
Retour à Joan Didion dont j’avais bien aimé le style de ses chroniques sur l’Amérique.
Cette fois, c’est un roman, qui décrit sans détour le monde d’Hollywood, de ses excès et de ses faux-semblants. Et c’est assez glaçant, Joan Didion ne fait pas de cadeau !
Pas de mise en contexte, on entre tout de suite dans le monde de Maria, actrice hollywoodienne qui a connu brièvement son heure de gloire, et se remet (ou pas) d’une dépression chronique. Elle a bien du mal à se séparer de son ex-mari, un réalisateur en vogue, imagine pouvoir s’occuper de sa petite fille qui est internée pour troubles mentaux. Ils sont amis avec BZ un producteur et sa femme Hélène.
Tout cela on le découvre au fur et à mesure de lecture, car rien n’est expliqué du contexte, juste les interactions de Maria avec son monde, et les réflexions des personnages. Le tableau s’éclaire ainsi petit à petit : milieu du cinéma hollywoodien, actrice à la dérive, couples qui se déchirent, alcool, drogues, sexe, violence, trahison…
Une fois rentré dans le récit, les phrases percutantes à la Didion font mouche, et c’est la peinture sans fard d’un monde dépravé, où chaque personnage est avant tout d’un égoïsme profond. Il n’y a personne à sauver… Le style de Joan Didion nous oblige à une adaptation, et il faut un certain temps pour rentrer dans l’histoire. Mais le portrait dressé mérite le détour.
Joan Didion (1934-2021) est une journaliste et romancière américaine. Elle a travaillé pour la magazine Vogue à ses débuts. Élue femme de l’année en 1968 par le L.A. Times (aux côtés de Nancy Reagan), elle a aussi coécrit le scénario de Panique à Needle Park. Son dernier essai, « L’année de la pensée magique » — qui relate la mort soudaine de son mari d’une crise cardiaque — a reçu le National Book Award.
Il y a un documentaire sur Netflix intitulé Le centre ne tiendra pas (The center will not hold) qui retrace sa carrière et ses luttes personnelles. Elle y dit qu’il y a beaucoup d’elle dans Maria…