FMD : Find My Device

Voilà une solution très pratique quand on veut localiser son téléphone, soit en le faisant simplement sonner soit en retrouvant sa position GPS (perte, vol). Ainsi que d’autres options plus radicales, comme de l’effacer à distance.

Je parle ici d’une application Android bien sûr, mais aussi de la partie serveur, l’ensemble fournissant une solution autonome totalement open source et sécurisée, respectant votre vie privée comme il se doit :

FMD vous permet de localiser, de faire sonner, d’effacer et d’envoyer d’autres commandes à votre appareil lorsqu’il est perdu. Il se veut une alternative open source sécurisée à Find My Device de Google.

Le serveur étant disponible en mode Docker, je l’ai installé très facilementsur mon NAS. Le client Android, disponible sur F-Droid, demandera lui un peu plus d’attention, car il a besoin d’un système de Push Notification, et de permissions particulières. Cela me prendra donc un peu plus de temps, mais finalement tout fonctionne comme attendu.

Voilà les différentes étapes à suivre…

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Gnome-weather et les petites villes

J’utilise Gnome comme environnement de bureau (DE) et j’en suis très content. Il est à la fois beau, ergonomique, homogène, tout en restant limité dans ses options, ce qui évite de se perdre dans des menus sans fin. C’est le choix fait par les devs, et ma foi, c’est cohérent.

Pour une part, on s’adapte à leurs choix, et pour le reste il y a les extensions Gnome qui permettent de personnaliser un peu l’expérience utilisateur. L’ensemble me convient.

Par contre, je n’avais pas trouvé comment afficher la petite ville où j’habite dans Gnome-weather. Je n’avais pas d’autre choix que de choisir Quimper, la ville la plus proche reconnue par l’application. Mais voilà, le problème est désormais réglé (il y a toujours une solution).

Pas de chance, aujourd’hui il pleut ! 😉

Il faut d’abord se rendre sur https://nominatim.openstreetmap.org pour identifier les coordonnées de latitude et de longitude de votre ville :

Dans mon cas, on obtient donc les valeurs suivantes :

Centre Point (lat,lon)47.9081865,-3.979665
test légende

Il va falloir ensuite convertir les valeurs avec l’opération suivante :

Coordonnées GPS Formule Résultat
Latitude 47.9081865÷(180÷3.141592654) 0.83615559319367762
Longitude -3.979665÷(180÷3.141592654) −0,0694582573854495

Source pour la conversion : test add_city.sh.

Voilà, il ne reste plus qu’à lancer dconf, l’éditeur de configuration de Gnome, et d’ouvrir la clef org.gnome.Weather.locations, et de modifier la valeur comme suit :

La valeur personnalisée à entrer dans mon cas est :

[<(uint32 2, <('La Forêt-Fouesnant', 'LFRQ', false, [(0.8361555931936776, -0.069458257385449501)], @a(dd) [])>)>]

Attention, la moindre erreur de syntaxe ne sera pas pardonnée ! Personnellement, j'ai d'abord choisi Quimper via l'interface de l'application, puis je suis allé modifier à la main la valeur des coordonnées lat/lon, en appliquant le même nombre de décimales.

Serveur Joplin en mode Docker

J’utilise depuis longtemps Joplin comme application de prise de notes. Elle est vraiment très complète, propose un client Android, et permet la synchronisation entre les appareils bien sûr. Tout ce qu’il me fallait entre le PC et le smartphone.

Puis j’ai vu qu’il était possible d’installer un serveur avec Docker pour synchroniser et partager les notes de manière plus efficace, j’ai donc décidé d’installer ce serveur sur mon joli NAS.

Joplin est vraiment très complet : il permet de créer des carnets dans lesquels on peut créer des notes (deux niveaux de classement donc, indispensable), il accepte tous types d’attachements aux notes (images, pdf, audio, etc…), propose un nombre impressionnants de plugins (+350 ?), dispose d’un éditeur markdown (le format de stockage des notes) mais aussi au format « rich text », ou encore d’utiliser un éditeur externe, etc, etc… Difficile de faire plus complet ! Et bien sûr disponible sur toutes les plateformes (Windows, Linux, Android, iOS). Sans oublier une caractéristique importante :

Joplin est « hors ligne d’abord », ce qui signifie que vous avez toujours toutes vos données sur votre téléphone ou votre ordinateur. Cela garantit que vos notes sont toujours accessibles, que vous ayez ou non une connexion Internet.

Enfin c’est un français, Laurent Cozic (un breton en plus ! 😎 ) qui en est le créateur. Il s’est lancé dans ce projet en 2016, ne trouvant pas ce qu’il voulait dans les solutions existantes : un logiciel open-source axé sur la sécurité et la vie privée. Bravo à lui ! On peut se dire que depuis preques 10 ans, Joplin est devenu un logiciel assez abouti avec plein de fonctionnalités.

Voilà l’interface du client sur Linux :

On peut mettre une icône à chaque Carnet, créer une Table of Content, etc…

Mais cet article concerne la mise en place du serveur : ça a été assez simple, mais voyons voir cela tout de même…

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Le complot contre l’Amérique – Philip Roth

Retour à Philip Roth, un grand écrivain et une valeur sûre en terme de roman et de qualité d’écriture. Ça faisait longtemps que j’avais coché ce livre, cette dystopie où l’auteur imagine ce qui se serait passé si le célèbre aviateur Charles Lindbergh avait gagné les élections en 1940 aux dépends de Roosevelt.

Charles Lindbergh, très populaire, avait dans la vraie vie exprimé sa sympathie à l’égard d’Hitler, et reproché aux juifs américains de pousser l’Amérique à entrer en guerre. Le scénario n’est donc pas totalement éloigné d’une réalité possible : celle où les juifs américains sont peu à peu ostracisés, et amenés à craindre le pire.

Mais le roman n’est pas une simple dystopie qui pourrait effectivement être très sombre, car tout est raconté par les yeux d’un enfant de 7 ans, le petit Philip, dont la famille vit à Newark dans un petit appartement, le père étant agent d’assurance, la mère au foyer, avec un frère un peu plus âgé : une famille comme tant d’autres, qui arrive peu ou prou à joindre les deux bouts, peu religieuse, et avant tout américaine. C’est extrêmement bien vu et cela apporte beaucoup de fraîcheur à l’histoire, avec la compréhension globale du gamin des évènements qui se succèdent, et la vision un peu fantasmée par son imagination qu’il en a :

C’est la peur qui préside à ces Mémoires, une peur perpétuelle. Certes, il n’y a pas d’enfance sans terreurs, mais tout de même : aurais-je été aussi craintif si nous n’avions pas eu Lindbergh pour président, ou si je n’étais pas né dans une famille juive ?

Car Lindbergh une fois élu conclut un accord avec Hitler, et le nouveau président met en avant la neutralité et le refus d’envoyer de jeunes américains se faire tuer, ce qui lui assure une certaine popularité. Puis le gouvernement crée un programme appelé « Des gens parmi d’autres », destinés à envoyer de jeunes garçons « issus de minorités religieuses » au fin fond de l’Amérique profonde pour mieux s’intégrer à la société américaine, programme auquel participera Andy, le frère aîné de Phil. C’est le début de mesures visant particulièrement les juifs, et l’inquiétude monte vite sur ce qui pourrait suivre.

Et Phil va avoir matière à réflexion : entre son père très attaché aux valeurs de la démocratie américaine, sa mère prête à émigrer au Canada, son grand frère qui revient avec de nouvelles idées en tête du programme qui l’a envoyé 6 mois au Kentucky, son cousin Calvin qui a choisi dès le début de partir combattre Hitler sous les couleurs de l’armée canadienne, et qui en revient estropié et très aigri quelques mois plus tard… Jusqu’à sa tante qui se marie à un rabbin corrompu qui sert de caution morale à Lindbergh pour valider sa politique auprès des chrétiens… Le gamin va avoir bien du mal à se construire !

Puis ce sera le tour du programme « Homestead 42 » : cette fois c’est la société d’assurance où travaille le père de Phil qui le relocalise dans une bourgade du Kentucky, ce qui obligerait la famille entière à quitter son quartier de Newark et sa communauté juive où ils se sentent malgré tout en sécurité. Les choses deviennent sérieuses et la situation se tend, d’autant que la violence anti-juive et des débuts de pogrom commencent à faire leur apparition.

Heureusement, Phil nous raconte aussi sa vie au quotidien, avec ses yeux d’enfant, et cela rend la lecture de ce roman beaucoup plus légère que la société et ce qui s’y passe, fort heureusement. Comme cette anecdote à propos de son cousin Calvin qui m’a fait éclater de rire :

Lorsqu’il prit de l’âge et du poids, et que son moignon s’écorcha du même coup de façon chronique, lorsqu’il dut passer des semaines sans mettre sa prothèse en attendant qu’elle cicatrise, Minna le conduisit à la plage publique, l’été, et tout habillée sous un grand parasol, le couva du regard : il passait des heures à batifoler dans le ressac réparateur, se balançait avec la vague, faisait la planche en crachant des geysers salés, et puis, pour semer la panique chez les touristes de la plage bondée, jaillissait de l’eau en criant : « Un requin, un requin ! » tout en désignant son moignon d’un air horrifié.

Philip Roth a fort judicieusement inséré à la fin du roman une chronologie véritable de personnages principaux de son roman, ce qui permet de resituer la réalité dans cette dystopie.

On y apprend tout de même que Lindbergh trouvait Hitler plutôt sympathique, qu’il avait été décoré sur ordre du Führer de la Croix de l’Aigle allemand, médaille d’or à quatre petites croix gammées, qu’on décerne aux étrangers pour services rendus au Reich. Et les propos qu’il tenait sur les juifs peuvent largement le faire passer pour un antisémite. Il faudra Pearl Harbour pour le faire changer d’avis.

Un autre personnage, pas assez présent dans le roman, mérite d’être noté : Henri Ford, lui aussi décoré par le gouvernement de Hitler, se revendiquant lui aussi pacifiste, et comme Lindbergh rendant les juifs responsables de la guerre, et particulièrement les banquiers judéo-allemands.

En mai 1920, le Dearborn Independent, qu’il a racheté en 1918, publie le premier de quatre-vingt-onze articles détaillés que Ford consacre à dénoncer « le Juif international : problème mondial » ; les numéros suivants publieront en feuilleton les Protocoles des Sages de Sion, censés révéler la stratégie des Juifs pour dominer le monde, document fabriqué de toutes pièces qu’il fait passer pour authentique. Deux ans après la première parution du journal, le tirage atteint près de 300 000 exemplaires. On force la main aux concessionnaires Ford pour qu’ils s’y abonnent comme à un produit dérivé ; les articles, violemment antisémites, sont réunis dans une édition en quatre volumes : The International Jew : A World Foremost Problem.
[…]
Vers le milieu des années vingt, il est poursuivi en justice par un avocat de Chicago pour diffamation ; l’affaire se règle hors des prétoires. En 1927, il se rétracte et cesse d’attaquer les Juifs ; il accepte de mettre un terme à ses publications antisémites ; il ferme le Dearborn Independent, entreprise déficitaire qui lui a coûté pas loin de cinq millions de dollars.

Aujourd’hui encore, beaucoup de gens croient à la réalité des Protocoles des Sages de Sion… Quelle misère ! 😥

Autre article sur Philip Roth sur ce blog :

Philip Roth (1933-2018), est un grand écrivain américain, petit-fils d’immigrés juifs originaire de Galicie. Souvent cité pour le prix Nobel de littérature, il ne l’a jamais pas reçu, ce que certains considèrent comme une anomalie.

Comme des ombres sur la terre – James Welch

J’ai déjà lu deux livres de cet auteur, qui a la particularité d’être amérindien et plus précisément né dans la réserve indienne Pieds-Noirs de Browning dans le Montana. Autant vous le dire tout de suite, j’ai adoré ce récit véritablement étonnant.

Car si dans les deux romans transparaissaient les origines indiennes de l’auteur, par ses personnages principaux eux aussi indiens et évoluant dans le monde moderne, dans celui-ci, nous allons plonger à l’intérieur d’une tribu Blackfeet vivant dans le Montana, dans les années 1870, à l’époque où les blancs ne cessent de gagner du terrain de façon inéluctable, malgré les traités signés.

Se battre contre eux est sans espoir, tant ils sont nombreux et cruels, et il ne reste à la tribu d’autre choix que de tenter désespérément de continuer à vivre selon leur mode de vie tant que c’est encore possible. Nous allons suivre l’évolution d’un jeune garçon de 15 ans, jusqu’à ce qu’il devienne un père de famille au milieu de tous ces bouleversements.

C’est une véritable immersion, et il faudra que le lecteur devine le sens de certains mots, notamment celui des animaux (cornes-noires, remue-la-queue, ours-vrai, quatre-jambes, mordeurs-de-bois, etc…), ou des saisons comme des lieux : tous les noms donnés représentent leur essence, c’est à la fois beau et poétique.

On est vite transporté dans l’histoire, la vie de « Chien de l’Homme Blanc » qui prendra ensuite le nom de « Trompe-le-Corbeau » après un raid chez les Crows pour leur voler des chevaux. Puis il apprendra à soigner avec le secours d’un homme-aux-multiples-visages, aura des visions et découvrira son animal-pouvoir, Oiseau Corbeau. Tout ce récit nous transporte dans le monde des indiens Blackfeet, et c’est magnifique !

En guise d’extrait, voilà juste le premier paragraphe :

Maintenant que le temps avait changé, la lune-des-feuilles-qui-tombent blanchissait dans le ciel noir et Chien de l’Homme Blanc se sentait inquiet. Mâchant un bâton de viande séchée, il regarda Faiseur de Froid rassembler ses forces. Au nord, les nuages sombres s’amoncelaient en cercles, entamant leur danse avec une lente fureur délibérée. La nuit s’avançait, et il se tourna vers les marécages qui bordaient la Rivière des Deux Médecines. Les feux allumés en vue du repas illuminaient l’intérieur des tipis des Mangeurs Solitaires. C’était le moment de la soirée où les chiens eux-mêmes se reposaient et où les chevaux paissaient tranquillement le long des berges herbeuses.

James Welch (1940-2003), est un romancier et poète américain, né dans la réserve indienne des Pieds-Noirs, dans le Montana. Son succès ouvrira la voie à plein d’autres auteurs amérindiens.

Une histoire de Fairphone et de GPS

Voilà presque une année que ma sœur se plaint régulièrement du temps que mettait son Fairphone 3+ à se localiser (GPS). Cela peut prendre une bonne minute comme cinq minutes, ou même ne jamais aboutir. Et comme elle fait beaucoup de randonnées, c’est vraiment devenu problématique pour elle. Au point de penser à changer de téléphone… Or la durabilité est une chose importante à ses yeux, diminuer son empreinte écologique un principe, et c’est pour cela qu’elle avait acheté ce Fairphone.

J’avais déjà regardé ses réglages, tout semblait correct, puis on passait à autre chose, et le problème revenait dans la conversation quelques mois plus tard, sans pour autant avancer dans sa résolution. Le fait qu’elle habite à l’autre bout de la France ne facilitait pas non plus les choses.

Fin août, elle est passée en Bretagne (on a fait le tour du Cap Sizun en vélo électrique sur trois jours, c’étaient les derniers beaux jours et ça a été génial 😎 ), j’ai donc eu le temps de me pencher plus sérieusement sur le problème.

Et voilà, un mois plus tard, le problème est résolu, et le Fairphone est reparti pour quelques années je l’espère. Bon, on va le voir dans cet article, tout n’a pas été aussi idyllique que ça, Fairphone a des qualités mais aussi des limites…

Pour les plus pressés, c’était l’antenne du GPS qui suite à une chute du tel qui était endommagée, et il a fallu changer le « rear panel », qu’hélas Fairphone ne fournit pas comme module de remplacement. Heureusement, Leboncoin est là…

Voyons voir tout ça étape par étape…

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Bleus blancs rouges – Benjamin Dierstein

Je ne sais plus où j’ai entendu parler de ce roman politico-policier traitant des années 80 et des troubles de l’époque : Mesrine l’ennemi public numéro un, les attentats du FPLP, Action Directe, etc… Le tout sur fond politique avec les années Giscard, avec l’affaire des diamants de Bokassa, la montée en puissance de Miterrand, l’affaire Robert Boulin, etc… Les ingrédients étaient là pour écrire roman passionnant.

Et l’histoire commence bien avec Marco et Jacquie, tous les deux à l’école de police, tous deux postulants pour la première place, l’un penchant nettement côté droite-catho, l’autre qui va peu à peu se découvrir à gauche… Viendront vite se greffer au récit le milieu de la prostitution de luxe et des boites de nuit parisiennes, les barbouzes de la « France-Afrique », les hommes politiques, le S.A.C, Kadhafi… Ajoutez à cela les différents organes de l’état : DST, RG, BRI, j’en passe et des meilleurs, l’auteur ne recule devant rien !

Mais la lecture va vite devenir difficile, et j’avoue avoir eu un peu de mal à finir ce roman, pour découvrir qu’après toutes ces pages, il faudra attendre un tome deux puis un troisième, l’auteur étant à priori un adepte des trilogies. Ce sera sans moi.

Alors quoi ? d’abord la médiocrité de la plupart des personnages, leur grossièreté, leur machisme omniprésent rend la lecture difficile. La pauvre Jacquie a bien du mal à exister dans l’histoire, elle disparaît d’ailleurs peu à peu. Place aux mecs, aux salauds, ceux pour qui la violence est la meilleure façon de s’exprimer, et une bonne baise la meilleure façon de se défouler après une dure journée (la place des femmes est essentiellement réduite à ce rôle). Et les dialogues sont à l’image des personnages, au ras des pâquerettes. Il en ressort un ensemble caricatural et nauséeux.

Quant au contexte historique, l’auteur nous raconte ce qu’il veut, c’est son interprétation, à prendre ou à laisser : il s’est sans doute beaucoup documenté si l’on en croit la bibliographie en fin de volume, mais de là à nous raconter comment Robert Boulin est mort… Dès lors, le reste n’est-il pas à l’avenant ? Alors pourquoi se « payer » toute cette noirceur et cette vulgarité pour une histoire qui comme la police n’avance que très lentement, plus occupée par une guéguerre des services qu’à arrêter les terroristes. On tourne en rond, et l’ennui le dispute au désintérêt.

Le « James Ellroy à la française » n’est pas pour ce coup-ci, loin s’en faut !

Benjamin Dierstein, né en 1983 à Lannion, est un auteur de romans policiers. Il a obtenu le Prix Landerneau Polar des Espaces Culturels E.Leclerc 2025 pour ce roman. Tout cela fleure bon la Bretagne, mais ne suffit pas à me convaincre de lire la suite.

Le restaurant de l’amour retrouvé – Ito Ogawa

Roman offert par mon cousin Olivier : de la littérature japonaise et un roman traitant d’un restaurant et de cuisine, cela ne pouvait pas me déplaire !

C’est l’histoire de Rinco, une jeune fille vivant à Tokyo, qui perd sa voix quand son petit-ami l’abandonne, et qui décide de retourner dans le village de son enfance où vit encore sa mère, pour y ouvrir un restaurant, nommé « L’Escargot ».

Ce restaurant qui ne dispose que d’une seule table fonctionne de manière un peu particulière, et uniquement sur réservation : Rinco s’entretient alors longuement avec les convives auparavant afin de déterminer le plat qu’elle va leur préparer. Si le modèle économique paraît peu crédible, les plats ainsi préparés vont rendre les clients heureux, et la rumeur va ainsi se propager : en mangeant à L’Escargot, on voyait ses vœux réalisés et ses amours comblées. Il faut dire qu’ils sont justement préparés avec amour, comme Rinco l’explique :

Si tu cuisines en étant triste ou énervée, le goût ou la présentation en pâtissent forcément. Quand tu prépares à manger, pense toujours à quelques chose d’agréable, il faut cuisiner dans la joie et la sérénité.
Ma grand-mère me le disait souvent.

C’est donc un hymne à la cuisine japonaise, à son raffinement, à la beauté et au goût unique d’un légume ou d’un fruit qui a poussé dans les meilleures conditions… On retrouve toute la sophistication de la culture japonaise, cette fois sur le côté culinaire.

Pour le reste l’histoire manque un peu de contenu, tout comme les personnages certes originaux mais pas vraiment aboutis. On ne peut pas dire non plus que ce soit très bien écrit, mais c’est le premier roman de cet autrice, on lui pardonnera donc en se concentrant sur les plats préparés et l’attention qui leur est portée.

Ito Ogawa, née en 1973, est une écrivaine japonaise. Ce roman a été porté à l’écran sous le titre de Rinco’s Restaurant. Elle a aussi écrit La papeterie Tsubaki, qui a l’air d’être plus apprécié des lecteurs, avec toujours comme centre d’intérêt la culture japonaise (ici la calligraphie). C’est la tome 1 d’une série de trois : suivent La république du bonheur, et Lettres d’amour de Kamakura. De tous ces romans, il ressort à chaque fois une atmosphère de « feel good story » semble-t-il, à voir si l’on aime ou pas.

L’ochazuke

Et puisque l’on parle cuisine, j’ai retenu son Ochazuke, qu’elle prépare avec le strict minimum, obligée de préparer quelque chose dans l’urgence en n’ayant pratiquement rien sous la main :

Dans l’autocuiseur à riz du bar, il devait rester du riz blanc qui n’avait pas été utilisé pour la soupe de riz, un peu plus tôt. Avec ce morceau de katsuobushi, je pourrais faire un excellent bouillon. Du bouillon et du riz : j’allais préparer un ochazuke tout simple. Je me suis mise à découper avec énergie la bonite séchée en copeaux. En cherchant bien, j’ai même eu la chance de retrouver des algues kombu dans un tiroir.[…]
J’ai enlevé les algues de la casserole au bon moment et, après une brève pause, j’y ai versé une généreuse portion de copeaux de bonite fraîchement râpée. Dès que la bonite a commencé à sentir bon, j’ai éteint le gaz et filtré le liquide à la passoire. Jusque-là, tout allait bien, comme d’habitude. Un peu de sel pour finir et ce serait parfait. Puis j’ai rempli un grand bol, réchauffé au préalable, avec du riz pris dans l’autocuiseur, et j’ai versé par-dessus le bouillon que je venais juste de préparer. C’était prêt. Comme il restait quelques brins de ciboule de Hakata sur la planche à découper, je les ai rassemblés et posés sur l’ochazuke.

Voilà d’autres infos ici sur ce plat traditionnel. Il s’agit donc d’un plat tout simple à base de riz et de thé vert (ou de bouillon miso), auquel on vient ajouter un peu ce que l’on veut dans une version moins sommaire que celle du roman. Je pourrais m’inspirer de cette recette et faire mon propre Ochazuke… Car faire un bouillon avec des algues de Bretagne et du Katsuobushi fabriqué à Concarneau, ça devrait être facile non ? 😉

Liberté sous condition – Jim Thompson

C’est le poche que j’avais choisi sur mon étagère cet été pour aller à la plage. Un bon polar de Jim Thompson, je ne prenais pas de gros risques !

Honnêtement, ce n’est pas son meilleur roman, mais il a la particularité d’être le numéro 1 paru dans la collection Rivages Noir, ce qui n’est pas un mince honneur !

C’est l’histoire de Patrick Cosgrove, appelons-le Pat, condamné sévèrement à une longue peine de prison pour une erreur de jeunesse. Il obtient une mise en liberté sous condition dans la petite ville de Capital City, sous le contrôle de Doc Luther, un politicien prêt à tout pour se sortir des prochaines élections…

Pat a beau être très intelligent, il a bien du mal à voir clair dans le jeu de dupes organisé par le Doc… Tout le suspens de l’histoire se tient là : comment Pat va-t-il pouvoir se sortir du piège qui manifestement lui a été tendu, mais qui reste d’une opacité à toute épreuve ?

Le dénouement nous réserve une belle surprise, et pour une fois avec Jim Thompson, la fin est plutôt optimiste… Un bon roman de plage !

Jim Thompson (1906-1977), est un écrivain américain de roman noir, un nouvelliste et un scénariste de cinéma. Il écrira au total vingt-neuf romans, en partie autobiographiques, dont la plupart servant avant tout à rembourser des dettes. Il meurt dévoré par l’alcool et la maladie, dans la misère et l’anonymat.
Il a peu été reconnu de son vivant, ce n’est qu’après sa mort que sa réputation grandit. Côté cinéma français, le film « Coup de torchon » de Bertrand Tavernier a été adapté de « 1265 âmes » (excellent !); « Série noire » d’Alain Corneau avec Patrick Deweare est adapté de « A hell of a woman » (« Une femme d’enfer »  ). Outre-atlantique, on peut aussi citer « Les Arnaqueurs » comme autre adaptation connue.

Jim Thompson a aussi écrit une sorte d’autobiographie intitulée Vaurien, que j’avais beaucoup appréciée, hélas difficile à trouver de nos jours, on se demande ce que font les éditeurs…

Retour à Matterhorn – Karl Marlantes

Roman choisi au hasard sur la table du libraire, le petit carton écrit à la main en disait le plus grand bien.

C’est principalement l’histoire de Mellas, jeune sous-lieutenant de réserve, affecté à la compagnie Bravo, qui tient une position au sommet d’une colline appelée Matterhorn, perdue en pleine jungle vietnamienne, et Mellas se demande comment il va bien pouvoir sortir en vie de cette sale histoire. Car la mort est omniprésente, chacun le sait, et la peur est sa compagne. La jungle elle-même est un danger, le terrain est hostile, le ravitaillement souvent impossible provoque la faim et la soif, et la fatigue et le manque de sommeil complètent le tableau.

La compagnie reçoit l’ordre d’abandonner la position pour aller affronter une jungle hostile, pour un périple aussi terrible qu’inutile. Après un bref retour vers les lignes arrière, l’ordre est alors donné à la compagnie d’aller reconquérir la colline, désormais occupée par les vietnamiens. Cela ne se fera pas sans de lourdes pertes.

Tous ces soldats sont des gamins de 18-20 ans, qui connaissent à peine la vie, et que la guerre va transformer ou simplement tuer. Les conflits raciaux propres aux américains sont également omniprésents dans le groupe, et la hiérarchie militaire, par ses décisions largement contestables, va déclencher des réactions incontrôlables.

C’est vraiment un grand roman sur la guerre, qui la décrit comme elle est, avec ce qu’elle fait aux hommes, comment elle les transforme. Le récit est très prenant. Et concernant la guerre du Vietnam, ils savent tous que seuls les vietnamiens peuvent la gagner, et cela prendra le temps qu’il faudra. La vacuité de toute guerre apparaît comme une évidence, au cas où ce serait nécessaire de le rappeler.

Karl Marlantes, né en 1944, est un écrivain américain. Le roman s’inspire de l’expérience de l’auteur au Vietnam, même si tout est pure fiction comme annoncé dans une courte préface.

Lectures, Ubuntu, Smartphone, Cinéma, entre autres…