La persuasion clandestine – Vance Packard

packard.jpg Dans un article récent intitulé Société individualiste ?, il est fait mention du livre de Vance Packard, La persuasion clandestine (Titre original The hidden persuaders). J’ai trouvé un article parlant de ce livre sur le web, et en ce temps de future campagne électorale, c’est vraiment d’actualité, même si le livre date de 1957 ! C’est même un ouvrage de référence sur la manipulation en période électorale.

Il décrit comment les politiques américains, dès les années 50, en sont venus à adopter les techniques des publicitaires pour mieux manipuler les électeurs. Manipulation des symboles, Pavlov et ses réflexes conditionnés, Freud et l’image du père, etc… On considère les électeurs comme des spectateurs-consom-mateurs de la politique (et dans consommateurs, ily a sommateurs). Extraits:

Le problème est de projeter le politique en tant que personnalité.

Tous les longs discours sur des questions telles que l’inflation ou la guerre ont, en fait, peu d’influence sur le résultat. Le point capital d’une campagne est l’attraction émotive exercée par les candidats rivaux.
On utilise pour cela les mêmes techniques de projection employées pour déceler les affinités avec des images personnifiant des marques, afin de découvrir les sentiments cachés de l’électeur.

Car l’électeur indécis n’est pas l’« indépendant » réfléchi comme on le croit souvent. Il change d’avis « pour quelque puérile petite raison comme, par exemple, parce qu’il n’aime pas la femme du candidat ».
Sonder le subconscient en matière de politique semblait justifié par le fait de plus en plus évident qu’on ne pouvait pas compter sur les électeurs comme des êtres rationnels. Individuellement et en masse, leur conduite comportait un élément fortement illogique.

C’est vrai que je préfère la femme de Sarko au mari de Ségolène !! Mais je ne voterai pas Sarkozy quoiqu’il arrive !

Un échantillon de cette conduite non rationnelle fut la réaction des électeurs à la crise cardiaque du Président Eisenhower en 1955. Juste avant, au début de septembre 1955, le sondage Gallup montra que 61 % des gens interrogés voteraient pour lui s’il se présentait contre Mr. Adlai Stevenson, le principal démocrate possible. Puis il eut son attaque, et, pendant les mois suivants, alors qu’il semblait incertain qu’il se rétablît suffisamment pour se présenter de nouveau, les voix en sa faveur augmentèrent régulièrement jusqu’en mars où elles atteignirent 66 % dans sa lutte hypothétique contre Stevenson.

Jospin ne monte pas dans les sondages ? Il faudrait qu’il tombe malade brusquement !

Le Journal de Psychologie anormale et sociale rapporta, au sujet de cet élément apparemment irrationnel de la pensée des électeurs, une expérience faite auprès de gens connus pour leur opinions soit pro, soit antidémocratiques. Tous écoutèrent un discours de dix minutes sur les affaires nationales, pour moitié de tendance prodémocratique et pour moitié antidémocratique. On dit aux auditeurs qu’on leur faisait subir un test sur leur mémoire. Vingt et un jours plus tard, on les interrogea, et on vit que leurs mémoires étaient nettement meilleures pour ce qui s’harmonisait avec leurs opinion politiques. Ils avaient tendance à oublier ce qui n’était pas conforme à leurs idées préconçues.

Moralité: il faut dire aux gens ce qu’ils veulent entendre… Difficile dans ce cas d’avancer.

Dorothy Thompson qualifia cela de « culte de la personnalité ». Le sociologue David Riesman attribua ce phénomène à la tendance à se laisser diriger par autrui, déjà constatée dans la vie américaine. Les Américains, de plus en plus occupés à consommer, sont devenus des consommateurs de politique. Il en découle une importance accrue donnée au meilleur acteur et, dans l’évaluation du spectacle, la «sincérité » de la présentation a pris plus d’importance. « De même, dit-il dans The Lonely Crowd , que le prestige de l’emballage et de la réclame d’un produit remplace la concurrence du prix, le prestige, en politique, qu’il s’agisse de la présentation de l’homme ou de celle des événements à la masse, remplace le type d’intérêt personnel qui gouvernait les gens habitués à se diriger eux-mêmes. »

Alors ? Ségo ou Sarko ?

source: www.planetenonviolence.org

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