Les oursins n’aiment pas le Round-up

oursin Robert Bellé, chercheur à la station biologique de Roscoff, a fait une belle découverte, en décidant d’étudier l’impact des pesticides sur les oursins. L’idée était de trouver un test qui pourrait prédire le potentiel cancérigène de n’importe quelle substance chimique.

Il choisit alors le Round-up de Monsanto (étiqueté non-cancérigène et en vente libre) et là, surprise : avec des doses jusqu’à 2500 fois inférieures à celles recommandées par Monsanto, l’herbicide met le bazar dans les cellules de nos charmants oursins. Embêtant quand on sait que le dérèglement cellulaire est une des étapes clés du développement d’un cancer. Ce sujet avait d’ailleurs été mentionné dans l’excellentissime « Le monde selon Mosanto».

Oui mais voilà, Robert trime depuis 3 ans pour décrocher un financement public. L’ANR (l’agence qui finance les projets de recherche) lui a claqué la porte au nez. Il a pourtant prévenu dès le début Monsanto et les pouvoirs publics. Silence radio. Alors que le projet européen Reach s’est donné pour objectif d’évaluer la dangerosité des substances chimiques commercialisées. Dommage !

Et le Grenelle de l’environnement dont nos politiques se sont tellement auto-congratulés dans tout ça ? Après l’action des groupes de lobbying, il a été décidé de :

  • Créer un délit de fauchage : 2 ans de prison et 75 000 euros d’amende.
  • Cloisonner le Haut Conseil des biotechnologies : les scientifiques d’un côté, la société civile de l’autre. Seuls les scientifiques décideront, les citoyens ne pouvant qu’émettre des recommandations).
  • Seul le ministère de l’agriculture, après avis du Haut Conseil, autorisera les cultures transgéniques. Le ministère de l’écologie n’aura pas son mot à dire.
  • En cas de préjudice liés à la culture des OGM, le seul responsable sera le cultivateur. Autant dire qu’en dernier recours, on piochera dans les fonds publics. Un grand classique.
  • Certaines infos à propos des effets des OGM sur l’homme ou l’environnement pourront être gardées confidentielles. Lesquelles ? un décret ultérieur le précisera.

On a frôlé la catastrophe avec l’amendement 252, qui prévoyait de restreindre l’utilisation des OGM dans les régions où sont cultivés les produits sous label (Bio, AOC, Label Rouge…). Heureusement, notre premier ministre en personne a promis de le faire supprimer par le Sénat. Ouf !

(source Le Canard enchaîné – mercredi 16 avril 2008)

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