BQ Aquaris X Pro : fin du support LineageOS

Voilà, ce qui devait arriver arriva : mon smartphone fait désormais partie de la liste des « discontinued devices » de LineageOS. 😥 Finit les mises à jour de sécurité, et fini l’espoir de voir une version officielle LineageOS 19.1 (Android 12) disponible un jour…

Bon, pour un modèle sorti en 2017 (je l’ai acheté en 2019), cela fait 5 ans de support et de suivi des versions d’Android, il ne faut donc pas trop se plaindre, c’est déjà excellent ! D’autant que la société a disparu depuis longtemps, acheté par une boite vietnamienne, Vingroup, qui depuis ne fabrique plus de téléphones… Ainsi va le monde !

Ceci ne m’empêche pas de continuer à utiliser mon valeureux BQ Aquaris X Pro, mais cela m’a amené à deux réflexions sur l’avenir : existe-t-il une ROM Android 12 quelque part pour ce modèle ? Sinon quel appareil choisirais-je pour le remplacer à ce jour ?

Et à force de me renseigner, de comparer, etc… j’ai fini par acheter son remplaçant, j’ai nommé le Google Pixel 4a, qui devrait m’être livré dans quelques semaines… 😳 Je précise qu’il ne s’agit pas d’un achat compulsif, j’ai pris mon temps avant de faire ce choix, et je vous expliquerai pourquoi l’avoir acheté dès maintenant.

Allons-y…

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Au loin – Hernán Díaz

Je suis tombé sur ce bouquin par hasard, et en lisant le résumé, cela m’a paru original, avec cette histoire de géant suédois perdu dans le grand Far West et faisant la route en sens inverse de la Californie vers New-York.

Et l’impression a été confirmée, on se demande bien ce qui se passe dans cette histoire pour le moins atypique. L’auteur a pris le parti de décrire le monde à travers les yeux de son héros, et comme ledit héros sait à peine où il se trouve, ne parle pas la langue du pays, et qu’au fil de ses aventures il est amené à fuir les hommes… On se retrouve vite dans une sorte de no man’s land où il s’agit simplement de survivre.

Håkan, fils de paysans suédois, totalement inculte, doit émigrer aux États-Unis avec son frère aîné, direction New-York. Mais il se perdent sur le port de Portsmouth, et Håkan embarque sur le mauvais bateau, à destination de la Californie ! À la fois naïf et totalement perdu, ne parlant pas un mot d’anglais, il est tour à tour pris en charge, utilisé, ou fait prisonnier sans comprendre grand chose à ce qui se passe. Et le lecteur à peine plus !

Sa rencontre avec Lorimer, humaniste scientifique lui est salutaire, il apprend des rudiments d’anglais, des connaissances anatomiques et chirurgicales, et acquiert les moyens (un âne et une mule) de vraiment démarrer sa longue route vers l’Est et New-York. C’est quand il va croiser les colons sur la piste que tout va à nouveau basculer : Håkan, véritable force de la nature et doux comme un agneau, va devoir défendre sa peau et tuer pour survivre. Il devient malgré lui un homme recherché pour meurtre : dès lors, approcher des villes devient dangereux, et la quête vers New-York impossible. Débute alors une longue errance, en mode survie, jusqu’à une dernière rencontre qu’il l’emmènera en Alaska. Une fois là, Håkan prendra une nouvelle décision…

L’histoire a donc le mérite d’être originale, mais on reste tout de même largement sur sa faim. Finalement on ne sait rien des contrées traversées : je m’attendais à ce qu’il croise des tribus indiennes, mais les plaines sont mystérieusement désertes. La solitude d’Håkan finit par peser sur le lecteur : son mode de (sur)vie n’offre que peu d’intérêt et est assez répétitif, constituant l’essentiel d’un récit où les rares événements extérieurs auxquels il est confronté manquent singulièrement de contexte et de crédibilité.

Hernán Díaz, né en 1973, a été finaliste du prix Pulitzer de la fiction pour ce premier roman. Il explique :

Est-ce que la question de la nationalité importe encore quand on arrive nulle part ? J’ai été un étranger toute ma vie. Je suis né en Argentine, que j’ai quittée à deux ans pour la Suède, suivi d’un bref retour en Argentine, avant de partir pour Londres, puis New York où je vis depuis vingt ans. C’est une question qui me tient à cœur.

Ici et maintenant – Jim Thompson

Jim Thompson est l’un de mes écrivains de polar préférés, et profitant d’un creux dans ma liste de lecture, j’ai repris celui-ci sur son étagère, en ayant gardé un bon souvenir lors de sa première lecture. J’en parle dans cet article.

Il s’agit du premier roman de l’auteur, et ce n’est pas un polar, mais plutôt une chronique semi-autobiographique de sa vie dans les années 40. Le titre « zen » cache un quotidien d’une tristesse absolue, Jimmie se démène pour tenter de boucler les fins de mois, sans grand succès, vivant dans une petite maison avec sa femme, ses trois enfants, sa vieille mère et sa sœur.

Il travaille comme magasinier dans une usine d’aviation (c’est le début de la guerre) et nous fait partager ses relations avec ses collègues et ses chefs, allant jusqu’à nous expliquer comment sont gérés les stocks de pièces détachées, en quoi le système n’est pas fiable, et comment il décide de l’améliorer. Mais aussi sa peur de voir son passé communiste ressurgir, qui le ferait renvoyer immédiatement. On ne peut pas dire que ce soit passionnant, mais cela dresse le décor et l’ambiance.

Car les maigres dollars qu’il gagne sont absolument nécessaires à maintenir un semblant d’équilibre au foyer, où les tensions s’accumulent… Jimmie a connu une période plus faste en écrivant quelques nouvelles, puis a perdu le fil, l’alcool n’aidant pas à résoudre son mal de vivre dans cette société qu’il ne comprend pas. Comme sa mère, qui ne comprend pas pourquoi il n’écrit pas à nouveau (comme s’il pouvait écrire sur commande)…

Tout cela donne un roman très sombre, chargé d’un poids et d’une tristesse qui accable tout le monde sans espoir d’en sortir. Il se passe peu de choses en fait, si ce n’est le quotidien d’une famille pauvre. Il faudra attendre les dernières pages et même les toutes dernières lignes pour savoir comment cet épisode de sa vie se termine.

Jim Thompson (1906-1977) est un écrivain de romans noirs américain. Il est aussi scénariste de cinéma. Côté français, le film « Coup de torchon » de Bertrand Tavernier a été adapté d’un de ses romans, « 1265 âmes » (excellent !); « Série noire » d’Alain Corneau avec Patrick Deweare est adapté de « A hell of a woman » (« Une femme d’enfer »  ). Outre-atlantique, on peut aussi citer « Les Arnaqueurs » et « The killer inside me » (« Le démon dans ma peau » ) comme autres adaptations connues.

La conquête des îles de la terre ferme – Alexis Jenni

Livre conseillé par ma sœur Martine, et ce fut un excellent conseil (ce n’est pas toujours le cas, nos goûts diffèrent souvent !).

Il faut dire que l’histoire des conquistadors espagnols est un sujet que j’ai en tête depuis longtemps, notamment après avoir lu Jared Diamond (dans De l’inégalité parmi les sociétés) racontant la bataille de Cajamarca et comment Pizarro avait vaincu l’armée de l’empereur Atahualpa avec une centaine d’hommes.

Ici, il s’agit du récit (romancé certes, mais tous les faits sont vrais) de la conquête de l’empire aztèque par Hermàn Cortés. Là aussi, avec 500 hommes dont certains n’étaient que des artisans, il va renverser l’empire aztèque. C’est le récit incroyable de cette épopée que va nous raconter l’un de ces hommes, Juan de la Luna, que Cortés a placé à ses côtés comme secrétaire et gratte-papier. Au crépuscule de sa vie, il revient sur cette incroyable aventure, avec un souffle certain qui emporte le lecteur (moi en tout cas). Cette conquête reste fascinante malgré son côté sanglant. Beaucoup y trouveront la mort, et les rescapés seront à jamais marqués par la violence de l’aventure.

J’avais un à priori très négatif sur Cortés, ce récit le nuance un peu. Il était manifestement un très habile politique, un meneur d’hommes et un fin tacticien. Ensuite, l’écart culturel entre ces deux mondes, jusqu’à la façon de faire la guerre, était tellement gigantesque que cela ne pouvait que mal tourner. Si les espagnols, attirés par l’or, veulent conquérir et convertir les indiens, ces derniers avec leurs sacrifices sanglants quotidiens ne semblent pas représenter un modèle de civilisation non plus !

Le titre « Les îles de la terre ferme » vient de la situation de la capitale de l’empire : à l’arrivée des Espagnols en 1519, Tenochtitlán (Mexico) compte près de 100 000 habitants, et l’île sur laquelle se trouve la ville est reliée aux rives du lac par plusieurs chaussées surélevées qui convergent vers le centre cérémoniel, près du temple principal et de la résidence de l’empereur Moctezuma.

Pour mieux visualiser la situation, voilà une carte et une illustration de ce que pouvait être cette cité :

C’est assez fascinant, et on peut imaginer la surprise des conquistadors quand après des semaines de marche à travers la jungle, après avoir franchi des montagnes, ils ont aperçu cette ville… (les lacs ont été asséchés depuis, et la ville s’est bien entendu étendue).

Voilà ce que dit Cortés à Juan de la Luna qu’il appelle Innocent : :

J’ai vu tout ça. Nous l’avons fait, et on l’oubliera si je ne le raconte pas, personne ne le croira quand il le lira, mais nous l’avons fait. Traverser la mer inconnue, vaincre des armées, détruire nos navires, entrer dans cette ville, nous emparer du grand Montezuma, faire périr ses capitaines pendant qu’il est aux fers, et survivre. Ces grands faits incroyables, nous en sommes les acteurs, mais Dieu seul les préparait sur notre route. Car quels hommes oseraient imaginer tout ça ? Et quels hommes oseraient l’accomplir ? Nous, Innocent, nous. Dieu si tu veux, mais Il ne m’a rien dit, j’ai tout osé seul, et nous tous l’avons fait.

Super bouquin, j’ai vraiment aimé le récit, très prenant, avec le style bien particulier d’Innocent qui nous plonge dans l’époque, mais aussi sa franchise et sa lucidité.

Alexis Jenni, né en 1963 à Lyon, est un écrivain français (et professeur de SVT), qui a reçu le prix Goncourt en 2011 pour « l’Art français de la Guerre », son premier roman, (apparemment, les avis ont été mitigés sur ce prix). « La Conquête des îles de la Terre Ferme » est écrit en 2017, et a reçu le prix du roman historique en 2018 à Blois.

Prise en main d’Evolution

Me voilà donc avec Gnome Evolution, le client mail par défaut sur Debian, qui a finalement remplacé Thunderbird (voir cet article) sur mon PC. Il s’agit désormais de le paramétrer.

L’interface est claire et ne soulève pas beaucoup de questions, c’est celle d’un client mail classique, au look assez professionnel. Avec le thème d’icône Adwaita sous Debian 12 bookworm/sid, les icônes sont monochromes et très sobres, ce qui n’est pas pour me déplaire :

En bas à gauche, on peut facilement basculer vers les Contacts, l’Agenda, les Tâches ou encore les Mémos

L’intégration au système est meilleure, que ce soit les agendas, les contacts, et c’est bien agréable. Voilà quelques screenshots :

Icône Evolution dans le dock
Notification de réception de mails
Les notifications d’alarme

J’ai rapidement créé mes comptes mails, puis synchronisé mes calendriers et mes contacts. Tout cela est rapide avec les protocoles IMAP (boites mails), et CardDAV et CalDAV pour les contacts et agendas (grâce à mon serveur Baïkal).

Que reste-t-il à faire ? d’abord une boite de réception unifiée pour tous mes comptes mails, c’est quand même bien pratique, mais n’existe pas de base dans Evolution. Ensuite il faudra que je m’organise pour mes archives : d’abord récupérer celles de Thunderbird, et préparer les prochaines.

Pour cela, j’utiliserai les dossiers de recherche, les filtres, les étiquettes… En fait, Evolution propose beaucoup de choses, ne pas hésiter à consulter l’aide, elle entièrement traduite et très complète. Enfin, on verra comment supprimer l’agenda local et celui de Google qui sont apparus et dont je ne veux pas.

Allons-y… C’est un article assez long, mais avec plein d’images ! 😉

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Passage de Thunderbird à Evolution

C’est la lecture d’une dépêche sur les dernières avancées de Thunderbird sur linux-fr.org qui m’a donné envie de migrer vers Evolution, le client de messagerie (et d’informations personnelles comme l’agenda ou le carnet d’adresses) par défaut de Gnome.

L’article est pourtant positif, pointant les progrès de Thunderbird, que j’avais d’ailleurs pu constater avec la dernière version v102 : amélioration de l’interface, correction de bugs, support de protocoles amélioré permettant de se passer de certaines extensions…

Tout allait pour le mieux, mais une phrase m’a fait tiquer :

Pour des questions de sécurité, IMAP et SMTP ont été réécrits de C vers JavaScript.

Bon, je ne suis pas développeur, mais dire ça, c’est tout de même assez gonflé ! Il est sans doute plus juste de dire que les compétences de développement en C sont plus rares que celles en JS, comme il est suggéré dans l’un des commentaires de la dépêche, que d’invoquer des raisons de sécurité. Mais c’est un commentaire très ironique qui a retenu mon attention, qui « dégomme » pas mal TH, et notamment son utilisation mémoire :

Passer de C à Javascript c’est surtout encore consommer utiliser intelligemment plus de ressource processeur et de mémoire vive. Effectivement, Rust aurait été un meilleur choix risqué. Mais il y a aussi l’option d’auditer le code C et d’écrire une suite de test complète. Thunderbird fait partie de ces logiciels qui se dégradent lentement mais sûrement avec le temps qui migrent vers les technologies du web 3.0 . Pour gérer mes 4 boîtes emails, il s’accapare n’utilise admirablement qu’ un unique gigaoctet de mémoire vive, a des lenteurs et crashs aléatoires incite son utilisateur a le fermer régulièrement dans un soucis d’optimisation des ressources. L’équipe de développement a clairement pris le chemin de la réécriture totale en JavaScript, une route sans retour au pays du typage dynamique et autres joyeuseté qu’il est bon de fuir quand on cherche à faire un logiciel performant et fiable des meilleurs logiciels actuels. Heureusement que l’on a de jolies icônes maintenant, merci la MZLA Technologies Corporation.

En plus de me faire bien rigoler, cela m’a fait prendre conscience d’un certains nombre de choses. Et comme j’avais aussi observé d’autres problèmes avec Thunderbird, cela m’a décidé à me pencher sur Gnome Evolution, le client par défaut sous Debian. Et ça m’a plu, c’est mieux intégré au système que Thunderbird, plus sobre aussi.

Dans cet article, nous allons voir les nouveautés apportées par Thunderbird qui auraient du me satisfaire, puis les raisons qui m’ont finalement décidé à migrer vers Evolution.

Concernant le passage proprement dit et la personnalisation nécessaire, comme la boite de réception unifiée, ou l’archivage des mails, ce sera l’objet d’un prochain article.

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Impact – Olivier Norek

Auteur recommandé par ma frangine, au titre qu’il est un ancien flic et que ses romans traitent bien de la réalité, avec le personnage du Capitaine Coste. Avant de me lancer dans la série « Coste », je décide tout de même de tester l’auteur avec son dernier ouvrage, j’ai nommé Impact (2020).

Dès le début, c’est une impression de « déjà lu » qui l’a emporté : un capitaine d’industrie pris en otage, un duo homme flic/femme psychologue peu crédible, des personnages plus caricaturaux les uns que les autres… et de tout petits chapitres, il ne s’agirait tout de même pas de faire de la littérature ! Quant au scénario, le mieux est de ne rien en dire, surtout la fin en forme de happy-end, il fallait oser…

Entre les deux c’est l’ennui qui domine avec ces énumérations un chapitre sur deux des méfaits écologiques que subit la planète, tout cela dûment documenté en fin d’ouvrage pour faire sérieux… Je n’avais déjà pas aimé Le zoo de Mengele, là c’est pareil, à la sauce française. L’écologie sert de prétexte à une intrigue bidon, et on se dit que cela va suffire.

Dommage, il y avait certainement mieux à faire, mais c’est manifestement écrit à toute vitesse, juste un produit de consommation qui va bien se vendre sur les étals des libraires, ou plutôt en grande surface, sa meilleure place.

Olivier Norek, né en 1975 à Toulouse, est un écrivain et scénariste français, capitaine à la police judiciaire, en disponibilité depuis son premier succès littéraire (on ne sait jamais). Peut-être que sa « Trilogie 93 » vaut le détour, à voir.

La Zone du Dehors – Alain Damasio

Quand j’avais acheté La Horde du Contrevent il y a 2 ans, j’avais également fait l’acquisition de celui-ci, puisque ces deux ouvrages sont les deux best-sellers de l’auteur. Chronologiquement, « La Zone du Dehors » est d’ailleurs son premier roman.

N’ayant pas été complètement séduit par « La Horde… » à l’époque, j’avais laissé « La Zone… » de côté sur l’étagère. Il faut dire aussi qu’ayant lu ou écouté certains interviews d’Alain Damasio, je ne partageais pas vraiment ses vues clairement « anti-système », et que cela ne m’encourageait pas à le (re)lire.

Profitant d’un creux dans ma liste de lecture, je m’y suis enfin plongé. Alors, que dire ? L’histoire n’est qu’un vaste prétexte à promouvoir l’anarchie si chère à l’auteur. Et il le dit clairement dans la première postface (au moins cela a conforté mon impression lors de la lecture) :

Ce livre a été écrit dans un but, unique : comprendre, en Occident, à la fin du vingtième, pourquoi et comment se révolter. Contre qui ? ajouteront certains en guise de prolongement, mais déjà ça glisse, ça devient incertain et flaqué, car la question, que pose ces nouveaux pouvoirs auxquels chacun de nous est aujourd’hui confronté, dans son corps, aux tripes même, sans le vouloir, sans s’en dépêtrer, d’où qu’il se tienne, hautain même, indifférent ou narquois, cette question est devenue : contre quoi ?

« Se révolter contre qui, contre quoi » … Moi je veux bien, mais ce que j’aimerais surtout savoir, c’est « Pour quoi ? ». Là-dessus, c’est toujours la même rengaine. Je ne dois plus avoir l’âge requis pour ce genre d’utopie anar, où l’on se contente de critiquer le pouvoir en place pour réclamer à cor et à cri la liberté, afin que l’homme (nouveau) puisse enfin révéler au grand jour ses talents créatifs, fraternels, et développer un monde parfait. L’aspiration à une société sans contrôle, une sorte d’ode au Far-West, où malheureusement c’était souvent la loi du plus fort qui régnait me semble-t-il.

Et donc on a vraiment l’impression que l’histoire n’est qu’un prétexte, et que les longs discours de Capt et de ses amis de la Volte sont bien le cœur du roman. On cite allègrement Nietzsche, Deleuze, Foucault voir Camus, ça fait toujours bien… L’auteur s’amuse aussi avec les mots (cela fait partie de son écriture), en en créant de nouveaux, parfois avec bonheur, mais pas toujours ; il s’offre aussi quelques morceaux de bravoure, comme le moment où Capt est plongé dans le Cube : c’est pour moi illisible, j’ai zappé ces pages. L’ensemble manque singulièrement d’action, et on s’ennuie pas mal à tourner les pages.

La société décrite, sur un satellite de Saturne, surpeuplée et aux dimensions restreintes, est forcément très organisée, technologique, et surveillée. Les membres de la Volte veulent casser ce contrôle au nom d’une liberté qu’ils se gardent bien de développer. Si le scénario de la première partie tient à peu près la route (je dis bien « à peu près »), après l’attaque de l’émetteur TV, on est plutôt dans l’improbable pourvu que l’on puisse encore et toujours dérouler le message : la révolution est nécessaire et justifie la violence.

Donc un gros BOF ! À noter qu’écrit en 2000, c’est la guerre en Ukraine qui, ayant déclenché un conflit mondial destructeur, a obligé les terriens à émigrer sur d’autres planètes… Bien vu !

Alain Damasio, né en 1969 à Lyon, est un écrivain de science-fiction et typoète français. Son domaine de prédilection est l’anticipation politique. Il marie ce genre à des éléments de science-fiction ou de fantasy et décrit des dystopies politiques. Il alerte sur les dérives de la technologie servant au contrôle des individus.

La fête au bouc – Mario Varga Llosa

C’est François Busnel, à la « P’tite Librairie », qui présentait ce bouquin l’autre jour. Et comme j’avais déjà pu apprécier Mario Vargas Llosa avec Le rêve du Celte, je n’ai pas hésité.

Là encore, l’auteur nous raconte une histoire vraie, celle de la République dominicaine, et de la fin du dictateur Rafael Trujillo, qui régna près de 30 ans sur l’île.

Trujillo, dont j’avais déjà entendu parlé dans le livre Effondrement de Jared Diamond : de manière surprenante, il reconnaissait que la déforestation avait pu être stoppée dans deux cas, au Japon et à Saint-Domingue, et que dans les deux cas il s’agissait de dictatures… Concernant Trujillo, il parlait d’une gestion « en père de famille » : en lisant ce livre, on comprend mieux de quoi il retourne.

Le récit commence avec Urania, jeune avocate new-yorkaise revenue pour la première fois à Saint-Domingue depuis qu’elle avait du quitter le pays à l’adolescence. Pour quelle raison revient-elle devant son père mourant, qui avait été l’un des proches du dictateur avant d’être mis à l’index, et quelle était la raison de cet expatriation ? Il faudra attendre la fin du livre pour le savoir

« Il va venir… » : Cette phrase sera répétée de nombreuses fois par les quatre hommes qui attendent au bord de la route que passe le véhicule de Trujillo, le Chef, le Généralissime, le Bienfaiteur, le Père de la Nouvelle Patrie, mais aussi le Bouc, comme il est surnommé, car il aime se prouver sa virilité avec de jeunes filles vierges qu’on lui fournit. C’est le second fil conducteur de l’histoire… jusqu’à l’attentat, qui survient à la moitié du livre.

Avec ces deux axes, l’auteur va d’abord dérouler petit à petit l’histoire de cette dictature, à travers les personnages qui l’ont traversé, qu’ils soient victimes innocentes ou acteurs dévoués, prêts à tout pour lui plaire, et surtout ne pas lui déplaire. Car Trujillo a développé un véritable culte à sa personne, et dirige le pays d’une main de fer, maintenant tout son entourage dans une peur perpétuelle de la disgrâce ; le profit personnel ne l’intéresse pas (mais sa famille possède les principales entreprises, la fameuse « gestion en père de famille !). C’est au départ un militaire formé par les Marines des États-Unis, anticommuniste et conservateur, ce qui lui donnera les clefs du pouvoir. Il chassera les immigrés haïtiens du pays (et en massacrera des milliers au passage), relancera l’économie, avec l’appui des américains, de l’Église, de l’armée et des classes aisées. Tout cela est parfaitement raconté, l’emprise qu’il exerce est alors totale.

Les difficultés commenceront lorsqu’il tentera d’assassiner le président du Venezuela, Rómulo Betancourt. Les États-Unis le lâchent alors, la situation économique se détériore, et même l’Église commence à prendre ses distances…

Après l’attentat, tout ne passera pas comme prévu, c’est la seconde partie du livre. La prise de contrôle de l’armée échoue, et la répression (terrible) s’engage. Ils seront peu des complotistes à survivre à celle-ci. Certains choisiront de mourir les armes à la main, la plupart seront capturés, torturés puis tués. Deux d’entre eux pourront se cacher pendant les 6 mois que dureront les derniers soubresauts du régime… D’assassins, ils deviendront justiciers (et les meilleurs amis du monde) ; ils recevront les honneurs du président Balaguer, placé à ce poste par Trujillo dans un rôle de fantoche, mais qui saura très habilement conserver le poste. Passionnant !

Mario Vargas Llossa, né en 1936, est un écrivain péruvien. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 2010. Engagé politiquement, il a évolué du communisme (soutenant la révolution cubaine avant d’être déçu) au libéralisme. Il s’est présenté aux élections péruvienne en 1990, mais a été battu. Il a été très ami avec Gabriel Garcia Marquez, mais leur amitié s’est brisée un soir, à la sortie d’un cinéma, Llossa donnant un coup de poing en plein visage de Marquez !! Le sujet de la dispute restera secret.

Rivage de la colère – Caroline Laurent

C’est ma sœur Dominique qui m’a parlé de ce roman, dont le sujet de fond est le sort réservé à l’archipel des Chagos, en plein océan indien. Son tour du monde en bateau favorise sans aucun doute un intérêt pour les océans et les îles qui les parsèment ! 😉

Autant le dire tout de suite, je n’ai pas vraiment accroché au style de l’autrice, ni à sa façon de mêler la petite histoire à la grande. Côté style, tout semble découpé : petites phrases, petits chapitres, passages incessants d’une époque à une autre… Tout est fait pour tenter de donner un intérêt à cette histoire d’amour romancée qui en manque grandement, et qui n’est finalement qu’un prétexte somme toute inutile.

On le verra plus bas, la vraie histoire remplit déjà toute les cases, avec de vrais personnes qui souhaitent revenir sur leur terre natale. Alors à quoi bon créer ces personnages imaginaires, et cette intrigue assez peu crédible (à mon goût en tout cas, la relation entre Marie et Gabriel faite de « je t’aime moi non plus » offre vraiment peu d’intérêt).

L’autrice explique dans sa postface :

Le passage du réel à la fiction me semble aussi nécessaire que problématique. Faire un roman, un pur roman, me mettre au service exclusif de la narration, et tricher parfois avec les faits et la chronologie. Je me résigne, consciente également que je ne ferai pas l’économie d’un voyage à Maurice.

C’est bien de reconnaître que c’est problématique de tricher avec les faits. Quant à être obligée d’aller à Maurice, effectivement, quelle contrainte ! 🙄

Dommage, car la grande Histoire, c’est celle d’une injustice qui frappe l’archipel des Chagos, la « dernière colonie » britannique dans l’océan Indien. Dans les années 1960, la Grande-Bretagne profite de l’indépendance de Maurice pour en exclure les îles Chagos (moyennant rétribution), puis offrir ces dernières aux États-Unis qui y construiront une base militaire. Pour ce faire, la Grande-Bretagne contraint les Chagossiens (qui y demeuraient depuis le XVIIIe siècle) à l’exil, au mépris de toutes les lois internationales, en prétendant que ces îles sont inhabitées. La plupart des Chagossiens se retrouveront dans des bidonvilles à Port-Louis.

Coïncidence, alors que je venais de terminer ce roman, un journaliste TV faisait son édito sur un autre livre portant sur le même sujet : La dernière colonie de Philippe Sands. Pas de romance ici, l’auteur est l’avocat qui lutte au tribunal de La Haye pour la reconnaissance de cette injustice (crime contre l’humanité). La troisième partie de son livre est consacrée à Liseby Élysé, qui est elle une véritable personne expulsée alors qu’elle était jeune mariée et enceinte de son premier enfant. Elle se bat depuis sans relâche pour pouvoir retourner sur son île natale. Son témoignage vidéo est assez poignant.

Donc voilà, le roman a au moins le mérite de parler de cette histoire peu connue. Le style de l’autrice ne m’a pas plu, pas plus que la partie romanesque. Pour ceux qui veulent vraiment connaître le sort des habitants des îles Chagos, il vaut mieux je pense lire le livre de Philippe Sands !

Caroline Laurent, née en 1988, est une écrivaine et éditrice franco-mauricienne. Elle a reçu le Grand Prix des blogueurs littéraires 2020 pour ce roman.

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