Bulles, Krachs et Rebonds

arte Avant-hier soir sur Arte, excellent reportage présenté par Elie Cohen, sur les cinq crises financières qui se sont succédées depuis dix ans : Crise asiatique (1997-1999), faillite du hegde fund LTCM (1998), éclatement de la bulle Internet (2000), faillite d’Enron (2001) et enfin la crise des subprimes (2007). Excellent d’abord par la clarté des explications et la qualité des intervenants. Particulièrement celles de David Thesmar (professeur d’économie à HEC), qui sont limpides.

A chaque fois, on retrouve globalement les mêmes éléments : spéculation, dispersion du risque à toutes les institutions financières, augmentation de la complexité des modèles, retournement du marché, intervention des banques centrales, corruption. Sans oublier le spectre de 1929 qui ressurgit à chaque fois. Alors, les politiques essaient de mettre en place des contrôles afin que cela ne se reproduise plus (quand les contrôles sont possibles). Mais le contrôle n’est pas dans l’idéologie du marché : la réponse est toujours la même, le meilleur contrôle, c’est le marché lui-même (auto-régulation).

Dans la crise asiatique, le FMI impose des mesures drastiques aux états, sans souci de l’impact sur la population, se rendant ainsi impopulaire. Une solution plus adaptées aux spécificités de chaque pays serait plus intelligente. Et le FMI les oblige systématiquement à ouvrir leur marché (globalisation) : on vous impose notre système, il est meilleur… C’est à cette époque que naissent les mouvements alter-mondialistes.

Le Hedge Fund LTCM n’a pas eu de chance : l’état Russe décida de suspendre le remboursement de sa dette. Mauvaise surprise, avec 5 milliards de dollars, ils avaient réussi à investir 1200 milliards…

La bulle internet montre qu’en fait, il est très difficile de résister. Même si vous n’y croyez pas, vous êtes pratiquement obligés d’y aller, sinon vos investisseurs vont ailleurs : eh, tout le monde gagne de l’argent avec ça, pourquoi vous n’y investissez pas mon argent ? Car même si vous n’y croyez pas, vous ne savez par contre pas QUAND ça va pêter.

Quand il ne s’agit pas de manipulations illégales comme dans le cas d’Enron. 70 milliards de dollars envolés, des milliers de gens ruinés. Et les dirigeants même pas condamnés si j’ai bien compris.

Enfin les subprimes (on est dedans). La dispersion a été telle cette fois-ci que l’on n’est pas certain qu’elle soit terminée. Il est encore possible qu’une banque découvre qu’une partie de ses créances repose sur ces risques. Quant aux sanctions : qui punir quand il y a une telle dispersion du risque ? les institutions honnêtes comme les malhonnêtes sont de toutes façons impactées, c’est aussi cela la globalisation !

Le fait que les matières premières s’envolent n’arrange rien. L’intervention des banques centrales ont évité le pire. Le problème, c’est qu’on dirait bien que ces crises s’enchaînent, sont souvent liées les unes aux autres. Ainsi la baisse des taux suite à l’affaire Enron a permis le montage des subprimes. Et ces crises sont de plus en plus fortes… Elie Cohen termine en disant qu’il est possible qu’un beau jour les populations rejettent en bloc la libéralisation, l’innovation financière et la mondialisation.

Comme disait (ou presque) Frédéric Lordon : Lâchez des légionnaires dans un bordel, vous savez ce qui va se passer. Lâchez des traders dans un marché sans contrôle, et ça deviendra un bordel.

L’émission est rediffusée le 10 juillet à 10h50.
C’est aussi un livre (de Elie cohen bien sûr) : Le nouvel âge du capitalisme : Bulles, krachs et rebonds.

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