Le week-end – Bernhard Schlink

Le-week-end - Bernhard Schlink Enthousiasmé par « Le liseur », déçu par « Le noeud gordien », je me suis tout de même laissé tenté par ce dernier livre de Bernhard Schlink : « Le week-end ».

Le sujet est d’actualité, puisqu’il s’agit d’un membre de la Fraction Armée Rouge, libéré par le président de la République allemande. On a vu récemment en France la conséquence d’une simple déclaration à la presse de Jean-Marc Rouillan, ancien membre d’Action directe (rassurez-vous, ce n’est pas notre président de la République qui l’avait grâcié !). N’exprimant aucun regret, ce fût un retour direct à la case prison. Ça m’avait frappé, le fait que ce soit l’absence de regret qui finalement avait choqué le plus et motivé la sanction, immédiate et lourde. On veut bien pardonner, mais il faut quand même pas déconner : il nous faut des regrets !

C’est un peu le sujet du bouquin : Jörg va passer son premier week-end de liberté dans une maison à la campagne, où sa soeur a invité ses amis d’enfance. Son avocat est également présent, ainsi que Marko, membre d’un groupuscule révolutionnaire qui aimerait bien que Jörg les rejoigne. Le fils de Jörg, qui a toujours ignoré voir renié son père, arrivera un peu plus tard.

Et c’est toute la difficulté d’un tel passé, et d’un retour dans le monde vingt ans plus tard qui est abordé dans ce livre. Tout a changé, les amis d’enfance ont fait leurs vies, trouvé leur place dans la société, mis leurs idéaux dans leur poche, et le mouchoir par dessus. Jörg, lui, avait franchi le pas, était passé de l’autre côté : attentats, meurtres. Puis vingt ans en prison, largement le temps de réfléchir à ses actes.

Alors les langues vont se délier peu à peu, on apprendra qui a trahi Jörg lors de sa capture, mais c’est presque anecdotique. C’est surtout la difficulté d’exprimer ne serait-ce qu’une attitude rationnelle, avoir un avis raisonné après avoir participé à de tels actes, qui est traitée. Comment justifier ce que l’on a fait quand à cette époque on était en guerre contre la société, l’Etat ? Et peut-on réellement y revenir après la violation de ce qui est l’essence même de la société ? Que devient l’amitié ? Le pardon est-il souhaité, les regrets seulement possibles ? Que répondre aux questions posées sans se renier ou mentir ?

Bon bouquin, bien écrit, qui traite admirablement un sujet plus compliqué qu’il n’y parait. L’impression finale, en tout cas la mienne, c’est que le retour n’est guère possible.

2 réflexions sur « Le week-end – Bernhard Schlink »

  1. Normal que Pascal ait été déçu par  » Le Noeud Gordien » de Schlink qui, paru en France seulement en 2001 date quand même de 1988. Il faut bien que les écrivains fassent leurs classes, surtout quand ils commencent tard. En revanche le livre précédent « Le Week-End » , qui s’intitule « Le retour » est assez achevé aussi, et comme celui-ci, colle à une actualité qu’il précède : l’enquête du fils sur le père, nazi (?) Très sobre et moins boursoufflé que « Les Bienveillantes ».

Répondre à Hélène Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *