La Zone du Dehors – Alain Damasio

Quand j’avais acheté La Horde du Contrevent il y a 2 ans, j’avais également fait l’acquisition de celui-ci, puisque ces deux ouvrages sont les deux best-sellers de l’auteur. Chronologiquement, « La Zone du Dehors » est d’ailleurs son premier roman.

N’ayant pas été complètement séduit par « La Horde… » à l’époque, j’avais laissé « La Zone… » de côté sur l’étagère. Il faut dire aussi qu’ayant lu ou écouté certains interviews d’Alain Damasio, je ne partageais pas vraiment ses vues clairement « anti-système », et que cela ne m’encourageait pas à le (re)lire.

Profitant d’un creux dans ma liste de lecture, je m’y suis enfin plongé. Alors, que dire ? L’histoire n’est qu’un vaste prétexte à promouvoir l’anarchie si chère à l’auteur. Et il le dit clairement dans la première postface (au moins cela a conforté mon impression lors de la lecture) :

Ce livre a été écrit dans un but, unique : comprendre, en Occident, à la fin du vingtième, pourquoi et comment se révolter. Contre qui ? ajouteront certains en guise de prolongement, mais déjà ça glisse, ça devient incertain et flaqué, car la question, que pose ces nouveaux pouvoirs auxquels chacun de nous est aujourd’hui confronté, dans son corps, aux tripes même, sans le vouloir, sans s’en dépêtrer, d’où qu’il se tienne, hautain même, indifférent ou narquois, cette question est devenue : contre quoi ?

« Se révolter contre qui, contre quoi » … Moi je veux bien, mais ce que j’aimerais surtout savoir, c’est « Pour quoi ? ». Là-dessus, c’est toujours la même rengaine. Je ne dois plus avoir l’âge requis pour ce genre d’utopie anar, où l’on se contente de critiquer le pouvoir en place pour réclamer à cor et à cri la liberté, afin que l’homme (nouveau) puisse enfin révéler au grand jour ses talents créatifs, fraternels, et développer un monde parfait. L’aspiration à une société sans contrôle, une sorte d’ode au Far-West, où malheureusement c’était souvent la loi du plus fort qui régnait me semble-t-il.

Et donc on a vraiment l’impression que l’histoire n’est qu’un prétexte, et que les longs discours de Capt et de ses amis de la Volte sont bien le cœur du roman. On cite allègrement Nietzsche, Deleuze, Foucault voir Camus, ça fait toujours bien… L’auteur s’amuse aussi avec les mots (cela fait partie de son écriture), en en créant de nouveaux, parfois avec bonheur, mais pas toujours ; il s’offre aussi quelques morceaux de bravoure, comme le moment où Capt est plongé dans le Cube : c’est pour moi illisible, j’ai zappé ces pages. L’ensemble manque singulièrement d’action, et on s’ennuie pas mal à tourner les pages.

La société décrite, sur un satellite de Saturne, surpeuplée et aux dimensions restreintes, est forcément très organisée, technologique, et surveillée. Les membres de la Volte veulent casser ce contrôle au nom d’une liberté qu’ils se gardent bien de développer. Si le scénario de la première partie tient à peu près la route (je dis bien « à peu près »), après l’attaque de l’émetteur TV, on est plutôt dans l’improbable pourvu que l’on puisse encore et toujours dérouler le message : la révolution est nécessaire et justifie la violence.

Donc un gros BOF ! À noter qu’écrit en 2000, c’est la guerre en Ukraine qui, ayant déclenché un conflit mondial destructeur, a obligé les terriens à émigrer sur d’autres planètes… Bien vu !

Alain Damasio, né en 1969 à Lyon, est un écrivain de science-fiction et typoète français. Son domaine de prédilection est l’anticipation politique. Il marie ce genre à des éléments de science-fiction ou de fantasy et décrit des dystopies politiques. Il alerte sur les dérives de la technologie servant au contrôle des individus.

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