Les rues de Laredo – Larry McMurtry

En passant chez le libraire l’autre jour, j’ai vu ce bouquin, l’épisode final de Lonesome Dove, comme indiqué sur la couverture. Je l’ai pris immédiatement, en espérant que cela soit un bon cru. Car si j’avais bien aimé Lune Comanche, qui retrace les débuts des deux Texas Rangers de Lonesome Dove, j’avais été très déçu par La marche du mort.

Pour ce dernier opus, je suis un peu mitigé : ni bon ni mauvais, surtout très lent et avec une histoire assez faible finalement. C’est un peu la dernière mission de Woodrow Call, la mission de trop où dès le départ, on sent bien qu’il serait mieux sur un rocking-chair à profiter de ses vieux jours qu’à se lancer à la poursuite d’un redoutable voleur de trains. On serait presque tenté de dire la même chose de l’auteur, qui étire l’histoire autant que faire se peut, avec beaucoup de répétitions lorsqu’il décrit les réflexions des uns et des autres… On frôle dès lors l’ennui !

Finalement, ce sont les rôles des femmes qui donnent de la valeur à ce récit, avec Maria, la mère de Joey Garza, le voleur de trains qui adore tuer de loin avec son fusil à lunette, et qui porte en lui une telle haine que l’amour filial de Maria est mis à rude épreuve. Et puis il y a Lorena, la femme de Pea Eye le fidèle partenaire de Woodrow, qui lui aussi aurait mieux fait de rester dans sa ferme avec sa femme et ses enfants. Lorena, ancienne prostituée devenue institutrice et femme dotée d’un fort caractère, viendra elle-même rechercher son mari avant qu’il ne soit trop tard.

Tout cela de part et d’autre de la frontière mexicaine où les guerres indiennes relèvent du passé, mais où subsistent quelques êtres malfaisants comme ce voleur de train élevé chez les Comanches, ou encore le dénommé Mox-Mox surnommé le « brûleur d’hommes ». Beaucoup de personnages du roman sont au crépuscule de leur vie, vestiges d’une époque révolue, et ce sentiment de crépuscule est omniprésent, y compris dans l’écriture de ce dernier roman.

Larry McMurtry, né en 1936, est un  un romancier, essayiste et scénariste américain. Lonesome Dove a remporté le Prix Pulitzer de la Fiction en 1986. Une autre série avec pour héros Duane Moore démarre avec un titre connu, « La dernière séance », porté à l’écran par Peter Bogdanovitch. Il a également écrit avec Diana Ossana le scénario du film Le Secret de Brokeback Mountain. À noter qu’en 2011, Larry McMurtry a épousé Norma Faye Kesey, la veuve de l’écrivain Ken Kesey (1935-2001) !

Pas d’icône dans le Dash de Gnome

J’ai récemment installé une nouvelle application de recettes de cuisine, j’ai nommé Anymeal, celle que j’utilisais auparavant (Gourmand, un fork de Gourmet en Python 3) ne démarrant plus sur Debian 13, et le projet semblant plus ou moins abandonné.

Anymeal est présent dans les dépôts Debian, et s’installe donc très facilement. Il est de plus maintenu, puisque j’ai été en contact avec le dev lorsque j’ai remarqué que le dash de Gnome (la barre du Dock en bas de l’écran) n’affichait pas l’icône de l’application, alors que l’icône apparaissait bien quand on lançait l’application :

L’icône n’est pas très chouette !

Mais une fois lancée, plus d’icône :

Le fichier .desktop

Comme toujours dans ce type de problème, il faut commencer par aller voir le fichier .desktop de l’application. Celui-ci était bien présent dans /usr/share/applications/de.wedesoft.anymeal.desktop, tout comme une icône dans /usr/sahre/icons/hicolor/64x64/apps/anymeal.png.

pascal$ cat /usr/share/applications/de.wedesoft.anymeal.desktop 
[Desktop Entry]
Name=anymeal
GenericName=Recipe Manager
Comment=Free recipe management software
Keywords=recipes;cooking;database;
Exec=anymeal
Terminal=false
Type=Application
Icon=anymeal
Categories=Qt;Utility;Viewer;

Tout avait l’air correct, et après avoir bidouillé un peu (en renommant le fichier en anymeal.desktop, cela fonctionnait), j’ai préféré créer un bug, et le développeur a été très réactif : il a créé une VM pour pouvoir reproduire le problème, puis a trouvé la solution dans ce billet de blog, ma foi fort intéressant. Il s’agit en fait de définir la fenêtre de l’application d’une autre manière, plus efficace manifestement que par son nom, et c’est toujours bon à savoir et surtout à retenir (d’où cet article).

Pour ce faire, on va lancer l’application, puis appuyer sur Alt-F2 afin de lancer le debugger de GNOME Shell appelé Looking Glass, en tapant « lg » :

Il suffit alors de cliquer sur « Windows » pour voir s’afficher la valeur de wmclass pour l’application anymeal :

Et voilà, il ne reste qu’à renseigner ce paramètre dans le fichier .desktop indiqué plus haut pour le paramètre StartupWMClass :

pascal$ cat /usr/share/applications/de.wedesoft.anymeal.desktop 
[Desktop Entry]
Name=anymeal
GenericName=Recipe Manager
Comment=Free recipe management software
Keywords=recipes;cooking;database;
Exec=anymeal
Terminal=false
Type=Application
Icon=anymeal
Categories=Qt;Utility;Viewer;
StartupWMClass=anymeal

À ce stade, l’icône s’affiche bien dans le Dash, le but recherché est donc atteint. Mais un autre problème est apparu : l’icône mettait plus de 10 secondes à apparaître dans le Dash ! 😡 Par contre, si on lançait l’application via le terminal, elle apparaissait bien immédiatement.

On trouve un bug à ce sujet ici, qui est fermé en indiquant qu’il est lié à celui-ci, également fermé, mais avec des explications. La remarque intéressante à retenir est :

This only seems to happen when I start the applications from the launcher and not directly from a terminal, so it may be related to the startup notifications.

Le plus simple dès lors est de désactiver les notifications pour l’application en ajoutant un autre paramètre StartupNotify=false à la fin du fichier ci-dessus.

pascal$ cat /usr/share/applications/de.wedesoft.anymeal.desktop 
[Desktop Entry]
Name=anymeal
GenericName=Recipe Manager
Comment=Free recipe management software
Keywords=recipes;cooking;database;
Exec=anymeal
Terminal=false
Type=Application
Icon=anymeal
Categories=Qt;Utility;Viewer;
StartupWMClass=anymeal
StartupNotify=false

Et voilà tout fonctionne ! Et comme je n’aime pas l’icône d’Anymeal, j’en ai fait une autre en partant d’icônes libres de droit (ici) avec l’aide de GIMP :

Franchement, je préfère celle-ci !

Bon, je reviendrai sur ce nouveau logiciel de recettes dans un autre article, je ne suis pas encore certain de l’utiliser, même si le développeur a montré qu’il était très réactif.

Printeurs – Ploum

J’avais déjà lu des articles de Ploum sur le net, il était assez impliqué dans Ubuntu il y a déjà quelques années. J’ai vu ensuite qu’il avait publié un livre, mais je ne m’y étais pas intéressé plus que ça.

Puis j’ai vu une conference video qui m’a bien plu, tant dans le ton que sur le fond, le personnage ne manquant par ailleurs pas d’humour. Et c’est comme ça que j’ai commandé son bouquin, via mon libraire qui m’avouait n’avoir jamais commandé à cette maison d’édition (PVH) !

J’aime bien la SF, et je suis très bien rentré dans l’histoire, on est placé tout de suite dans un univers genre Cyberpunk comme dans Neuromancien de William Gibson, et on découvre un monde hyper technophile à chaque page, on est clairement dans un futur où la technologie est omniprésente. Chacun porte un neurex, capteur de conductivité, en fait un simple serre-tête, qui capte vos pensées et vous fournit des infos en relation, les projetant sur vos lentilles, le tout couplé à votre téléphone. Même la réalité est « améliorée » et projetée sur vos lentilles, embellissant les rues, les éclairant, etc… Peut-on d’ailleurs encore parler de réalité ? Tout cela inclut bien sûr de la publicité, omniprésente, que l’on peut si l’on a les moyens désactiver pour quelques heures…

La société est de type totalitaire (type 1984) et très répressive, même si l’on en saura assez peu finalement hormis le fait qu’il est très difficile d’y échapper, tant le contrôle est total. Nellio, le personnage central du roman, est recruté par une organisation assez mystérieuse pour ses talents d’ingénieur spécialisé en impression 3D. Dans un ailleurs non déterminé, l’ouvrier 689 parvient à sortir de sa condition d’esclave en devenant tortionnaire à son tour, dans un monde d’une violence extrême. Ces deux mondes vont finalement se rejoindre, dans une scène finale assez apocalyptique… encore qu’un chat appuyant sur la touche d’un clavier peut toujours sauver le monde ! Ce qui prouve aussi que l’auteur est bien informaticien… 😉

Bon moment de lecture, c’est bien écrit, et on est en permanence à essayer de décrypter ce monde, et de savoir dans quel projet Nellio est embarqué. On n’aura toutefois que peu d’infos globales sur cette société et comment elle en est arrivée là, si ce n’est que tout est géré par un algorithme monstrueux dont le contrôle échappe à son créateur… Une petite remarque toutefois : Junior, le policier qui se met soudainement à les aider est vraiment peu crédible dans ce contexte. Enfin, à la dernière page, il est écrit « Suite à paraître : Scanneurs par Ploum », dont il semble bien qu’elle n’est jamais eu lieu ! 🙁

Lionel Dricot, né en 1981, est un est un blogueur, écrivain de science-fiction, développeur1 de logiciel libre. Il était pas mal impliqué sur Ubuntu au début (beta testeur) et a été reconnu comme Ubuntu membership. Il a publié notamment « Ubuntu efficace » aux éditions Eyrolles. Sur son blog, il parle des logiciels libres, de ses écrits, de la société comme il la voit. Il a également écrit un recueil de nouvelles : « Stagiaire au spatioport Omega 3000 et autres joyeusetés que nous réserve le futur ».

Au passage, voilà la conférence dont je parlais en début d’article, donnée comme « Keynote d’ouverture » à Touraine Tech, intitulée « Pourquoi ? ». Pourquoi fait-on des logiciels de plus en plus complexes alors qu’il ne s’agit depuis le début que d’afficher du texte sur un écran ? Pourquoi les utilisateurs ne veulent pas faire les mises à jour d’un logiciel qui les satisfait tel quel ?? C’est émaillé d’anecdotes de sa vie professionnelle qui m’ont rappelé des souvenirs et m’ont bien fait marrer ! 😀

Streaming de sa propre musique avec l’application Nextcloud Music

Tout a commencé par la lecture de cet article : Je quitte Spotify pour mon propre cloud musical autohébergé ! L’auteur y explique comment il est passé de Spotify à une solution auto-hébergée avec Nextcloud et son application Music.

Il y soulève d’ailleurs plusieurs points intéressants à propos de l’usage de Spotify : d’abord l’absence de certains artistes, ou de leur disparition soudaine pour d’obscures raisons contractuelles, en d’autres termes l’absence de contrôle sur la musique que l’on souhaite écouter. Mais aussi un autre point très intéressant : utilisateur des « Daily Mix » (des playlists générées chaque jour en fonction de vos goûts), il s’est vite vu s’auto-censurer en n’allant pas écouter une musique dont il avait entendu parler de peur que l’algorithme ne vienne altérer ses « Daily Mix » !

On voit par ces deux exemples les limites de ce que propose Spotify ou Deezer : on perd le contrôle, jusqu’à s’auto-censurer à cause d’algorithmes qui font des choix à notre place. C’est d’ailleurs de plus en plus vrai, avec l’AI qui arrive partout, yc dans les navigateurs, et que je m’empresserai de désactiver quand le pourrai, vu que cela n’apporte rien à part de la confusion. Ce n’est pour moi que le dernier élément marketing des GAFAMs pour vendre leur tambouille du rêve et collecter encore plus de données.

Mais revenons à l’article : je me suis dit pourquoi ne pas « streamer » ma propre musique puisque j’ai mon instance Nextcloud qui tourne sur mon NAS OMV et qui est accessible depuis internet grâce à swag/nginx, le Proxy Server installé ? (voir cet article pour la configuration de mon serveur Nextcloud sur le NAS OpenMediaVault). Le seul souci que je voyais finalement était que ma bibliothèque musicale est assez importante (+14 000 titres) et que je ne voulais surtout pas avoir à dupliquer sur le NAS.

La belle icône de Power Ampache 2

Concernant l’application de lecture côté Android (puisqu’il s’agit de streamer sa propre musique en dehors de chez soi), j’ai utilisé celle mentionnée dans l’article de Flozz, qui m’avait l’air très bien (totalement open-source) puisque Nextcloud Music accepte les clients utilisant l’API Ampache. C’est là que je suis tombé sur un sérieux problème, car il était impossible de me connecter à mon instance Nextcloud Music. J’ai mis du temps à identifier l’origine du problème, mais avec de l’aide côté dev Ampache et Nextcloud, nous avons finis par identifier un problème de configuration sur le proxy serveur nginx.

J’ai également du mettre à jour mon instance Nextcloud, et là je suis tombé sur un nouveau problème lors de l’upgrade. Enfin un problème d’affichage de pochettes m’a embêté quelque temps avant de me rendre compte que cela provenait de la configuration réseau sur mon LAN.

Cela n’a donc pas été sans peine, mais j’ai finalement réussi à tout mettre en ordre de marche. Je vais essayer de reprendre ici toutes les étapes et les problèmes rencontrés.

C’est parti !

Continuer la lecture… Streaming de sa propre musique avec l’application Nextcloud Music

Moby Dick – Herman Melville

J’ai eu envie de m’attaquer à ce monument de la littérature, dans la traduction d’Armel Guerne plutôt que celle de Jean Giono, qui avait eu bien du mal à réaliser cette tâche, et avait du demander l’aide de deux autres traducteurs. Après lecture, je comprends mieux pourquoi.

Autant le dire tout de suite, j’ai été très déçu et les presque 1000 pages du roman m’ont parues bien longues (voire ennuyeuses) au point sur la fin d’en lire certaines en diagonale quand je voyais le style s’enflammer. Je m’explique.

Melville est également un poète, et cela se ressent dans son écriture : le récit est parsemé d’envolées lyriques mystico-religieuses qui personnellement m’ont vite lassé. Il paraît que ce livre est l’emblème du romantisme américain, et est aujourd’hui considéré comme l’un des plus importants romans de la langue anglaise. Très bien, mais ce n’est pas ce que j’attends d’un roman : les exercices de style de ce genre, et les références constantes à la bible, au bien et au mal tels qu’ils pouvaient être considérés à cette époque (fin XVIIIe), ne me passionnent guère. Le roman résiste mal à l’épreuve du temps je trouve… Un petit extrait pour vous faire une idée :

Ce fut par le plus grand des hasards que le navire lui-même, au bout du compte, tomba sur lui et le sauva. Mais à partir de cette heure, le pauvre petit Noir erra sur le pont comme un égaré, ayant perdu l’esprit — ou du moins (car qui saurait décider de ces choses) c’était ce qu’ils disaient de lui. L’océan railleur n’avait pas voulu de son corps physique et l’avait rendu ; mais il avait englouti son âme immatérielle. Il l’avait engloutie, mais sans l’emporter toute entière. Non. Il l’avait entraînée en de merveilleuses profondeurs où, vivante, elle voyait glisser de temps à autre dans son regard passif d’étranges ombres et des figures du monde primordial encore dans le chaos. La Sagesse, cette sirène avaricieuse, lui révélait la masse accumulée de ses trésors; et parmi les éternités joyeuses et sans cœur et perpétuellement jeunes, Pip voyait le Dieu omniprésent avec les multitudes infinies d’insectes corallins qui poussaient jusqu’au faîte, jusqu’au dehors du firmament des eaux, leurs orbes colossaux. Le pied de Dieu posé sur les leviers du grand métier universel, il le voyait ; et il le disait ; et pour cela ses compagnons de bord le nommaient fou. L’humaine insanité est ainsi la santé, le sens et le sentiment du ciel ; et c’est en s’éloignant de toute raison humaine que l’homme parvient, à la fin, à ce contact, à cette pensée céleste qui reste, pour la raison, absurdité et folie ; bonheur et malheur, alors, lui sont indifférents exactement comme est impassible le Dieu.

Ce n’est pas illisible, ni sans intérêt, mais l’accumulation de pages de ce style a achevé de me lasser. Quant à l’histoire du capitaine Achab et de sa haine obsessionnelle pour Moby Dick, elle pourrait aussi bien tenir en 200 pages. Les baleiniers partaient à cette époque pour deux ou trois ans de mer, à chasser le cachalot sans répit pour en extraire la graisse et surtout le spermaceti, le tout étant stocké dans les cales du navire, et c’est finalement l’essentiel du roman, la rencontre tant attendue avec Moby Dick et l’affrontement final n’occupant finalement qu’une cinquantaine de pages à la fin de l’ouvrage. On en apprend donc beaucoup sur cette activité et les cétacés en général, le dénommé Ismahel prétendant aborder tous les sujets qui y sont liés de façon très (trop ?) approfondie et exhaustive. Je ne sais d’ailleurs pas jusqu’à quel point il faut le croire aujourd’hui, les connaissances de l’époque ayant sans doute pris un peu de plomb dans l’aile. Tout cela relève de la chasse systématique qui ne peut conduire à terme qu’à l’extinction de l’espèce ; mais à l’époque, pas plus que dans le roman, jamais cet aspect n’est évoqué. On comprend que Moby Dick ait choisi d’attaquer frontalement tout baleinier s’approchant d’elle ! Melville s’est probablement inspiré d’une histoire vraie, le naufrage de l’Essex attaqué par un cachalot blanc géant appelé Mocha Dick.

Concernant la traduction, la page wikipedia du roman indique six versions en français, et donne en exemple la première phrase du roman. Les célèbres premiers mots « Call me Ishmael » sont ainsi traduits en « Je m’appelle Ishmaël. Mettons. » par Jean Giono quand Armel Guerne aboutit à « Appelons-moi Ismahel« , qui est un peu plus élégant tout de même.

Herman Melville (1819-1891) est un romancier, essayiste et poète américain. Il s’engage comme simple marin à 20 ans sur un navire marchand, puis sur le baleinier Acushnet, et déserte pour s’installer aux îles Marquises. Taïpi, son premier livre, et sa suite, Omoo, sont des récits d’aventures inspirés de sa rencontre avec les peuples des îles, et rencontrent le succès. Moby Dick (publié en 1851) sera par contre un échec commercial, et ne sera redécouvert et porté aux nues que dans les années 1920.

Luminance pour régler la luminosité des écrans

C’est en parcourant le flux RSS de la page This week in GNOME que j’ai vu cette application, bien pratique pour régler la luminosité de ou des écrans en évitant d’avoir à naviguer à travers l’OSD et ses boutons démoniaques… 👿

De plus, l’application se trouvant dans la section « Third Party projects » de la page, elle est fournie au format .deb. J’y serai désormais plus attentif, car dans la section « Gnome Circle Apps and library », si on y trouve des petits programmes sympas, ceux-là sont tous au format Flatpak, un format que j’essaie d’éviter.

Arrivé sur le site de l’application, on peut y lire :

Luminance
A simple GTK application to control brightness of displays including external displays supporting DDC/CI

Le DDC/CI

Luminance permet donc de régler la luminosité de vos écrans si ces derniers supportent le DDC/CI. Comme nous l’explique la page wikipedia, le Display Data Channel (canal des données de l’écran) ou DDC permet à un écran de communiquer ses spécifications à l’émetteur du flux vidéo. Le DDC/CI est une extension (CI : Command Interface) qui permet à l’émetteur d’ajuster les paramètres comme la luminosité ou le contraste.

C’est le cas pour la plupart des écrans récents, et vérification faite, des miens :

  • AOC 24G2SPU (acheté très récemment)
  • Philips 243S7 (acheté en 2022)

À noter que DDC est transporté sur 3 broches — données, horloge, masse — dans un connecteur VGA D-sub 15 broches, un connecteur DVI, ou un connecteur HDMI. Soit les 3 sorties dont je dispose sur ma carte mère, c’est parfait ! 😀

Installation

J’ai donc télécharger le paquet DEB de Luminance à partir de sa page Github, puis je l’ai installé. Déception au premier lancement, j’avais pour toute réponse « No compatible displays found ».

En utilisant la ligne de commande, c’était même pire, j’avais un crash :

$ /usr/bin/com.sidevesh.Luminance -l
No displays found.

(libddcutil:5852): GLib-CRITICAL **: 10:06:27.249: g_atomic_ref_count_dec: assertion 'old_value > 0' failed
Erreur de segmentation

Et plus moyen de relancer la commande, j’obtenais « Another instance of the application is already running. », alors que je ne voyais aucun process correspondant.

J’ai donc créé un bug sur le site du développeur, qui m’a répondu très vite : il fallait effacer un fichier /tmp/com.sidevesh.Luminance.lock pour pouvoir réutiliser l’outil (suite au crash), et ensuite concernant la détection des écrans d’utiliser la commande ddcutil interrogate pour voir le retour.

Ce que j’ai fait :

$ sudo apt install ddcutil
$ ddcutil interrogate
No /dev/i2c devices exist.
ddcutil requires module i2c-dev

Après quelques recherches sur ce message d’erreur, j’ai vu ici que ddcutil nécessite le module i2c-dev du noyau. S’il n’est pas intégré à votre noyau, il doit être chargé explicitement. Pour ce faire, il faut ajouter un fichier dans le répertoire /etc/modules-load.d contenant la ligne suivante : i2c-dev. Aussitôt lu, aussitôt fait, et reboot dans la foulée :

$ sudo echo i2c-dev > /etc/modules-load.d/ddcutil.conf
$ sudo reboot

Et au redémarrage, je peux enfin utiliser Luminance, régler la luminosité, et même synchroniser les valeurs entre les deux moniteurs :

Voilà, un petit outil bien sympathique. Je vais suggérer au développeur d’y intégrer le contraste, puisque le DDC permet aussi ce réglage…

Promesse – Pearl Buck

Voilà donc la suite de Fils de dragon. On retrouve essentiellement Lao San, le troisième fils de Ling Tan, et son éternelle promise la belle Mayli. Si l’histoire entre ces deux-là est le fil conducteur du récit, mais offre finalement peu d’intérêt, le moment historique choisi est lui intéressant, tout comme la façon dont les chinois perçoivent les occidentaux.

Lao San est devenu Cheng, un valeureux capitaine de l’armée chinoise, et fait partie d’un contingent envoyé en Birmanie pour soutenir les anglais (le peuple des Ying) alors en très mauvaise situation face aux japonais. La Chine veut ainsi montrer qu’elle peut compter comme un allié sérieux contre les forces de l’Axe, elle qui a bien besoin d’une aide extérieure : en effet, si les japonais l’emportent en Birmanie, cela achèvera l’encerclement de la Chine.

Ce qui est intéressant, c’est la façon dont les chinois perçoivent les occidentaux, qu’ils ne comprennent absolument pas. Tchang Kaï-chek a donné l’ordre au contingent chinois d’obéir à un général américain (le peuple des Mei), et ce dernier va les faire patienter à la frontière birmane, les empêchant de venir au secours des anglais très mal embarqués, sans plus d’explications. Quand l’ordre est enfin donné, la situation est déjà désespérée, Rangoon est tombé aux mains des japonais, et les anglais sont en déroute complète.

Les chinois vont alors se jeter courageusement dans la bataille pour permettre aux anglais de s’échapper en franchissant le pont d’un fleuve. Et le pire va arriver : dès le pont franchi, les anglais le détruisent, empêchant ainsi les chinois de les rejoindre, et les laissant se faire littéralement massacrer par l’ennemi. Historiquement, il s’agit de la Campagne de Birmanie, ou la force expéditionnaire chinoise de Birmanie. Je ne sais si cette bataille a vraiment eu lieu, et de cette façon.

Nos deux personnages vont tout de même s’en réchapper, happy end oblige, mais la chose qui ressort du roman, c’est l’incompréhension entre occidentaux et asiatiques : les anglais particulièrement sont décrits comme incapables de se comporter autrement qu’en êtres supérieurs (que ce soit envers les birmans, les chinois, ou encore les hindous). Plus globalement, les écarts de culture et de comportement sont tels que l’entente ne peut fonctionner. Voilà par exemple un dialogue entre Mayli et un soldat anglais alors qu’ils font route ensemble, fuyant les combats :

— Nous avons une responsabilité vis-à-vis de ce pays.
Au mot responsabilité, il releva la tête et contempla cette Birmanie verdoyante à travers laquelle la route s’enfonçait comme une épée d’argent.
— Pourquoi, dit-elle, pourquoi vous sentez-vous une responsabilité vis-à-vis de ce pays ?
— Parce que, répondit-il gravement, il fait partie de l’empire.
— Mais pourquoi l’empire ? dit Mayli. Pourquoi ne pas laisser ce peuple disposer de son propre pays et se gouverner lui-même ?
— On ne peut pas rejeter ainsi une chose dont on a la responsabilité. On a envers elle un devoir à accomplir. À son expression honnête et troublée, elle comprit qu’il pensait sincèrement ce qu’il disait et qu’il sentait le poids de ce devoir sur ses épaules et sur celles de tout son peuple.
Elle laissa, elle aussi, errer son regard sur cette contrée verdoyante.
— Le monde serait pour nous meilleur, dit-elle, si vous et les vôtres n’étiez pas si bons.
Il la regarda et se mit à bégayer, comme il faisait toujours quand il ne comprenait pas très bien.
— Que… que voulez-vous dire ?
— Nous pourrions être libres si vous ne pensiez pas qu’il est de votre devoir de nous sauver, dit-elle avec un regard à la fois triste et rieur. Votre sens du devoir fait de vous des maîtres et de nous des esclaves. Nous ne pouvons échapper à votre bonté. Votre honnêteté nous ligote. Un de ces jours, nous défierons votre Dieu lui-même et nous nous libérerons.

Dans les dernières pages, la petite troupe de rescapés se sépare : les anglais prennent à l’Ouest, pour rejoindre l’Inde et l’Empire, quand les chinois choisissent l’Est pour retourner dans leur pays. Un hindou qui avait jusque là toujours suivi Cheng et lui vouait une véritable dévotion (Cheng avait sauvé sa famille de la haine des birmans). Mais l’hindou choisit alors sa propre route :

L’Hindou, qui pendant des jours avait marché silencieusement et fidèlement derrière Cheng, rassemblant son corps mince et noir, fit un véritable bond, comme si ses jambes étaient des ressorts d’acier, et s’élança à la suite des Anglais. Il fit cela sans bruit, sans un cri, sans un mot d’adieu. Il disparut dans l’obscurité à la poursuite des Anglais, ses pieds nus ne faisant dans la poussière pas plus de bruit que ceux d’un tigre.
Ils aperçurent dans un éclair son visage sauvage, le blanc de ses grands yeux tristes, l’éclat de ses dents blanches, puis il disparut.
Ils étaient tous trop surpris pour parler et ce fut Cheng qui, le premier, dit en s’adressant à Charlie :
— Cet Hindou… a-t-il toujours son poignard ?
— Vous savez bien qu’il l’a toujours à la main et qu’il ne le lâche ni jour ni nuit.
— Ce n’est pas un bon signe pour eux, dit Cheng d’un air sombre.

Voilà, c’est la fin des romans de Pearl Buck que je m’étais promis de lire. Il ressort de ces histoires le récit d’un monde en pleine transformation : la culture traditionnelle (et figée) faite du respect absolu des aînés, des mariages arrangés, d’une vie toute tracée dès la naissance, est largement remise en question par les jeunes, sans doute sous l’influence occidentale, présente dans les villes de la côte. Le monde paysan est lui aussi remis en cause, avec sa pauvreté sans espoir, la dureté de son travail, le paiement des taxes aux propriétaires, etc… Les rumeurs de révolution, d’un monde nouveau et plus juste courent à travers les campagnes. Enfin, l’occupation japonaise est décrite comme assez terrible, de véritables tyrans, méprisant, haïssant et exploitant les chinois (ce qui d’ailleurs facilitera le sentiment nationaliste de cet immense pays). On ne peut que regretter que Pearl Buck n’ait pas écrit sur la révolution communiste de Mao, mais elle était déjà rentrée aux États-Unis à ce moment de l’histoire…

Pearl Buck (1892-1973) est une femme de lettres américaine et a obtenu le prix Nobel de littérature en 1938. Elle n’a que 3 mois quand ses parents missionnaires partent pour la Chine, et parlera chinois avant l’américain. Ce n’est qu’à 17 ans qu’elle revient aux États-Unis suivre ses études universitaires, avant de vite retourner Chine où elle épousera un missionnaire agronome, dont elle divorcera peu après être revenue aux États-Unis en 1933. Première femme lauréate du prix Pulitzer qu’elle obtient en 1932. Elle adoptera sept enfants et aura combattu toute sa vie les injustices, défendu les minorités ainsi que les droits des femmes.

Fils de dragon – Pearl Buck

Je m’étais fait une liste de romans de Pearl Buck à lire, et celui-ci devait être le dernier. Mais il se termine par un magnifique « À SUIVRE » qui va m’obliger à ajouter un livre à ma liste… D’autant que c’est un bon cru, décrivant un moment de la grande Histoire (la seconde guerre sino-japonaise), toujours raconté très simplement par l’auteur, mais où beaucoup de choses sont dites, et certaines particulièrement dures.

Nous allons suivre comme souvent une famille de paysans, celle du patriarche Ling Tan, personnage central du roman. Il cultive sa terre non loin de la ville de Nankin, avec sa femme, ses trois fils dont deux sont mariés… Une vie simple, traditionnelle et finalement assez heureuse.

Mais l’invasion japonaise va venir fracasser tout cela. D’abord par des bombardements massifs auxquels les paysans ne comprennent rien, puis l’invasion de la ville et le massacre qui s’en suivit, et enfin l’occupation par les japonais se comportant en véritables tortionnaires. Tout en conservant le ton anodin que l’auteur affectionne, rien n’est caché de l’horreur de la guerre et des exactions que commettent les soldats : viols des femmes fussent-elles âgées ou d’adolescents, meurtres, pillage, tout y passe. Les récoltes des paysans sont en majorité saisies, leurs animaux abattus pour nourrir l’occupant… Il ne s’agit alors plus dans un premier temps que de survivre par tous les moyens pour la famille de Ling Tan.

Les japonais iront jusqu’à réintroduire l’opium pour mieux asservir la population. Les fils de Ling Tan vont partir dans les collines pour résister, et lui va persévérer en cultivant sa terre, luttant avec les autres villageois comme ils le peuvent contre l’envahisseur. Certains chinois choisissent de collaborer, ou tout au moins de tirer profit de la situation, ce qui fait réfléchir Ling Tan, et comme toujours avec les personnages de Pearl Buck, la référence ultime reste la terre :

« Comment connaître le coeur des hommes, maintenant ?» se dit Ling Tan. Tout autour d’eux, tandis qu’ils marchaient, s’étendait la campagne familière, la terre toujours fertile malgré les villages détruits et noircis par le feu. Sur cette route, autrefois animée par des fermiers allant vendre leur marchandise au marché, des ânes portant sur le dos des sacs de riz mis en croix, des colporteurs allant offrir leur marchandise dans les villages, des paysans poussant des brouettes, il n’y avait presque plus personne.
Mais la terre était toujours là, et ce qu’elle avait donné une fois, elle pouvait encore le donner, si on ne la trahissait pas. Ling Tan regarda la poussière brune de la route qui collait à ses pieds chaussés de sandales, et dit à son fils :
— Nous qui travaillons la terre, nous ne devons pas lui manquer. Laissons trahir ceux qui sont au-dessus de nous s’ils sont mauvais à ce point, mais nous, ne trahissons pas la terre.

L’histoire est assez prenante, chacun des fils réagissant différemment, et la résistance s’organisant petit à petit. L’armée chinoise s’est retiré à l’intérieur du pays, et l’on peut rejoindre « le pays libre » pour mieux préparer une future contre-attaque contre l’envahisseur, ce qui entretient malgré tout l’espoir. Et puis, quand Ling Tan a presque abandonné tout espoir, on entend dire qu’à l’autre bout de la planète, d’autres peuples combattent le même ennemi : les mystérieux habitants du pays des Mei et celui des Ying. L’espoir renaît et Ling Tan sent des larmes lui monter aux yeux…

Bon roman, les personnages sont attachants, l’histoire laisse peu de répit, même s’il y a bien une partie un peu à l’eau de rose quand il s’agit de trouver une femme à la hauteur de Lao San, le troisième fils, devenu un valeureux combattant, mais bon… La belle Mayli aura son rôle à tenir dans la suite du roman (que je suis en train de lire) !

Historiquement, nous sommes en 1937, et il s’agit de la seconde guerre sino-japonaise. Après avoir conquis Shanghai, les japonais arrivent à Nankin, la capitale provisoire choisie par Tchang Kaï-chek. Le bombardement stratégique de la capitale, destiné à tuer des civils, et les massacres qui s’ensuivent, indignera le monde civilisé et vaudront au Japon un blâme de la Société des Nations. Le Japon espérait alors terminer cette guerre en quelques mois, mais ce ne sera pas le cas : Tchang Kaï-chek se retire avec son armée à l’intérieur de la Chine utilisant son vaste territoire comme arme défensive. Cette guerre ne prendra fin qu’avec la capitulation des japonais en 1945.

Pearl Buck (1892-1973) est une femme de lettres américaine et a obtenu le prix Nobel de littérature en 1938. Elle n’a que 3 mois quand ses parents missionnaires partent pour la Chine, et parlera chinois avant l’américain. Ce n’est qu’à 17 ans qu’elle revient aux États-Unis suivre ses études universitaires, avant de vite retourner Chine où elle épousera un missionnaire agronome, dont elle divorcera peu après être revenue aux États-Unis en 1933. Première femme lauréate du prix Pulitzer qu’elle obtient en 1932. Elle adoptera sept enfants et aura combattu toute sa vie les injustices, défendu les minorités ainsi que les droits des femmes.

La fenêtre de KeepassXC sous Gnome Wayland

J’utilise KeepassXC pour gérer mes mots de passe, couplé avec KeepassDX sur le smartphone. Les deux applications ouvrent le même fichier, sur mon serveur Nextcloud. Tout va pour le mieux dans le meilleur du monde libre des mondes.

Sauf que sur le PC, et donc sous Gnome Wayland en ce qui me concerne, la fenêtre de l’application ne s’affichait pas correctement : aucune bordure, et la barre de titre ne respectait pas le style de Gnome.

Cela faisait un bout de temps que je traînais ce problème, je croyais que c’était un bug de KeepassXC avec ma version récente de Gnome (Debian SID, environnement Qt, GTK, Adwaita, que sais-je…). J’avais accepté de vivre avec ce problème ! 😥

Ce matin, j’ai même testé le nouveau Proton Pass pour voir ce que cela donnait, afin d’éventuellement changer d’application et retrouver un fenêtrage homagène. Mais bon, je l’ai vite désinstallé quand j’ai vu que pour créer plusieurs coffre-forts, il fallait passer à la version payante. Beau produit d’appel, certes, mais en général je n’aime pas trop ces applications soi-disant gratuites, mais aux fonctionnalités volontairement limitées pour vous faire passer à la version payante quand vous voulez utiliser autre chose que les fonctionnalités de base.

Je me suis alors penché pour de bon sur ce problème : en fait, KeepassXC est une application Qt, et les fenêtres de ce type d’application n’ont par défaut pas de bordure sous Gnome Wayland (au moins sous Debian). Il y a plusieurs façons de corriger ce problème.

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Le Patriote – Pearl Buck

Pearl Buck toujours, je m’étais fait une petite liste de romans à lire, voici l’avant-dernier. L’idée c’était de passer à d’autres romans, quitter la vie de paysans chinois d’avant Mao pour aller vers des romans parlant de la révolution communiste.

Et celui-ci est assez intéressant, qui aborde plutôt le conflit chino-japonais d’ailleurs, avec Tchang Kaï-chek et son armée nationale d’un côté, et les révolutionnaires communistes de l’autre.

I-wan est le fils d’un riche banquier à Shanghai, et se lie à En-lan, un jeune étudiant, leader charismatique d’un mouvement clandestin, révolutionnaire et communiste. Ils militent activement ensemble et préparent l’arrivée de Tchang Kaï-chek, le grand chef de l’armée révolutionnaire. Mais ce dernier va tourner sa veste, préférant une alliance politique avec les occidentaux et les banquiers chinois, allant même jusqu’à exterminer les communistes (massacre de Shanghai). I-wan ne doit son salut qu’à son père, et doit s’exiler du jour au lendemain au Japon.

Il va y rester plusieurs années, s’y marier et avoir deux fils. Il découvre la culture japonaise et ses différences avec la sienne : leurs coutumes omniprésentes, les traditions ancestrales auprès desquelles l’individu n’existe pas, leur soumission totale à l’empereur, leur éducation très stricte, mais aussi la sophistication de leur jardins et leur amour de la beauté, leur acceptation du destin lors d’un tsunami… I-wan mettra longtemps à comprendre Tama, sa femme, et son étrange mélange d’acceptation des coutumes tout en se revendiquant « mobo », c’est-à-dire moderne.

Pendant tout ce temps, I-wan est tenu à l’écart de ce qui se passe entre les deux pays, même s’il sait que la situation est tendue depuis longtemps, le Japon occupant la Mandchourie. Il a du fuir son pays et abandonner son idéal révolutionnaire, et a choisi de se consacrer à son bonheur personnel, à se construire un nid familial où il pourra vivre heureux. Mais la guerre entre les deux nations va remettre en cause ce fragile équilibre, et il va devoir retourner en Chine pour défendre son pays, ce que Tama comprend parfaitement : cela fait partie de son devoir, comme le sien est de servir son mari.

I-wan va rencontrer Tchang Kaï-chek, et lui servir de messager grâce à son passé communiste. Il est envoyé dans les provinces du Nord-Ouest, là où les armées communistes se sont réfugiées, pour leur proposer une alliance contre l’envahisseur. Et y retrouver avec surprise En-lan, devenu l’un de leurs chefs.

Très bon roman, même si comme à son habitude Pearl Buck reste à la hauteur de ses personnages. I-wan est parfois très indécis et contradictoire entre son amour pour Tama et son sentiment d’être chinois, et il y a quelques longueurs sur le sujet. Mais on devine bien le Japon aux ambitions hégémoniques, plus développée que son voisin, la Chine, qui n’est pas encore vraiment unifiée (entre ses seigneurs de guerre, les communistes et l’armée nationale révolutionnaire), mais qui va justement le devenir en luttant contre l’envahisseur nippon.

Pearl Buck (1892-1973) est une femme de lettres américaine et a obtenu le prix Nobel de littérature en 1938. Elle n’a que 3 mois quand ses parents missionnaires partent pour la Chine. Ce n’est qu’à 17 ans qu’elle revient aux États-Unis suivre ses études universitaires, avant de vite retourner Chine où elle épousera un missionnaire agronome, dont elle divorcera peu après être revenue aux États-Unis en 1933. Première femme lauréate du prix Pulitzer qu’elle obtient en 1932. Elle adoptera sept enfants et aura combattu toute sa vie les injustices, défendu les minorités ainsi que les droits des femmes.

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