Non, ce pays n’est pas pour le vieil homme – Cormac McCarthy

Non, ce pays n'est pas pour le vieil homme - Cormac McCarthy Je connaissais le film des frères Coen, excellent, avec ce tueur en série réellement effrayant qui se ballade avec sa bouteille d’oxygène et son pistolet à tige utilisé dans les abattoirs ! Brrr, d’autant qu’il semble toujours avoir une longueur d’avance sur tous les autres…

Et c’est un copain qui m’a prêté le bouquin qui a inspiré ce film. L’auteur, j’ai déjà lu un roman de lui : La route ; j’avais bien aimé, tout en notant une forte dose de chrétienté et de Châtiment Divin dans ce roman post-apocalyptique.

J’avais aussi noté un choix de traduction un peu surprenant : l’utilisation de « et » dans les énumérations, chose qui se fait en anglais, mais pas vraiment en français… Et comme c’est le même traducteur qui est à l’œuvre ici, on retrouve très souvent ce genre de phrases que je trouve personnellement plutôt lourdingues :

L’homme fait jouer la serrure d’un tiroir du bureau et en sort un coffret en acier et l’ouvre et en sort une carte et rabat le couvercle et ferme le coffret à clef et le range.

Et des phrases comme ça, il y en a des centaines, car le style de l’auteur est assez brut, très précis sur les gestes et actions des personnages du roman. Idem pour les dialogues, des phrases courtes, sèches, où l’on répond du tac au tac sans fioritures. Ne vous attendez pas à de grandes envolées littéraires, mais plutôt à des réflexions sur la vie en quelques mots bien sentis… Par contre, l’histoire est assez prenante, et l’on est assez vite accroché au récit, à espérer que Moss va quand même réussir à échapper aux tueurs à ses trousses.

Ce ne sera pas le cas, et sa mort est annoncée assez abruptement, sans que la scène ait été écrite. On l’apprend quand les flics arrivent sur la scène de crime, sans savoir de qui il s’agit (comme dans le film).

Et puis il y a le shérif Bell qui suit tout ça, complètement désabusé sur l’époque et sa violence, sur ce qu’est devenu son pays… Il démissionnera d’ailleurs, écœuré par l’impuissance ressentie à lutter contre le mal. On retrouve d’ailleurs, toutefois à dose plus légère, la référence à Dieu qui a abandonné le monde, et l’idée que la perte du sentiment religieux est responsable de cet état de fait.

À part ça, le film suit assez fidèlement le bouquin, ce qui est assez rare pour être signalé. Il y a juste l’auto-stoppeuse que prend Moss qui a disparue, dommage car leurs dialogues étaient intéressants, Moss essayant de raisonner la jeune fugueuse et de lui expliquer qu’on ne repart jamais vraiment de zéro, comme en partant en stop vers la Californie pour fuir ses parents.

Un bon polar, noir à souhait, à l’écriture toutefois un peu surprenante (et pas seulement par la traduction) : les dialogues ne sont pas franchement marqués, sauf par des retours à la ligne, mais se mêlant parfois à la narration. Mais bon on s’y fait.

Cormac McCarthy est né en 1933 à Providence (Etats-Unis). Reconnu comme l’un des écrivains majeur de son époque, il a reçu le prix Pulitzer en 2007 pour «La route».«No country for old men» date de 2005. Il est hanté par la violence des hommes et la question du Mal (Nathalie Crom – Télérama). Son meilleur livre serait Méridien de sang (Blood meridian) : un gamin au Texas qui se retrouve avec des chasseurs d’indiens, plongé dans un monde où seuls les plus violents survivent («sorte d’anti-western basé sur des faits réels. Noir, lyrique, et violent»). Et même très violent parait-il.

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