C’est bien la première fois que je lis un livre d’homme politique, et plus encore écrit à quatre mains ! Mais bon, le côté polar, peut-être teinté de réalisme, m’a attiré.
Franchement, c’est pas trop mal, on passe derrière la scène d’une campagne politique, à travers les yeux d’un « apparatchik », le bras droit du « Patron », le candidat, loin au-dessus de la mêlée. L’équipe autour de lui est réduite et chacun a une tâche bien dédiée : la presse, les discours, la direction de campagne, l’organisation matérielle.
Le Patron vient de remporter la primaire au sein de son parti, et va se présenter au premier tour de la présidentielle. Les choses ne vont pas tarder à se compliquer quand des rumeurs de primaires truquées vont apparaître. Qui est derrière cette rumeur, est-elle vraie ? La belle machine va vite s’enrayer, et les choses déraper. Un peu trop d’ailleurs !
Malgré quelques explications du monde politique un peu laborieuses, quelques ficelles un peu grosses, des personnages souvent caricaturaux, c’est assez bien écrit et la lecture est prenante avec un suspens bien tenu. On a toutefois un peu de mal à croire que l’on aille jusqu’à des meurtres dans le contexte d’une telle primaire.
Mais ce qui ressort (et qui m’a dérangé) le plus, c’est le cynisme total de pas mal de personnages. C’est vraiment trop marqué, même si on comprend bien que l’intrigue « polar » est le prétexte pour montrer l’atmosphère et l’organisation d’une campagne. Que ces hommes soient obnubilés par le but ultime, la victoire qui seule compte, OK. Mais ce cynisme omniprésent était-il nécessaire pour démonter les rouages d’une organisation de campagne électorale ? Je n’en suis pas certain, et cela a un peu gêné ma lecture.
Édouard Philippe et Gilles Boyer ont été tous deux les conseillers de l’ombre d’Alain Juppé, des apparatchiks donc selon la terminologie du roman. Le premier a franchi le Rubicon, devenant maire du Havre puis Premier ministre. Le second est député européen depuis 2019.