This Is a Velvet Underground Song That I’d Like to Sing – Rodolphe Burger

This Is a Velvet Underground Song That I'd Like to Sing - Rodolphe Burger Le titre de l’album est clair : il s’agit d’un hommage de Rodolphe Burger au groupe mythique des années 60, créé par Lou Reed et John Cale, puis produit par Andy Warhol.

Si ce groupe a inspiré jusqu’à David Bowie (qui faisait des reprises du Velvet à ses débuts), il a également donné envie à Rodolphe Burger de « refaire » de la musique en montant le groupe Kat Onoma dans les années 80.

Pochette Velvet Underground and Nico Alors si vous aimez le Velvet Underground, vous devriez apprécier ce disque, dont la plupart des morceaux viennent de l’album « The Velvet Underground & Nico », à la fameuse pochette réalisée par Andy Warhol et représentant une banane.

Retrouvez la voix grave de Rodolphe Burger sur les mélodies parfois lancinantes du Velvet, accompagné par d’excellents musiciens ; en plus le son est excellent, et la saturation des guitares parfaitement contrôlées…

Le début de « Waiting for my man » pour vous faire une idée :

Waiting for my man

Et celui du très beau « Stephanie says », que Lou Reed reprendra plus tard sous le nom de « Caroline says » sur l’album « Berlin » :

Stephanie says

L’homme qui savait la langue des serpents – Andrus Kivirähk

L'homme qui savait la langue des serpents - Andrus Kivirähk Coup de cœur du libraire, et je me suis laissé convaincre : au Moyen-Âge, en Estonie, l’histoire d’un monde ancien qui disparaît, quand les hommes vivaient dans la forêt et commandaient aux animaux grâce à la langue des serpents… Et puis la civilisation chrétienne  arrive, les familles quittent peu à peu la forêt pour cultiver les terres du Seigneur des lieux, adhèrent à la nouvelle religion, reniant par la même occasion le monde païen d’où ils venaient.

En commençant ce livre, je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre. C’est une fable, plutôt bien écrite, mais une fois passé l’attrait de la découverte de ce monde un peu étrange, je me suis tout de même ennuyé ferme, me croyant plongé dans un roman pour adolescent tout au plus. Et puis quand les choses viennent à se corser pour Leemet, le jeune narrateur et dernier habitant de la forêt, le refus et la critique de cette civilisation qui arrive est assez percutant, tendance anarchiste. La religion n’est pas épargnée bien sûr, mais aussi l’asservissement et la perte de la liberté. Le récit devient alors assez violent, et l’on se rend bien compte alors que l’on n’est pas dans un compte pour enfants… Cela donne envie de finir l’histoire, pour ceux qui n’auront pas refermé le livre avant.

C’est finalement la postface de Jean-Pierre Minaudier, intitulée « Le pamphlet sous la fable », qui en parle le mieux :

« Il n’y a plus personne dans la forêt » : c’est la première phrase, et elle revient au moins une dizaine de fois. L’homme qui savait la langue des serpents est l’histoire d’une solitude irrémédiable, malgré tous les efforts faits pour s’en arracher, et un récit du désenchantement du monde : la réalité sylvestre fantastique, débordante au début du roman, disparaît progressivement, exterminée (les serpents) ou tombée dans l’oubli (la salamandre). Le roman est surtout une réflexion sur ce que c’est qu’être « le dernier des mohicans », être en retard sur son temps, être en décalage avec le reste du monde ; réflexion menée, de manière très centro-européenne, par le biais de l’identité, du mode de vie, de la culture, de la langue.

Il faut préciser que l’identité nationale estonienne se fonde essentiellement sur la langue : les Estoniens sont très fiers d’avoir pu conserver durant des millénaires leur idiome pré-indo-européen et la culture qu’il véhicule, mais ils les sentent menacés par la modernité. L’extrême agressivité culturelle du pouvoir soviétique (russophone) qui les a opprimés durant un demi-siècle les a fortement alarmés, et la question se pose toujours, quoique autrement, dans notre monde anglophone et globalisé : les petites cultures, les minorités, les petits peuples ont-ils un avenir ?

Mais le roman de Kivirähk n’est absolument pas un livre romantique où s’exprimerait exclusivement la nostalgie de ce qui s’en va. Kivirähk est l’anti-Fenimore Cooper : même s’il se place du point de vue d’un homme de l’ancien monde et s’il souligne que pour certains d’entre nous il n’est pas d’autre choix possible que le rejet de la modernité, jamais il ne tombe dans le piège indigéniste qui consiste à idéaliser le temps jadis, les gens de la forêt, la dernière tribu, et à mépriser et condamner sans nuance l’ensemble du monde nouveau ? cette idéologie raciste à l’envers, en vogue depuis « Danse avec les loups » ou « Avatar ». Kivirähk présente la modernité comme ayant ses attraits (à commencer par le vin) : la répulsion que lui témoigne le narrateur est une affaire de goût plus que de bien et de mal. En revanche, l’univers traditionnel de la forêt sécrète des personnages particulièrement antipathiques comme Ülgas et Tambet, enfermés dans leur passion identitaire et tentant de jouer de leur statut de gardiens des traditions pour acquérir une position de pouvoir, jusqu’à devenir des assassins. Ce sont eux les vrais méchants du livre ; les Estoniens qui ont succombé aux sirènes de la modernité ne sont que des imbéciles (manifestement, pour Kivirähk comme pour Flaubert, la bêtise mène le monde). De même, l’anticléricalisme violent et sans nuances de l’ouvrage ne prend pas seulement le christianisme pour cible, mais aussi l’ancienne religion païenne.

En lisant cette superbe réflexion sur le passage du temps, la mémoire et l’identité, on pense moins à Astérix qu’à ces Bretons bretonnants morts dans la tristesse de ne pas comprendre leurs petits-enfants devenus francophones, à ces Basques qui se battent légitimement pour sauver leur langue et leur identité, mais dont certains ont choisi le chemin d’Ülgas ; ou encore à ces communautés indiennes progressivement marginalisées, appauvries culturellement, réduites à quelques individus perdus dans un monde nouveau qu’ils détestent car il les a détruits, mais bien incapables de revenir à leur monde traditionnel disparu depuis toujours ? certains meurent de tristesse et d’alcool, comme Meeme ; d’autres se réfugient dans l’agressivité et la violence, sans espoir de vaincre. Mais face au temps qui passe et à un monde qui change à un rythme de plus en plus vertigineux, nous sommes tous (ou nous serons tous un jour) des Indiens, des Bretons, des Leemet : vivre en faisant le moins de dégâts possible autour de soi, c’est accepter l’inévitable tristesse de tout cela, sans se vautrer dans le conformisme et la bêtise qui triompheront toujours, sans pour autant verser dans la haine ni se réfugier dans l’idéalisation d’un passé fantasmé, qui est une autre forme de bêtise.

Andrus Kivirähk (né le 17 août 1970 à Tallinn) est un auteur de nouvelles et de livres pour enfants, chroniqueur, dramaturge et scénariste estonien. Journaliste professionnel, c’est un chroniqueur plein d’humour et plein d’esprit violant les tabous. Comme écrivain il est très productif, il attire l’attention au début des années 1990 avec ses histoires d’Ivan Orav (Ivan L’écureuil). Il est un grand conteur, dont les écrits dégagent un humour chaleureux et délicat.

Maroc : les dernières photos

Accéder à l'album Dernière série de photos sur le Maroc : en vrac quelques photos prises lors de nos déplacements à Guilmem (sur la route de la palmeraie), à Mirletf ou encore Mesti.

Les paysages sont très beaux, avec la route qui serpente au milieu des collines qui restent vertes grâce aux figues de barbarie …

Je garde un excellent souvenir de cette semaine… loin des zones touristiques, le Maroc a su se montrer un pays très accueillant, et qui ne manque pas de charme !

Maroc – Sidi Ifni

Accéder à l'album Maroc toujours : voilà les photos de Sidi Ifni, la ville la plus proche. Anciennement occupée par les espagnols (jusqu’en 1969), quelques bâtiments de style art-déco lui donnent un cachet certain.

D’une population de 20 000 habitants, l’atmosphère y est calme et tranquille. L’accueil est chaleureux et sincère, et il fait bon se ballader le soir en bord mer, puis de manger dans un petit restaurant du centre ville.

Maroc – Sidi Ouarzeg

Accéder à l'album Suite des photos du Maroc : cette fois, on se concentre sur Sidi Ouarzeg : d’abord la maison où habite François, puis on boit un thé avec Boucharid, qui tient une petite épicerie à Sidi Ouarzeg, et que tout le monde connaît dans la région !

Puis on va à la plage de la dune, un endroit magique ! Et on finit par un petit tour sur les collines, histoire de prendre un peu de hauteur.

Maroc – Palmeraie de Thigmert

Accéder à l'album Suite de la semaine au Maroc : on descend un peu plus au sud à Guelmim, et de là à 15 kms vers l’ouest se trouve l’oasis de Thigmert.

Après s’être restaurés, ballade dans la palmeraie, avec ses murs en pisé écroulés ou pas, ses jardins, sa kasba transformée en musée. Un endroit magnifique, hors du temps. Puis on s’enfonce quelque kilomètres dans le désert pour aller voir une source d’eau chaude.

Une très belle journée !

Maroc – L’auberge Figues de Barbarie

Accéder à l'album Première série de photos de la semaine passée au Maroc mi-mars, au sud d’Agadir, près de Sidi Ifni, et plus exactement à Sidi Ouarzeg, c’est-à-dire au milieu de nulle part.

Voilà les photos de l’auberge où nous avons passé la semaine : une maison traditionnelle parfaitement rénovée, tenue par Daniel, un français marié à Halima, une marocaine excellente cuisinière et encore meilleure pâtissière ! Une adresse à noter si vous passez dans le coin.

Morceaux de bravoure – Norman Mailer

Morceaux de bravoure - Norman Mailer C’est à la la suite d’une critique enthousiaste de Nicolas Demorand que j’ai acheté ce livre : « immense écrivain américain… ruminations sur l’époque : l’anti-communisme, la culture pop américaine… c’est formidable quand un écrivain se met à faire du journalisme…un monstre sacré de la littérature américaine. ».

J’apprendrai à me méfier de l’enthousiasme de Mr Demorand à l’avenir ! Dans la préface, Norman Mailer précise qu’il s’agit en fait de deux livres, qu’il a tenu à publier en un seul : le premier réunissant ses textes courts préférés des années soixante-dix, le second un choix d’interviews de la même période. La première s’appelle Pieces, la seconde Pontifications.

La première partie s’est révélée intéressante, Norman Mailer y parle de son métier d’écrivain, du pouvoir de la télé en racontant certaines émissions de télé auxquelles il a participé (dont une très drôle avec Truman Capote), de son ami et traducteur Jean Malaquais, du « dernier tango à Paris », de la C.I.A…

La seconde par contre porte bien son nom : Pontifications. Il s’agit d’un recueil d’interviews donnés à des journalistes, à propos de mariage, du sexe, de Dieu et du Diable (Mailer croit plus au Diable qu’en Dieu semble-t-il, ce qui parait parfaitement idiot), de la science, etc..

J’ai trouvé toute cette deuxième partie complètement nulle, autant les questions des journalistes que les réponses de Mailer. De la vraie branlette intellectuelle, où transpire tous les problèmes typiques des américains : sexe, religion, racisme, etc… Mais sous le couvert d’un intellectualisme  très élaboré, on peut discuter des heures du sexe des anges, n’est-ce pas ?

Bref, j’ai bien failli plusieurs fois refermer ce livre une bonne fois pour toutes. Norman Mailer a un avis sur tout, c’est un peu ça le problème, et une manière de l’exprimer très suffisante. Le personnage est complexe, certes, et a vraiment du mal à paraître sympathique.

Norman Mailer (1923-2007) est un écrivain américain. Il connaît le succès à 25 ans avec « Les nus et les morts », racontant l’histoire de soldats américains combattant sur un atoll japonnais. Il reconnaît qu’il n’avait alors pas encore trouvé son propre style, s’étant contenté de copier ses mentors littéraires, comme Hemingway (il raconte ça très bien dans Morceaux de bravoure, d’une manière très honnête).
Vers les années 50, il est tenté par le marxisme et l’athéisme (apparemment il s’en est remis). Marié six fois, il agresse en 1960 sa femme à coups de canif ; elle ne porte pas plainte, mais Mailer passera trois semaines en hôpital psychiatrique. Dans les années 1970, il sera un farouche opposant à la guerre du Vietnam. Un peu plus tard, il s’opposera aussi à la présidence de Georges W. Bush.

La survie de l’espèce – Paul Jorion & Grégory Maklès

La survie de l'espèce - Paul Jorion & Grégory Maklès Quoi de mieux qu’un format BD pour expliquer quelque chose à priori d’aride et compliqué ?

La survie de l’espèce (Futuropolis-Arte), c’est le capitalisme expliqué à toutes et à tous, de 7 à 77 ans, et c’est Paul Jorion qui s’y colle pour les textes, avec Grégory Maklès pour les dessins.

Autant vous le dire tout de suite, c’est une vraie réussite !

Comme toute bonne BD, on la dévore avec délice ; « essai dessiné incisif, humoristique » indique la couverture… c’est même cinglant parfois, le rire est à double tranchant !

La violence du système y est démontrée de façon éclatante, avec beaucoup d’intelligence et d’humour. Les dessins de Grégory Malkès, bourrés de références, la sobriété volontaire des couleurs, sont  en parfaite symbiose avec le ton du texte…

Car si le sujet est sérieux, la démonstration ne quitte pas son ton une seconde ; il ne s’agit pas d’apitoyer le lecteur, plutôt de le réveiller. Première partie : la fabrication du consentement, et le surplus qui en résulte, en partant des origines :

La fabrication du consentement

Et ce surplus, il faut le partager, vient alors le jeu du Partage du Surplus :

RÈGLE DU JEU : LE BUT DU JEU DU PARTAGE DU SURPLUS EST DE PARTAGER LE SURPLUS LE MOINS POSSIBLE (EN TOUTE CIVILITÉ BIEN SÛR)

La deuxième partie s’intitule : Ce qu’il advient du surplus et la troisième et dernière : Le démenti par les faits… je vous laisse imaginer de quoi il retourne.

Le texte n’a rien à envier aux dessins :

Notez que le terme « demandeur d’emploi » reflète seulement le point de vue administratif. Si vous demandez à l’administration de faire un truc, vous êtes un demandeur (l’Administration est polie). Mais sur le marché de l’emploi, on devrait plutôt dire que Judith est une offreuse de travail, car elle offre sa capacité de travail à l’humanité. L’humanité n’est pas forcément intéressée. Et pour cause : grâce aux machines, l’humanité a de moins en moins besoin de travail. C’est un de ces problèmes complexes qu’il est plus simple de résoudre en décrétant que c’est la faute à quelqu’un. Dans le cadre de la compétition permanente, malheur au perdant… Outre le fait que ça élimine en priorité ceux qu’on estime être les moins utiles, ça incite ceux qui restent, quand on le leur demande gentiment, à courir plus vite.

Paul Jorion termine heureusement par une belle anecdote au ton optimiste, faites d’espoir dans la jeunesse. Une BD à lire, véritable ovni sur le sujet. À faire lire à ses enfants, à prêter à ses amis, ou mieux encore à leur offrir…

Paul Jorion, né le 22 juillet 1962 à Bruxelles, est un chercheur en sciences sociales, ayant fait usage des mathématiques dans de nombreux champs disciplinaires. Docteur en sciences sociales de l’université libre de Bruxelles, diplômé en sociologie et anthropologie sociale, il a enseigné dans plusieurs grandes universités, et travaillé aux Nations-Unies sur des projets de développements en Afrique.

Il a également travaillé dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix, ayant préalablement été trader sur le marché des futures dans une banque française.

Son blog est très un bon endroit pour se renseigner sur la crise. On peut aussi y trouver quelques planches complètes de La survie de l’espèce, comme celle de cet article.

Lectures, Ubuntu, Smartphone, Cinéma, entre autres…