Et vous passerez comme des vents fous – Clara Arnaud

Cadeau de Noël de ma frangine, choisi dans une librairie sur les conseils du libraire si j’ai bien compris. C’est toujours délicat d’offrir un livre que l’on n’a pas lu, et ça fait longtemps que je ne me fie plus aux conseils du libraire, les rythmes de publications de bouquins sont tels qu’à mon avis ils sont bien souvent dans l’instant et vendent ce qu’ils ont mis en évidence sur les tables, les produits littéraires du moment.

Vous l’avez déjà compris, je n’ai pas trop apprécié ce roman, qui est bien écrit certes, au vocabulaire recherché et très précis, ainsi vous saurez ce qu’est une estive (pâturage d’altitude des Pyrénées francophones), mot omniprésent dans le roman : le titre était tout trouvé, c’est dommage, mais un vers de poésie ça en jette beaucoup plus ! L’auteure utilise aussi le mot « animale » pour parler de l’ours car c’est une femelle. C’est correct, mais très rare : sous forme d’adjectif oui, mais sous forme de nom commun féminin, je ne l’avais encore jamais vu.

On y parle donc d’une ourse, réintroduite dans les Pyrénées (parmi d’autres), et qui va poser des problèmes aux bergers durant l’estive, opposant scientifiques et écolos à certains bergers et autres chasseurs (traités de façon assez caricaturale)… Mais bon, sujet intéressant à priori.

Sauf que… l’auteure vient y ajouter le récit en parallèle de Jules qui à la fin du XIXe siècle capture un ourson, le dresse et s’en va parcourir le monde, pour finir à New-York. Autre histoire, autre époque, dont on se demande ce qu’elle vient faire là, d’autant que c’est largement bâclé, avec quelques chapitres disséminés de ci de là, et un lien artificiel révélé en fin de roman. Cela valait tout juste une histoire racontée autour d’un feu de bois un soir, sur la fameuse estive !

Sauf que… l’on apprend pas grand chose, et je me demande ce que l’auteure a voulu nous conter, à part l’évidence du conflit que tout le monde connaît. Elle commence par un faux suspense avec une « tragédie » mystérieuse qui se serait passée l’année précédente (je déteste ce genre de procédé), et dont il faudra attendre la moitié du bouquin pour en avoir tous les détails, et qui fera largement plouf, tout ça pour ça (ah bon, il y a des accidents en montagne ?). Et quand ça va mal tourner, l’histoire s’arrête brutalement. Qui a commis l’irréparable ? quelles sont les conséquences ? que fait la police ? la recherche d’Alma aboutira-t-elle ? cela n’intéresse pas l’auteure, toute consacrée à une belle écriture, à la description de la nature et à la beauté de la vie pastorale dans les fameuses estives. L’histoire n’a aucune importance, ce qui est dommage pour un roman.

Déception donc, un roman très vite oublié dès le livre fermé, un produit littéraire bien documenté, un travail sérieux, mais où la forme prends le pas sur le fond. Or c’est le fond, l’histoire qui me passionne dans un roman, la complexité des personnages, etc… À chacun ses goûts.

Clara Arnaud, née en 1986, est une écrivaine française. Ce roman a reçu le prix du roman d’écologie 2024. Voyageuse, elle a publié en 2010 « Sur les chemins de Chine », récit d’une traversée à cheval de 6 mois à travers le pays, alors qu’elle a 21 ans.

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