Anéantir – Michel Houellebecq

J’ai vu par hasard ce livre dans les nouveautés de la médiathèque, je l’ai réservé, et comme il était encore à l’étape « protection & couverture », je dois être le premier à l’avoir obtenu quand il a été prêt. 😎

Dès le premier paragraphe, les mots « célibataire » et « mort » sont prononcés, c’est donc bien du Houellebecq ! Le mot sexe ne tardera pas, rassurez-vous !

Trêve de plaisanterie, que vaut ce dernier opus de notre écrivain-provocateur en chef ? Franchement, je n’ai pas été enthousiasmé, Houellebecq semble pourtant un peu apaisé, et plus préoccupé par la mort que par le sexe. Une nouvelle obsession, on vieillit tous, n’est-ce pas ?

Malgré de bons passages, où l’on est emporté par le récit et l’écriture toujours fluide, c’est l’histoire qui pêche, qui manque singulièrement de lien : mais de quoi l’auteur nous parle-t-il vraiment ? quel est le sujet ? plutôt qu' »Anéantir », « Dispersion » aurait été un bon titre.

Car cela commence comme un roman d’espionnage, avec un groupe terroriste très mystérieux (et qui le restera), utilisant des techniques informatiques jamais vues (et l’on n’en saura pas plus), publiant des textes à l’alphabet inconnu (il l’est toujours), provoquant des attentats extrêmement sophistiqués (ou alors de simples incendies), etc… Cette histoire occupe une bonne partie du roman, pour finalement disparaître.

Ensuite je n’ai pas compris pourquoi un groupe d’extrême-droite anti-euthanasie va libérer le père de Paul ? L’auteur semble mélanger allègrement euthanasie et maltraitance hospitalière, et toute cette partie semble surgie de nulle part, peut-être l’envie de dire du bien de l’extrême-droite et soigner son côté provoc ? Et s’il évoque (brièvement) le problème des EHPAD, c’est loin d’être développé comme il le faudrait.

La mini-intrigue politique en toile de fond n’a pas grand intérêt, même si l’on peut facilement imaginer qui est le président et qui est le ministre des finances (indice : il s’appelle Bruno) : mais encore une fois, cela n’a aucun intérêt. Reste le choix final de Paul, que l’on comprend assez facilement.

Le problème de la fin de vie serait donc le thème du roman, la possibilité de l’euthanasie étant rejetée sans plus d’explications, mais le choix de refuser de vivre à tout prix étant lui validé. Débrouillez-vous avec ça !

Une fois le livre refermé, je me disais que Houellebecq a peut-être déjà dit ce qu’il avait à dire. Désormais il se répète, et est moins percutant dans ses analyses sociologiques (on est loin des particules élémentaires !). Il y a tout de même de bonnes pages : toute l’histoire familiale de Paul, malgré ses quelques incohérences, est agréable à lire, et aurait suffit à faire un excellent roman.

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Michel Houellebecq, (né Michel Thomas à La Réunion en 1956), est l’un des auteurs contemporains de la langue française les plus connus et traduits dans le monde. Révélé par « Extension du domaine de la lutte » (1994) et surtout « Les particules élémentaires » (1998). Élevé d’abord par ses grands-parents maternels en Algérie, il est confié à six ans à sa grand-mère paternelle Henriette, communiste, dont il adoptera le nom de jeune fille comme patronyme.

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