Arte à la carte

Arte à la carte Vous avez loupé une émission essentielle à la compréhension du monde dans lequel nous vivons ? pas de panique : voilà 2 services complémentaires qui devraient permettre d’éviter que cela ne se reproduise :

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A utiliser sans modération !

Le discours de Dakar

Le discours de Nicolas Sarkozy (le 26 juillet dernier à Dakar) mérite le détour, au moins pour un extrait d’ailleurs remarqué :

…Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme Africain n’est pas assez ancré dans l’Histoire. Le paysan Africain qui est depuis des millénaires, vit avec les saisons dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. Dans cet imaginaire, où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès. Dans cet univers où la nature commande tout, l’homme échappe à l’angoisse de l’histoire qui tenaille l’homme moderne. Mais, l’homme reste immobile au milieu d’un ordre immuable où tout semble écrit d’avance. Jamais, il ne lui vient à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin…

Quelle vision de l’Afrique ! on se croirait revenu 2 ou 3 siècles en arrière : l’homme du monde occidental va venir apporter les lumières à l’homme africain, un paysan (inculte, mais qui échappe de peu au qualificatif de sauvage).

Le paysan africain, ce qu’il aimerait bien, c’est de pouvoir vendre sa production sans que le prix dépende des marchés financiers, et accessoirement lutter à armes égales contre l’agriculteur européen ou américain, qui lui bénéficie d’aides massives.

Il y a une très bonne analyse de cet extrait du discours, faite par Dia Aboubakry (analyste en politiques sociales), et qu’il a intitulé :

Sarkozy et L’Afrique : Du discours de Sarkozy à l’actualisation des idéologies ethno-anthropologiques

C’est un peu ardu, il faut se concentrer, mais très intéressant pour mieux comprendre le côté idéologique derrière de tels propos, et des relations entre l’Occident et l’Afrique.

Il a une phrase terrible :

Pour la première fois, l’on assiste en Afrique à l’arrivée d’une génération au pouvoir et aux affaires qui n’a pas connu la colonisation, et qui par-dessus tout est décomplexée par rapport à l’esclavage car elle a compris que l’Histoire du monde était tragique. » … « Elle est arrivée à l’intelligence de l’Histoire du monde qui se résume en une entreprise de domination militaire et culturelle.

Bon allez, je vais relire Tintin au Congo

La femme des sables – Kôbô Abé

femmedessables.jpg Kôbô Abe (1924-1993) est né au Japon; il passe son enfance en Mandchourie (état fantôme créé par les Japonais au nord-est de la Chine de 1931 à 1945). Après des études de médecine, il se tourne vers la littérature : poëmes, pièce de théâtre, romans, science-fiction. Egalement militant communiste, il organise un cercle littéraire dans un quartier ouvrier.

La femme des sables, c’est l’histoire d’un maître d’école parti le temps d’un week-end à la recherche d’insectes des sables. Il arrive dans un village en bord de mer, bordé de dunes. Y demandant l’hospitalité pour la nuit, il va se retrouver au fond d’une fosse bordée de murs de de sable, où vit une femme, seule, dans une petite cabane. Plus moyen de sortir… et le ravitaillement (eau, nourriture) n’arrive qu’en échange d’un travail sans fin : ce sable qui contamment se fait piéger dans le trou, s’infiltre partout, et qu’il faut ramasser à la pelle, pour être remonté à la surface par les villageois. Ces derniers ne culpabilisent pas le moins du monde : la vie est dure, l’Etat ne les aide pas, alors ils se débrouillent comme ils peuvent et piègent ainsi les rares étrangers. La femme (maîtresse-servante) se satisfait de cette vie.

L’homme se révoltera, tentera d’échapper à cet esclavage, passera sa vie en revue, et finalement se demandera en quoi sa vie actuelle aurait moins de sens que sa vie précédente.

Une réflexion sur la vie, la liberté, la condition humaine. Malheureusement, le style est un peu heurté, manque de fluidité, ce qui nuit au plaisir de suivre cette passionnante histoire. La faute à la traduction probablement, et peut-être aussi aux différences culturelles : les interrogations parfois très formelles de notre cher professeur reposent sur des valeurs qui sont bien loin des notres. Cela ne facilite sans doute pas la traduction ni le ton à y donner.

Son premier roman, Les Murs, obtint en 1951 le prix Akutagawa, le plus grand prix littéraire japonais. La Femme des sables est paru en 1962 et obtint en France le prix du Meilleur Livre étranger.

Telgruc – seconde partie

Accéder à l'album Le 1er juillet dernier, c’était l’arrivée des courageux Tretsois à Telgruc sur Mer… Ils seront saisis par le beauté du coin certes, mais également par le climat qui n’était guère clément en ce début d’été ! Heureusement, le ciel se découvrait quand même l’après-midi.

Voilà les photos d’une belle ballade autour de Camaret sur mer, avec son « sillon » (barrière naturelle de galets), jusqu’à la pointe de Pen Hir et ses magnifiques rochers. Il ne manquait que quelques degrés pour se baigner !

Le Festin nu – Williams Burrough

festin-nu.jpg Voilà un livre dont j’ai abandonné la lecture au bout de 50 pages. Ce n’est pas une raison pour ne pas en parler.

William S. Burroughs, écrivain de la Beat Generation, terme employé pour la première fois par Jack Kerouac pour décrire son cercle d’amis. Le troisième membre fondateur était Alen Ginsberg. Les œuvres majeures de ces auteurs fondateurs sont Sur la route de Kerouac, Howl de Ginsberg et donc Le Festin nu de Burroughs. J’avais lu Sur la route il y a bien longtemps, excellent bouquin (tout est dans le titre), alors je me suis dit essayons le Festin nu.

William Burroughs est décrit comme le plus noir des trois, il s’adonne à l’héroine durant les années 50 (pendant une dizaine d’années), allant jusqu’à tuer sa femme d’une balle en pleine tête alors qu’il s’amusait à jouer à Guillaume Tell en visant une pomme posée sur la tête de celle-ci !
Il est aussi l’auteur d’une technique appelée le cut-up: il s’agit de recréer un texte à partir de bribes découpées et mélangées au hasard, utilisant parfois des fragments d’autres auteurs.

En 1956, après une cure de désintoxication, Le Festin nu est publié. Il est rapidement interdit dans de nombreux états américains, pour obscénité. Il faudra 10 ans pour que le livre soit finalement reconnu « non-obscène ».

Pour ce que j’en ai lu, c’est très décousu: mélange d’hallucinations, d’information sur les drogues et leur traitement médical, sur le fil d’une histoire incertaine. On s’y noie un peu, ça part dans tous les sens, et pas toujours d’une manière compréhensible. Je n’y rien vu d’obscène par contre, mais on imagine qu’à cette époque, et aux US, ce n’est pas trop étonnant.
Ça me fait penser à la chose suivante : avez-vous déjà eu une discussion avec un type ivre-mort ? C’est très difficile car l’individu en face de vous est incapable de se concentrer sur un sujet donné. Ecoute-t-il d’ailleurs ? pas sûr… Même s’il y a parfois des raccourcis fulgurants, des choses dites qui ne le seraient pas sans l’ivresse, c’est souvent laborieux et difficile pour le type à jeun. A moins que les deux interlocuteurs soient ivres tous les deux… là, cela peut durer des heures, mais personne ne s’en souviendra le lendemain !

Ce livre a sans doute une valeur pour étudier cette époque, ce mouvement. Quant au plaisir de lire proprement dit (en tout cas sous la forme à laquelle j’aspire), je ne vois pas trop où il pourrait se situer.

Etats-Unis: la richesse à crédit

credit.jpg Excellent reportage hier soir sur Arte, à propos de l’endettement des Etats-Unis (8 000 milliards de dollars). Alternant les avis d’experts économiques et les témoignages de simples citoyens, la situation décrite est proprement incroyable, et réellement préoccupante.

Bush avait promis une baisse des impôts, mais celle-ci a surtout profité aux grosses fortunes. Il a aussi encouragé les américains à s’endetter, c’est d’ailleurs quasiment culturel là-bas de vivre à crédit. Et les systèmes bancaires de crédits sont très sophistiqués. Ainsi, une personne propriétaire de son logement peut, sur la simple plus-value potentielle que le logement acquiert avec le temps, emprunter et acheter les biens de consommations qu’il désire. En résumé, tout le monde vit au-dessus de ses moyens.

Les secteurs industriels comme l’automobile s’écroulent. General Motors, par exemple: la plus grande part de ses revenus ne proviennent plus de la fabrication de voitures, mais des intérêts sur les prêts à la consommation. GM perd ainsi son coeur de métier, et licencie à tour de bras.
Pas grave, puisque de toutes façons, on délocalise pour fabriquer à moindre coût. La Chine devient ainsi le principal fournisseur de biens pour le pays, ainsi que le principal bailleur de fonds pour l’Etat qui s’endette de plus en plus, puisque les impôts ne rentrent plus.

Mais l’absence d’industrie a une conséquence: plus de boulot permettant de vivre décemment. Ainsi, un expert note qu’en 30 ans (soit une génération de travail), le niveau de vie d’un ouvrier a baissé de 30% ! Il ne reste plus que des petits boulots, comme de bosser chez Wallmart, la plus grande chaîne de magasins du pays (genre Carrefour). Le boulot consiste en fait à mettre sur les présentoirs les produits fabriqués en Chine, et payé à ras les paquerettes bien sûr… Ce qui provoque la quasi disparition de la classe moyenne. Bien sûr, Bill Gates n’a pas de problème d’argent, mais aujourd’hui 50 millions d’américains n’ont pas accès aux services de santé (pas de boulot = pas de sécurité sociale).

Mais la croissance est là, et l’on remet toujours à demain la prise conscience pourtant nécessaire. La course folle de cette mécanique infernale continue. Comment tout cela va-t-il finir ? Les experts parlent soit d’un soft land: atterrissage en douceur en réduisant peu à peu la dette, mais adieu la croissance; ou bien d’un hard land, avec une grave crise mondiale à la clef, puisque le dollar est la monnaie de référence (ayant remplacé l’or après la seconde guerre mondiale). Si le dollar s’écroule…

Toujours est-il que l’Amérique est au bord du gouffre financier. La Chine peut d’ores et déjà lui imposer ses régles. L’analogie utilisée est celle d’un drogué (de la consommation) qui va acheter sa came chez son dealer (la Chine) et en même temps lui emprunte de l’argent pour pouvoir la payer.

L’émission sera rediffusée le 20 à 5h00 (cette nuit) ou encore le 11 ocotbre à 10h00.

La guerre des formats bureautiques

iso.gif L’ISO (Organisation internationale de normalisation) vient de rejeter la demande de Microsoft pour son format Opem XML (OOXML). Et ce malgré une campagne de lobbying intense qui a laissé quelques traces.

De quoi s’agit-il ? Tout le monde connait Office, la suite bureautique de Microsoft. Il existe aussi OpenOffice, gratuite, et d’autres encore. Il s’agit donc de définir un format commun à toutes ces applications, afin d’en assurer l’interopérabilité (pouvoir échanger les fichiers entre les différents programmes), et ainsi lutter contre les situations de monopole.

odf.jpg Il existe déjà un format normalisé, l’ODF (OpenDocument Format). C’est celui qu’utilise OpenOffice. Mais cela n’arrange pas Microsoft (sa suite Office est complexe). qui propose l’OOXML comme autre standard. Microsoft doit alors passer par une série de vote dans plusieurs pays. Et c’est là qu’on rigole:

D’entrée, des pays comme le Brésil, l’Inde, la Nouvelle Zélande la Chine, l’Espagne votent Non. L’Allemagne vote Oui. Les Etats-Unis se prononcent d’abord contre, le DoD (Deparment of Defense) votant contre avec un argumentaire détaillé. Mais surprise, quelques jours plus tard, second vote, et là le DoD vote Oui sans plus de commentaires. Un revirement total: on s’interroge déjà… Mais le meilleur reste à venir.

suede.jpg En Suède, l’organisme votant s’appelle le SSI (Swedish Standards Institute) . Le vote se passe dans de drôles de conditions, puisque le jour même du vote, de nouvelles sociétés achetent le droit d’adhésion requis, et provoquent un oui massif (25 oui, 6 non). Pas de chance, quelques jours plus tard, le SSI invalidait le vote, un employé de Microsoft ayant offert une compensation financière à ces sociétés. Cet employé agissait bien sûr en dehors de la politique fixée par la firme, comme l’a expliqué Microsoft. Ajoutant qu’il n’avait rien fait d’illégal non plus.

afnor.gif La France, après une réunion houleuse à l’AFNOR, a finalement voté un Non avec proposition : « découper » le format OOXML en 2 parties (core et extensions). C’est le moins qu’elle pouvait faire. L’APRIL s’en félicite, car Microsoft avait bloqué toute tentavive d’arriver à un consensus.

Globalement, on reproche au format OOXML des défauts de conception trop importants pour prétendre à devenir une norme. Voilà ce que raconte Frédéric Couchet, représentant l’APRIL, à propos de cette réunion:

Marc Mossé (directeur des affaires juridiques et publiques de Microsoft France, que je n’avais pas croisé depuis DADVSI il y a quelques années) a évoqué « les injures proférées par certains participants ayant conduit la direction de l’Afnor à convoquer pour avertissement les coupables ». C’est assez drôle sachant que Marc Mossé a été le principal artisan du sabotage de la réunion de décision à l’AFNOR le 29 août dernier. Le représentant de Microsoft avait en effet pour mission très claire d’obtenir une abstention de l’AFNOR. Absolument pas constructif, pas très poli non plus, notamment avec les représentants de l’administration, Marc Mossé avait clairement décidé de pourrir la réunion et de faire monter la pression. Tactique connue pour empêcher d’arriver à un consensus. Mais il en faisait trop, beaucoup trop. Le final était assez pitoyable, notamment lorsqu’il a accusé les représentants de l’Etat de servir une « république bananière ».

Pour ceux que cela intéresse, voilà un lien vers un article publié par un développeur indépendant, intitulé OOXML is defective by design .

Et finalement l’ISO a donc rejeté ce format. La procédure accélérée demandée par Microsoft se conclut donc par un échec. Est-ce fini pour autant ? la décision finale sera donnée en mars 2008. Il reste une chance à Microsoft de proposer une révision de son format. Mais c’est plutôt mal parti. Car toute cette campagne a finalement servi à faire prendre conscience des défauts du format en question.

La raison a su triompher, malgré les énormes pressions de Microsoft. C’est plutôt réjouissant.

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