Sulak – Philippe Jaenada

C’était pendant l’émission littéraire « 21 centimètres » sur Canal qu’un journaliste recommandait ce bouquin : vie incroyable de cet Arsène Lupin des temps moderne, style haletant de l’auteur…

Si j’ai bien aimé le récit lui-même, j’ai été beaucoup moins fan du style de l’auteur, qui casse souvent le fil du récit pour y insérer des remarques personnelles, parfois totalement décorrélées du récit. Dommage, parce que le rythme du récit est parfaitement maîtrisé par ailleurs, très vivant, et on tourne page après page pour découvrir la vie de cet homme hors du commun. Un vrai polar…

La vie de Bruno Sulak est réellement incroyable, et méritait d’être contée. Le personnage est assez charmeur, intelligent ; il commencera par braquer des supermarchés, et terminera par les bijouteries… Entre-temps, il se sera évadé de prison plusieurs fois, mais sa dernière tentative lui sera fatale.

L’auteur semble s’être beaucoup investi pour écrire ce livre, rencontrant les proches, etc… Ce qui amène à se demander s’il est vraiment objectif dans sa narration : interprétation des faits, moralisation, suppositions inutiles sur la mort de Sulak le présentant comme une victime, l’État et la société étant les vrais responsables… Moi je veux bien, mais Sulak savait parfaitement ce qu’il risquait, c’est quand même la règle du jeu… Nietzsche disait : « l’État, le plus froid des monstres froids », il n’y a rien de plus vrai.

Mais le plus dérangeant, ce sont les digressions fréquentes sur d’autres gangsters, ou d’autres personnages de l’époque (Enrico Macias, Joëlle Mogensen), sans parler de sa vie personnelle (ce qu’il faisait à telle date)… Un peu lassant à la longue, dommage, on sort du récit pourtant bien raconté par ailleurs. Cela a tout de même un bon côté, nous donnant le portrait d’une époque par petites touches, au cours de la courte vie de Bruno Sulak.

Philippe Jaenada, né en 1964 à Saint-Germain-en-Laye, est un écrivain français. Il arrive à Paris au milieu des années 80, et enchaîne les petits boulots. Ses premiers romans sont inspirés de sa propre vie, où il manie la dérision vis-à-vis de lui-même, et est déjà adepte de nombreuses digressions. Sulak est le premier à s’inspirer de faits d’hiver, mais pas le dernier, et toujours avec le même style apparemment.

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