SIVA – Philip K. Dick

Ça faisait un moment que l’idée me trottait dans la tête : relire « La Trilogie divine » de Philip K. Dick. J’ai lu SIVA il y a très longtemps, mais je n’en avais pas gardé un excellent souvenir, trouvant cela ennuyeux et difficile à lire avec toutes ces références à des textes anciens mêlés à un délire métaphysique.

Bien des années plus tard donc, j’ai repris le livre sur la bibliothèque, avec les pages bien jaunies par le temps ; je connais mieux la vie de Philip K. Dick, son histoire, sa vision (ou sa folie), sa tentative d’Exégèse (parue récemment en français d’ailleurs) pour expliquer ce qui lui est arrivé (en gros sa rencontre avec Dieu), « La Trilogie divine » étant la même chose, mais sous forme romancée… Peut-être allais-je mieux l’apprécier ?

Passées les premières pages assez drôles, avec la mort de Gloria, on part vite dans ce délire métaphysique difficile à suivre… Pour compliquer le tout, le narrateur, Philip K. Dick et Horselover Fat (ces deux derniers étant des personnages de l’histoire) sont une seule et même personne !

Bref, Horselover Fat a pu diagnostiquer une maladie grave de son fils après avoir reçu un faisceau de lumière rose, qui lui a également communiqué des informations concernant l’avenir de l’humanité. Il faut noter que cet événement est réellement arrivé à PKD et a permis de sauver son fils. Cela reste d’ailleurs très mystérieux, et si on peut douter de tout le reste, il semble bien qu’il a réellement sauvé la vie de son fils de cette manière.

Voilà donc un petit résumé de ce premier tome, accrochez vos ceintures, c’est bien déjanté !

On oscille pendant toute l’histoire entre des passages drôles (la folie vue de l’extérieur) et d’autres assez incompréhensibles (la folie vue de l’intérieur) ; pour ma part, je lirai ces passages en diagonale ! Fat a donc eu une vision de Dieu, ou même d’une entité supérieure à Dieu… Il a eu une révélation… Logiquement, sa femme le quitte, avec leur enfant. Fat tente alors de se suicider…

Interné dans un hôpital psy, Fat en sort vite, le Dr Stone (!) ne cherchant pas à le guérir de son délire métaphysique, mais au contraire l’y confortant : le but est de lui redonner confiance en lui-même. On peut voir ça comme une forme de guérison : Il n’est plus suicidaire, mais il est toujours barjo !! 😀

Parmi les réflexions pour comprendre ce qui se passe, il y a la théorie du « mimicry » (mimétisme) : comme certains animaux le font, et s’il existait une entité supérieure capable de se cacher « parfaitement », alors qu’elle est pourtant là, présente dans notre monde ? De ne se laisser découvrir que par quelques personnes de son choix ?

Fat est alors habité par un autre être, Thomas ; ils partagent le même corps. Thomas vivait à l’époque romaine, celle des premiers chrétiens. Il prend le dessus sur Fat, lui faisant changer ses habitudes et ses goûts…. En fait Thomas serait une vie antérieure de Fat… Bouddha se souvenait bien de toutes ses vies antérieures : pourquoi ne se souviendrait-on pas également de nos vies futures !?

En mélangeant un peu toutes les connaissances ésotériques (Zoroastre, les grecs, les chrétiens, les musulmans, le bouddhisme, le Zen, etc…) le délire continue, Fat poursuit son exégèse dont les extraits sont assez incompréhensibles ! Tout cela raconté par le narrateur, qui est à la fois l’ami de Fat, mais aussi Fat lui-même : schizophrénie assumée ou déguisée.

Puis Fat va voir un film avec ses amis, un nanar de SF appelé SIVA : et c’est la révélation ! Derrière le scénario délirant, le film révèle pour des yeux avertis les mêmes choses que les visions de Fat : rayon rose, premiers chrétiens, fin de l’Empire avec la destitution de Nixon en 1974… Ils contactent (via PKD qui en tant qu’écrivain a des contacts dans le monde du cinéma, logique !) l’auteur du film… et Bingo ! Ils finissent par rencontrer Eric Lampton, sa femme Linda, le compositeur de musique Mini ; mais si leur délire comporte de nombreux points communs, le groupe de Fat s’effraie un peu, ils ont l’air complètement barrés (plus qu’eux, ce qui fait tout de même beaucoup ! 😉 ), et surtout la mort étant très présente dans leur délire.

Après avoir rencontré l’incarnation divine (sous la forme d’une petite fille de 2 ans, qui fait disparaître Fat à la grande surprise de Phil, qui se retrouve ainsi de facto soigné de sa schizophrénie !), ils repartent chez eux avec pour mission de propager la bonne parole, le retour pour le jugement dernier, les élus seront sauvés, etc… mais avant tout pour s’éloigner de Eric et Linda, qui sont fous à lier et dangereux selon eux. Quelques jours plus tard, ils apprennent que la petite fille est morte, Mini l’a tuée en essayant sur elle un nouveau rayon laser…

Épilogue : Fat qui avait disparu réapparaît, puis part à travers le monde à la recherche du « cinquième sauveur »… Phil reste seul, Linda appelle car elle attend de nouveau un enfant… Phil décrypte à la TV les messages subliminaux glissés dans les publicités… Fin du premier opus de La Trilogie divine !

Pour conclure, quand on pense à la vie réelle de PKD, cette tentative romancée de raconter ce qui lui est arrivé, sa vision d’une sorte de démiurge, validée par la guérison de son fils, puis essayer de l’expliquer (l’exégèse, très documentée), on pense irrémédiablement qu’il est devenu fou, ou à tout le moins obsédé par ce qui lui est arrivé !

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Philip K. Dick (1928-1982) est un auteur américain de romans, de nouvelles, et d’essais de science-fiction. Il a reçu le prix Hugo pour « Le maître du Haut Château » et le prix John Wood Campbell Memorial pour « Coulez mes larmes, dit le policier ».

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