La nuit des béguines – Aline Kiner

Cadeau de Noël encore, et toujours un conseil du libraire : cette fois, il ne s’est pas trop trompé… 😉

Roman intéressant pour ce qu’il raconte de cette communauté religieuse laïque qui regroupe des femmes au Moyen-Âge, qu’elles soient célibataires ou veuves. En France, c’est le roi Louis IX qui, en 1264, en fait venir, les installe dans une maison et les soutient : c’est le grand béguinage royal de Paris, où se déroule notre histoire.

Les femmes peuvent ainsi vivre leur foi de façon assez indépendante, sans avoir fait de vœu d’appartenance à un ordre religieux, et ainsi plus libre de mener leurs propres actions caritatives. Cette liberté associée à un vœu de pauvreté ne va pas sans provoquer des réactions du clergé officiel. Surtout quand Marguerite Porete, une béguine des Flandres, écrit un ouvrage intitulé « Le miroir des âmes simples », décrivant un « pur amour » de Dieu qui dispense d’obéir aux commandements…

L’époque est d’ailleurs toujours la même que celle de l’Œuvre au noir de Marguerite Yourcenar lu récemment : on a vite fait de se retrouver sur le bûcher au moindre soupçon d’hérésie (et celle-ci est à géométrie variable). Dans ce roman, en marge de l’histoire des béguines, ce sont les Templiers qui vont faire les frais de la colère de Philippe Le Bel, et qui subiront ce châtiment. Marguerite Porete subira aussi le même sort, et la liberté des béguines sera ensuite un peu plus contrôlée…

L’histoire de Maheut la Rousse (il ne fait pas bon d’être rousse non plus à cette époque !) n’est finalement qu’un prétexte à raconter avec précision la vie de cette époque pour ces femmes. C’est très bien documenté, et bien écrit, même si certaines descriptions sont un peu répétitives parfois (le spectacle de la rue).

Aline Kiner (1959-2019) est une romancière et journaliste française (Thalassa, Sciences & Avenir) après avoir fait des études de lettres. Elle a reçu le prix Culture et Bibliothèques pour tous en 2018 pour cet ouvrage, et ce succès lui a donné un supplément d’énergie alors qu’elle se savait condamnée.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *