Chamelle – Marc Durin-Valois

chamelle.jpg Un véritable petit bijou, ce livre. Petit par la taille, mais l’histoire qu’il raconte vous accroche vite. Quelque part dans le tiers monde (peu importe, en fait) les habitants d’un village doivent migrer, car la sécheresse est là. Mais où aller ? d’un côté le désert, de l’autre la guerre, au sud tout est déjà sec. Ces gens n’ont rien, leur seule richesse consiste en quelques animaux… La famille que l’on va suivre a une chamelle et quelques chèvres. Ils partiront avec une autre famille vers l’Est, vers le désert.

C’est une plongée dans un monde dur, cruel, où chacun cherche avant tout à sauver sa peau. Les rencontres avec les militaires sont terribles. La nature n’est pas en reste et ne pardonne rien non plus. Une histoire implacable, mais belle.

Dans leur errance, ils croisent à un moment un véhicule humanitaire. Eux cherchent à localiser le gros de la troupe de réfugiés. La famille est seule, perdue dans le désert. Extrait :

Le visage de la femme blanche frémit. Mais c’est une compassion trop ambitieuse qui nous traverse et part bien au-delà de nous, vers une montagne sombre dont nous ne sommes que la part infime. Et, par effet de boucle, l’ampleur de la tâche la ramène indéfiniment à elle, comme si la montagne ne lui renvoyait au fond que son propre reflet marqué de la même compassion figée et impuissante.

Renseignements pris, ils leur laissent quelques bouteilles d’eau, et reprennent leur recherche, abandonnant la famille sans plus de manières.

Elle passe devant nous, affairée, penchée sur une carte, sans nous accorder un regard, sans prêter attention à nos mines concentrées, nos appels sans mots ni sons. Elle se projette déjà là-bas, quelque part dans les sables, auprès d’une très grande foule de nécessiteux. Elle n’est pas venue pour sauver des existences, mais quelque chose d’infiniment plus noble et d’abstrait, la vie. Pour cela, deux vaut mieux qu’un, cent que dix, mille que cent. La loi des chiffres fait que Mouna, moi et les enfants ne sommes qu’un échantillon de misère. Une raclure de la vie.
Nous sommes seuls à nouveau.
Le silence, le soleil. La fournaise.

Ce livre a obtenu plusieurs prix en 2003. Il les mérite sans aucun doute. Le texte est très beau, les mots simples, on partage leur réalité quotidienne avec émotion, et l’on apprend à relativiser nos problèmes comparés aux leurs.

Marc Durin-Valois, né en 1959, est journaliste et écrivain. Il a passé son enfance en Ouganda. Chamelle a été adapté au cinéma par Marion Hansel sous le titre Si le vent soulève les sables.

2 réflexions sur « Chamelle – Marc Durin-Valois »

  1. C’est un vrai bijou ce livre. On est plongé dans cette athmosphère dès la 1ère page et on continue d’être dans le livre quand on l’a terminé. A lire absolument et à goûter pleinement.

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