Spooner – Pete Dexter

Spooner - Pete  Dexter À la recherche d’un cadeau pour un ami, et sur les conseils du libraire, j’avais porté mon choix sur ce livre. J’ai profité de sa sortie en poche pour le lire, l’ami en question n’ayant pas semblé plus emballé que ça par l’histoire : « j’attends de voir où il veut en venir ».

L’histoire, c’est donc celle d’un jeune garçon, Spooner, qui semble plus doué pour faire des bêtises que pour se comporter normalement. En fait il ne comprend pas vraiment le monde dans lequel il doit vivre, ni ses règles. Son beau-père l’aidera pourtant à trouver sa place dans une société puritaine et conservatrice, ayant lui-même eu des difficultés à y trouver la sienne (il ne s’agit pas de s’épanouir, plutôt de ne pas se faire rejeter). Sa vie d’adulte sera aussi compliquée, mais il deviendra tout de même journaliste, puis écrivain. On a vu pire.

Il faut attendre les derniers chapitres pour voir ces deux êtres se rapprocher un peu, l’âge aidant. C’est la partie la plus intéressante du roman, on réalise qu’une vie est passée sans qu’ils communiquent vraiment tous les deux… la faute à personne, à chacun, à la société…

Et entre le début et cette fin, soit cinq cent pages, nous serons abreuvés d’anecdotes souvent drôles, mais d’un intérêt limité. La scène de « l’enterrement en mer » m’a fait penser  à « La conjuration des imbéciles » de John Kennedy Toole tant elle est loufoque. Sinon c’est bien écrit, l’auteur sait manifestement faire (bien écrire beaucoup de pages), mais reste assez superficiel dans l’ensemble.

Au final un roman américain de plus, avec le nombre respectable de pages qu’il faut. S’il avait fallu en mettre le double, ça aurait été facile, il suffisait d’ajouter de nouvelles anecdotes. Dommage à mon sens que l’auteur n’aborde pas plus tôt le fond de l’histoire, et surtout ne le développe tout au long du roman.

Pete Dexter est un écrivain/scénariste américain né en 1943 à Pontiac, Michigan. Il est également l’auteur de « Paperboy », porté à l’écran en 2012.

L’Unique et sa propriété – Max Stirner

L'Unique et sa propriété - Max Stirner Voilà un livre dont j’avais déjà entendu parler plusieurs fois, d’abord par Michel Onfray, puis au fil des lectures : souvent cité, toujours critiqué ou tourné en dérision (Marx l’appelle Sancho…). Publié en 1844, il est immédiatement censuré, puis autorisé deux jours plus tard car « trop absurde pour être dangereux » ! Alors forcément, tout ça donnait envie de le lire.

La lecture n’a pas été facile, car Stirner tourne et retourne la même idée dans tous les sens, sans relâche et sous tous les angles, jusqu’à vous tourner la tête. Paradoxalement, je n’ai jamais fait autant de marques dans la marge, tant ses jugements sont percutants. Heureusement, le ton est plutôt agréable, l’auteur ne se réfugiant pas derrière des concepts philosophiques abscons.

De quoi s’agit-il ? un véritable réquisitoire contre toute aliénation de l’individu, que ce soit la religion, la philosophie, l’humanisme, l’État, le socialisme, le communisme… et par conséquent une apologie de l’égoïsme qui seul peut nous rendre notre liberté. Stirner refuse toute sujétion, rien n’est au-dessus de son Moi, et il l’annonce clairement dès les premières lignes :

Qu’y a-t-il qui ne doive être ma cause ! Avant tout la bonne cause, puis la cause de Dieu, la cause de l’humanité, de la vérité, de la liberté, de la justice, la cause de mon peuple, de mon prince, de ma patrie et jusqu’à celle de l’esprit et mille autres. Seule ma cause ne doit jamais être ma cause. « Anathème sur l’égoïste qui ne pense qu’à soi! ».
Voyons donc comment ils l’entendent, leur cause, ceux-là mêmes qui nous font travailler, nous abandonner, nous enthousiasmer pour elle. […]
Pour Moi, il n’y a rien au-dessus de Moi.

Il prône l’égoïsme donc, ce qui pose forcément le problème de la vie en société… et c’est sans doute pour cela qu’il est si décrié. C’est aussi ce que j’attendais de comprendre : que propose-t-il à la place ? Il y répond, mais je trouve de manière assez succincte : Stirner remplace la loi (soumission) par une association libre d’égoïstes : la cause n’est pas l’association mais celui qui en fait partie. On multiplie ainsi la puissance, et l’association n’est que temporaire.

Il est persuadé qu’ainsi tout se passera très bien… un peu léger tout de même, car cela laisse la part belle aux prédateurs. Mais en y regardant de plus près, n’est-ce pas ce que l’on fait tous plus ou moins ? derrière les grands principes de l’humanisme, quand on regarde ce que font les gens (l’actualité nous en fait la démonstration tous les jours), n’est-ce pas Stirner qui a raison ?

L’intérêt du livre à mon avis est surtout la mise en évidence de la sujétion de l’homme, que ce soit à la nature, puis à Dieu, puis à l’Homme, puis à l’État (dans l’ordre chronologique). Soyons nous-mêmes, et pas ce que l’on nous demande d’être. C’est la seule manière de s’épanouir complètement, partir de ce qui est en nous (et nous sommes tous unique) et pas de ce qui vient de l’extérieur. J’ai particulièrement aimé la partie où Stirner parle de la révolution française, c’est pour le moins percutant !

Place à quelques extraits pour vous faire une idée…

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TV Samsung, Mediatomb et Ubuntu

logo smart tvMa vieille télé à tube cathodique ne voulant décidément pas tomber en panne après 30 ans de bons et loyaux services, j’ai fini par m’en débarrasser pour profiter des beaux écrans plats que l’on nous propose aujourd’hui.

Je sais, c’est pas bien, j’aurai du attendre qu’elle me lâche, ce n’est pas la peine de râler contre l’obsolescence programmée… pour m’arranger avec ma conscience, je me dis que la technologie LED consomme moins d’énergie… 😉

J’ai choisi le modèle UE40SE6100, une « SMART TV » qui permet plein de choses, dont une qui m’intéressait particulièrement : pouvoir visualiser les contenus multimédia de mon PC via un serveur UPnP, en l’occurrence Mediatomb.

J’installe donc Mediatomb sur le PC Ubuntu, et sur la télé je vois apparaître une nouvelle source : serait-ce aussi simple ?

mediatomb sur samsung

Hélas non, impossible de récupérer ne serait-ce que la liste des fichiers : message d’erreur « Impossible d’exécuter la demande. Retour de MEDIA PLAY à l’écran principal ».

erreur samsung

Comme ça n’a pas vraiment été facile de trouver la solution, voilà les étapes que j’ai suivi pour finalement réussir à faire marcher tout cela :

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Urkas ! – Nicolaï Lilin

Urkas ! - Nicolaï Lilin Recommandé par une jeune libraire d’origine russe, j’ai donc lu Urkas !, ou comme l’indique le sous-titre : l’itinéraire d’un parfait bandit sibérien.

Sous une forme autobiographique romancée, l’auteur va nous raconter son enfance et son éducation dans une communauté sibérienne, dont la principale activité est le vol et les trafics en tous genre. Il faut dire que le gouvernement soviétique n’a rien fait pour eux, à part les déporter conte leur gré de Sibérie en Transnitrie (région coincée entre la Moldavie et l’Ukraine, revendiquant aujourd’hui son indépendance).

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le mode de vie est très réglementé, hiérarchisé, les actions codifiées selon des règles très strictes. Ils sont très religieux, et l’amour de la liberté n’a d’égal que la haine des policiers. La modernité venue du monde occidental est également proscrite. Le monde décrit est celui d’un autre temps, où l’honneur ne se marchande pas, et où un coup de couteau est vite donné.

Même les tatouages ont une signification bien précise (c’est d’ailleurs la voie que choisira l’auteur, il deviendra tatoueur) :

Le tatouage est intrinsèquement lié à la culture de la communauté criminelle russe, et chacun d’eux à une signification. Il constitue une sorte de carte d’identité qui sert à communiquer son rang au sein de la société criminelle : le type de « métier » exercé par un bandit et diverses informations sur sa vie et ses expériences en prison.
Chaque communauté possède sa propre tradition du tatouage, avec une symbolique et des motifs spécifiques, ainsi qu’une façon bien à elle de placer les signes sur le corps, de les interpréter. La culture sibérienne du tatouage est la plus ancienne, car ce sont précisément les ancêtres des bandits sibériens qui ont commencé à tatouer des symboles cryptés. Par la suite, cette culture a été imitée par d’autres communautés et s’est répandue dans toutes les prisons russes, en transformant les principales significations des tatouages et la façon de les réaliser et de les interpréter. Les tatouages de la caste criminelle la plus puissante en Russie, appelée Graine noire, sont entièrement calqués sur la tradition des Urkas, mais ils ont une signification différente. Les motifs peuvent être identiques, mais seule une personne capable de lire un corps peut « raconter » avec précision ce qu’ils cachent et expliquer pourquoi ils sont différents.

Le dépaysement est total, et la découverte de ce monde à part très intéressante. On sent toutefois que l’auteur a amalgamé plusieurs anecdotes de la communauté pour construire son histoire, et l’ensemble manque un peu de lien. Les digressions au milieu d’un récit peuvent aussi être très longues… mais on apprend plein de choses sur cette communauté, presque trop, comme si l’auteur avait voulu nous en dire le plus possible en une seule fois.

Finalement, le roman vaut le détour pour la découverte d’un monde inattendu, raconté sans pudeur ni honte, presque avec détachement parfois, tant le récit peut être sordide (notamment en prison) ou l’usage de la violence absurde.

La communauté décrite a aujourd’hui disparu… Voilà ce que dit Nicolaï Ilin (citoyen italien aujourd’hui, résidant en Italie) :

Une telle communauté n’existe plus. Il n’y a plus que mon frère, moi, et peut-être encore une ou deux autres personnes. Le problème, c’est qu’il n’en reste pas non plus en Sibérie. Le noyau de cette communauté a été déporté en Transnistrie, où il n’a pu survivre. La communauté que je décris dans le livre se composait de 40 familles. On peut dire que la tradition a été un soutien, mais que dans certaines situations, la survie d’une communauté déracinée est impossible.

Nicolaï Lilin n’a pas encore sa page sur wikipedia. À priori, il sera enrôlé par l’armée russe, puis envoyé en Tchétchénie, épisode qu’il évoque à la fin de ce livre, et qu’il racontera dans un autre livre : Sniper: Vie d’un soldat en Tchétchénie. Apparemment, là aussi, un témoignage assez cru sur les horreurs commises là-bas.

Le casse du siècle – Michael Lewis

Le casse du siècle - Michael Lewis C’est un collègue du boulot qui m’a prêté ce livre ; j’en avais toutefois déjà entendu parler comme d’un bon bouquin sur la crise financière de 2008. En général, je ne suis pas trop fan de ce genre de littérature traitant de sujets d’actualité « à chaud », mais je dois dire que j’ai bien aimé celui-ci, en particulier les portraits qu’il dresse des acteurs de cette histoire.

Il y a malgré tout quelques aspects de technique financière d’abordés, un peu compliqués et barbants, mais limités au minimum et bien expliqués. On peut ainsi garder le fil en se limitant aux principes de bases, et là c’est un véritable polar que l’on tient dans les mains.

Donc la crise c’est très simple :

Prenez des gens malhonnêtes et sans aucun scrupule, dont le seul objectif est de faire du profit sans tenir compte des conséquences, au risque de faire exploser tout le système, y compris la démocratie : j’ai nommé les banques d’affaires (Goldman Sachs en est le symbole le plus abouti, mais loin d’être la seule). Dans ce monde, pas d’éthique, tout est permis et sacrifié sur l’autel du profit : conflits d’intérêts, obstruction à la justice, etc… Leurs traders, à peine sortis de l’école, sont les plus brillants et motivés par de très gros bonus, acceptant tout d’une hiérarchie hystérique et/ou incompétente. L’auteur Michael Lewis s’était retrouvé dans cette situation (diplômé d’un master en économie), et voilà ce qu’il en dit dans la préface :

Qu’une banque d’investissement de Wall Street ait été disposée à me payer des centaines de milliers de dollars pour prodiguer des conseils de placement à des adultes demeure à ce jour un mystère pour moi. J’avais 24 ans, et je ne connaissais rien, ni ne m’intéressais particulièrement, aux fluctuations du marché. La fonction essentielle de Wall Street était de répartir les capitaux : de décider qui devait en avoir on non. Croyez-moi quand je vous dis que je n’avais pas la moindre idée sur la question. Je n’avais jamais étudié la comptabilité, jamais dirigé d’entreprise, jamais même eu d’économies personnelles à gérer. Je m’étais retrouvé par hasard à travailler chez Salomon Brothers en 1985, et en étais ressorti, plus riche, en 1988, et bien que j’aie écrit un livre sur cette expérience, tout cela me semble toujours aussi grotesque.

Ajoutez-y une bonne dose d’incompétence avec les agences de notations (Moody’s, Standard & Poor’s), qui ont accordé leur fameux triple-A à des contrats très complexes sans n’y rien comprendre. À moins que là aussi, un peu de malhonnêteté et de conflits d’intérêts n’aient également joué un rôle… C’est vrai que leur traders ne sont pas les plus brillants non plus, loi du marché oblige ! Toujours est-il qu’avec une telle note, ces produits toxiques se sont disséminés partout sur la planète financière, ce ne sont pas les gogos qui manquent….

Et tout cela dans un marché obligataire à peu près sans réglementation, où l’on refuse que le pire puisse arriver : en fait, ils ne peuvent même l’imaginer, tant le système de pensée ambiant vous en empêche. C’est un aspect intéressant du livre, la description des rapports humains dans ces boites fait froid dans le dos.

Vous y êtes. Il ne reste plus qu’à proposer un prêt immobilier à des types qui au moindre problème (ou variation du marché) ne pourront pas le rembourser… mais quand ce système de crédit fonctionne bien depuis 15 ans, comment imaginer que cela puisse ne pas continuer ? qu’à force de tirer sur la corde et de prêter à des gens de plus en plus pauvres, ce qui doit arriver va vraiment arriver ?

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Lambon 2013

Cette année, le week-end du Lambon s’est révélé plutôt frisquet et humide. Le jeudi de l’Ascension début mai, c’est vraiment trop tôt. Les jours fériés c’est compliqué finalement…

En plus, il y avait pas mal d’absents, même si les stars de la nuit étaient bien présentes :

jusqu'au bout de la nuit !

Le temps était tellement pourri que deux motards se sont échappés avant la photo de groupe, prêts à affronter les éléments déchaînés qu’ils trouveront sur leur route :

les motard prennent la route

Voilà donc la photo de groupe 2013 :

la photo de groupe

Ubuntu 13.04 – Raring Ringtail

Ubuntu 13.04 La dernière version d’Ubuntu vient de sortir, il s’agit de la 13.04, ou « The Raring Ringtail », soit le raton laveur enthousiaste, ou un truc du genre.

Pas grand chose de neuf visuellement, le travail se fait en profondeur avec un but clairement annoncé : Ubuntu montre le bout de son nez dans le monde de la mobilité (tablettes, smartphones), et plutôt que de multiplier les variantes, leur objectif est de proposer une seule distribution qui adaptera son interface en fonction de l’appareil utilisé. Objectif ambitieux, mais cohérent.

Il y a eu plein d’articles sur le web, donc je ne rentrerai pas dans les détails, juste quelques trucs qui m’ont plu, ainsi que deux liens vers des articles plus complets listant toutes les nouveautés. Une visite guidée est même possible à l’intérieur de votre navigateur : ça se passe ici.

Sans oublier un petit mot sur la mise à jour qui cette fois a réussi, mais où j’ai finalement refait une installation… 😉

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Spotify, notifications et publicité audio

Spotify Comme expliqué dans l’article précédent, j’ai du installer Spotify pour pouvoir écouter la playlist FACE B de France Culture.

La bonne nouvelle, c’est qu’il existe un client Spotify pour Ubuntu, et que l’on peut se créer un compte sur Spotify gratuitement.

Il reste tout de même deux choses à faire pour en profiter pleinement : intégrer Spotify au système de notification d’Ubuntu, et surtout se débarrasser des publicités sonores insérées tous les 2 ou 3 morceaux : 30 secondes de publicité réellement invasives et très dérangeantes quand on écoute de la musique.

Voyons comment réaliser ces étapes :

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FACE B : LA PLAYLIST DE FC +

France Culture plus France Culture plus, c’est un site web destinés aux étudiants, histoire sans doute d’attirer les jeunes et de leur faire connaître France Culture.

Le « webcampus » leur donne donc accès à des cours ou des conférences d’université ou de grandes écoles, ainsi qu’à « La Factory », qui propose des productions multimédias inédites… Tiens, je parlais de Andy Warhol dans l’article précédent à propos de la reprise du Velvet par Rodolphe Burger… le monde est petit !

À conseiller à nos jeunes têtes encore pensantes, donc. Mais je suis allé sur ce site cette semaine pour une toute autre raison : l’annonce d’une bande-son hebdomadaire intitulée FACE B.

FACE B - France Culture

La première déception fut de constater qu’il fallait un compte Spotify pour pouvoir l’écouter. Après avoir jeté un œil, je vois que l’on peut se créer un compte gratuitement, et qu’il existe une version pour Ubuntu. Parfait me dis-je allons-y ! Mais le pire restait à venir : tous les 2 ou 3 morceaux, une publicité audio de 30 secondes (!) vous donne l’envie d’arrêter immédiatement l’écoute. Pas cool ! 🙁

Pour en revenir à la sélection FACE B de cette semaine (la #1), consacrée à la jeune scène pop française, c’est pas mal du tout, même si je connaissais quelques morceaux par la sélection des Inrocks. À suivre donc chaque semaine, pour découvrir de nouvelles musiques.

Le prochain article expliquera donc comment faire pour se débarrasser de cette publicité audio vraiment déplaisante. Parce que bon…

Lectures, Ubuntu, Smartphone, Cinéma, entre autres…