Travailler avec les américains

americains.jpg Lundi dernier j’ai pu suivre une formation dont le thème était: Travailler avec les américains, puisque chez Reuters, on bosse quotidiennement avec les américains. Elle était donnée par l’ancien PDG et l’ancien DRH de Coca-Cola France, donc pas des rigolos à priori !
D’ailleurs, je m’étais dit: puisque l’on va parler culture, voyons voir s’ils vont parler de Edward T. Hall, dont je parlais dans un article précédent. Et bien, il était cité parmi quelques auteurs comme référence. Ils étaient donc crédibles à mes yeux.
A la suite de cette formation, et comme je suis un bon collègue de travail, j’ai fait un mail à mes collègues pour leur faire partager les notes prises durant cette formation.

A vous d’en profiter maintenant… Voilà donc les quelques notes prises durant cette journée de formation. Évidemment tout n’est pas à prendre au pied de la lettre, et n’oublions pas que certains aspects de la culture sont inconscients…

VALEURS

  • Etre fier d’être américain: ce n’est pas une option, mais une obligation (80% se disent “very proud”). Par conséquent, exprimer que l’on n’est pas fier d’être français, on peut mettre la personne mal à l’aise.
  • Religion : même chose. Peut importe la religion en fait, pourvu qu’elle ait un dieu ! C’est la reconnaissance de valeurs morales. On va à l’office le dimanche. La religion du Livre (imprégnation de la bible) est très importante. Ce qui explique le lien entre les USA et Israël. Ethique protestante : les catholiques pensent que pour s’enrichir, il faut prendre de l’argent aux autres (notion de la part du gâteau). Pour les protestants, on s’enrichit grâce au travail et probablement parce que Dieu est avec vous.
  • Rôle de l’état: très différent de l’Europe. Garantir les libertés (USA) par opposition à garantir que personne n’est dans le besoin (Europe).
  • Individualisme, mais avec une participation active dans une organisation pour défendre ses valeurs. Si tu crois en quelque chose, tu agis en t’impliquant dans un groupe pour défendre ces valeurs (voir rôle de l’état). En Europe, on aura tendance à attendre tout de l’Etat. Illustré par la phrase de JFK lors de son élection en 1961 : « And so, my fellow americans, ask not what your country can do for you, ask what you can do for your country »
  • The can do people: Il est très important d’agir, même si l’on a que l’ébauche d’une solution.
  • Pragmatisme: comprendre les faits, pas les concepts. Seul le résultat compte : « we are only as good as our last numbers ». Les diplômes servent à ouvrir les portes des entreprises, mais l’année suivante, seul le résultat comptera, et le poste pourra être attribué à une personne sans diplômes, mais présentant de meilleurs résultats.

I think it is an immuable law in business that words are words, explanations are explanations, promises are promises, but only performance is reality

  • Droit à l’erreur: “You learn from your mistakes”. Aucun problème à dire que l’on a fait une erreur (franchise).
  • Egalitarisme: notion très importante, pas de différenciation entre un patron et un ouvrier qui vont se croiser au supermarché. Ils discuteront sans que l’un marque des signes de respect particuliers envers l’autre. Ce que l’on peut illustrer par la distance hiérarchique :

– USA (faible): La position hiérarchique ne change pas le statut de la personne, la délégation est de règle, les subordonnés s’attendent à être consults, le patron idéal est un démocrate capable, les privilèges irritent fortement.
– France (forte): La position hiérarchique élève le statut de la personne, pas de délégation, les subordonnés s’attendent à être commandés, le patron idéal est un autocrate bienveillant ou un paternaliste, les privilèges sont liés au statut.

  • Matérialisme: voiture, maison, c’est le moyen de montrer sa réussite (c’est le moyen d’afficher des signes extérieurs de richesse). Voir égalitarisme ci-dessus.
  • Géographie: ils ne s’intéressent pas au reste du monde. Rappel du concept de l’émigrant quittant l’ancien monde (et donc ne s’y intéressant plus). Tant que le pays n’est pas directement touché, ils s’en moquent. N’oublions pas que le Mayflower embarquait 102 pèlerins…intégristes protestants. Ce qui explique aussi le rapport à la religion, au Livre (voir ci-dessus).
  • Les WASP (White Anglo-Saxon Protestant) : dire à un américain qu’il est un WASP, il se sentira vexé, ringardisé. C’est pourtant le modèle dominant (encore le Mayflower). Terme discriminatoire !
  • Etrangers: pas de préjugés vis à vis des étrangers, car c’est un peuple d’émigrés (il suffit de remonter quelques générations). Même si la situation après le 9/11/2001 a sans doute changé quelque peu les choses… Par contre, vous serez jugés sur votre comportement. Il faut appliquer les règles : on vous demandera d’être solidaire, vous devez faire partie de la communauté. Impensable aux USA de ne pas connaître ses voisins.
  • L’exception française: c’est un handicap… Par exemple un produit que l’on veut distribuer, mais où l’on dit « ça ne marchera pas en France » : cela irrite énormément. Penser aux « can do people ».
  • L’esprit des pionniers: les valeurs sont l’individualisme (venu chercher fortune, être meilleur que l’autre), mais aussi la solidarité (pour survivre, il faut s’entraider, certains travaux étaient collectifs).

COMMUNICATION

  • Distance: On se parle à une distance d’un bras (en France, on est un peu plus prêt de son interlocuteur). On garde ses distances, pas de contact physique. Idem quand on fait la queue dans une file d’attente ; on ne double pas et on garde ses distances. Exemple du militaire américain qui a récemment tiré sur (et tué) un officiel Irakien qui voulait pénétrer dans la zone:verte : L’irakien s’énervait et lui criait dessus à 20cm de distance (dans les pays arabes, on doit « sentir l’haleine » de l’autre) ; le militaire américain a pris cela comme une agression et a perdu le contrôle de lui-même.
  • Conséquence de la distance; on va parler plus fort. Si l’on chuchote, c’est que l’on dit du mal d’une personne.
  • Politique de la porte ouverte: on laisse toujours la porte du bureau ouverte. Anecdote : l’instructeur invite quelqu’un dans son bureau, et ferme la porte pour parler de choses importantes : l’américain a cru qu’il allait être viré !!

Styles de communication

  • Contexte faible: Le contexte américain est relativement faible : communication sans référence au contexte, communication explicite, réalisation de la tâche, le savoir/expérience ne sont pas partagés et le flot d’information est formalisé dans des procédures.
  • Contexte fort: Le contexte français est relativement fort : communication avec référence au contexte, communication implicite, création d’une relation durable, le savoir et l’expérience sont partagés, le flot d’information est en réseaux (informels).
  • Vous n’en direz jamais assez, confirmez toujours !
  • Le temps est une denrée rare. Ne perdons pas de temps.
  • Le temps américain est séquentiel, on effectue les tâches les unes après les autres, alors que le temps français est synchrone (le moment présent est plus important que le carnet de RDV, et un contact chaleureux est plus important que l’emploi du temps).
  • Comment se perçoivent mutuellement les séquentiels et les synchrones ?
    • synchrones vus par séquentiels: ils se laissent facilement distraire, les interruptions ne sont pas compatibles avec un travail sérieux, on ne peut pas leur faire confiance pour respecter un ordre du jour ou un calendrier.
    • séquentiels vus par synchrones: ils manquent de chaleur humaine, les interruptions font partie de la journée de travailµ, les relations interpersonnelles sont prioritaires.
  • Qualité produit vs date de sortie: on privilégie la présence sur le marché, tout vaut mieux que d’être absent. On préférera donc sortir un produit incomplet que de reculer la date de sortie. Et on va copier la concurrence sans aucun remord plutôt que d’être absent (c’est le « me too » américain).

Réunions

  • La ponctualité est de rigueur. Il est très important d’être à l’heure à une réunion
  • Une réunion est censée apporter une prise de décision, pas seulement un échange d’idées.
  • Tous les documents nécessaires doivent être envoyés avant la réunion (ils les liront, ce qu’un français ne fera pas forcément).
  • Il ne faut pas montrer ses émotions, mais être toujours ouvert et montrer de l’enthousiasme.
  • Etre concis dans sa communication.
  • Lors d’une argumentation, commencer par la conclusion (les faits, rien que les faits). Éviter les théories, les impressions, dire « je n’ai jamais essayé ».
  • L’anglais leur donne un avantage ; on peut leur demander d’adapter leur langage (mais il faut avoir un niveau d’anglais correct).
  • Ne jamais utiliser le mot «problem» vécu négativement (mais plutôt «issue »).
  • Toujours tenir compte des argumentations de son interlocuteur. S’ils posent des questions, c’est positif. S’ils restent silencieux, c’est négatif. L’expression « snicky french » (traître) reflète par exemple une réunion où l’on n’a rien dit, alors que l’on exprimera des idées/critiques après la réunion : il faut toujours en parler pendant la réunion, que l’on soit d’accord ou pas d’accord, l’essentiel est de faire les remarques que l’on pense justifiées.
  • La franchise est de règle dans une communication. Ne jamais mentir (once a liar, always a liar).

Exemple d’une conversation typique

John : How much longer do you think it will take ?
André: Probably 2 months, especially if we add the timing feature. And another month to do the redesign of the case.
John: You’re redesigning the case ?
André: It will look much sleeker.
John: You know Techno Inc. is launching Technomax early next month ?
André: Of course, but it’s just not as good a product.
John: Maybe not, but it does at least 75 percent of what ours will do.
André: Precisely!

Le temps

  • time is money
  • It is better to be the first than the best
  • Paralysis by analysis
  • Never put off until tomorrow what you can do today

4 réflexions sur « Travailler avec les américains »

  1. Hello

    Ca fait un bon bout de temps que je cherchais ces explications. Merci beaucoup c’est super de faire part à tout le monde de ces informations.
    Très bonne journée et bonne année

  2. bonjour,
    très intéressant, pouvez vous me dire quel organisme organise cette formation svp?
    je suis à la recherche d’un prestataire.
    merci

  3. Hi Pascal

    merci beaucoup pour ces infos , c’est exactement ce que je recherchais ,simple ,efficace,direct,en phase avec la réalité.

    Cordialement.

    Fabrice

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