Hacke-moi si tu peux – Florent Curtet

Quand j’ai entendu parler de ce livre (l’auteur a bénéficié de quelques promotions dans les mass media), j’ai eu envie de le lire : un « Black Hat » qui devient « White Hat », ça doit faire une belle histoire.

Mais je m’attendais à autre chose, et j’ai été globalement déçu, même si l’histoire mérite d’être contée. Côté littérature, c’est lisible mais on sent les retouches, comme certaines phrases en fin de paragraphe qui tentent de donner un pseudo style littéraire à ce qui n’en a pas vraiment besoin d’ailleurs.

Non, la déception vient de ce que j’attendais : un vrai hacker qui nous parle de ses techniques de hacking, comment il pénètre certains réseau etc… L’auteur a manifestement choisi d’être accessible au grand public, et on a le récit d’un surdoué de l’informatique certes (tombé dedans quand il était petit), et qui va très vite utiliser ses talents pour se faire de l’argent : trafic de cartes bleues, fausse monnaie… Il s’agit d’ailleurs le plus souvent d’aller sur le « darknet » acheter ou vendre des choses illégales, que d’autre chose. Le pire c’est que l’auteur est très jeune et tout cet argent ne lui sert pas vraiment, à part s’acheter de belles fringues et faire le beau… L’image que j’ai vite eu du personnage, c’est celle d’un escroc, tout simplement.

Quand il se fait arrêter, il s’en sort avec une peine légère car il est encore mineur. C’est l’aussi occasion pour lui de découvrir les gens qui travaillent contre la cybercriminalité, et d’y trouver sa vocation. Florent Curtet peut au passage remercier ses parents qui l’ont toujours soutenu, aidé et payé l’amende de sa condamnation. Le récit ne dit pas s’il a réussi à garder un magot quelque part, et a pu en faire profiter ses parents (je l’espère pour eux). 😉

La deuxième partie, disons « la rédemption » et le passage en White Hat, est finalement assez intéressante quand il explique ce qu’il fait et comment. Il a pourtant encore cette tendance à être « borderline », à ne pas respecter les règles, et ses justifications ne sont pas toujours convaincantes. Il se fera arrêter une nouvelle fois : à force de naviguer en zone grise, il s’octroie quelques défraiements alors qu’il joue l’intermédiaire entre un cabinet d’avocats et un groupe de hacker. Là encore, ce sont les parents qui paient la caution. À ce jour, il serait en attente de jugement, interdit d’exercer ses activités de médiateur.

Le titre est bien sûr un clin d’œil au film « Arrête-moi si tu peux », de Spielberg. Au final, pas inintéressant, mais globalement décevant, encore que cela dépend peut-être de moi. À noter la préface d’Éric Naulleau, particulièrement oiseuse.

Florent Curtet est un expert en cybersécurité qui a travaillé pour l’ONU, Interpol ou des sociétés du CAC40. Il a fondé l’ONG « Hackers sans frontières » destinée à aider les victimes de cyberattaques, et aussi fondé une société « NEO Cyber » qui assure une formation pour négocier avec des cyber-attaquants.

Une réflexion sur « Hacke-moi si tu peux – Florent Curtet »

  1. Merci Pascal pour cette critique honnête.
    Ce n’est jamais facile de coucher sur papier – même avec une plume – sa propre vie.
    Florent

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