
Je ne sais plus où j’ai entendu parler de ce roman politico-policier traitant des années 80 et des troubles de l’époque : Mesrine l’ennemi public numéro un, les attentats du FPLP, Action Directe, etc… Le tout sur fond politique avec les années Giscard, avec l’affaire des diamants de Bokassa, la montée en puissance de Miterrand, l’affaire Robert Boulin, etc… Les ingrédients étaient là pour écrire roman passionnant.
Et l’histoire commence bien avec Marco et Jacquie, tous les deux à l’école de police, tous deux postulants pour la première place, l’un penchant nettement côté droite-catho, l’autre qui va peu à peu se découvrir à gauche… Viendront vite se greffer au récit le milieu de la prostitution de luxe et des boites de nuit parisiennes, les barbouzes de la « France-Afrique », les hommes politiques, le S.A.C, Kadhafi… Ajoutez à cela les différents organes de l’état : DST, RG, BRI, j’en passe et des meilleurs, l’auteur ne recule devant rien !
Mais la lecture va vite devenir difficile, et j’avoue avoir eu un peu de mal à finir ce roman, pour découvrir qu’après toutes ces pages, il faudra attendre un tome deux puis un troisième, l’auteur étant à priori un adepte des trilogies. Ce sera sans moi.
Alors quoi ? d’abord la médiocrité de la plupart des personnages, leur grossièreté, leur machisme omniprésent rend la lecture difficile. La pauvre Jacquie a bien du mal à exister dans l’histoire, elle disparaît d’ailleurs peu à peu. Place aux mecs, aux salauds, ceux pour qui la violence est la meilleure façon de s’exprimer, et une bonne baise la meilleure de se défouler après une dure journée. Et les dialogues sont à l’image des personnages, au ras des pâquerettes. Il en ressort un ensemble caricatural et nauséeux.
Quant au contexte historique, l’auteur nous raconte ce qu’il veut, c’est son interprétation, à prendre ou à laisser : il s’est sans doute beaucoup documenté si l’on en croit la bibliographie en fin de volume, mais de là à nous raconter comment Robert Boulin est mort… Dès lors, le reste n’est-il pas à l’avenant ? Alors pourquoi se « payer » toute cette noirceur et cette vulgarité pour une histoire qui comme la police n’avance que très lentement, plus occupée par une guéguerre des services qu’à arrêter les terroristes. On tourne en rond, et l’ennui le dispute au désintérêt.
Le « James Ellroy à la française » n’est pas pour ce coup-ci, loin s’en faut !
Benjamin Dierstein, né en 1983 à Lannion, est un auteur de romans policiers. Il a obtenu le Prix Landerneau Polar des Espaces Culturels E.Leclerc 2025 pour ce roman. Tout cela fleure bon la Bretagne, mais ne suffit pas à me convaincre de lire la suite.