Si je n’ai pas du tout apprécié les œuvres de Virginia Woolf, la lecture de sa biographie m’aura tout de même permis de noter ce livre, et je ne le regrette pas.
C’est le récit d’un voyage qu’entreprend Vita Sackville-West et son mari, diplomate à Téhéran, en 1926, sur une piste ancienne traversant le pays Bakhtyar. Vita est à la recherche d’iris pourpres pour en ramener dans son jardin en Angleterre ! Ce n’est heureusement qu’un prétexte au voyage, du moins peut-on l’espérer.
Car si Vita est une vraie aristocrate, elle ne manque ni d’humour ni de recul par rapport à ce qu’elle est ou à ce qu’elle voit, et son récit est très plaisant à lire : c’est un vrai journal de voyage, avec un beau dépaysement en prime, vu le lieu et l’époque.
Elle démarre ce petit récit sans trop savoir où cela va la mener, et le termine par une réflexion sur la vie nomade, sur notre fameuse civilisation, notre esprit toujours occupé… Voilà le début du dernier chapitre :
Je m’en aperçois maintenant : alors que j’ai commencé ce livre sans grand espoir d’en faire autre chose qu’un simple compte rendu, il a, presque de lui-même, adopté une certaine logique pour se répartir en deux blocs principaux, ordonnés par la force du contraste. Deux communautés différentes ont traversé la scène, l’une caractérisée par l’épuisement, l’ignorance et la pauvreté, et l’autre par l’énergie, la culture scientifique et la prospérité, mais toutes deux également soumises à leurs propres modes de pensée. J’aimerais croire que mon impartialité est telle que le lecteur ne peut deviner où vont mes sympathies. Et je souhaiterais conclure par une troisième image, qui ne représente ni une forme d’existence anachronique ni une civilisation moderne. Les tribus de bergers sont passées, survivantes d’un monde révolu, les marteaux ont retenti autour des vestiges du temple de Feu. À présent il est temps de voir ce qu’il advient des empires présomptueux, comme l’Empire britannique, et, sur une note si prophétique, d’en finir.
Un vrai récit de voyage donc, avec beaucoup de sincérité. J’ai beaucoup aimé, dommage qu’elle n’en ait pas écrit d’autres.
À noter sur le quatrième de couverture, on mentionne que « le truculent périple du couple sera émaillé de scènes de ménage, Harold ne perdant pas une occasion d’accabler de reproches cette épouse qui l’a emmené se perdre au milieu des nomades« . On pourrait imaginer une sorte de vaudeville, mais c’est totalement erroné, j’ai noté 1 scène où un désaccord entre eux est évoqué, et c’est tout ; le mari est d’ailleurs largement absent du récit, ce n’est pas le sujet du livre. Très étonnant, l’éditeur ferait bien de relire l’ouvrage ! 😡
Vita Sackville-West (192-1962) est une poétesse, romancière, essayiste, biographe, traductrice et jardinière britannique ! Virgina Woolf en tomba amoureuse et leur liaison fut passionnée et compliquée, Vita gardant sa liberté. VW s’en inspira pour écrire Orlando, son roman le plus célèbre (et que j’ai trouvé sans intérêt).