Archives de catégorie : Littérature

Love Medicine – Louise Erdrich

Love Medicine - Louise Erdrich Livre acheté un peu au hasard, posé sur la table du libraire : auteur amérindien, une histoire d’indiens d’Amérique, je me suis dit que ce devait être pas mal.

Finalement, je n’ai pas vraiment accroché, à part quelques passages. Certes, c’est bien écrit, mais cette histoire un peu abracadabrante aux multiples personnages m’a semblé plutôt ennuyeuse au final. On passe son temps à revenir sur l’arbre généalogique présenté au début de l’ouvrage pour tenter de s’y retrouver, puis on abandonne tellement la confusion règne entre les enfants légitimes, illégitimes, adoptés, ceci sur plusieurs générations.

Pour simplifier, le narrateur change à chaque chapitre, et raconte l’histoire de son point de vue, sans pour autant connaître la vérité… Ajoutez à cela une dose de légendes indiennes, de la magie, et la déchéance d’une culture qui se perd dans le monde moderne (chomage, alcoolisme) : l’auteur semble avoir voulu délibérément nous égarer. Mission réussie !

L’écriture parfois poétique est pourtant agréable, mais le fond de l’histoire sans réel intérêt : dans ce labyrinthe de personnages et d’époques, un des personnages se demande qui est finalement son père. Il fallait bien que ça arrive !

Louise Erdrich (née en 1954 d’une mère Ojibwa et d’un père germano-américain) est une écrivaine américaine, auteur de romans, de poésies et de livre pour enfants. Elle appartient au mouvement de la Renaissance amérindienne. Love medicine est son premier roman, paru en 1984.

Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris – Arthur Arnould

Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris - Arthur Arnould Après La Commune de 1871 – Jacques Rougerie [collection Que sais-je?], écrit par un historien contemporain et offrant un excellent résumé de ce moment de l’histoire où le peuple de Paris se souleva,

Après l’Histoire de la Commune de 1871 – Prosper-Olivier Lissagaray, écrit  par l’un de ses acteurs, qui en raconte le déroulement au quotidien,

J’ai lu ce livre qui est un bon complément puisque cette fois l’auteur (journaliste, membre du premier conseil de la commune) s’attache à décrire le modèle de société que la Commune voulait organiser. Que pensait-elle ? Que voulait-elle ?

Le ton est sincère, Arthur Arnould s’attache aux faits en bon journaliste, même si, quoiqu’il en dise, l’émotion perce encore dans certains passages. Pourtant il a attendu six ans avant de le publier :

Depuis ce temps, le calme a pu se faire dans l’esprit, la sage raison a pu reprendre son empire sur les désespoirs et les colères du premier moment, et l’exil, morne et froid, a versé sa glace sur les emportements de la lutte.
Je crois donc être, aujourd’hui, dans les meilleurs conditions possibles pour me prononcer, sans exagération comme sans illusion.

Un peu comme Lissagaray d’ailleurs,  qui mit cinq ans à publier le sien (« j’ai voulu sept preuves avant d’écrire ») : chez les deux auteurs, on sent ce besoin de tout pouvoir prouver de leurs écrits, tant la vérité est éloignée de ce que le pouvoir et la presse de l’époque ont bien voulu en raconter : l’État est sans pitié pour ceux qui ont osé le remettre en cause.

C’est plutôt bien écrit, le ton est alerte et la plume sait se montrer féroce quand il le faut, comme pour ce portrait :

Ce personnage, c’est M. Clamageran, petit homme tout rond et blafard, bâti comme un boudin, avec une figure de Nuremberg, le teint d’un fromage mou, l’air idiot, et plus idiot que son air.

En guise de préface, on peut lire cette citation (que l’on peut encore méditer de nos jours) :

Aujourd’hui, quoiqu’un fasse, la société est devenue, de militaire ou destructive, industrielle ou productive. Le travail est le maître, — non dans la loi il est vrai — mais dans la réalité scientifique. Les autonomies, les collectivités, quelles qu’elles soient, n’ont plus qu’un intérêt, qu’un besoin : la production abondante, l’échange assuré, la circulation rapide, la répartition universelle. À tout cela, il manque une chose : la justice.
Qui vous la donnera ? Les gouvernements ? Non, vous-mêmes !

Il s’agit d’en finir avec la centralisation du second empire, preuve que les révolutions précédentes avaient échouées à rendre le pouvoir au peuple. À chaque fois, celui-ci avait été rapidement repris par une oligarchie de circonstance, conduisant aux mêmes effets. La Commune, c’est donc autonomie et fédéralisme, réduisant le pouvoir centralisateur à sa plus simple expression.

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Rhum express – Hunter S. Thompson

Rhum express - Hunter S. Thompson C’est le troisième bouquin de Hunter S. Thompson que je lis : j’avais commencé par Las Vegas parano (1972), récit totalement déjanté d’une escapade à Las Vegas par un journaliste et son avocat sous l’emprise de la drogue et de l’alcool, illustrant ainsi la fin du rêve américain… C’était aussi la découverte du journalisme gonzo, inventé par Thompson, et consistant à s’immerger dans le sujet à traiter, avec toute la subjectivité que cela entraîne.

J’avais ensuite lu Hell’s Angels (1965) : Hunter S. Thompson, fasciné par le groupe de motards légendaire, intègre ce dernier pendant un an… L’histoire se terminera mal, puisque Thompson manquera d’y laisser sa peau (une « querelle éthylique spontanée » dira-t-il), mais le récit est captivant et le roman-reportage celui d’un vrai journaliste certes, mais aussi d’un grand écrivain. Ça fait même froid dans le dos… aller se mêler à une bande comme ça, il ne faut pas avoir peur !

Rhum express est le deuxième roman de Thompson (1961), et inspiré de ses premières années de carrière : Kemp, journaliste globe-trotter d’une trentaine d’années, se retrouve à Porto Rico, embauché par un petit journal local plutôt minable et sur le point de faire faillite. Déjà complètement désabusé sur le métier de journaliste et même sur la vie en général, il n’a pas de mal à se faire des amis auprès de quelques collègues dans le même état que lui. Porto Rico est à l’époque une cible de choix pour le capitalisme américain (l’expérience Cubaine aidant), et les projets de développement touristique en plein essor (ainsi que les magouilles afférentes). Le rhum aidant, les compères vont vite s’attirer des ennuis…

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Le gai savoir – Friedrich Nietzsche

Le gai savoir - Friedrich Nietzsche C’est le deuxième livre de Nietzsche que je lis, après Par delà bien et mal, et qui se présente sous la même forme, à savoir une série de textes courts, autant de réflexions sur une multitude de sujets comme la morale, la science, la logique, la santé, la religion, etc… bref sur la vie.

Je n’ai pas respecté l’ordre chronologique, puisque Nietzsche dit du Gai savoir qu’il est une introduction à Ainsi parlait Zarathoustra, de même que Par-delà bien et mal est son commentaire.

Je ne suis d’ailleurs pas pressé de lire Ainsi parlait Zarathoustra, poème philosophique et probablement l’œuvre majeure de Nietzsche, mais réputée hermétique, comme l’avoue son auteur lui-même :

Hélas ! mon Zarathoustra cherche encore cet auditoire [capable de le comprendre], il le cherchera longtemps.

Le genre de bouquin que l’on peut relire dix fois, ou emmener sur une île déserte ! 😉

Pour en revenir au Gai savoir, comme pour Par-delà bien et mal, c’est l’occasion de remettre en cause certaines idées reçues, et donc de commencer à penser par soi-même. C’est sans doute le grand intérêt qu’il y a à lire Nietzsche.

Tout n’est pas égal, ou peut-être certains textes m’ont parlé plus que d’autres…parfois je n’ai rien compris à ce qu’il voulait dire, et pour d’autres je pense qu’il a bien déliré. L’ensemble est tout de même excellent, et on ne trouve pas dans celui-ci certaines idées plus que contestables rencontrées dans Par-delà bien et mal comme par exemple sur les femmes, le peuple ou l’aristocratie, ou encore son concept du surhomme.

Nietzsche publie Le gai savoir en 1882, alors qu’il est convalescent (il sera malade toute sa vie). En 1879, il obtient une pension car son état de santé l’oblige à quitter son poste de professeur de philosophie à Bâle. Il commence alors une vie errante dans le sud de la France et en Italie. Voici ce qu’il dit dans la préface :

Ce livre aurait sans doute besoin de plus d’une préface ; en fin de compte, subsistera toujours le doute que quelqu’un, pour n’avoir rien vécu d’analogue, puisse jamais être familiarisé par des préfaces avec l’expérience préalable à ce livre. Il semble écrit dans le langage d’un vent de dégel : tout y est pétulance, inquiétude, contradiction, comme un temps d’avril, si bien qu’on y est constamment rappelé à l’hiver encore tout récent comme à la victoire remportée sur l’hiver, à cette victoire qui vient, qui doit venir, qui peut-être est déjà venue… La reconnaissance y coule à flots, comme si l’événement le plus inespéré venait de se produire, la reconnaissance d’un convalescent — car la guérison était cet événement le plus inespéré. Le « Gai Savoir » : voilà qui annonce les Saturnales d’un esprit qui a patiemment résisté à une longue et terrible pression — patiemment, rigoureusement, froidement, sans se soumettre, mais aussi sans espoir —, et qui tout d’un coup se voit assailli par l’espoir, par l’espoir de la santé, par l’ivresse de la guérison.

Comme d’habitude, voilà quelques extraits pour vous faire une idée.

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La carte et le territoire – Michel Houellebecq

La carte et le territoire - Michel Houellebecq C’est le premier roman de Houellebecq que je lis, et ce grâce aux amis qui me l’ont offert pour mon anniversaire. L’un d’entre eux ne tarit d’ailleurs pas d’éloges sur ses romans, et prédit qu’il deviendra un auteur classique dans le futur.

On rentre très facilement dans l’histoire, celle de Jed, artiste peintre qui va rencontrer un certain succès, une très jolie femme, Houellebecq lui-même (et même Frédédric Beigbeder, tous deux mis en scène dans le roman).

Le style est fluide, sans fioritures et agréable à lire, l’auteur s’amusant tout de même parfois, comme ici lors de la visite d’un agent immobilier :

Jed craignit un instant qu’il ne se proclamât solidaire des artistes authentiques contre les bobos et autres philistins du même ordre, qui faisaient monter les prix, interdisant ainsi les ateliers d’artistes aux artistes, et comment faire n’est-ce pas je ne peux pas aller contre la vérité du marché ce n’est pas mon rôle, mais heureusement cela ne se produisit pas.

Si Houellebecq s’invite dans l’histoire, il ne se donne pas un très beau rôle, voir pas de rôle du tout, c’est peut-être lui tout simplement. Mais que ce soit l’auteur par l’entremise de Jed, ou le personnage de Houellebecq, tous deux dressent une vision assez désabusée de notre monde.

Jed va connaître le succès avec une série de toiles dont le thème est « Les métiers », autant d’occasions d’évoquer les transformations de notre monde. C’est assez bien vu, bien documenté, chaque tableau donnant autant d’occasion de parler du monde et de ses changements. Ce n’est en aucune façon une critique de l’art en lui-même, et Jed artiste est parfaitement crédible, c’est plutôt le monde (y compris celui de l’art) autour de lui qui pose problème.

La seconde partie du livre se transforme en une enquête policière menée par un policier désabusé, autre occasion de montrer l’état de notre société, mais à laquelle j’ai eu un peu plus de mal à accrocher. Heureusement, les rapports entre Jed et son père, proche de la mort, permettent de garder l’intérêt éveillé.

Au final un bon roman, agréable à lire, décrivant un monde qui ne sait plus trop où il va. Dommage à mon sens qu’il se soit senti obligé de s’y inviter ainsi que Beigbeder… cela n’apporte rien, fait très « milieu parisien », celui-là même que Houellebecq ne doit pas trop aimer.

Autres articles sur le blog à propos de Michel Houellebecq :

Michel Houellebecq (né Michel Thomas à La Réunion en 1956), est l’un des auteurs contemporains de la langue française les plus connus et traduits dans le monde. Révélé par « Extension du domaine de la lutte » (1994) et surtout « Les particules élémentaires » (1998). Élevé d’abord par ses grands-parents maternels en Algérie, il est confié à six ans à sa grand-mère paternelle Henriette, communiste, dont il adoptera le nom de jeune fille comme patronyme.

La chute des géants – Ken Follett

La chute des géants - Ken Follett C’était le cadeau de Noël de ma sœur Dominique et de son ami Paul, ce dernier ne tarissant pas d’éloges à son sujet et attendant le tome 2 avec impatience.

L’auteur s’est apparemment donné pour tâche de raconter le XXème siècle en trois volumes, et le premier traite logiquement de la première guerre mondiale. C’est donc avec intérêt que je me suis attaqué à ce gros pavé de 998 pages.

Hélas, cette grande histoire du siècle n’est vue qu’à travers le petit bout de la lorgnette : un groupe de personnages (anglais, américains, allemands et russes — mais pas de français !) dont les amours contrariés par la guerre occupent l’essentiel du récit. Les coïncidences invraisemblables s’accumulent à un rythme soutenu, les personnages se croisant allègrement au gré des champs de bataille et/ou de leurs déplacements. La guerre est mondiale mais la planète très petite.

À vouloir traiter l’Histoire de cette manière, on la rétrécit forcément, même si l’auteur s’est très bien documenté. Cela commence même plutôt bien avec l’opposition de classe entre de simples mineurs Gallois travaillant dans des conditions déplorables pour gagner une misère, et la noblesse anglaise qui possède tout et vit dans le luxe. Les femmes réclament le droit de vote, les mineurs font grève…

Côté russe, la situation est encore pire avec l’empire russe et son Tsar, le peuple vivant dans le plus grand dénuement. La révolution bolchevique aura lieu en pleine guerre (1917). Évidemment, le personnage de Gregory Pechkov, simple ouvrier métallurgiste au départ, deviendra un proche de Lénine grâce à son courage et sa droiture.

« La chute des géants » fait référence à la fin des empires austro-hongrois, russes et allemands. L’auteur décrit assez bien l’enchaînement des faits menant au déclenchement de la guerre par le jeu des alliances (France-Angleterre-Russie contre Allemagne-Autriche-Hongrie), mais beaucoup moins bien l’atrocité des combats et le nombre de morts (9 millions) de cette guerre. Car l’important est ailleurs : Lady Maud de Fitzherbert reverra-t-elle le beau diplomate Walter von Ulrich avec qui elle s’est mariée en cachette quelques jours avant la guerre ?

Ken Follett est un écrivain Gallois né en 1947, spécialisé en thrillers politiques. Il a obtenu son plus gros succès avec « Les piliers de la terre ».

Shim Chong, fille vendue – Hwang Sok-yong

Shim Chong, fille vendue - Hwang Sok-yong C’est le libraire qui m’avait décrit cet écrivain sud-coréen comme l’un des plus grand d’Asie. Quand j’ai vu celui-ci sur la table, avec cette petite critique du Canard enchaîné « Un roman tendre et délicat sur une fille de joie et de peines… » sur la couverture, je l’ai emporté.

Shim Chong est une figure mythique de l’imaginaire coréen. Le roman se déroule à la fin du XIXème siècle dans une Asie en pleine tourmente avec l’arrivée des occidentaux et leurs bateaux à vapeurs (les navires noirs) qui forcent l’ouverture des ports pour le commerce (début de la mondialisation, à coups de canons à l’époque !), les guerres de l’opium qui s’en suivirent, l’emprise du Japon sur la région. Il manque une carte d’époque pour mieux suivre.

Mais la vraie toile de fond du roman, c’est le sort réservé aux femmes (dans cette partie du monde et à cette époque ?). Les jeunes filles pauvres sont facilement vendues, et les maisons de plaisirs faisant partie du paysage et de la culture, leur destin tout tracé.

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Discours de la servitude volontaire – La Boétie

Discours de la servitude volontaire - La Boétie Ce texte d’Étienne de La Boétie est souvent cité comme une référence, je l’avais donc mis sur ma liste. S’il ne fait en lui-même qu’à peine quarante pages, l’introduction de Simone Goyard-Fabre en fait plus de cent vingt, donnant un peu d’épaisseur au livre.

Cette introduction est très intéressante, décrivant très bien ce qu’est Le Discours et ce qu’il n’est pas, sa date de composition incertaine, donnant le contexte historique, etc… C’est toujours un peu frustrant de lire 120 pages à propos d’un texte que l’on s’apprête à lire, mais c’est assez réussi cette fois.

Le Discours a également été appelé le Contr’un : selon La Boétie, la tyrannie est fondamentalement et essentiellement monocratie : l’autorité d’un seul. Dès lors, l’important n’est pas de poser l’origine du pouvoir ; c’est d’en examiner l’exercice. Et cet exercice, puisqu’il ne peut être « public », est nécessairement mauvais, ne répondant pas à l’essence du politique.

La « république » — entendons la res publica (la chose publique) — doit avoir un caractère « public », qui est, comme tel, irréductible à des rapports privés comme le sont les rapports domestiques ou les rapports de patronage.

Mais le tyran n’est pas le seul responsable, les peuples se laissant volontiers asservir :

Paresse native qui est comme sa seconde nature : si la nature de l’homme est bien d’être franc [libre] et de le vouloir être, mais aussi sa nature est telle que naturellement il tient le pli que la nourriture [l’habitude] lui donne.

Aspiration à la liberté et tendance à la paresse s’affrontent donc en l’homme… si l’on regarde notre société de consommation et de divertissement, cette remarque n’a pas pris une ride. À croire que nos gouvernants sont au courant !

Pour La Boétie, il y a une « dé-naturation » à la fois de l’homme qui aspire naturellement à la liberté et du tyran qui devrait gouverner pour le bien de tous. Il ne l’explique malheureusement pas.

« Le XVIème siècle ouvre l’âge moderne » (P. Villey) : cette formule s’applique parfaitement au texte de La Boétie. Il annonce probablement l’âge des Lumières, une première pensée en dehors du dogme théologique et de la royauté de droit divin, ainsi qu’un vibrant appel à la liberté des peuples.

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Le chirurgien ambulant – Wolf Serno

Le chirurgien ambulant - Wolf Serno Cadeau de mon libraire (j’avais passé une belle commande) ? en fait offert par J’ai Lu dans le cadre d’un programme « Livre offert pour deux achetés » comme indiqué sur la couverture.

Oui mais ma commande ne comportait aucun J’ai Lu ? apparemment le libraire semble prendre certaines initiatives personnelles… et c’est très bien comme ça, c’est pour cela que je l’aime  !

Alors c’est le genre de roman à base historique, et excessivement romanesque. Nous allons suivre les aventures rocambolesques de Vitus, abandonné dès la naissance, élevé dans un monastère par les moines, y apprenant la médecine, puis partant dans le vaste monde à la recherche de ses origines. Et comme nous sommes au XVIème siècle, l’exercice médical en est encore à ses balbutiements… on est toutefois surpris de ce qu’ils pouvaient déjà faire.

Quant aux aventures de Vintus, une chose est sûre : il est tellement sympa qu’il ne peut rien lui arriver de grave. Même l’inquisition n’y pourra rien ! L’occasion tout de même de la voir traitée sous un angle intéressant : l’enrichissement de l’Église par le dépouillement de soi-disant hérétiques. Pour le reste, c’est assez abracadabrantesque comme dirait l’autre.

Dernière remarque : à la fin du livre on trouve un extrait de la suite : « Le chirurgien de Campodios ». C’est la première fois que je vois cela, mais bon, le livre est offert pour deux achetés, ça vaut le coup d’essayer d’en vendre un troisième ! 😉

La fabrication du consentement – Noam Chomsky & Edward Herman

La fabrication du consentement - Noam Chomsky & Edward Herman Noam Chomsky, j’en avais entendu parler par Daniel Mermet lors du reportage Chomsky et Cie, passionnant de bout en bout, et qui mérite largement le détour.

Après avoir lu Propaganda, d’Edward Bernays, qui explique comment la manipulation de l’opinion publique a été organisée dès le début du 20ème siècle, cet ouvrage explique comment les médias (journaux, télés) des pays dits démocratiques sont eux aussi de grands artisans de la propagande et n’ont rien de très différents des médias de pays dits totalitaires.

La couverture le dit très bien :

Il n’aura échappé à personne que le postulat démocratique affirme que les médias sont indépendants, déterminés à découvrir la vérité et à la faire connaître ; et non qu’ils passent le plus clair de leur temps à donner l’image d’un monde tel que les puissants souhaitent que nous nous le représentions, qu’ils sont en position d’imposer la trame des discours, de décider ce que le bon peuple a le droit de savoir, d’entendre ou de penser, et de « gérer » l’opinion à coups de campagnes de propagande.

Après avoir défini le modèle (les deux auteurs sont professeurs d’université), il est mis à l’épreuve des faits, et notamment lors d’élections en Amérique Centrale dans les années 80, où l’on voit que le traitement médiatique sera très différent selon que les américains les soutiennent ou pas.

Puis lors de la guerre du Vietnam. Le postulat si souvent répété « les médias nous ont fait perdre la guerre » (preuve de leur indépendance vis-à-vis du pouvoir !) ne tient pas l’analyse : ce n’est que lorsque les milieux d’affaires comprirent qu’il n’existait pas de solution (après l’offensive du Têt) que le tournant médiatique s’opéra.

Mais c’est presque anecdotique au regard des horreurs commises en Indochine (Vietnam, Cambodge, Laos) par les américains. Si vous êtes un fervent admirateur du modèle outre-atlantique, il est préférable de ne pas lire ce livre, vous en sortiriez probablement très affecté.

Sinon, vous prendrez probablement conscience qu’il est important de « sortir du cadre » dans lequel les-dits médias tentent de nous faire raisonner.

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