des sujets techniques :

  • Le NAS Openmediavault, que l’on retrouve en très bonne place dans le top 20 plus bas (preuve que le sujet est porteur) fonctionne très bien, sans nouvel usage, et j’ai donc eu peu d’articles à faire sur le sujet. 😎
  • Idem pour le smartphone, cette année 2022 a été plutôt stable. Cela risque de changer en 2023 qui devrait voir arriver des articles sur GrapheneOS, puisque j’attends avec impatience un nouvel appareil, j’ai nommé le Google Pixel 6a !
  • Enfin côté PC, je suis passé à Debian il y a presque un an maintenant, et tout est parfaitement stable et fonctionnel (quitter Ubuntu pour Debian a vraiment été un très bon choix). Et si j’ai aussi changé de machine, tout cela ne fait que deux articles pour 2022 !

Et pour terminer, chose peu fréquente, un livre a réussi à se glisser dans le Top 20 des articles, et pas le moindre : Ringolevio ! Une bonne raison pour le lire…

Mais revenons à l’essentiel, les chiffres, rien que les chiffres !

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Le profanateur – Philip K. Dick

J’ai vu cette réédition sur le site dickien.fr, le titre ne me disant rien, je l’ai acheté en passant à la librairie. Après vérification je l’avais déjà lu, dans un recueil de romans de la collection Omnibus, édité par les Presses de la Cité (voir image ci-dessous). Mais c’était il y a si longtemps que je l’ai relu avec grand plaisir, n’en ayant gardé aucun souvenir ! 😳

L’histoire est plutôt sympa : dans une société extrêmement moralisatrice où toute chose non utile, le plaisir compris, est sévèrement réprimée (Vive le Rémor, ou le Réarmement Moral), Allan Purcell, cadre dans une agence de communication, parfaitement intégré à la société, se met à commettre la nuit des actes de vandalisme dont il ne garde aucun souvenir. La façon dont il dénature la statue du fondateur du Rémor, son premier méfait, est hilarante !

Allan va essayer de comprendre ce qui lui arrive, alors qu’au même moment on lui propose une promotion inespérée, le poste de directeur de TéléMédia, qui diffuse les programmes TV… Les deux événements auraient-ils un lien ?

La scène finale, très bien amenée, conclut fort habilement ce petit roman peu connu qui date de 1956, ce qui en fait donc l’un des premiers romans de P. K. Dick.

Philip K. Dick (1928-1982) est un auteur américain de romans, principalement de science-fiction. Plusieurs de ses romans ont été porté à l’écran, comme Blade Runner, Minority Report, Total Recall… Moins connu, A Scanner Darkly (l’adaptation de Substance Mort) est vraiment excellent dans le genre « délire schizo » familier à Dick. Ses nouvelles complètes, qui étaient épuisées, ont été rééditées par Gallimard dans la collection Quarto, en deux gros volumes à déguster.

Croc-blanc – Jack London

J’avais lu quelques Jack London récemment, et j’avais laissé de côté Croc-blanc, il était temps de combler cette lacune.

Cette fois, on est pour de bon dans un roman pour adolescent, l’histoire étant assez romanesque avec un happy-end digne de Disney à la fin ! De plus, le récit étant écrit du point de vue de Croc-Blanc, l’anthropomorphisme y est omniprésent, et gêne parfois la lecture.

On est loin de Martin Eden, le meilleur de ceux que j’ai lu ! Ceci dit, les aventures de Croc-blanc sont tout de même agréables à suivre, et le roman à lire. On ne peut toutefois s’empêcher de le mettre en parallèle avec l’Appel de la forêt, le premier succès de Jack London, écrit en 1903 : ce dernier relate l’histoire d’un chien domestique enlevé à un juge par des malfrats, qui se retrouve en Alaska à tirer des traîneaux, à subir de mauvais traitements, finit par rencontrer un bon maître, et à la fin rejoindra une meute de loups.

Ici, c’est le chemin inverse : Croc-blanc est né d’un père loup et d’une mère mi-chienne mi-louve dans le grand « Wild » où survivre est le seule loi qui compte, passera à peu près par les mêmes étapes pour finir en Californie dans la résidence d’un juge ! Publié en 1906, on peut se demander si Jack London n’a pas repris la même idée « à l’envers » avec l’idée de surfer sur son premier succès !

Jack London (1876-1916) est un écrivain américain dont les thèmes de prédilection sont l’aventure et la nature sauvage. Il a connu le succès après des années de pauvreté, de vagabondage et d’aventures. Il ne faut le réduire à un écrivain pour adolescents, son œuvre est beaucoup plus vaste et aussi politiquement engagée.

Poussière dans le vent – Leonardo Padura

J’aime bien cet auteur, que j’avais découvert avec l’excellent « L’homme qui aimait les chiens« , qui retrace sous forme romancée l’assassinat de Trostky à Cuba.

Ce roman-ci raconte l’histoire d’un groupe d’amis très soudés depuis le lycée, qui aime à s’appeler « Le Clan », et qu’un événement mystérieux va faire exploser (un mort et une disparition), amenant certains d’entre eux à s’exiler aux États-Unis ou en Europe. L’auteur va nous les présenter un par un, éclaircissant peu à peu le fameux événement (qui fera un peu « pschitt » à mon avis, mais peu importe).

Car le vrai sujet du roman est l’échec du système Cubain, ainsi que l’exil auquel sont amenés les gens s’ils veulent avoir une vie à la hauteur de leurs aspirations. L’histoire se passe dans les années 90, et la pénurie de denrées alimentaires se fait durement sentir ; nourrir sa famille devient un combat quotidien, tout se fait en mode débrouille, pendant que l’État continue de déverser des messages optimistes. Avec le temps, la pénurie ne fait qu’aggraver la corruption déjà présente, anéantissant l’espoir qui pourrait encore subsister chez les plus authentiques.

Si beaucoup de membres du Clan vont s’exiler, chacun vivra son exil très différemment, certains voulant tirer un trait définitif sur le passé et tout oublier, quand d’autres nourriront toujours une nostalgie et une mélancolie pour leur île chérie, l’individualisme occidental ne leur correspondant pas… Clara, personnage central du groupe, choisira elle de rester et d’y élever ses enfants, qui eux s’exileront à leur tour.

Tout cela est très bien raconté par l’auteur, et le tableau dressé d’une vie à Cuba bien pessimiste. Le roman manque toutefois un peu de rythme, chaque membre du groupe racontant finalement un peu la même chose, principalement l’inexorable échec du système cubain : difficulté pour se nourrir, pas de travail, corruption, peur de la police et de la délation. Et sans doute la nostalgie éprouvée par l’auteur lui-même…

Leonardo Padura est un journaliste et écrivain cubain, né à La Havane en 1955. Il est aussi l’auteur du Cycle Les Quatre saisons, quatre polars avec dans le rôle principal Mario Conde, un flic « hétérosexuel macho-stalinien », alcoolo et désabusé, vengeur des petits et des faibles !

Nullarbor – David Fauquemberg

Je crois que c’est ma sœur qui m’a parlé de cet auteur, et quand j’ai vu qu’il avait remporté le prix Nicolas Bouvier 2007 pour ce roman, je n’ai pas hésité une seconde.

Et c’est un vrai récit de voyage dans lequel nous embarque l’auteur, sans fioritures, on est pris par le rythme, tout peut arriver au prochain paragraphe, sans avertissement ni préambule.

Récit à la première personne de ce jeune français qui traverse sans trop de moyens l’Australie de Sydney à Perth, croisant des personnages atypiques, et qui une fois arrivé à Perth, à court d’argent, se retrouve embarqué sans aucune expérience sur « La perle des mers » pour une campagne de pêche. Le récit sera glaçant, tant par les conditions de travail plus que dangereuses que par la façon dont les requins sont rejetés à la mer encore vivants après leur avoir découpé leur aileron, pratique interdite mais rémunératrice.

Puis il remonte vers le nord, du côté de Broome, où il va enfin faire une vraie rencontre avec Augustus, un ancien de la tribu Bardi, force de la nature, qui l’accueille et lui fait partager la vie locale. « Napoleon » (ainsi nommé par Augustus) va enfin découvrir ce qu’il était venu chercher.

Jusqu’à la dernière scène, j’ai cru à un véritable journal de voyage…

David Fauquemberg, né en 1973, est un écrivain et traducteur français. Nullarbor est son premier roman, pour lequel il a donc remporté le prix Nicolas Bouvier, grand maître de la littérature de voyage( voir L’usage du monde).

Zenphoto et PHP 8

nouveau logo zenphoto

J’utilise Zenphoto pour mon album-photo, et j’en suis très satisfait. En fait, je l’utilise depuis la version 1.0, et mon premier article à son sujet date de 2006 ! 😎

Seulement voilà, depuis lundi dernier, il affiche une belle page blanche et pour la raison suivante : mon hébergeur One.com est passé en PHP 8, or Zenphoto 1.5.9 ne supporte pas cette version.

J’avais été prévenu par un mail de mon hébergeur, la version PHP 7 arrivait en fin de support, ce qui signifie plus de mises à jour de sécurité, et donc il est normal qu’ils désactivent cette version :

28 novembre 2022 : fin du support de php7

C’est impressionnant de voir le rythme de sortie et la durée de vie d’une version PHP : un an de support, et une autre année de « security fix only », et hop, terminé ! 😳

Je suis bien sûr allé voir sur le forum de Zenhpoto, et une version 1.6.0 est effectivement en préparation, mais ils ont un peu de retard… Voir ici. Si j’ai bien compris, la version 8 est plus stricte sur le type de variables et Zenphoto a pas mal de boulot à faire pour s’y conformer.

Il y a bien une RC (Release Candidate) de fournie (Zenphoto 1.6a (GitHub master)), mais comme il n’y a pas d’urgence, et que je n’ai pas de nouvel album photo de prévu pour l’instant, je préfère attendre la version 1.6 finale.

Voilà, il ne me reste plus qu’à surveiller la page de Zenphoto pour voir quand cette version 1.6 sortira.

12-dec-2022 : Et voilà, la version 1.6 de Zenphoto a été rendue disponible ce lundi.
La mise à jour est passée comme une lettre à la poste, j’ai juste du mettre aussi à jour le thème zenji avec la version 1.1 (toujours pour la compatibilité php8).
       

La tristesse du samouraï – Victor del Arbol

C’est plus le titre que de bonnes critiques qui m’a attiré vers ce roman noir espagnol, entre polar et thriller, dans une Espagne encore marquée par le franquisme.

L’auteur nous emmène vite dans son intrigue, mêlant époque contemporaine et les années de la seconde guerre mondiale, quand l’Espagne est en pleine dictature militaire sous Franco. Les liens entre les différents protagonistes vont peu à peu se dévoiler, révélant des destins croisés et emmêlés…

Quand Maria, avocate, fait condamner en 1977 un policier pour tortures, elle ne se doute pas qu’en 1941, une femme a été froidement abattue pour avoir tenté de fuir son mari violent, Guillermo Mola, chef de la Phalange de la région. Et qu’en agissant ainsi, elle est elle-même manipulée… pour essayer de faire enfin accuser l’immonde Publio, l’homme de confiance de Guillermo, qui a toujours su rester dans l’ombre et tire encore les ficelles de nos jours, préparant la tentative de coup d’État de 1981 (bien réelle).

Les nostalgiques du franquisme ont la vie dure, et la vengeance est un plat qui se mange froid ! C’est bien écrit, l’intrigue est prenante et les pièces du puzzle se mettent petit à petit en place, c’est le principal intérêt de l’histoire. Et c’est bien un roman noir, pas de happy end !

Victor del Arbol, né en 1968 à Barcelone, est un auteur de roman policier. Auparavant, il a travaillé comme fonctionnaire dans le corps de la police catalane. C’est ce roman, paru en 2011, traduit en une douzaine de langues, best-seller en France, qui lui a apporté la notoriété et le prix du polar européen 2012.

1971, The year that music changed everything

Voilà un excellent documentaire (sur Apple TV) au format d’une série : 8 épisodes d’une heure, sur l’année 1971, pendant laquelle il s’est passé beaucoup de choses.

Aux États-Unis, c’est la guerre du Vietnam, Nixon est président, les conservateurs espèrent reprendre la main après le mouvement hippie… En Angleterre, le magazine underground Oz fait l’objet d’un procès pour obscénité.

Les Noirs américains quant à eux revendiquent leurs droits civiques, avec l’activisme des Black Panthers ; Angela Davis est poursuivie par la justice, le FBI a carte blanche avec le programme Cointelpro. Les prisonniers de la prison d’Attica se révoltent… Les méfaits des drogues dures sont encore là (Keith Richards le premier), et c’est aussi l’année du procès de Charles Manson et sa « family » (meurtre de Sharon Tate).

Tout l’intérêt du documentaire est la mise en relation entre un artiste, une chanson, ses paroles, et le moment politique ou sociétal où elle est créée… C’est passionnant, et ont est parfois pris par l’émotion quand le morceau que l’on connaît depuis toujours prend alors toute sa signification.

Car la musique est alors en pleine effervescence, et va participer pleinement à cette révolution sociétale : John Lennon, David Bowie (qui émerge à peine), Marvin Gaye, Curtis Mayfield, Gil Scott Heron, les Doors, Aretha Franklin, les Rolling Stones, les Who, Elton John, Sly and the Family, etc, etc… La liste est longue ! Et chacun participe à sa façon à l’émancipation tant désirée.

1971, c’est par exemple l’année de quelques très grands albums :

  • Sticky Fingers des Rollings Stones
  • Who’s Next des Who
  • What’s Going On de Marvin Gaye
  • Hunky Dory de David Bowie
  • Led Zeppelin IV de… Led Zeppelin !
  • Meddle de Pink Floyd
  • L.A. Woman des Doors
  • Fireball de Deep Purple
  • Madman Across the Water d’Elton John
  • Master of Reality de Black Sabbath
  • Santana III de Santana
  • Tapestry de Carole King

Le documentaire est en VO sous-titrée, et les paroles des chansons traduites à l’écran mettent en évidence le contexte historique, et c’est vraiment legros intérêt de ce doc. J’étais par exemple surpris de voir combien le Vietnam a inspiré certaines chansons, comme l’album « What’s going on » de Marvin Gaye dont il est le thème :

Mother, mother
There’s too many of you crying
Brother, brother, brother
There’s far too many of you dying
You know we’ve got to find a way
To bring some lovin’ here today – Ya

Father, father
We don’t need to escalate
You see, war is not the answer
For only love can conquer hate
You know we’ve got to find a way
To bring some lovin’ here today

Le documentaire se termine termine par cette phrase de David Bowie :

Merde, qu’est-ce qu’on fait ? Putain on vient de tuer les années 60″.

Vous pouvez lire cet article du Monde pour pour d’informations.

Lectures, Ubuntu, Smartphone, Cinéma, entre autres…