
J’aime plutôt bien cet auteur : j’avais beaucoup aimé Kafka sur le rivage, un peu moins 1Q84 (trop long), et apprécié L’incolore Tsukuru Tazaki… . Ses histoires oscillent toujours entre le rêve et la réalité, sans pour autant trop basculer dans le fantastique, ce dont je ne suis pas fan. C’est en lisant je ne sais plus quel roman que l’un des personnages lisait celui-ci, cela m’est resté dans la tête et quand je l’ai vu sur l’étagère du libraire, je l’ai pris.
Alors autant le dire tout de suite, je n’ai pas été emballé par ce double opus, l’auteur a cette fois franchi ma limite en ce qui concerne le fantastique et l’invraisemblable. L’intrigue est en plus d’une lenteur incroyable, on s’ennuie ferme, et l’histoire se termine par un retour à la situation du début, au soulagement de tout le monde, celui du personnage principal du roman, et celui de l’auteur sans doute, qui manifestement ne savait plus comment s’en sortir. Une métaphore qui illustre le vide ce roman et son inutilité. C’est par contre bien écrit et raconté, Murakami reste un grand écrivain.
Il y a aussi pas mal de répétitions au fil du récit, bien inutiles à part le nombre de lignes. L’auteur souffre semble-t-il aussi certaines fixations, comme les marques et modèles de voitures, ou la taille des seins des femmes, qui font l’objet de remarques et d’attention constantes au fil du récit. Pour le reste, « le mystère est grand » pourrait être sa devise, sans plus d’explication.

La seule chose plaisante est le récit du narrateur, personnage calme, cultivé et lucide, et son récit est empreint de la culture japonaise, des relations entre les gens pleines de tact, etc… Les autres personnages sont intéressant aussi : Menshiki, un voisin assez original, très riche, qui semble habitué à toujours obtenir ce qu’il veut, et avoir toujours un coup d’avance quand il demande un service, et qui n’inspire pas confiance malgré son extrême amabilité. Il y a aussi Marié, la jeune fille impliquée dans l’histoire, au caractère particulier et à la grande sensibilité. Et d’autres…
Mais le fantastique prend le dessus sur le récit, et si au départ c’est le prétexte de réflexions sur la vie qui ne sont pas sans intérêt, on va partir dans le tome 2 dans un truc sans queue ni tête, qui ne sera pas expliqué et pour cause ! Puis tout va rentrer dans l’ordre, fin de l’histoire, merci de l’avoir suivie.
« La boucle ne sera point bouclée » comme dirait le Commandeur. 😉
Haruki Murakami est né à Kyoto en 1949. Après des études de théâtre et de cinéma, il ouvre un club de jazz à Tokyo avant de se consacrer à l’écriture. Pour échapper au conformisme de la société japonaise, il s’expatrie en Grèce et en Italie, puis aux États-Unis. En 1995, après le séisme de Kobe et l’attentat de la secte Aum, il rentre au Japon.
Quinze ans séparent ce roman de Kafka sur le rivage, et il semble bien que l’auteur ne se bonifie pas avec le temps, ou soit en manque criant d’inspiration.