L’Éducation sentimentale – Flaubert

L'Éducation sentimentale - Flaubert C’est peut-être le chef-d’œuvre de Flaubert, mais si j’ai eu envie de lire ce livre, c’est plutôt après avoir entendu que l’auteur avait choisit de dresser un tableau de l’époque et des évènements historiques qui s’y rattachent. Or l’histoire se passe entre 1840 et 1851, époque agitée où la monarchie, la république et l’empire se disputent le pouvoir.

Nous allons donc suivre les aventures de Frédéric Moreau, jeune provincial petit-bourgeois venant faire ses études à Paris, et tombant éperdument amoureux de Marie Arnoux, femme d’un riche (et retors) commerçant. S’il est parfois sympathique par son idéalisme, le jeune Frédéric lasse vite par ses errements affectifs et son inactivité chronique : sa seule réelle occupation sera finalement de dilapider son héritage, de manière plus ou moins stupide.

Les personnages qui l’entourent sont assez caricaturaux, représentant chacun un trait de l’époque : bourgeois, ancienne noblesse, courtisanes, artiste, républicain… le seul sympa, finalement, c’est Dussardier, un simple commis qui d’ailleurs ne finira pas l’histoire. Pour la plupart, leur seul intérêt est l’argent, et pour ceux qui ont des opinions politiques, ce ne sont que prétextes à discussions dans les salons.

Concernant le côté historique, c’est effectivement plein de référence à la grande Histoire, à tel point que cette édition fourmille de notes de bas de page, certes très intéressantes pour un historien, mais qui me sont apparues un peu perturbatrices pour suivre le récit lui-même. Flaubert s’est attaché de manière presque maladive à la suivre dans sa chronologie, j’aurai préféré qu’il la décrive avec un peu de recul. La révolution de 1848, qui n’est d’ailleurs pour Frédéric qu’un « spectacle », fait effectivement plus partie du décor qu’autre chose.

Ce roman annonce parait-il le roman contemporain : peut-être pour un spécialiste de la littérature ? Bref, n’étant ni historien ni professeur de littérature, et même si c’est très bien écrit, ce roman de 600 pages m’a finalement plutôt ennuyé.

Le seul intérêt est la description du milieu petit-bourgeois de cette époque et de la bêtise humaine, mais ça on connait déjà ! Mais peut-être est-ce là où Flaubert excelle après tout ? Comme on peut le lire dans la préface :

L’Art ne doit servir de chaire à aucune doctrine sous peine de se déchoir ! On fausse toujours la réalité quand on veut l’amener à une conclusion (…) Et puis, est-ce avec des fictions qu’on veut parvenir à découvrir la vérité ? L’histoire, l’histoire, et l’histoire naturelle ! (…) Observons, tout est là. Et après des siècles d’études il sera peut-être donné à quelqu’un de faire la synthèse. La rage de vouloir conclure est une des manies les plus funestes et les plus stériles qui appartiennent à l’humanité. Chaque religion, chaque philosophie a prétendu avoir Dieu à elle, toiser l’infini et connaître la recette du bonheur. Quel orgueil et quel néant ! Je vois au contraire que les plus grands génies et les plus grandes œuvres n’ont jamais conclu. Homère, Shakespeare, Goethe, tous les fils aînés de Dieu (comme dit Michelet) se sont bien gardés de faire autre chose que représenter (lettre à Mlle Leroyer de Chantepie, 23 octobre 1863).

Je ne suis pas certain d’être d’accord avec ça : on peut donner son opinion sans pour autant porter un jugement. Et les « fils aînés de Dieu » choisissaient des personnages un peu plus intéressants que Frédéric Moreau ! Serait-ce lié au côté autobiographique de l’œuvre ? 😉

Gustave Flaubert est né à Rouen en 1821 et meurt en 1880. Admirateur de Balzac, il s’inscrit dans la lignée du roman réaliste. Il a vécu une vie assez mondaine, et n’a pas vraiment connu le succès de son vivant, même s’il était très estimé par ses pairs (Zola, Daudet, Maupassant).

Broons – Chateaugiron

Accéder à l'album Pendant les vacances de Septembre, passage à Broons et Chateaugiron, l’occasion de voir les deux chatons adoptés par Eric et Cocotte, ainsi que le gâteau d’anniversaire de Caro.

Les deux chatons se nomment Ritok et Poltek, en référence à une chanson des Saint-Sauveurs, pour les connaisseurs…

La lutte des classes et l’enjeu des retraites

Voilà deux vidéos avec Franck Lepage et Gaël Tanguy nous expliquant d’une manière drôle une autre vision de l’enjeu des retraites… Amusant et éducatif, car si on a bien entendu la vision de droite sur ce problème (la propriété lucrative, le capital, le financement), la vision de gauche (la propriété collective, la protection sociale, la lutte) n’a pas eu autant de place dans nos médias. Relire Marx au cas où…

Si vous préférez une approche plus sérieuse, vous pouvez aussi écouter l’économiste Bernard Friot, auquel se réfèrent nos deux humoristes, dans les trois vidéos suivantes :

L’enjeu des retraites n’est pas simplement financier, mais bien idéologique. Les droits des travailleurs se sont historiquement obtenus par la lutte. La fameuse lutte des classes, dont Warren Buffet, le milliardaire américain déclare :

La lutte des classes existe, et c’est la mienne qui est en train de la remporter.

On peut lire aussi sur le site du Monde l’interview de Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, sociologues, qui font cette remarque :

Les classes moyennes sont dans l’entre-deux social, au-dessus de leur tête, la classe dominante, et en dessous de leurs pieds, les classes populaires. Elles se caractérisent par un individualisme que l’on peut qualifier de positif, avec l’injonction pour les individus de se réaliser, de réussir, alors que dans les classes dominantes, nous parlons de « collectivisme pratique », c’est-à-dire de solidarités, de partage du gâteau dans l’intérêt de la classe.

Tandis que dans les classes populaires, dans la France d’aujourd’hui, nous parlons de « désaffiliation » et d' »individualisme négatif » dans la mesure où la désindustrialisation a fait perdre aux ouvriers leur capital industriel, avec les usines, le travail manuel qui donne beaucoup de fierté, qui donne une identité, et leur capital syndical et politique.

Il ne demeure dans la France d’aujourd’hui qu’une seule classe sociale au sens marxiste du terme, et c’est de la classe dominante qu’il s’agit.

La classe dominante est parfaitement organisée et défend becs et ongles ses privilèges. Et si les classes populaires ne font pas de même, elles se feront avoir. Malheureusement, ça marche comme ça.

Les vidéos

La réforme des retraites (extrait) :

Le travail (le spectacle complet) :

Notre besoin de consolation est impossible à rassasier – Stig Dagerman

Notre besoin de consolation est impossible à rassasier - Stig Dagerman Voilà un tout petit livre, une dizaine de pages, et donc d’une épaisseur propre à le rendre invisible dans une bibliothèque. Si le texte est bref, il est également profondément triste (ou devrais-je dire profond et triste ?).

C’est d’ailleurs le dernier texte que Stig Dagerman écrivit, avant de sombrer dans le silence et de se donner la mort deux ans plus tard, en 1954, à l’âge de 31 ans.

Il commença sa carrière comme journaliste pour des journaux syndicaux où il s’occupait de la section culturelle (son père est un militant anarcho-syndicaliste). Il est considéré comme l’un des écrivains suédois les plus importants des années 1940. Son œuvre traite des grandes préoccupations universelles et de la douloureuse réalité de l’existence, sans pour autant manquer d’humour.

Voici le premier paragraphe de ce texte, que vous pouvez d’ailleurs lire en totalité ici, vous n’êtes pas obligé d’acheter le livre :

Je suis dépourvu de foi et ne puis donc être heureux, car un homme qui risque de craindre que sa vie soit une errance absurde vers une mort certaine ne peut être heureux. Je n’ai reçu en héritage ni dieu, ni point fixe sur la terre d’où je puisse attirer l’attention d’un dieu : on ne m’a pas non plus légué la fureur bien déguisée du sceptique, les ruses de Sioux du rationaliste ou la candeur ardente de l’athée. Je n’ose donc jeter la pierre ni à celle qui croit en des choses qui ne m’inspirent que le doute, ni à celui qui cultive son doute comme si celui-ci n’était pas, lui aussi, entouré de ténèbres. Cette pierre m’atteindrait moi-même car je suis bien certain d’une chose : le besoin de consolation que connaît l’être humain est impossible à rassasier.

Et un autre extrait sur la notion du temps, plus optimiste :

Ma vie n’est courte que si je la place sur le billot du temps. […] Mais tout ce qui m’arrive d’important et tout ce qui donne à ma vie son merveilleux contenu : la rencontre avec un être aimé, une caresse sur la peau, une aide au moment critique, le spectacle du clair de lune, une promenade en mer à la voile, la joie que l’on donne à un enfant, le frisson devant la beauté, tout cela se déroule totalement en dehors du temps. Car peu importe que je rencontre la beauté l’espace d’une seconde ou l’espace de cent ans. Non seulement la félicité se situe en marge du temps mais elle nie toute relation entre celui-ci et la vie.

A noter que les « Têtes raides », dans leur album Banco, en font une lecture. On la trouve en video sur Dailymotion.

Par-delà bien et mal – Friedrich Nietzsche

Par-delà bien et mal - Friedrich Nietzsche Après avoir écouté Michel Onfray l’année dernière nous conter l’histoire et la philosophie de Nietzsche, je me suis lancé dans la lecture de l’un de ses ouvrages, « Par-delà bien et mal ». Pour une première lecture d’un philosophe, ce petit bouquin de 200 pages en Folio essai me paraissait abordable.

Le livre est composé de textes courts, autant de réflexions ou d’opinions exprimés sur les différents sujets abordés (philosophie, religion, morale, etc…). Si Nietzsche est assez lisible (je veux dire qu’il n’emploie pas un vocabulaire ésotérique), j’ai du en relire plus d’un pour mieux saisir ce qu’il voulait dire. La première lecture servait à voir à peu près de quoi il retournait, et où il voulait en venir (ce qui n’est pas toujours évident) ; et la deuxième, plus fluide, de saisir le texte dans son ensemble. C’était finalement assez agréable, quand le sujet ou l’idée me plaisait…

Il va bousculer bon nombre d’idées reçues, avec un certain plaisir et parfois avec un humour assez ravageur… beaucoup de choses vont être sérieusement remises en question ! Grand penseur (« esprit libre » comme il se définit), à une époque ou la psychologie et la psychanalyse apparaissent, il ouvre certes des perspectives nouvelles.

Il ne s’embarrasse ni ne doute de rien, et ses jugements vont parfois trop loin à mon goût (manque d’humanisme). Le « bas peuple » (la plèbe) est violemment dénigré et méprisé (élitisme ?). Quand il aborde « Peuples et patries », puis « Qu’est-ce qui est aristocratique ? ». Là… il faut sans doute mieux connaître la philosophie de Nietzsche pour bien comprendre ce qu’il veut dire  quand il parle du surhomme ou de la volonté de puissance (malgré les explications de Michel Onfray), mais ce n’est pas vraiment surprenant que ses idées aient été récupérées par les nazis et le fascisme italien.

Comme vous pourrez le voir dans les extraits ci-dessous, il y a donc du bon et du moins bon, voir du mauvais et je reste assez partagé sur le personnage :

Il fut malade très tôt (syphilis ?), souffrant dans son corps toute sa vie ou presque, et cela explique peut-être ses réflexions sur les bienfaits de la souffrance, ou bien sa fascination pour les grands hommes et son mépris pour la démocratie qui « ramollit » les hommes. Il porte des jugements très sévères sur ces sujets qui ne me semblent pas empreints d’une réelle objectivité, mais plutôt d’une fascination.

Quant à ses jugements sur la femme, là aussi ça dérape ! mais finalement comme tant d’autres qui l’ont précédé, j’ai bien l’impression qu’il faille attendre l’émancipation de celle-ci pour trouver des philosophes portant un jugement plus équitable… comme quoi l’environnement influe sur la pensée, ce qui Nietzsche dit d’ailleurs à propos des philosophes : hélas, il n’échappe pas lui-même à la régle !

Tout l’intérêt du bouquin est nous faire réfléchir sur des choses que l’on considère comme acquises. On peut être ou ne pas être d’accord, l’essentiel est d’y réfléchir. De plus, comme les textes sont courts, on peut se ballader avec le bouquin en poche, en lire un, y réfléchir tranquillement, puis en lire un autre, etc…

Quelques extraits pour se faire une idée…

Continuer la lecture… Par-delà bien et mal – Friedrich Nietzsche

L’été sera (fa)chaud

Le Canard enchaîné - mercredi 11 août 2010 Je ne fais pas souvent d’articles directement sur la politique gouvernementale (à part les dessins du Canard !), mais je dois dire que là, durant ce joli mois d’août, on est en droit de se poser des questions.

Nous sommes en démocratie, et si 52% des votants ont choisi Nicolas Sarkozy lors de la dernière élection, c’est leur droit le plus strict. Au pire, cela démontre les limites de celle-ci, et si l’on relit Progaganda, souligne la main-mise des partis politiques (entre autres) pour limiter le choix de l’électeur à une poignée d’individus alors qu’en principe le choix devrait être des plus vastes, et potentiellement la manipulation de l’opinion publique…

De même, notre Président prend les décisions qu’il souhaite, c’est son rôle et sa fonction. Les choix économiques, le rôle de l’État et son financement, la sécurité, la justice, la politique étrangère, sont assumés et en droite ligne avec la ligne politique à laquelle il appartient. Pour ceux qui avaient cru aux belles promesses, qu’il allait suffire de travailler plus pour gagner plus, c’est une bonne leçon. « Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent », disait Charles Pasqua… ou était-ce ce barbier qui avait écrit sur sa porte « Demain, on rase gratis » ? on attribue tant de grandes phrases aux hommes politiques…

Toujours est-il que les dernières déclaration de notre Président relèvent nettement d’une stratégie politique de bas étage, bien loin de celles que l’on est en droit d’attendre d’un homme occupant la plus haute fonction de l’État. Sans détailler le catalogue de ses déclarations ou celles de ses porte-flingues, on trouve la stigmatisation des minorités, chose qu’il affectionne manifestement, mais qui a atteint ces jours-ci des sommets sécuritaires avec l’expulsion des Roms ; l’assimilation d’une politique d’immigration ratée et de la délinquance vaut aussi son pesant d’or. Tiens, il a aussi assimilé les gitans et les Roms : c’est peut-être la simplification qu’il affectionne en fait.

Gandhi, qui a été avocat, disait dans son autobiographie :

Étudiant, j’avais entendu dire que métier d’homme de loi et métier de menteur était une seule et même chose. Mais cet aphorisme ne réussit pas à m’impressionner, car je n’avais nulle intention de me faire une situation ou de m’enrichir à coup de mensonges.

Et un peu plus loin il ajoute :

Que le lecteur, pourtant, n’oublie pas que le respect même de la vérité dans l’exercice de cette profession ne saurait la guérir du défaut foncier qui la vicie.

Pour résumer, notre président de la république n’est manifestement pas à la hauteur de sa tâche. Cela me rappelle furieusement le principe de Peter… le problème, c’est que selon ce principe, les hiérarques incompétents sont indéboulonnables ! Et le pire dans tout ça, c’est que les prochaines élections étant dans deux ans, ça laisse le temps de faire beaucoup de dégâts dans la société…

Et pour ceux qui veulent un peu connaître ce peuple méconnu que sont les Roms, vous pouvez lire Zoli, de Colum McCann. Une belle et dure histoire à travers le siècle et l’Europe.

Seeks : un métamoteur de recherche libre

Seeks Seeks est un métamoteur de recherche, c’est-à-dire qu’il va agréger les résultats d’autres moteurs de recherche (Google, Bing, Cuil, Yahoo & Exalead en l’occurence). Ce n’est pas le premier loin de là, mais le projet semble intéressant, même s’il sera dur de détrôner les géants existants. Pour l’instant, il se contente de les utiliser, et de reclasser les résultats selon ses propres critères.

Seeks enverra donc votre recherche aux moteurs précédemment cités, mais de manière anonyme, et c’est déjà un avantage, en ces temps où les données privées sur internet posent question. Mais il va aussi analyser les résultats et vous permettre de les grouper selon leur type : les liens vers des pages web, des documents PDF, vers un Wiki, ou encore n’afficher que les images. Bref c’est plutôt complet.

Le projet

Seeks repose sur une architecture ouverte, et les versions à venir permettront d’interconnecter les serveurs entre eux (chacun peut installer le sien sur son propre serveur). Par la technologie P2P, les différents serveurs Seeks pourront alors regrouper en temps réel les requêtes de différentes internautes, et ainsi d’affiner les résultats. Cette partie serait vraiment nouvelle, et les possibilités encore ouvertes.

L’idée est rendre la recherche sur le web aux utilisateurs… et ne pas la laisser se concentrer entre quelques mastodontes qui contrôlent tout, y compris leur algorithme de recherche. Notons qu’à ce stade du projet, les données sont toujours chez Google, ou Bing…

A terme,  on obtiendrait un moteur de recherche décentralisé, avec une transparence des algorithmes de recherche et une égalité des contenus sur le web. Un site web pourrait aussi indexer lui-même ses pages, et partager cet index avec d’autres serveurs du réseau Seeks. Dans ce cas, on décentralise les index !

Astuce

Pour l’ajouter à votre barre de recherche dans Firefox, rendez vous sur la page d’accueil, puis cliquer sur la liste des moteurs de recherche : vous devez voir en bas de la liste une entrée « Ajouter Seeks comme moteur de recherche ». Valider, puis remonter Seeks en première place pour l’avoir par défaut.

seeks moteur de recherche par défaut

Notre part des ténèbres – Gérard Mordillat

Notre part des ténèbres - Gérard Mordillat Dernier roman de Gérard Mordillat, paru en 2008, et le premier que je lis de cet auteur. Une histoire très contemporaine, puisqu’il s’agit d’une fermeture d’usine, avec tous les ingrédients auxquels nous sommes malheureusement habitués : spéculateurs, banquiers et politiques sans scrupules œuvrant main dans la main pour leur plus grand profit, qu’il soit financier ou mené par l’ambition personnelle.

Les salariés sont laissés sur le carreau après de belles promesses, mais cette fois-ci ils ne vont pas se laisser faire. Ils occupent d’abord l’usine, mais celle-ci est incendiée une nuit par des inconnus… ils vont alors monter une opération de grande envergure pour régler leurs comptes :

Le fond de placement FII a obtenu d’excellents résultats financiers, et a invité à bord d’un paquebot pour la nuit du réveillon, ses meilleurs clients et amis, jusqu’au ministre de l’intérieur lui-même (sa femme est l’héritière de la banque Margaux… elle-même impliquée dans la transaction). Bref, dans tout ce petit monde se trouvent tous les acteurs ayant participé de près ou de loin à la fermeture de l’usine, sans oublier Depardieu et Clavier, sous contrat pour montrer leurs binettes, et dont on se demande bien ce qu’ils viennent faire dans l’histoire : les noms des autres personnages sont fictifs, quel besoin d’y incorporer ces deux-là ? J’aurai préféré le nom du ministre !!

Bref, les salariés vont réussir à prendre le contrôle du « Nausicaa », et au lieu du feu d’artifice prévu à quelques centaines de mètres du port du Havre, vont l’emmener dans le mer du Nord, histoire de rencontrer une vraie tempête et… mystère… quelles sont leurs intentions ? personne ne le sait, le lecteur non plus, pas plus que les salariés eux-mêmes (une fois le livre terminé, on se pose encore la question). Au gouvernement, on met en place une cellule de crise, armée, GIGN, tout le tremblement…

Si l’idée de départ est séduisante (la révolte), on a beaucoup mal à croire à cette histoire, tant les ficelles pour monter le scénario sont grosses, comme l’utilisation de missiles sol-air par les salariés pour tirer sur les hélicos du GIGN… idem pour les personnages, gentils salariés contre patrons ou politiques dépravés, et pas plus de profondeur dans le description du problème social : l’auteur se contente d’essaimer de temps en temps des dépêches d’agence de presse annonçant ici une catastrophe, là des tortures, des bénéfices records pour telle compagnie ou un scandale ailleurs. Trop caricatural pour être réellement intéressant.

Gérard Mordillat est né en 1949 à Paris. Fils d’ouvrier, soutien de longue date du PCF et maintenant du Front de gauche, passionné de littérature et de cinéma. Il a tenu la rubrique littéraire de Libération qu’il quitte après son premier roman, « Vive la sociale! », qui deviendra un film quelques années plus tard. On dirait bien qu’il a écrit ce dernier bouquin en pensant que ça ferait un film, ça expliquerait la présence de Clavier et Depardieu ? en tout cas, l’idée n’était pas de décrire sérieusement une situation sociale inquiétante.

Quant à l’éditeur qui ajoute sur la couverture « le roman de l’insurrection qui vient », on rigole franchement !

Les variétés et l’abêtissement

Mauriac et Cie - France Culture Entendu vendredi dernier sur France Culture, dans « Les matins d’été », juste avant le journal de 8H : en partenariat avec l’INA, retour sur « 36 chandelles », la fameuse émission de variété animée par Jean Nohain.

Serge Toubiana prête sa voix à Hervé Bazin, qui en fait une « analyse constructive » dans France Observateur (le futur Nouvel Observateur) :

Un phénomène de psychologie sociale profondément attristant… un homme intelligent et cultivé, à l’aise dans la niaiserie, mais sincère puisqu’il ne méprise pas la bêtise (en tout homme cultivé, même intellectuel, il y a un imbécile qui sommeille)… vulgaire sans vulgarité mais avec finesse… faisant avec bonhommie et sans cynisme le jeu de la sottise petite-bourgeoise…

A déguster !

[audio:https://pled.fr/wp-content/uploads/2010/08/Bazin-Nohain.mp3]

Lectures, Ubuntu, Smartphone, Cinéma, entre autres…