Romain Gary fait partie des auteurs que j’apprécie, et découvert il y a longtemps avec « Les racines du ciel », qu’il faudrait que je relise. Alors après Chien blanc que j’ai beaucoup aimé, j’ai lu celui-ci, dont j’avais entendu parler sur reddit.
Autant le dire tout de suite, ce fut une déception. Je n’ai jamais vraiment accroché à cette histoire, certes pleine de dérision sur le monde moderne, mais un peu trop loufoque à mon goût. Quant au style… n’est pas Céline qui veut !
Alors de quoi s’agit-il ? Une bande de fanas de skis se morfond dans un chalet à 2500 m d’altitude : c’est l’été, la croûte terrestre commence à apparaître par endroits, on ne peut plus vraiment skier.
Le narrateur nous présente les individus présents, tous un peu perchés (et le narrateur aussi d’ailleurs). Le style est un peu inattendu, avec des phrases peu construites, un peu comme du langage parlé, avec beaucoup de bêtises de dites, et tout de même quelques vérités essentielles (ouf !).
C’est donc l’été, il faut subvenir à ses besoins, alors Lenny va descendre « au niveau de la merde », à Genève, où on lui a promis un boulot. C’est la fin du premier chapitre long de quelques 70 pages (le seul dans ce cas) qui m’aura bien ennuyé dans l’ensemble.
Tous sont là pour fuir la société, qui ne vaut rien. Lenny ressemble à Gary Cooper, beau gosse, pas intellectuel pour un sou, doué sur les skis et qui ne rêve qu’à ces moments de solitude, là-haut, à glisser… Il est américain, et fuit autant la société matérielle que le Vietnam. Aucune fille ne lui résiste, et les séparations sont toujours difficiles : elles s’accrochent !
L’histoire prend enfin un peu d’intérêt et de consistance avec le boulot de Lenny, qui doit séduire Jess, la fille du Consul américain, pour il ne sait quelles raisons. Il y parvient assez facilement, mais pour une fois Jess lui plaît et cela le perturbe.
La narration continue dans son style un peu surréaliste, la description d’un monde fait de faux-semblants, celui suranné d’avant guerre dans un restaurant de Genève où de vieilles fortunes se remémorent le passé, ou celui actuel (mais peu crédible) d’une jeunesse dorée qui s’amuse à se faire peur en rançonnant les étrangers qui viennent placer leur argent en Suisse.
En toile de fond, le Vietnam et le sort des noirs américains revient souvent en questionnement, il semble que Romain Gary ait vraiment été marqué par ces deux problèmes que l’Amérique n’arrive pas a régler (voir Chien blanc).
Une histoire que j’ai trouvé globalement décevante. Romain Gary s’est peut-être amusé à l’écrire, mais pas moi à la lire.
Romain Gary (1914-1980) est un aviateur, militaire, résistant, diplomate, romancier, scénariste et réalisateur français, de langues française et anglaise. Il est le seul romancier à avoir reçu deux fois le prix Goncourt, la deuxième fois sous le pseudonyme d’Émile Ajar.