Cadeau d’amis venus passer le week-end dans le Finistère, j’ai eu plaisir à renouer avec cet auteur que j’avais découvert il y a longtemps avec son excellent premier roman « Un anglais sous les tropiques ».
Le sous-titre du roman est : « Ou la vraie vie de Cashel Greville Ross », et l’auteur dans un court prologue nous explique qu’il est tombé par hasard sur une autobiographie inachevée qu’il a tenté de reconstituer dans le mesure du possible, en ajoutant la maxime suivante : « Toute biographie est une œuvre de fiction, mais une fiction qui doit coller aux faits documentés« . Alors fiction ou réalité ? disons plutôt un artifice de l’auteur…
Mais dans ce prologue, William Boyd dit quelques chose d’intéressant :
Si fascinants soient-ils, ces écrits griffonnés et ces rares objets ne suffisent pas pour brosser le portrait d’un homme ayant vécu plus de quatre-vingts ans. Que laissons-nous derrière nous quand nous mourons ? Au départ, elle semble prodigieuse, cette montagne de « choses » que nous avons acquises, toutes nos possessions, le bric-à-brac et la paperasse accumulés au long d’une vie. Mais elle s’effrite inexorablement, à un rythme surprenant, et en quelques décennies, un demi-siècle, un siècle, elle se réduit à presque rien.
Et pourtant la vie de Cashel sera loin d’être banale : fils non reconnu d’un noble, blessé à Waterloo à 15 ans, puis membre de l’armée des Indes, il voyage en Europe et s’installe en Italie où il rencontre l’amour de sa vie, la comtesse Rafaela, ainsi qu’accessoirement Lord Byron et le poète Shelley. Puis il part chercher fortune aux États-Unis, revient en Angleterre pour partir à la recherche des sources du Nil à cinquante-six ans où bien sûr il va croiser John Speke (le découvreur officiel) qui lui volera sa découverte… Je m’arrête là, lui non, il lui reste encore un peu de temps pour les dernières aventures de sa vie !
Et même un peu trop à mon goût, son départ en Afrique a été pour moi le voyage de trop, tellement peu crédible à son âge, comme si l’auteur voulait multiplier les aventures sans tenir compte de l’âge. J’aurais préféré un épisode aux États-Unis plus long et plus abouti.
Mais c’est un plaisir que de lire le récit de Boyd, qui nous emmène avec allégresse dans les aventures de Cashel, qui comme il le répète à loisir a toujours écouté son cœur, « Est-ce une grande force ou une terrible faiblesse ? ». Personnellement, je trouve qu’il a surtout cherché à assouvir ses pulsions, rien de bien grandiose sur ce point, et le titre du roman me paraît du coup largement usurpé. Mais pour le reste, c’est du pur bonheur : du style, un super récit, des aventures… Tout est là pour passer un bon moment, et s’y replonger avec délices.
William Boyd, né en 1952 à Accra (Ghana), est un écrivain britannique. Il a écrit de nombreux romans dont plusieurs se passent en Afrique (Un anglais sous les tropiques, Comme neige au soleil, Brazzaville plage), et même un James Bond (Solo) à la demande de la famille de Ian Fleming. Il partage sa vie entre Londres et le Sud-Ouest de la France.