« Le Canard enchaîné » – mercredi 21 mai 2008
Fink à One Shot Not
Le 26 avril dernier, c’était One Shot Not, l’émission musicale mensuelle (le dernier samedi de chaque mois sur Arte) de Manu Katche. Une excellente émission de musique Live, faut-il le rappeler…
Après 3 morceaux du dernier album de Camille, on a eu droit à un grand moment : Voilà Fink qui arrive avec sa guitare acoustique et sa gueule sympa (il est plutôt souriant et décontracté, pas comme sur la photo ci-dessus) pour un « boeuf » avec Manu Katché à la batterie, et Pino Paladino à la basse. Ce dernier est un bassiste réputé, qui a joué avec à peu près tout le monde (les Who, Eric Clapton, Jeff Beck…), et qui a la particularité d’utiliser une basse « fretless », c’est-à-dire sans frettes (ces barres verticales sur le manche), comme le violon ou la contrebasse.
Et voilà ce que ça a donné :
Pretty Little Thing, du premier abum : Biscuits for Breakfast. Un grand moment… Ça commence par une blague, Manu dit « So, hum… yeah ! » et Pino répond « so… we do one again ? » (on en refait une ?) alors que c’est la première prise. Avec une image pour se mettre dans l’ambiance, c’est encore mieux :
Puis Fink nous gratifia d’un second morceau, If Only, de son dernier album Distance and Time, cette fois seul avec sa guitare.
Fink est originaire de Brighton, en Grande-Bretagne, et a commencé sa carrière comme DJ. Son premier disque était d’ailleurs un disque de musique électronique. Sa passion secrète était la guitare et le chant, qu’il travaillait en secret, sans même le dire à ses potes. Et en 2006, il réalise donc Biscuits For Breakfast (à la grande surprise de sa maison de disque), qui mélange folk, blues et soul, avec une pincée d’arrangements électroniques.
Un an plus tard, voilà Distance and Time. Un peu plus d’arrangements, mais c’est très bien fait, le son est très bon, les détails sont soignés, on rentre vite dans l’univers et l’ambiance des chansons, composées sur la route pendant les tournées du premier album. Je crois que je préfère le second album au premier, plus épuré. Mais j’ai acheté les deux, et je ne le regrette pas !
Pour les curieux, côté technique : j’avais enregistré l’émission avec la freebox HD. On récupère alors un fichier au format .ts (time shifting). Sous Ubuntu, et avec Avidemux, c’est un jeu d’enfant d’extraire la bande son au format mp3. Ensuite extraction du morceau avec Audacity… il ne restait plus qu’à l’amplifier un peu, ce fût chose faite avec Gnormalize. Tous ces logiciels sont bien entendu libres et gratuits.
Bretagne 3 – 1 Congo
Hier soir, sur Direct8, nous avions droit à un grand match international de football : la Bretagne contre le Congo (ou Congo-Brazzaville). Certes, la confrontation pouvait paraître déloyale au premier abord : comment le Congo pouvait-il rivaliser avec la Bretagne, terre de football ? Heureusement pour eux, non seulement cela faisait dix ans que l’équipe de Bretagne ne s’était pas reformée, mais de plus aucun joueur de Ligue 1 n’était présent… quant à Yohan Gourcuff (Milan AC), il était blessé. L’ossature reposait sur les équipes de Vannes et Brest (Ligue 2), plus Lachuer, qui joue à Châteauroux.
Résultat : un beau match de foot, et les bretons qui l’emportent 3 buts à 1. Et oui ! il est de coutume chez nous de laisser marquer l’adversaire, surtout s’il vient de loin… la Bretagne est aussi une terre de tradition.
Et bravo aux supporters qui ont chanté pendant tout le match, et devant qui Direct8 avait pensé à mettre un micro. Qui ne saute pas n’est pas Breton ! Qui ne saute pas n’est pas Breton !
Anti-spam pour wordpress
Les spams, ces messages « non sollicités » comme on dit, ne polluent pas que les messageries, mais aussi les blogs. Jusque là, la protection par défaut de WordPress Askimet m’avait suffit. Suite à une rafale reçue ce week-end, j’ai du chercher une autre solution.
Askimet
Askimet fonctionne sur le principe de mots-clefs, d’analyse du texte (AI, Intelligence Artificielle), de liste d’émetteurs connus comme spameurs, en étant connecté à un serveur qui maintient les données à jour. C’est assez efficace, mais quelques spams arrivent à passer. De plus, ce sont bien souvent des bots (abréviation de robots, disons d’autres ordinateurs) qui sont à l’origine de ces faux messages. Et un ordinateur, ça va très vite… pollution maximale.
Les Captchas
La solution classique est la captcha. C’est l’acronyme de l’anglais « Completely Automated Public Turing test to tell Computers and Humans Apart », soit en français, « Test public de Turing complètement automatique ayant pour but de différencier les humains des ordinateurs ».
Il s’agit donc de faire effectuer une tâche comme de taper des lettres d’une image, répondre à une simple question (combien font 2 + 3 ?), etc… Le problème est que cela exclue généralement les mal-voyants d’une part, et d’autre part les bots sont de plus en plus sophistiqués, faisant appel à des logiciels de reconnaissance de caractères… On arrive soit à des textes illisibiles pour de plus en plus de personnes, ou des questions de ce type (j’ose espérer que cette captcha est une blague, ou réservée à un club de mathématiciens…) :
WP-SpamFree
Je suis alors tombé sur ce plugin, écrit par Scott Allen, patron d’Hybrid6 Studios, une boite de marketing internet et de design web basée à Los Angeles. Passioné de marketing, dévelopement et design web.
Scott avait travaillé précédemment sur une protection des sites de ses clients attaqués par le formulaire de mail « Contactez-nous » que l’on trouve en général sur tous les sites. Il l’a modifié pour les blogs wordpress, et cela s’est révélé si efficace qu’il a décidé d’en faire un plugin pour WordPress, et de le rendre accessible à tous.
Comment ça marche ? il utilise une combinaison de Javascript et de cookies pour différencier l’humain de la machine, et apparemment y arrive pour 99+ % ! Les spams ne sont pas saisis, pas de liste de commentaires à valider comme le fait Askimet. S’il y a erreur, le blogueur est averti et peut valider son message.
La plupart des navigateurs actuels ayant ces deux fonctionnalités activées, c’est donc totalement transparent pour le blogueur. Et c’est beaucoup moins gênant que le principe de captcha.
Voilà, je l’ai mis en place hier, et déjà 41 spams de bloqués. J’avais laissé une suggestion sur son blog : pouvoir récupérer juste le nombre de spams bloqués, afin de l’afficher dans le pied-de-page, avec les autres statistiques. Ce matin, j’avais une réponse me disant que c’était une bonne idée, qu’il le ferait pour la prochaine version. Cool !
J’en ai aussi profité pour passer à WordPress 2.5.1, qui corrige pas mal de bugs et de failles de sécurité.
La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette – Stieg Larsson
… ou Millenium 2, le deuxième tome de la série de Stieg Larsson. Cette fois, vous êtes accroché dès la lecture de l’inquiétant prologue, et le suspens très bien mené, le rythme soutenu vous font dévorer les pages. L’histoire débute chronologiquement à la suite de la précédente, et cette fois Lisbeth est le personnage central. Son passé va ressurgir, et l’on va connaître toute son histoire.
Mais Lisbeth a changé depuis le tome 1. Elle est devenue riche (grâce au détournement de fonds durant le tome 1), et coule des jours tranquilles aux Bahamas au début de l’histoire. Elle a profité des possibilités de la chirurgie esthétique pour de faire poser des prothèses mammaires, et retirer les tatouages trop voyants. Elle se sociabilise terriblement ! Ça la rend moins sympathique je trouve. On y apprend également qu’elle a une soeur jumelle.
L’intrigue est malgré tout assez classique : triple meurtre, police secrère suédoise SAPO, méchant insensible à la douleur, quasiment invincible, mais qui sera tout de même vaincu par un ancien champion de boxe opportunément apparu dans l’histoire… Tout cela sur un fond de trafic de prostituées exportées des pays de l’Est. Le sort des femmes restant le lien récurrent des différentes histoires, mais avec moins de force cette fois-ci.
Je vais passer à d’autres bouquins avant d’attaquer le dernier tome. Laisser Lisbeth et Mickael se reposer un peu, ils en ont bien besoin. La soeur jumelle va-t-elle faire son apparition ?
Besancenot espionné
(Le canard enchaîné – mercredi 14 mai 2008)
Riposte graduée
La Quadrature du Net est « un collectif de citoyens français qui informe sur des projets législatifs menaçant les libertés et le développement économique et social à l’ère du numérique ». Ils sont soutenus par plusieurs organismes internationaux, comme l’EFF (Electronic Frontier Fondation), leader de la défense des droits civiques dans le numérique aux Etats-Unis.
L’un des projets en question est le projet Olivennes (du nom de la mission dirigée par le président de la FNAC Denis Oivennes). Pour lutter contre les échanges non autorisés de musique et de films, le rapport préconise la mise en oeuvre de la riposte graduée et le filtrage.
Qu’est-ce que la riposte graduée ?
En gros, la possibilité d’organiser (par des sociétés privées) des campagnes de traque, d’avertissement et de répression sur internet. Lorsqu’une infraction est supposée, elle est signalée à une « autorité administrative indépendante » (et donc pas la justice). Celle-ci envoie alors un premier message à l’internaute, l’informant qu’il est suspecté d’activités illégales. Au bout de deux messages, l’internaute se voit proposer soit de couper son accès à internet, soit de passer devant un juge.
En quoi cela pose problème ?
Cette loi est inspirée d’une loi aux Etats-Unis. Elle est rendue possible là-bas car le niveau de protection des données personnelles est bien moindre qu’en Europe. Autre différence : elle est financée par l’industrie, alors qu’en France, ce sera le contribuable ! Ah, cette spécificité française… c’est marrant comment on peut vouloir copier les Etats-Unis, et en même temps garder les bons côtés d’un système moins libéral… Le beurre et l’argent du beurre.
Oui mais voilà, l’Europe recommande « d’éviter l’adoption de mesures allant à l’encontre des droits de l’homme, des droits civiques et des principes de proportionnalité, d’efficacité et d’effet dissuasif, telles que l’interruption de l’accès à internet ». Une claque pour le gouvernement français, et pour Christine Albanel, la ministre de la Culture (celle-ci a répondu que l’Europe n’avait pas compris son projet). Le gouvernement suédois a déjà fait savoir qu’il refusait d’instaurer la riposte graduée : « le copyright ne devait pas être utilisé pour défendre de vieux modèles économiques».
En dehors de l’atteinte aux libertés fondamentales, on peut noter l’inefficacité plus que probable de ce texte, car les internautes trouveront des moyens plus discrets pour échanger leurs fichiers. Restera la possibilité d’espionner en toute légalité les échanges sur internet… on étend des mesures d’exception réservées au terrorisme au simple citoyen. Le côté répression (réactionnaire) est inquiétant pour l’Europe :
Le collectif craint particulièrement que la France pousse cette approche répressive d’un autre âge pendant sa présidence de l’Union Européenne, qui débute le 1er juillet.
Il est clair que les producteurs veulent pouvoir prendre en exemple « le pays des droits de l’Homme » et misent sur la présidence française pour étendre des mesures extrémistes. La France est en train de devenir le cheval de Troie de lobbies rétrogrades. Cela inquiète nos voisins plus modernes et respectueux de la démocratie.
Tout est expliqué de manière très claire sur le site de la quadrature de net. Une citation vaut le coup d’être notée :
Il ne faut point de lois inutiles, elles affaiblissent les lois nécessaires (Montesquieu)
Attention clandestins
Frontière mexicaine, côté San-Diego, Californie, USA.
(photo Daniel Mermet – mars 2008)
Radiohead – In Rainbows
Ce disque avait fait beaucoup de bruit en novembre 2007 puisque Radiohead le mettait en vente sur internet (avant que le CD ne soit en vente dans les magasins), tout en laissant le prix libre, chacun payant ce qu’il veut. Radiohead est vraiment un groupe génial ! me disais-je… finalement, pas tant que ça.
A l’époque, je ne me suis pas pressé, et quand j’avais voulu le télécharger (comptant laisser 10 €), c’était trop tard, l’offre n’était plus valable. Nous étions mi-décembre, je cherche alors le CD, introuvable. Seule offre disponible : un pack discbox comprenant 2 vinyls, 2 CDs et des artworks… tout ça pour 40£, soit 60€ ! Vu que ma platine disque a disparu depuis longtemps, ce n’était pas très intéressant et plutôt cher.
En fait le calendrier était le suivant : téléchargement en novembre, discbox en décembre et CD en janvier.
A noter que le CD est vendu sans boitier ni pochette, mais avec des autocollants. Do it yourself ! 15€.
Finalement, tout cela ressemble à une stratégie très bien pensée : les fichiers MP3 mis en vente sur internet se sont révélés d’une qualité moyenne : 160 kbps au lieu des 320 que des fans étaient en droit d’attendre. Une qualité de 192 kpbs est ce que l’on considère comme correct en général.
Et Radiohead n’a annoncé la qualité des fichiers qu’après les avoir mis en ligne. Pas cool…
C’est comme si l’on annonçait que de toutes façons, il faudra acheter le CD pour profiter complètement de la musique, ce qui est particulièrement vrai pour celle de Radiohead. Le guitariste Jonny Greenwood a déclaré : « We talked about it and we just wanted to make it a bit better than iTunes ». Ils voulaient juste que ce soit un peu meilleur que iTunes… Mort de rire !
Le coup de marketing a fonctionné, puisque les chiffres officieux (rien n’a été communiqué officiellement) sont 1,2 millions d’exemplaires vendus à 7,5€ par personne. Garanti sans intermédiaires !
Sinon In Rainbows est un bon album, facilement abordable, toujours dans leur univers mélancolique où plane la voix de Thom Yorke, après deux premiers morceaux un peu plus agressifs. Mais si j’avais payé 10€ pour les MP3, je crois que je l’aurai eu de travers.