Après avoir écouté Michel Onfray l’année dernière nous conter l’histoire et la philosophie de Nietzsche, je me suis lancé dans la lecture de l’un de ses ouvrages, « Par-delà bien et mal ». Pour une première lecture d’un philosophe, ce petit bouquin de 200 pages en Folio essai me paraissait abordable.
Le livre est composé de textes courts, autant de réflexions ou d’opinions exprimés sur les différents sujets abordés (philosophie, religion, morale, etc…). Si Nietzsche est assez lisible (je veux dire qu’il n’emploie pas un vocabulaire ésotérique), j’ai du en relire plus d’un pour mieux saisir ce qu’il voulait dire. La première lecture servait à voir à peu près de quoi il retournait, et où il voulait en venir (ce qui n’est pas toujours évident) ; et la deuxième, plus fluide, de saisir le texte dans son ensemble. C’était finalement assez agréable, quand le sujet ou l’idée me plaisait…
Il va bousculer bon nombre d’idées reçues, avec un certain plaisir et parfois avec un humour assez ravageur… beaucoup de choses vont être sérieusement remises en question ! Grand penseur (« esprit libre » comme il se définit), à une époque ou la psychologie et la psychanalyse apparaissent, il ouvre certes des perspectives nouvelles.
Il ne s’embarrasse ni ne doute de rien, et ses jugements vont parfois trop loin à mon goût (manque d’humanisme). Le « bas peuple » (la plèbe) est violemment dénigré et méprisé (élitisme ?). Quand il aborde « Peuples et patries », puis « Qu’est-ce qui est aristocratique ? ». Là… il faut sans doute mieux connaître la philosophie de Nietzsche pour bien comprendre ce qu’il veut dire quand il parle du surhomme ou de la volonté de puissance (malgré les explications de Michel Onfray), mais ce n’est pas vraiment surprenant que ses idées aient été récupérées par les nazis et le fascisme italien.
Comme vous pourrez le voir dans les extraits ci-dessous, il y a donc du bon et du moins bon, voir du mauvais et je reste assez partagé sur le personnage :
Il fut malade très tôt (syphilis ?), souffrant dans son corps toute sa vie ou presque, et cela explique peut-être ses réflexions sur les bienfaits de la souffrance, ou bien sa fascination pour les grands hommes et son mépris pour la démocratie qui « ramollit » les hommes. Il porte des jugements très sévères sur ces sujets qui ne me semblent pas empreints d’une réelle objectivité, mais plutôt d’une fascination.
Quant à ses jugements sur la femme, là aussi ça dérape ! mais finalement comme tant d’autres qui l’ont précédé, j’ai bien l’impression qu’il faille attendre l’émancipation de celle-ci pour trouver des philosophes portant un jugement plus équitable… comme quoi l’environnement influe sur la pensée, ce qui Nietzsche dit d’ailleurs à propos des philosophes : hélas, il n’échappe pas lui-même à la régle !
Tout l’intérêt du bouquin est nous faire réfléchir sur des choses que l’on considère comme acquises. On peut être ou ne pas être d’accord, l’essentiel est d’y réfléchir. De plus, comme les textes sont courts, on peut se ballader avec le bouquin en poche, en lire un, y réfléchir tranquillement, puis en lire un autre, etc…
Quelques extraits pour se faire une idée…
Continuer la lecture… Par-delà bien et mal – Friedrich Nietzsche